Après le dîner, il s'était isolé dans son atelier pour travailler sur une nouvelle robe. Enfin, pour la terminer car cela faisait déjà quelques jours qu'il l'avait entamée. Elle était presque terminée. Pratiquement soixante douze heures de couture et deux nuits blanches. Il devait la terminer. Il amena sa dernière petite touche. Là voilà prête à être portée. Il l'examina sous toutes les coutures de son œil d'expert. Il percevait la moindre erreur, la moindre déficience. Il ne vit rien. Tout était parfait. Une lueur de fierté brillait dans ses yeux bleutés. Elle était enfin aboutie. Il se leva de la chaise et sortit de son placard une housse de protection. Il plaça sa création à l'intérieur. Elle serait à l'abri des regards indiscrets. Il revint à son armoire. Il s'entreprit à se déshabiller. Il en sortit un bas de pyjama qu'il enfila doucement. Il lança ses affaires dans son corbeille à linges. Il passa ensuite dans la salle de bain pour se brosser les dents. Il retira ses lentilles et porta à la place ses lunettes de vue. Il entra dans la chambre à coucher. Laoise s'était déjà allongée dans le lit. Il lui sourit en s'avançant vers le lit commun. Il la rejoignit et posa sa canne à côté de la table de chevet. Il se laissa glisser dans les draps. Son corps s'enfonça dans le matelas. Il bailla. Il n'avait pas dormi depuis des jours. Il ne pouvait pas. Ses cauchemars empêchaient le marchand de sable de déverser sa poudre magique sur ses yeux. Il vint se coller à sa partenaire. Il enfouit sa tête dans sa chevelure et lui murmura : - Je n'arrive pas à croire qu'on est en demi-finales. Ça passe trop vite ... Cela allait faire presque trois mois qu'ils étaient ici. La fin de l'aventure approchait. Il n'arrivait pas encore à le réaliser. Il se laissa bercer par les battements de cœur de l'irlandaise. Il la serra contre lui et caressa ses cheveux tendrement. Il regarda le plafond un moment songeur. Il ne serait pas arrivé à ce stade du jeu sans elle. Si elle n'avait pas été par lui, il aurait perdu toute repère. - Ça va me manquer de dormir à côté de toi ... Toi et tes sous-vêtements ..., dit-il sur le ton de la plaisanterie. Il arbora un sourire moqueur, puis il rit.

C'était une nouvelle nuit qui arrivait à grand pas. Laoise pouvait le sentir, chaque parcelle de son corps le lui rappelait très bien. Son esprit embrumé, ses paupières lourdes, ses bâillements à répétition. Oui, elle était fatiguée. Voilà pourquoi elle préféra abandonner toute compagnie pour aller prendre une douche et se rendre jusqu'à son lit. Le sommeil ne tarderait pas, elle pouvait le sentir. C'était une bonne chose. Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait de sa journée mais visiblement, le peu d'activités, qu'elle avait eu, avait suffi à l'épuiser. Elle étouffa un bâillement en voyant Malo se faufiler sous les couvertures. S'en suivirent quelques gestes habituels de tendresse avant qu'il ne lâche le fait qu'ils étaient en demi-finales. En effet, le temps était passé à une vitesse affolante. Plus de deux mois déjà. Elle n'en avait tellement pas l'impression, c'était affolant. « Vraiment trop vite. » qu'elle souffla, songeuse. Dans quelques semaines, ça serait terminé. Cela la rendait presque triste. Ça l'était. C'était la fin d'une belle aventure, ce n'était pas rien. Certes, elle avait encore quelques jours devant elle, alors elle allait en profiter avant de se mettre à déprimer hein. Toutefois, Malo ajouta ensuite que dormir à côté d'elle lui manquerait. Alors qu'elle avait été sur le point de répliquer un truc pas du tout prétentieux sur sa présence ô combien agréable et la personne adorable qu'elle était, elle réalisa ce qu'il lui disait là. « On ne dormira plus jamais ensemble après la fin du jeu... » Oh, quelle triste constatation. C'était nul. On ne pouvait pas dire que Malo était un compagnon de lit désagréable, au contraire. Elle appréciait sa présence à côté d'elle. Présence qui avait été nécessaire durant tout le jeu, plus encore à certains moments. « Attends, j'ai une idée. Je te kidnappe, je te séquestre dans mon grenier... Bon, j'ai pas de grenier mais on va faire comme si et comme ça, dès que j'aurais besoin de dormir avec toi, je n'aurais qu'à grimper quelques marches. D'accord ? » Mais quelle bonne idée elle venait d'avoir là ! Bah voyons hein. Cela dit, remarquez à quel point elle était adorable : elle lui demandait son accord. Si ce n'était pas trop gentil de sa part, ça. « Bien sûr, je te nourrirais hein, je ne te laisserais pas mourir de faim dans mon grenier. » Des fois que ça soit l'argument qu'il attendait pour accepter, sait-on jamais

Ne plus pouvoir dormir à côté de Laoise lui semblait impensable. Il fallait lentement se faire à l'idée qu'elle ne serait plus sa partenaire à la fin de l'aventure. Une pensée qu'il essayait d'intégrer à l'esprit. Cela lui était encore difficile de le reconnaître. Elle allait énormément lui manquer. C'était évident. Il n'imaginait pas sa vie sans sa petite Laoise. Malheureusement, ils allaient être séparés à la sortie. Il appréhendait leur séparation. Il avait envie de la garder près de lui, un peu plus longtemps. Il l'observait avec nostalgie. - On ne dormira plus jamais ensemble après la fin du jeu..., commenta-t-elle. C'était d'une évidence. Cela l'attristait quelque peu. Ils n'étaient pas ensemble - voire même mariés. Il avait fini par s'habituer à dormir avec une autre personne alors qu'il y avait deux-trois mois il n'aurait pas pu le faire à cause de ses cauchemars, de ses traumatismes. Peut-être parce qu'elle connaissait déjà son secret. - Attends, j'ai une idée. Je te kidnappe, je te séquestre dans mon grenier... Bon, j'ai pas de grenier mais on va faire comme si et comme ça, dès que j'aurais besoin de dormir avec toi, je n'aurais qu'à grimper quelques marches. D'accord ? Il rit. Son sens de l'humour allait lui manquer également. Son sourire, ses caresses. Experte des idées saugrenues. Dotée d'un grand cœur. Elle avait égayé ses journées et ses nuits. Il n'avait pas autant rit en sa compagnie. En pensant à tous les moments qu'ils avaient partagés, il avait la gorge serré. Il n'était pas encore prêt à la laisser partir. - Bien sûr, je te nourrirais hein, je ne te laisserais pas mourir de faim dans mon grenier. L'argument le plus infaillible. Ce qui lui décocha un sourire encore plus grand. Il fit mine de réfléchir. - Pourquoi pas. L'idée est plaisante. Mais je pense que je ne survivrai pas dans la grange. Tu sais, je suis un homme dur à entretenir. Il me faut beaucoup de choses pour me sentir bien. Tu sais, moi et mes goûts de luxe. Es-tu sûre de pouvoir bien t'occuper de moi ? Une lueur plein de malice brillait dans ses iris bleus. Il caressa tendrement ses joues, ses cheveux. Il s'était beaucoup attaché à elle. Elle était devenue une des amies les plus chères à son cœur. - Tu vas me manquer, ma Laoise, confessa-t-il. - Quelle est la première chose que tu feras en sortant d'ici ? Il jouait avec les mèches de sa chevelure quand il lui posa cette question.

Laoise s'étonnait parfois des idées saugrenues qu'elle pouvait avoir. Kidnapper Malo. Le mettre dans un petit coin de son grenier. Bah voyons. Comme si tout cela était possible, comme si elle était sérieusement capable de le priver de sa liberté et de l'enfermer ainsi dans un espace si exigu. Non, elle n'oserait pas. D'ailleurs, Malo avouait être un homme compliqué, avoir des goûts de luxe. Oh, eh bien, si ce n'était que ça, elle pensait pouvoir gérer. « Bien sûr que oui, voyons.  » qu'elle affirma avec un certain aplomb. Elle bluffait, bien entendu. Elle se voyait vraiment mal le garder dans un petit coin de son appartement, il méritait bien mieux. Sans doute avait-il d'ailleurs une immense habitation pour lui tout seul alors se retrouver soudainement enfermé dans un grenier ? Le pauvre risquerait vite d'en avoir marre. « Ou alors, tu déménages à Kildare pour habiter dans l'appartement voisin au mien... » Ça, c'était une bonne idée. Ainsi, dès qu'il se passerait quelque chose, elle pourrait se réfugier chez Malo. Ils devraient faire ça, oui. Quoique, elle avait une autre idée. « Ou mieux, c'est moi qui déménage à Londres. » Idée intéressante aussi. S'éloigner un peu de sa famille lui ferait sans doute le plus grand bien. Et non, elle ne pensait pas ça parce qu'elle était une poule mouillée qui avait peur de retrouver sa petite vie et d'avoir à faire face aux multiples conséquences de sa participation à ce jeu. Malo ajouta alors que l'irlandaise allait lui manquer, chose qui lui fit froncer les sourcils, une nouvelle fois. Elle n'aimait pas l'entendre dire ce genre de choses. « Ne dis pas ça. J'ai l'impression qu'on se dit au revoir pour toujours, là... » souffla-t-elle avant qu'il n'enchaine sur une question. La première chose qu'elle comptait faire en sortant de ce jeu. Bonne question. Elle-même n'y avait pas réfléchi jusque-là. « Je vais... je ne sais pas, aller à mon appartement, je suppose, appeler mes parents, mes amis. » Quelque chose comme ça, rien n'était sûr. Elle improviserait, elle supposait. Elle verrait selon ses envies. « Tu comptes faire quoi, toi ? » Elle était bien curieuse de savoir ses plans pour la fin de l'aventure. Y avait-il pensé, lui ? Ou pas du tout ? Sans doute allait-elle vite le savoir.

L'imagination débordante de Laoise était telle qu'elle avait même envisager de l'enfermer dans le grenier pour le garder auprès d'elle. Une idée surréaliste, mais qui pouvait être possible si il le voulait. Sauf qu'il avait sa boutique, ses amis, sa famille à Londres. Sa ville chérie lui manquait. Il aurait aimé prendre l'air d'abord avant d'être enfermé de nouveau. Il avait vécu trois mois dans un château coupé du monde extérieur. Il n'avait qu'une hâte. D'être libre. Elle voulait tellement qu'il reste avec elle jusqu'à la fin des temps. Elle était même prête à se plier au moindre de ses caprices. - Bien sûr que oui, voyons. Oui, c'était d'une évidence ... Adorable, elle était tout simplement adorable. Il en était à présent certain cette fille il n'allait pas la laisser partir aussi facilement. A leur sortie, il lui demanderait systématiquement des nouvelles. Il l'exigerait même. Elle continuerait à faire partie de sa vie. Laoise lui proposa : - Ou alors, tu déménages à Kildare pour habiter dans l'appartement voisin au mien... Il n'avait pas envisagé ce genre de cas de figure. Il trouvait cela excellente comme idée ... Néanmoins, le blond tenait beaucoup trop à sa vie londonienne pour venir déménager en Irlande même si il appréciait beaucoup sa partenaire. - Ou mieux, c'est moi qui déménage à Londres. Oui. C'était une autre éventualité qui conviendrait d'avantage au jeune homme. De toute façon, il avait envie de déménager. Changer d'appartement. Un appartement qu'il avait acheté avec sa femme ... Il était temps d'aller de l'avant. Le blond lui avait demandé ce qu'elle ferait à la fin de la saison de Fake Lover. - Je vais... je ne sais pas, aller à mon appartement, je suppose, appeler mes parents, mes amis. Maintenant que une partie de son secret avait été révélé à la télévision, ses parents voudraient entendre cette histoire de la bouche de leur fille. Elle ne pouvait pas fuir. Elle devait les affronter. - Tu comptes faire quoi, toi ?, demanda-t-elle. Il avait déjà bien réfléchi. Il voulait changer son mode de vie. Sortir plus. Voyager, etc. Il avait plein de projets en tête. - Déménager. J'ai envie de changement. Ça me ferait du bien ... J'ai une idée. Tu pourrais venir habiter à Londres. On pourrait habiter au même étage ? Ce n'était qu'une proposition. Elle pouvait refuser évidemment. Il comprendrait qu'elle veuille rester auprès de sa famille.

Laoise pouvait avoir tout un tas d'idées absurdes lorsqu'elle s'y mettait. Et vous pensez bien que la fatigue n'arrangeait rien. Ainsi donc, elle proposait une multitude de solutions afin qu'ils ne soient pas séparés après ce jeu. Dans un premier temps, elle avait suggéré qu'elle le garde dans son grenier mais cela laissait donc penser qu'elle avait un grenier, déjà, première complication, et puis elle le voyait mal comme un homme d'intérieur, prisonnier dans son grenier. Non, vraiment, elle ne pourrait pas lui faire ça. Voilà pourquoi elle proposa qu'il déménage à Kildare. C'était une ville sympa, qu'on se le dise. Certes, elle n'était pas très objective parce que c'était sa ville natale mais tout de même. Elle ajouta alors qu'elle, Laoise, pouvait venir vivre à Londres. Eh bien, oui, pourquoi pas ? Elle allait bien devoir s'éloigner de chez elle un jour, pas vrai ? Et puis, elle était restée principalement pour faire plaisir à ses parents, afin qu'elle ne soit pas trop loin d'eux, tout ça mais maintenant, elle supposait avoir pris son indépendance. Donc oui, elle comptait appeler ses géniteurs, histoire d'essayer de parler mais elle n'en attendait pas trop de leur part, elle savait qu'ils ne seraient pas ouverts à la discussion dès sa sortie, loin de là. Mais Malo, lui, que comptait-il faire ? Eh bien, déménager, justement. Et d'ailleurs, il lui proposa de venir à Londres et d'habiter dans le même immeuble, au même étage. Voilà une bonne idée. Ainsi donc, ils n'auraient qu'à passer le couloir pour se voir. Ça serait sympathique. Parce que si elle devait se contenter de quelques coups de téléphones, quelques fois par mois, cela risquait de s'avérer peu agréable. Malo était un peu comme un membre de sa famille, de sa vraie famille, celle qui l'acceptait comme elle était. Donc ouais, bien sûr qu'elle aimait cette idée. « Londres... Je devrais pouvoir m'y faire. Et puis, je vais sans doute devoir déménager, moi aussi, donc Londres, ça me conviendrait assez. » Autrement dit, elle acceptait totalement cette solution. Surtout qu'elle n'avait jamais quitté l'Irlande, elle serait ravie de découvrir l'Angleterre. « En attendant, je pense que je vais m'endormir dans trente-cinq secondes. » Oui parce qu'elle avait été déjà bien fatiguée en se rendant jusqu'à la chambre, vous pensez bien qu'elle l'était d'autant plus à présent. « Bonne nuit. » Un bisou sur la joue plus tard et elle remontait la couverture jusqu'à ses épaules avec l'idée de passer une bonne nuit de sommeil.