jardin, 23 mars 2011, 17h. Sheelah.
Encore une fois, après manger, j’avais monté tous les escaliers pour me retrouver sur le toit. J’étais allongé comme à mon habitude sur l’herbe synthétique, à regarder le ciel nuageux qui laissait passer quelques rayons du soleil. Je fermais les yeux pour me laisser aller à la douceur du vent qui venait effleurer mon visage. Je me suis endormi plusieurs fois sur le toit, mais jamais personne n’a songé à me réveiller. Peut-être parce que tout le monde s’en fichait éperdument, ou peut-être parce que tout simplement j’avais l’air si paisible que cela aurait été un crime.
J’essayais pourtant en vain de ne jamais tomber dans les bras de Morphée. Déjà, je dessinais pendant des heures dans mon carnet. Mais lorsque mon poignet commençait vivement à protester, et que mon imagination était totalement vide, je n’avais plus rien à faire, et je persistais à rester là pour profiter du beau temps qui était vraiment trop rare.
Et ce jour-ci n’échappa pas à la règle : bientôt je ne pus plus rien écrire, j’avais même le bras douloureux. Grimaçant, je laissais tomber mes affaires de dessin, pour m’étaler de tout mon long dans l’herbe, et bien malgré moi, je fermai les yeux. Il ne me fallut pas plus de cinq minutes pour m’endormir profondément. J’avais cette capacité fabuleuse à dormir n’importe où, et n’importe quand. Heureusement que cela ne m’était pas encore arrivé en cours … bref ! Mais cette fois-ci mon sommeil fut perturbé par la présence de quelqu’un. J’avais du mal à ouvrir les yeux, encore engourdi par le sommeil. Je posais une main devant mes yeux pour filtrer le soleil. Je marmonnais des choses incompréhensibles, tentant vainement de demander qui venait troubler mon paisible repos. Enfin, je me réveillais un peu plus, et je me calais sur mes coudes. « Hum ? » Ce fut la seule chose qui voulut bien sortir d’entre mes lèvres. Je devais avoir l’air vraiment très fin …

L'heure du goûter avait sonnée pour ma part. C'était le seul repas où je me permettais de faire mon égoïste, donc essayant de me faire très discrète, j'attrapais deux-trois paquets de gâteau au chocolat et sentant que d'autres personnes allaient se montrer, je couru avec mon butin jusqu'à ma cachette secrète, ma chambre. Mais pour une fois celle-ci était occupé, alors je couru jusqu'au toit, pensant que personne ne s'y trouverait. Pourtant là, je tomba sur un type endormi. C'était assez surprenant, mais je m'en fichais quand même malgré tout. Pensant redescendre, un carnet attira mon attention. Je m'installa en tailleur à côté du garçon, les gâteaux de l'autre côté, je feuilleta son carnet rempli de dessin. Qu'est ce que c'était beau, j'adorais. Puis un gémissement montrant que le type ne dormait pas ou plus, me fit sursauter. « Sheelah, 24 ans. » lui dis-je, assez vaguement, continuant de tourner les pages, regardant les dessins dessinaient par lui.

Je tournais la tête vers la jeune fille qui était assise près de moi. J’essayais vainement de mettre un nom sur la personne, mais comme d’habitude j’échouais lamentablement. Mais je n’eus même pas besoin de lui demander, qu’elle se présentait toute seule. « Sheelah, 24 ans. » Elle ne me regardait pas, et je n’étais pas encore assez réveillé pour vraiment savoir ce qu’elle faisait. « Enchanté » chuchotai-je, encore à moitié endormi. Je me recouchais dans l’herbe, en poussant un soupir bien heureux, fermant les yeux encore une fois. Mais il n’était pas question de se rendormir, juste de ne pas se fatiguer. Je remarquais alors mon impolitesse : la moindre des choses quand une personne se présente, c’est d’en faire de même. Toujours les yeux fermés, je me présentais à mon tour. « Phoenix, 20 ans. » Après quelques minutes, je fus enfin totalement réveillé, et je me mettais en tailleur pour pouvoir enfin voir ce qu’elle faisait. Je fus vraiment étonné de la voir feuilleter mon carnet, un air vraiment intéressé sur le visage. « Ca te plait ? » Je ne pouvais m’empêcher de poser la question, friand malgré moi de tous compliments.