Le plus logique serait que je fasse mes machines le matin. J’en ai conscience. Sauf que le matin, y’a vraiment trop de monde et ce, même s’il y a plusieurs machines. Donc du coup, j’ai opté pour faire des machines nocturnes. Et autant dire que c’est un peu la folie le soir. J’enlève tout ce qui me reste sur moi pour tout laver. Je garde quand même un bout de tissu si jamais quelqu’un aurait l’idée de se pointer dans le cellier à une heure aussi tardive. Puis, je fais rentrer toutes mes affaires y compris celles que je viens de retirer dans les deux machines. Plusieurs minutes plus tard, alors que je jetais un coup d’œil aux twitters des candidats sur mon ipad, j’entends le bruit qui signale qu’il y en a une qui est finie. Je l’ouvre alors puis je fais rentrer progressivement mes fringues dans le sèche-linge. De là, j’entends un commentaire sur mon popotin qui me fait sursauter et cogner contre la paroi de la machine. « Aïe. » Je me retourne alors n’osant plus trop relevé la tête. Je reconnais tout de même Greta. Je l’avais deviné facilement grâce à sa voix presque reconnaissable entre mille. En attendant, j’ai mal au crâne moi. Elle m’a fait peur la bougresse. « T’aurais pu m’avertir que t’étais là. » Ça m’aurait très probablement évité une grosse bosse. Du coup, j’en oubliais presque ma tenue volage. J’entends déjà Greta se munir de mon appareil pour me prendre en photo. Du coup, le temps qu’elle bidouille la tablette, je pique une casquette et une paire de lunettes qui ont vraisemblablement été égarées sur une machine. J’ai la classe, clairement, Greta peut immortaliser ce moment, j’assumerai ma folie. « Heureusement que j’ai mis un beau caleçon. » Sait-on jamais des fois que ça se finisse sur les blogs.

J’ai la dalle ce soir, je boufferai n’importe quoi même du fond de tiroir. Je n’avais pas énormément faim ce soir au moment du repas mais je suis affamée maintenant et je refuse de me refaire un petit quelque chose à manger. Je n’ai pas envie de cuisiner, juste d’un petit gâteau ou d’une douceur qui puisse me caler jusqu’à ce que je me couche. J’ai repéré une boite de gâteaux avec du chocolat l’autre soir et j’espère qu’elle y sera toujours, ce serait bête de passer à côté d’une telle beauté gustative. Je rentre dans le cellier discrètement, je n’ai pas envie d’être prise la main dans le sac à une heure déjà bien avancée. Il me faudra définitivement revoir la définition du terme discrétion puisque je ne peux m’empêcher d’assister impuissante à un spectacle fort agréable qui me donne très envie d’y aller de mon petit commentaire. Salvador, les fesses en l’air en caleçon en train de faire sa machine, mes yeux sont comblés, il a un fessier bien musclé le petit, je n’avais jamais remarqué jusqu’à maintenant… Normal, il ne s’est pas déshabillé à ce point l’autre jour. « Attention, tout cul tendu mérite son dû ! » Il sursaute et met la tête en plein dans la machine, ouille, paix à son âme. Je m’inquièterais bien pour lui mais je suis trop occupée à me foutre de sa gueule. « J’ai bien fait d’avoir un petit creux, je devrais venir plus souvent à cette heure-là ! » Je le taquine, pas du tout gênée par mes yeux qui le détaillent avec beaucoup de justesse. Je profite de l’occasion pour lui dérober sa tablette, j’ai envie d’immortaliser le moment, dommage que l’application appareil photo se soit perdue en chemin, il me faut cinq bonnes minutes pour trouver ce que je cherche et le barbu a déjà pris la position avec des lunettes et une casquette. Parfait, j’appuie sur le bouton plusieurs fois, histoire d’avoir au moins une photo potable dans le tas. « Parfait ! » Il finira partout sur les réseaux sociaux, préparez vos culottes les filles ! « On la refait sans caleçon ? » Je demande le plus innocemment du monde avec un sourire angélique. Il serait peut-être temps que je prenne mes cachets... A défaut, je me dirige jusqu’au garde-manger dans lequel je récupère ma fameuse boite de biscuits, je pose mes fesses sur l’une des machines à laver et ouvre le paquet. Ma maman m’a bien éduquée, je lui propose donc un gâteau avant de commencer à me goinfrer. « Pas trop stressé par les nominations ? »

J’aurai clairement pas imaginé que quelqu’un puisse se pointer dans le cellier à cette heure-ci. J’ai un peu omis le fait qu’il y a aussi des placards avec de la bouffe par ici et que des gens puissent avoir un petit creux tardif. Sans quoi, j’aurai prévu d’autres vêtements à côté pour ne pas me retrouver en petite tenue. Du coup, l’arrivée de Greta me fait sursauter. Et bien comme il faut. J’assimile même pas son expression un peu étrange. Je me cogne juste contre la machine et ça fait mal. J’ai beau être un grand gaillard, j’aurai quand même une belle bosse sur le crâne qui sera bien entendue dissimulée sous ma touffe de cheveux. Je râle alors aussitôt en reprochant à la candidate de ne pas m’avoir averti plus calmement de sa présence. « C’est pas la fête tous les soirs ici. » Je tiens à le préciser histoire que ce soit clair. J’ai pas vraiment envie qu’on me pense exhibitionniste et qu’on me colle une réputation du genre. Les animateurs sont assez forts pour ça et certains même pour déformer des propos. Ils sont un peu comme les journaux à potins et retiennent que ce qui les arrange j’ai l’impression. Déjà, j’peux surement parier dans le mille pour que ce passage se retrouve dans une rubrique. Et d’autant plus que l’aîné du jeu s’est déjà muni d’un appareil pour immortaliser ce moment. Je la vois d’avance venir et je me dis que mon sort est scellé et que j’ai plus qu’à assumer. Du coup j’me munis d’une casquette et de lunettes qui traînaient par ici puis je prends la pose. Greta semble satisfaite du résultat. Je lâche un petit rictus sans pour autant vérifier. Ça m’importe peu à vrai dire. « Il faut un permis pour prendre des photos de nus. » Comme si j’allais enlever mon caleçon. Premièrement, c’est pas une professionnelle dans la matière et deuxièmement, il en est hors de question. J’ai pas envie de me mettre nu devant une quasi-inconnue et encore moins me faire prendre en photo en tenue d’Adam. Heureusement, j’vais pas me faire violer visiblement puisque Greta se console déjà avec des gâteaux au chocolat. Je finis de mettre mon linge dans le sèche-linge, j’appuie sur le bouton pour le faire tourner et j’accepte le gâteau qu’elle me tend. « Merci. » Puis voilà qu’elle s’installe et me questionne quant aux nominations. Je souffle alors car j’aurai espéré un meilleur sujet de conversation. Ça me pèse pas mal cette histoire mine de rien. « Stressé, non, pas encore. Mais embêté, ouais, pas mal. » Une nouvelle fois, c’est quelqu’un de pas nominé qui me parle de nominations. « Qu’est-ce que tu viens faire dans un jeu comme ça Greta ? » Je demande alors avec sérieux tout en changeant subitement le sujet. « Me dis pas que tu t’es donnée comme mission d’apprendre à faire danser la salsa aux candidats. » Je rajoute alors repensant à la fois où elle a essayé de m’apprendre la danse.

Je ne regrette pas cette fringale nocturne parce qu’il y a de quoi bien se rincer l’œil. Ce n’est après tout pas parce que j’ai passé l’âge de séduire et de vivre des histoires sans me prendre la tête que je n’ai plus le droit de profiter de la vie et d’admirer ce que l’on me met sous le nez. Salvador est plutôt bien foutu, il est musclé, a ce regard très expressif et me parait suffisamment âgé pour ne pas me donner l’impression d’être une pédophile lorsque je l’observe. Au-delà… Je ne crois pas que l’on puisse dire quelque chose de plus, il est trop tôt pour envisager autre chose de regarder, je ne le connais pas suffisamment, cela ne me passe donc même pas par la tête. « Dommage, ça aurait été un rendez-vous quotidien agréable après une journée potentiellement merdique… Tu devrais y penser, tu pourrais devenir riche en faisant cela. » Il n’aurait qu’à instaurer un guichet à l’entrée, quelques dollars pour un petit plaisir visuel. Je pars loin ? Un petit peu oui, revenons à la réalité, j’ai envie d’immortaliser le moment, de me moquer un petit peu et j’utilise sa tablette pour faire cela. « Un permis ? Ouais mais moi je n’aime pas demander l’autorisation, quand je veux quelque chose je prends, c’est tout ! » Je préviens, juste au cas où, déjà partie sur autre chose. J’ai faim et mater n’a jamais nourri personne. Je lui propose un gâteau qu’il accepte et bondi sur l’une des machines pour pouvoir savourer ma sucrerie tout en profitant de l’occasion pour papoter un petit peu. Salvador est nominé cette semaine, comment le prend-t-il ? « Faut le prendre avec philosophie, j’ai bien été nominée deux fois en deux semaines et je suis toujours là. » J’essaye de le rassurer mais il n’y a rien de plus difficile au monde. J’ignore comment il perçoit les nominations, s’il a confiance en lui ou pas du tout. Il me questionne sur la raison de ma venue à Fake Lover, on ne peut plus sérieux et fait allusion à la salsa, cette danse que j’ai tenté de lui apprendre très rapidement l’autre fois. « Si j’avais voulu apprendre la danse à quelqu’un j’aurais demandé à participer à Dancing with the stars. » Je pourrais être une sacrée coach pour les stars, dommage que les jeunes soient privilégiés par la production. « Je vais être honnête, je suis là pour acquérir une nouvelle visibilité avant de lancer mon propre spectacle à Broadway. » Je joue cartes sur table, comme d’habitude. « J’ai conscience que mon âge sera bientôt une barrière dans l’exercice de mon art, je ne suis plus la danseuse bankable que j’étais encore il y a peu de temps, j’ai envie de concrétiser ce rêve avant qu’il ne soit trop tard… Et toi ? »

Evidemment, je me balade pas tous les soirs en caleçon dans le cellier. C’est exceptionnel. On peut dire que Greta est arrivée au bon endroit au bon moment puisqu’elle semble apprécier la vue de mon corps. Si je ne me trouve pas particulièrement beau et séduisant, je sais néanmoins que mon torse est bien sculpté. Faut dire que j’ai fait pas mal de sport dernièrement. J’aurai pas pu me présenter avec pleins de gras. Je doute que j’aurai été accepté comme candidat sinon. Ils sont visiblement assez selecte niveau physique, y’a que des figures de mode ici. « Je ne veux pas vendre mon corps. » J’en suis pas encore réduit à là. Certes, ça paraît rapporter beaucoup mais j’ai tout de même un minimum d’estime pour moi. Je préfère encore vivre sous la pauvreté dans un taudis que faire ce genre de chose et me sentir comme un objet sexuel. « Fais gaffe, tu vas te retrouver en taule un de ces quatre. » J’imagine bien Greta braver les interdits et recevoir un tas d’amende chez elle. Elle semble être le genre de femme qui n’a que faire des lois si elle n’est pas d’accord avec. Je suis face à une femme de caractère. Je ne doute pas que quand elle est décidée à avoir quelque chose, elle met tout en œuvre pour l’obtenir. « C’est vrai. Mais rien ne me dit que les téléspectateurs m’apprécient autant que toi. » Je lâche alors avant de changer radicalement de sujet. J’en ai un peu marre d’évoquer ces nominations. Je le vis pas forcément bien et je m’imagine déjà quitter le jeu alors je préfère autant ne pas y penser. « Je connais pas toutes les émissions télé. » Je lâche alors en comprenant quand même qu’elle fait référence à une émission de danse puisqu’il en est question. « Mais faut pas être une star pour participer à ça ? » C’est dans le titre qu’elle m’a dit après tout. Et jusqu’aux dernières nouvelles, Greta n’est pas une célébrité. Je crois que ça se saurait sinon. Ou alors, j’suis au courant de rien comme d’habitude. En tous les cas, je reste attentif à la véritable réponse de la candidate. Visiblement, elle est en quête de popularité ou plus précisément de visibilité pour monter son show à Broadway. C’est qu’elle a de l’ambition ! « Je comprends. Tu penses sincèrement que l’émission peut t’aider ? » J’oublie un instant qu’elle m’a retourné la question. Je préfère qu’on s’intéresse à elle plutôt qu’à moi. Ça vaut mieux. « Tu sais que Jade était danseuse ? Tu pourrais peut-être l’aider, non ? » J’sais pas trop quelle est sa relation avec la rouquine mais je me dis que vu son âge et son expérience, elle doit avoir pas mal de connaissances et puis si elle monte son propre spectacle, elle pourrait limite l’engager dedans. Ça serait sympa.

La soirée ne pouvait pas devenir plus intéressante. En général lorsque je me retrouve avec Salvador je n’ai pas d’inquiétudes à avoir sur ce qu’il va se passer. Nous nous entendons plutôt bien, je crois, et le courant passe suffisamment pour que je me sente complètement à l’aise et désinhibée en sa présence. Je le trouve marrant, il a beaucoup de charme et je ne parle pas uniquement de son physique sur lequel je me concentre oralement pour le taquiner. Je ne l’imagine pas trop en train de tarifer sur son corps pour arrondir ses fins de mois, chacun est bien entendu libre de faire ce qui lui plait mais je ne parviens pas à me l’imaginer dans une telle situation. Il est bien plus intéressant de le voir agir avec une certaine fierté, dans la résistance. Il ne doit pas être un garçon que l’on séduit facilement, je serais même presque prête à parier qu’il aime que l’on en bave, il aime instaurer un climat de difficulté crescendo avant de céder quand tout laisse croire que plus rien n’est possible. Une femme fatale avec un pénis… Ce doit être quand il veut, où il veut lorsqu’il le décide uniquement. M’enfin j’interprète beaucoup trop les signes, il est peut-être complètement différent, je ne le connais pas encore assez pour pouvoir me faire une idée suffisamment objective. Je le reprends du tac au tac lorsqu’il me parle de prison. « Mais qui te dis que je n’ai pas déjà fait un petit tour ou deux en prison ? » J’hausse les sourcils plusieurs fois, laisse planer le suspense. Je n’irais pas plus loin que cette simple remarque, qu’il se décarcasse un petit peu pour démêler le vrai du faux. « Il faudrait être difficile pour ne pas t’apprécier… Ou t’appeler Colin ! » J’ai cru comprendre qu’ils ne s’entendaient pas vraiment tous les deux, j’essaye donc de détendre l’atmosphère que je sens soudainement plus glacée. Je ne le sens pas du tout confiant et même agacé, il n’a peut-être pas envie d’en parler… C’est compréhensible, il risque l’élimination dimanche et n’importe qui pourrait vouloir profiter des derniers jours sans avoir à se rappeler qu’une épée de Damoclès menace de s’abattre. Toujours en caleçon, concentré sur sa tâche du moment, Salvador en profite pour me questionner sur les raisons de ma venue, ce qui suit pourrait m’offenser, mais je n’ai pas le star system ancré dans ma peau à ce point, je me fiche d’être reconnue du moment que je peux vivre de mon art. « Je pourrais être parmi les danseurs qui coachent les stars voyons… » Je ne me vois pas en star, je suis de ceux qui pensent qu’il est injuste de mettre des stars habituées à côtoyer la danse face à de parfaits novices. « Et puis, j’ai quand même vingt ans de carrière, j’ai participé à une vingtaine de shows à Broadway, à quatre tournées mondiales avec des chanteurs et je suis apparue dans quatre ou cinq clips ! » Je suis loin d’être un amateur dans ma catégorie, dans le métier on me connait un petit peu. « Je ne sais pas si l’émission peut m’aider, j’espère. Dans le cas contraire j’aurais juste pris un petit peu de bon temps et ce n’est déjà pas mal ! » Je n’en demande pas plus, juste m’amuser et ne pas avoir à me soucier du reste. Sa remarque sur Jade m’intrigue, j’ai très mal fait mes recherches sur les autres candidats semble-t-il. « C’est une ancienne danseuse ? »