Comme l’ensemble des candidats, cette semaine sert de phase de découverte. Les lieux sont gigantesques. Je pensais d’ailleurs qu’avec une vingtaine de candidat dans le même endroit, on finirait par tous se marcher dessus et surtout par se taper sur les nerfs, mais la production avait vite répondu à ce besoin d’espace. Une fois complètement habitué à l’intérieur du palais, c’est l’extérieur que je décide d’exploiter afin de peut-être trouver le lieu de solitude parfait. Finalement, après avoir visité les jardins, les rivières, c’est la rue marchande qui attire mon attention. Abandonnée et laissée dans l’état, les décors sont typiques ; j’avoue que je suis un petit peu impressionné jusqu’à voir les devantures des quelques shops encore ouverts. Un bar à chat ? J’aimerais comprendre l’utilité de ce genre de commerce. Plus le temps passe et plus les gens deviennent stupides. Je préfère m’avancer vers le magasin de tissu et de tenues traditionnelles. Mes doigts frôlent les kimonos en soie, les couleurs vives m’hypnotisent et les morceaux de tissus me donnent envie de m’enrouler dedans. Je ne cède cependant pas à mes pulsions et continue ma visite dans cette petite boutique pittoresque. Ma solitude est vite interrompue par une présence derrière moi et c’est le visage familier d’une candidate. « Naze … Non, Maze c’est ça ? » Pour une fois que je fais un mauvais jeu de mot sans le vouloir. Je continue de la fixer, tout en me rapprochant d’elle. « Déjà en train de refaire ta garde-robe ? » J’imagine qu’elle ne sera pas la seule à venir faire la pique assiette par ici, mais aussi tôt dans l’aventure, c’est désolant. Mes mains fouillent dans les kimonos, puis j’en sors un du pendant, devinant un peu au pif la taille de la demoiselle en face. « Tiens, c’est certainement de bonne qualité. Made in China. »

J’ai retenu je ne sais comment le nom de cette candidate. Je n’ai donc pas faire d’erreur, elle s’appelle bien @Maze. Elle trouve mon nom assez facilement, il faut dire que ce n’est pas compliqué, j’avais mon nom placardé sur les studios de la production de l’émission, ainsi que sur le site internet. Je pense que tous les candidats savaient qui j’étais avant même d’avoir pris l’avion direction la Chine. « C’est bien ça. » que je lui confirme, juste car j’aurais horreur qu’elle se trompe de prénom. Me faire appeler Juliette ou Lina, très peu pour moi. Mon prénom me convient parfaitement. Je me demande pour quelle raison elle est venue jusqu’ici et je prétends qu’elle est venue refaire sa garde-robe avec ses morceaux de tissus offerts par la production. Kimonos et tenues traditionnelles, je ne l’imagine pas trop défiler comme ça dans le palais devant les autres candidats. Sauf s’il s’agit d’une originale. Ce qui pourrait être le cas. Elle confirme, en me disant que ça n’est pas franchement une mauvaise idée. Oui, cette fille a certainement une case en moins. Elle ne tarde pas à faire un essayage du kimono que j’ai sorti et elle me demande mon avis. La dernière personne qui m’a demandé mon avis n’a pas apprécié, je ne suis pas sûr qu’elle veuille réellement entendre ce que j’ai à dire. Cependant, je me rappelle que je suis dans un jeu et le but est de découvrir les secrets des uns et des autres. Je ne pourrais jamais découvrir les secrets si je n’essaye pas un tant soit peu de m’intégrer et de sociabiliser. Je force un peu pour essayer d’être un peu plus expressive, mimant un sourire un peu trop faux pour qu’elle puisse y croire et je cherche quelques choses de gentil à dire. « Je pense qu’un kimono blanc t’irais bien mieux. » Voilà, c’est tout ce que j’ai trouvé. Une critique pas trop méchante et aucun compliment forcé. Je penche vers les kimonos et j’en cherche un qui correspondrait. Je le sors et le lui tends. « Essaye ! »

Alors qu’il ne s’agissait que d’une simple visite des lieux, me voilà transformé en Cristina Cordula pour un shopping 100% asiatique. Cependant, cette fille m’intrigue. Bon, bien sûr, elle a ce côté simplet que je ne supporte pas généralement, mais elle a aussi cette chose qui se dégage d’elle sans que je ne sache trop quoi. Le premier kimono qu’elle enfile est plutôt beau, mais fade avec son teint. Je cherche alors quelques choses qui lui donnerait un tout autre éclat. Un kimono blanc me fait de l’œil, je décide donc de lui faire essayer celui-là. Elle l’accepte sans trop rechigner, telle une poupée obéissante. Je reste stoïque pendant qu’elle se change, jetant par moment des coups d’œil sur l’ensemble de la boutique comme si quelques choses d’intéressant pouvaient m’apparaître à tout instant. La candidate me sort de ma rêverie, me parlant de la ville où je vis. Ses mots me tirent un petit rictus. « Je n’irais pas jusqu’à dire que j’apprécie l’air parisien ou encore les personnes qui y vivent, mais c’est une ville qui compte beaucoup pour moi. » Je ne m’attarde pas trop sur le sujet, n’aimant pas forcément parler de moi à n’importe qui. « Je suis violoniste. » Ce qui n’est pas un secret, je peux également me permettre de répondre à cette question. « Tu viens également de Paris, donc. » Je conclue très rapidement suite à ses propos. « Qu’est ce que tu fais dans la vie ? » Son métier m’intrigue, je ne sais pas trop quel genre de personne elle est en dehors de cette émission, je n’arrive pas à me l’imaginer et c’est ça qui est le plus intrigant avec elle.