@Lina

Chaque matin, je tâche de me lever tôt, mais chaque matin aussi, j'ai un rituel bien précis. Manger, douche, brossage de dents et... méditation ! On ne le croirait pas comme ça tant j'aime faire le fanfaron et l'ouvrir dès que je peux, mais j'aime me retrouver seul avec moi-même, m'apaiser intérieurement. Selon moi, la réussite extérieure ne peut venir – et surtout tenir – qu'avec une certaine paix intérieure, la méditation, la lecture, ou autre moment loin du bruit ambiant deviennent donc des armes fortes pour surpasser le commun des mortels, mais surtout se surpasser soi-même. Ce qui est bien ici, c'est qu'on est en Chine, et qui dit Chine, forcément, dit jardin zen. Le lieu pour méditer et donc tout trouvé et après avoir terminé ma toilette, je décide de m'y rendre, seulement vétu d'un gros sweat et d'un jogging. Je m'assois alors en tailleur au pied d'un arbre, les mains sur les genoux et ferme les yeux. Me concentrant sur ma respiration, à chaque inspiration, expiration, je fais le vide dans ma tête, je ne pense à rien.. ou en tout cas au moins de truc possible. Je n'entends que les bruits de la nature, et je me sens comme en connexion avec elle même. Les minutes passent, et je me détends de plus en plus, l'esprit complètement libre. J'entends des bruits de pas, ils se rapprochent de moi, de plus en plus près. Je sens une personne non loin de moi, et je lève la main pour la stopper dans son élan, lui faisant signe de ne pas me déranger tant que je n'ai pas fini. Je reprends une dernière inspiration, avant l'ultime expiration. Je réouvre les yeux et apperçoit Lina. « Je me sens.. détendu.. très bien même. » C'est pas toujours qu'elle me verra tout calme, alors qu'elle profite avant que je me remette à l'ouvrir. « Que fais tu debout, aussi tôt ? » Je n'ai pas l'habitude de croiser des gens à cette heure là. « C'est pas toi qui vient de Strasbourg aussi ? Ca fait de nous des voisins un peu non ? » Enfin je me considère pas réellement Strasbourgeois étant donné que je n'y suis que depuis quelques mois, depuis mon entrée à l'ENA.

TENUE / C’est dans un sursaut, la sueur lui collant à la peau, que les yeux de Lina s’ouvrent alors que filtre à travers les rideaux de minces filets de lumières provenant de nombreuses fenêtres de la chambre. Le regard flou, l’esprit en vadrouille, la belle ne parvient pas à se souvenir de derniers instants de ce rêve qu’ils l’ont tirés de cette nuit de repos tant recherché. L’heure qui s’affiche sur le cadran de sa montre lui arrache un soupir. Elle n’a qu’une envie, et c’est celle de se rendormir. Mais son état d’alerte est tel qu’elle n’y parviendra pas. Elle le sait, elle le sent. Un faible grognement se glisse entre ses lèvres alors qu’elle s’extirpe de ce concon douillet qui lui sert de lit. Une bonne douche lui permet de chasser les derniers vestiges de sommeil sur sa peau, de chasser cette moiteur qui lui collait sur le corps. Il règne un silence presque religieux dans le palais, mais elle lui préfère l’extérieur et cette multitude de son qui l’habite, celui de la nature qui s’éveille pour une nouvelle journée. Bouteille d’eau en main, Lina, elle se balade au travers des jardins, complètement seule avec elle-même et ses pensées. La surprise se lit toutefois sur son visage lorsqu’elle remarque la silhouette immobile au pied d’un des grands arbres qui meublent l’endroit. Un tableau si inusité que, pendant un court instant, elle se demande si elle n’est pas encore en train de rêver. Ses pas se rapproche mais dans un geste, il lui somme de s’arrêter. De ne pas le déranger dans sa médiation. Alors elle patiente, découpant du regard le profil de ce candidat à la langue bien pendue, trouvant à la fois étrange et fascinant de pouvoir ainsi l’observer sous une facette qu’on ne lui image pas, de prime abord.  L’homme parait serein, lorsque son regard rencontre le sien. La jeune femme ne tarde pas à s’installer à même le sol comme ce dernier, s’installant en tailleur tout juste devant lui. – Je n’arrive plus à retrouver le sommeil. – Ce petit vaurien s’est éclipsé sans demander son reste, et Lina le maudit de l’avoir ainsi abandonnée. – Oui, c’est bien moi. Et d’une certaine façon, j’imagine que oui. Tout dépend du quartier, à vrai dire. J’ai mon appartement dans La Krutenau. Toi? – qu’elle l’interroge. Il serait tout de même ironique qu’ils soient du même quartier, à quelques rues à peine l’un de l’autre, mais que c’est ici et maintenant, en Chine, dans une émission de télé-réalité, qu’ils se rencontrent.