Si j’aime beaucoup les défis, je ne suis cependant pas une très grande joueuse de jeux de société ou jeux d’argent. J’aime beaucoup trop l’argent pour le jouer et risquer de le perdre. Et pour ce qui est des jeux de société, je pense que je n’ai simplement pas de temps à perdre. Les seules fois où je me rends dans cette pièce, c’est pour faire tourner cette fichue roulette russe qui m’a offert une nomination d’office cette semaine. C’est vraiment génial. C’est bien pour ça que je la fixe telle une dégénérée depuis bientôt cinq minutes. C’est quand la porte s’ouvre derrière moi que je décide d’arrêter. Je constate que c’est @Gio qui vient de me rejoindre et je l’accueille avec un semblant de sourire. « Tu veux participer à la mission détruire la roulette russe. Je pense revenir ici dans la nuit et la démonter complètement. Après j’hésite entre la jeter dans l’enclos des pandas ou la faire couler dans la rivière. » Maintenant qu’il connait mon plan, il n’a pas le choix entre m’aider ou se faire tuer par mes soins pour ne laisser aucun témoin. Je finis par laisser tomber et je vais m’installer sur une chaise non loin du brun. « T’as l’air d’être le genre de mec que tout le monde aime, tu sais, le bon pote qu’on aime avoir à ses côtés. » Oui, c’est l’idée que je me fais de lui en l’observant quotidiennement, comme la plupart des candidats que je regarde souvent de loin afin de m’en faire une petite idée. « Je me demande ce que ça fait d’être dans ta peau dans la vie de tous les jours. » Parce que ça doit être vraiment compliqué d’être quelqu’un de sympathique, tout le temps, sans jamais s’arrêter. Me concernant, mon manque de sympathie est tout à fait naturel, je n’ai aucun effort à faire pour être comme ça.

Gio fait un solitaire et perd, super motivant. Il lorgne en direction de la roulette et se dit qu'il pourrait tenter de la tirer mais qu'il le sent pas. Elle l'a déjà niqué indirectement cette semaine alors il a compris le message. Karla débarque avec un plan en tête et Gio rigole quand elle le lui expose. « Tu vas t'faire éliminer direct... Ça fait moins d'compétition mais bon... » qu'il note à voix haute. Il pense pas que Karla soit le genre de fille à vouloir perdre. Il s'imagine qu'être une musicienne professionnelle c'est un peu comme être sportive de haut niveau, il faut avoir une envie de dominance absolue sur le reste de ses semblables... Elle s'installe près de lui et déclare qu'il est le pote de tous. Outch. Ça devait être un compliment mais elle l'a eu en plein dans les feels. « Hm... ouais c'est assez vrai, j'suis toujours coincé dans la friend zone. » qu'il dit avec un petit rire nerveux. C'est chiant d'être le second choix des gens et jamais la personne qu'ils veulent au départ. Karla semble vouloir se mettre à sa place pendant une journée mais la formulation de sa phrase le fait sourire. « Tu sonnes un peu comme une cannibale qui porte la peau de ses victimes. » dit-il en rigolant doucement. Il la verrait bien à l'affiche d'un film d'horreur, son archer comme arme pour couper la gorge de ses victimes avant d'en récolter le sang et de les faire mariner dedans... Pourquoi pas ? C'est une idée comme une autre. « J'sais pas trop si t'aimerais l'expérience, il faut beaucoup rire. » taquine-t-il avec un sourire sur les lèvres. Karla n'est pas réputée pour être la plus chaleureuse des candidates et encore moins la plus joyeuse et puis dès le premier soir Karla a manifesté un certain dégoût pour son job alors il est pas convaincu qu'elle apprécierait de passer une journée à devoir faire la conversation avec des mamies en ayant la main dans les entrailles de poissons... Gio ne sait pas exactement pourquoi elle semble toujours agacée ou préoccupée, mais il faut lui faire confiance pour faire de ça, sa mission pour la suite de l'aventure. Faire trouver le sourire à Karla. Bon courage. « J't'ai jamais demandé, mais... t'étais un child genius ? » Il sait pas si c'est le genre de question qu'il est en droit de lui poser mais ça le démange parce qu'il connaît que deux types de musiciens, ceux qui sont immensément talentueux dès le départ et ceux qui bossent comme des acharnés pour compenser. C'est un peu la même chose dans le domaine de la gymnastique et il n'a jamais été immensément talentueux.

Je propose un plan à @Gio que je trouve plutôt plaisant comme idée, après tout, cette roulette russe nous cause beaucoup plus de tord qu’autre chose. Pourtant, il n’a pas l’air emballé par mon idée. « Tu suis toujours autant les règles ? » Bah oui, je ne sais pas, il n’a jamais envie de se lâcher. Certes, je n’aurais pas démonté la roue, je ne suis pas assez stupide pour ça. Mais il aurait pu me faire croire qu’il aurait été mon complice si ça avait été le cas. Je lui demande si c’est le genre de garçon à être trop gentil et il me confirme mes propos, me disant qu’il est souvent placé dans la friendzone. Je ne peux m’empêcher de rire en entendant ça. « Je ne pense pas que ce soit à cause de ta gentillesse, mais à cause de cette mèche à la bieber. J’ai l’impression de parler à un gamin de seize ans. » Faut dire ce qui est, avec une autre coupe, je suis sûr qu’il aurait pu se faire beaucoup plus de femmes et qu’on ne lui aurait sorti l’excuse du ‘je te considères comme un pote’. Je lui fais part de mon désir de savoir ce que ça fait d’être dans la peau de quelqu’un de gentil et il me compare à une cannibale qui aimerait être dans la peau de ses victimes, ce qui en soit, n’est pas très flatteur à mon égard. Il continue en me disant qu’il n’est pas sûr que ça puisse fonctionner pour moi, puisqu’il faut aimer sourire. « J’abandonne, alors. » Je sais qu’il plaisante, je ne le prends pas mal. Juste, je ne me vois pas sourire bêtement toute la journée pour dire d’être quelqu’un de joyeux. Il me demande alors si j’étais un enfant prodige et mes yeux le sondent un instant. « C’est ce que tu penses de moi ? C’est plutôt flatteur. » Je prends ça en effet pour un compliment, puisqu’il a pensé ça seulement en m’observant. « Je faisais partie de la communauté des roms, j’ai souvent dû faire la manche avec mes parents. Mon père jouait du violon, mais il a perdu l’usage de ses doigts. Alors il m’a plus au moins enseigné les bases et j’ai dû apprendre à me débrouiller ensuite. » Voilà pour l’histoire qui démontre que je n’ai rien d’une enfant prodige, malheureusement, ce n'est pas aussi glamour qu'il devait certainement le penser.

Devant son refus de détruire la roulette, qui est une proposition tentante, @Karla lui demande s'il respecte toujours autant les règles, ce que Gio prend comme une façon de demander s'il est toujours aussi chiant. C'est un peu du pareil au même non ? « Ça dépend, mais en général ouais j'essaie. Sauf si les règles sont injustes, mais en l'occurence... celle-là en particulier on l'a acceptée en entrant dans le jeu donc difficile de s'en plaindre. Même si elle pue du cul. » explique-t-il parce que s'il accepte la règle que la roulette peut le nominer, comme il accepte qu'elle ajoute dix mille balles sur son compte, Gio la trouve quand même chiante. Il suit les règles mais celles qui veulent que les gens soient traitées différemment pour X raisons, le font frémir et il s'applique à les combattre à chaque fois qu'il y est confronté. Karla rit, d'un joli rire, le genre qui s'exprime pas assez souvent pour être complètement incarné, puis elle lui livre une dose de sérum de vérité sans prendre trop de gants et il encaisse le coup. Il a enfin une explication et elle est capillaire. « Ah... peut-être. Mais en même temps j'aime pas trop l'idée de me rapprocher de la trentaine alors passer pour un gamin c'est presque un avantage, ça m'servira un jour. » réfléchit-il à voix haute en haussant les épaules. Qu'importe la personne qui saura voir au-delà de sa tête d'adulescent et de sa coupe de pop-star vaudra le coup. Karla n'a même donné un fair shot à son mode de vie qu'elle baisse déjà les bras et ça Gio ne peut pas l'accepter. Être nominé par la roulette, ça il peut, mais voir Karla refuser de faire l'effort, c'est inacceptable, évidemment. Gio a l'ordre de ses priorités bien défini. « Déjà ? Allez ! J'ai même réussi à te faire rire, tu peux pas abandonner en si bon chemin ! Répète après moi : la vie est belle et je suis de bonne humeur. » Ok il avoue il n se dit jamais ça pour se motiver, mais Karla va avoir besoin de toute l'aide qu'il peut lui fournir pour arriver à un résultat de Giottude satisfaisant. « Tu sens la joie de vivre regagner tes joues ? J'ai l'impression d'avoir bu trois shots de téquila d'un coup ! » demande-t-il en tentant de rester sérieux mais en ayant de plus en plus de mal à retenir son rire. Il inspire longuement avant de répondre à la question de Karla concernant la façon dont il la voit. À vrai dire, Gio ne la pense pas enfant prodige, mais il ne voit que peu de solutions possibles pour justifier qu'elle en soit arrivée à ce niveau de maîtrise. « J'imagine surtout. » dit-il avant de réagir au récit de l'enfance de Karla qui explique peut-être en partie sa personnalité un peu moins exubérante et plus renfermée que la moyenne. « Hm... ok. Ça répond pas tellement à ma question et ça me dit pas comment t'es devenue une musicienne de formation classique. C'est bien le signe qu'il y avait un talent brut au départ non ? » Il passe peut-être pour l'idiot du village qui voit la vie de façon très manichéenne mais pour avoir fait du solfège et du piano pendant trois ans quand il était gosse (fallait bien calmer l'hyperactivité), Gio sait que la musique demande une fibre naturelle. Lui ? Il l'avait pas du tout, mais à force d'effort et de vouloir satisfaire le professeur il était devenu décent, pour un élève de troisième année, maintenant c'est à peine s'il saurait jouer une comptine pour enfants.

Gio semble du genre à être bien propre sur lui et plutôt sage. Par exemple, il ne souhaite pas m’accompagner dans la destruction de la roulette russe. Bien sûr c’est de l’humour, mais même là, il se montre bien trop obéissant avec les règles du jeu. Je lui demande s’il est toujours comme ça ou si c’est juste dans cette aventure. Apparemment, il est toujours comme ça. Je l’écoute m’expliquer qu’on a accepté les règles en participant à cette émission et qu’on s’y plier. « Je vois … Tu es donc le genre de mec gentil et qui suit les règles. Pourtant, je suis sûr qu’il doit y avoir un bad-boy qui sommeille derrière ce côté lisse. » On en vient à parler pour quel raison les filles ne s’intéresse pas à un gars comme lui et pour moi le souci est surtout capillaire. Il m’explique que s’il conserve cette coiffure, c’est parce qu’il a peur d’approcher la trentaine. Je continue de sourire à ses propos. « Je ne comprends pas pourquoi les gens ont si peur de vieillir, c’est le sens même de la vie. » C’est vrai, je n’ai pas peur de vieillir et puis de mourir, parce que c’est la logique des choses. J’ajoute : « Et puis, les filles préfèrent les hommes plus âgés, alors je t’assure qu’avec une autre coiffure et tes bientôt trente ans, tu pourras sortir de la friendzone. » Voilà les seuls conseils que je peux lui donner pour pouvoir se faire des filles. Après, je ne suis pas non plus la plus calée à ce sujet, je ne suis pas de celle qui s’intéresse aux garçons bien que j’aie tendance à attirer les gros lourds de service. On a un exemple magnifique avec l’autre boulet de Joaquim. Le fait de devoir sourire en continu pour être quelqu’un de sympathique ne m’intéresse pas des masses, alors j’abandonne déjà l’idée. Ce qui ne semble pas plaire à Gio qui veut me forcer à dire une phrase grotesque. Je me prends quand même au jeu. « La vie est belle, je suis de bonne humeur. » Je fais même exprès de sourire exagérément de toutes mes dents avant de reprendre mon expression neutre. Il me demande alors si je ne me sens pas beaucoup mieux après avoir répété ses mots. « Bien sûr, encore un peu et je pourrais même sauter de joie, ne prends pas le risque. » On en vient à discuter plus personnellement de moi et je lui raconte une courte partie de mon histoire ; pourquoi j’ai commencé à jouer du violon et pour quelle raison je ne suis pas un enfant prodige comme il pourrait le penser. Même après cette explication, il pense toujours qu’il y avait un certain talent brut à la base. Je hausse les épaules. « Peut être bien, je ne sais pas. J’ai beaucoup appris avec mon père, puis j’ai juste eu la chance d’être repéré par le directeur du conservatoire qui m’a pris sous son aile. Et j’ai beaucoup travaillé pour être la meilleure. » Voilà l’explication complète à tout ça.

« C'est marrant, comme les gens ont tendance à penser qu'une personne gentille et qui suit les règles c'est une personne qui est pas intéressante. » qu'il commente un brin ironique. Il a jamais trop compris le mépris que la majorité des gens semblent avoir pour les personnes qui sont simples au profit d'une fascination pour ce que Karla appelle les « bad-boys ». Gio comprend qu'ils puissent être attirants, il a eu un crush ou deux sur des connards de première catégorie, mais qu'on glorifie ce genre d'attitude le dépasse complètement même s'il sait qu'il est loin d'être parfait lui-même. « Pour découvrir mon côté bad-boy faudra qu'tu trouves mon secret, I guess... » dit-il d'un ton qui se veut intrigant mais qui sonne un peu creux et faux à ses oreilles. Il chérit son secret, mais il n'a pas l'impression que son secret soit de la même trempe que ceux d'autres candidats. Une impression sans grand fondement vu qu'il ne connaît aucun secret et n'a reçu qu'un seul indice qui le laisse pantois, au mieux. Karla lui dit qu'elle ne comprend pas la peur de vieillir parce que c'est le principe même de la vie et Gio voit ce qu'elle veut dire mais il n'est pas capable de se détacher de ce qui lui tiraille les entrailles. « Plus de maladie, moins d'énergie, plus proche de la mort. J'comprends totalement moi. Mourir ça m'terrife. » qu'il dit très sérieusement parce que c'est peut-être la chose qui lui fait le plus peur au monde. Tant mourir lui que de voir les gens mourir autour de lui. C'est pas un secret qu'il gère mal les disparitions et l'abandon, or la mort n'est ni plus ni moins que la version ultime de ces deux concepts. Karla lui fait remarquer que les filles aiment les hommes plus âgés et ça lui fait hausser un sourcil pour deux raisons. La première c'est qu'il note que tout le monde le voit comme un hétéro standard et la deuxième c'est que ce genre de raisonnement n'explique pas pourquoi Cristopher n'a pas encore réussi à mettre qui que ce soit dans son lit. Peut-être que ça dépend du gars. « Les filles peut-être, mais chez les mecs ça plaît pas mal mon côté jeune. Et puis j'ai que vingt-trois ans, on va s'calmer sur « bientôt la trentaine » hein ! » lâche-t-il en la pointant du doigt d'un air réprobateur. Elle lui a presque ajouté sept ans faut pas déconner non plus. Il est plus proche d'être mineur que d'être trentenaire et pour l'instant il le vit vachement bien. Elle répète après lui, en rajoute une couche et Gio applaudit de bon cœur. « J'suis tellement fier de tes progrès. D'ici trois semaines tu seras un teletubbie. » déclare-t-il en essayant de se donner un air sérieux qui est trahi par le sourire qu'il ne parvient pas à dissimuler. Karla est marrante en fin de compte. Elle a un côté inapprochable et presque froid mais quand elle y met de la bonne volonté -même quand c'est pour se moquer gentiment de lui- elle a de l'humour. Gio boit ses paroles quand elle parle de son enfance et du coup du sort qui lui a permis de devenir une violoniste professionnelle dans un conservatoire. « Et tu l'es devenue ? La meilleure j'veux dire. » demande-t-il quand même pour avoir une précision sur l'étendue du talent de la jeune femme mais aussi parce qu'il n'y connaît rien en violonistes célèbres.

Gio semble piquer au vif quant à ma remarque sur le fait qu’il doit y avoir bien plus qu’un garçon gentil derrière tout ça. Il trouve ça drôle que les gens associent souvent les gens ennuyeux à des gens gentils. « Je suis toujours associer à la méchante fille parce que je suis franche et pas très souriante, c’est comme ça que pensent les gens. » Je hausse les épaules, car il y a bien longtemps que l’avis des gens ne me fait ni chaud ni froid. Gio m’intrigue lorsqu’il me dit que pour voir son côté bad-boy, je vais devoir trouver son secret. « J’imagine bien un truc du genre j’ai péché la plus grosse truite au monde ou un truc dans le genre. » Bien sûr je plaisante, mon sourire qui se dessine si rarement sur mes lèvres lui indiquent que c’est de l’humour. Mon humour bien spécial, je l’avoue. On finit par parler de la mort et de la peur que ça peut engendrer chez les gens. Gio a l’air terrifié de disparaître, comme la plupart des personnes sur cette terre. Pour ma part, la mort ne m’effraie pas. J’y suis même préparé, parce que ça peut arriver à tout moment. Ceux qui ont de la chance meurt plus vieux, mais certains disparaissent pour d’autres raisons bien plus jeunes. Alors, il faut être prêt. « Pas forcément, regarde notre papy national, il se porte comme un chef alors qu’il a déjà un pied dans la tombe. » Je parle bien entendu de Cristopher qui semble être le candidat le plus en forme de nous tous. Et même à son âge, la mort n’a pas l’air de lui faire peur. Du moins, c’est l’impression que j’ai de lui, bien que ce ne soit pas un thème souvent abordé avec lui lorsqu’on discute. Lorsque j’explique à Gio que les filles préfèrent les hommes plus âgés, sa réponse a pour effet de me surprendre. C’est vrai que je ne m’attendais pas à ce qu’il soit bisexuel. « Tu joues donc sur les deux tableaux. Tu as bien raison, après tout, ça te donne plus de chance de trouver ce que tu cherches vraiment. » Le sujet vire une nouvelle fois sur autre chose, puisqu’on parle de ma carrière et plus particulièrement de mon talent inné ou non pour le violon. « Bien sûr que je suis devenue la meilleure, sache Gio, que quand je veux vraiment quelques choses, je fais tout pour l’obtenir. » Comme cette émission, que je gagnerais coûte que coûte.

Karla mentionne le fait d’être associée à la méchante fille et Gio considère quelques secondes cette affirmation. Il peut comprendre pourquoi les gens auraient cette image de Karla, parce qu’elle dégage une présence presque froide mais il ne sent pas de méchanceté. Peut-être qu’elle est critique du monde autour d’elle. « J’dirais pas que tu passes pour la méchante, mais plutôt que t’es distante. C’est dur d’apprendre à te connaître. » explique-t-il sans y mettre trop d’intonation, factuel. Ce n’est pas pour être désagréable ou même méchant mais il ne l’a jamais sentie vraiment ouverte à la possibilité de devenir sa camarade. Elle lui dit que son secret a probablement un rapport avec une truite. Et Gio fronce les sourcils une seconde, il comprend bien que c’est une plaisanterie et ça le fait sourire, mais il a juste un doute quant au fait que la blague ne repose pas sur une incompréhension de base. « T’sais que j’suis poissonnier et pas pécheur hein ? Genre j’bosse à mi-temps au rayon poissonnerie d’un supermarché à côté d’mes études, pas sur un chalutier à ramasser du thon. » Ah c’est sûr que c’est moins glamour que de bosser dans un orchestre philarmonique, pas tout le monde n’est pas capable de faire un truc aussi sensationnel et de le faire avec talent. Quant à Cristopher qui est encore plein de vie malgré son âge, Gio ne voit qu’une explication possible. « L’argent ça conserve faut croire. » plaisante-t-il pas convaincu que ce soit vrai, mais après tout, les gens riches ont accès à une multitude de privilèges pour se maintenir en bonne santé et en forme… Pour ce qui est de son orientation sexuelle, Gio ne sait pas exactement comment l’expliquer mais il va essayer. « J’dirais que j’joue sur un tableau et demi, j’ai fait que tremper l’orteil avec les garçons pour l’instant. » nuance-t-il en haussant les épaules. Il n’a jamais eu de mec, il n’a jamais couché avec un mec et ce même si ce n’est pas l’envie qui lui en manque. Il n’aime juste pas l’aspect abrupt que les hommes qu’il rencontre ont quand il est question du sexe. Il a juste besoin qu’on l’aide à mettre le pied à l’étrier et puis il imagine que ça roulera tout seul. Mais il préfèrerait, en bon romantique qu’il est, que ce pied à l’étrier soit accompagné d’une relation. « Tu jouerais un morceau pour moi un de ces quatre ? Si on est sauvé tous les deux j’veux dire. » demande-t-il, bien conscient qu’elle n’a probablement pas envie de donner des concerts privés qu’elle facturerait une fortune à l’extérieur pour des applaudissements abasourdis. Gio est attiré par le talent, ça le fascine de voir des gens qui excellent dans ce qu’ils font, alors s’il a l’occasion de la voir jouer, il la saisira. Et ce même si ça le renvoie à la réalité de son incapacité à jouer une partition de piano sans passer pour un handicapé qui se plante toutes les trois mesures.