Depuis ma tentative avortée de m’essayer à la pêche, je n’avais pas trop remis les pieds du côté de l’embarcadère. Je n’avais pas la sensation d’avoir grand chose à y faire, et les autres lieux mis à notre disposition me semblaient autrement plus intéressants. Comme un grand nombre de mes camarades de jeu, j’aimais surtout aller traîner du côté du bar à chats ou rendre visite à nos amis les pandas roux. Entre ça et toute la végétation qui s’épanouissaient aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du palais, nous avions entre nos mains la responsabilité de nombreuses entités vivantes et c’était quelque chose que je prenais au sérieux. Pourtant, depuis que j’avais pu réintégrer l’intérieur du palais, je devais reconnaître que je prenais moins plaisir à prendre l’air. Je m’y efforçais pourtant, estimant que c’était nécessaire à mon équilibre mental et que je risquais de dépérir si je ne respirais pas un peu d’oxygène frais de temps à autres. C’est dans cette idée que je m’égare du côté des barques aujourd’hui. Je reste là un instant, à les regarder, indécise. Elles sont là et je n’ai rien de mieux à faire, autant me lancer à l’aventure non ? Je m’apprête à y aller quand j’entends des bruits de pas dans ma direction. Doucement, je fais volte-face et découvre @Rhéa qui me rejoins. « Les barques, et le contexte, ça me fait un peu penser à Menteur, menteur, avec Jim Carrey. Tu sais où elle mène cette rivière ? » Il doit bien y avoir un barrage à un moment donné, ou quelque chose qui nous empêche de sortir. Est-ce qu’il s’agit d’une rivière artificielle ? « Ça te tente une virée entre filles ? » je lui propose ensuite en lui dédiant mon sourire le plus encourageant. Quitte à me lancer là-dedans, autant le faire avec un peu de compagnie.

Ce n'est certainement pas pour t'approcher des barques que tu retournes à l'embarcadère aujourd'hui. Non non, ton dernier passage par ce côté du jardin n'avait pas été le meilleur des souvenirs... Une chute dans la boue et les moqueries de ta grande copine @Lucy. Clairement, tu t'en serais bien passé, de ce fabuleux moment de vie. Mais tu dois composer. Aujourd'hui, t'y retourne pour simplement profiter d'un petit moment de calme, du glouglou de la rivière et de l'air frais sur ton visage un peu fatigué par une mauvaise nuit. Tu n'as pas bien dormi, tu as cogité, ta famille te manquait, bref, cette journée ne va pas être ta journée. Tu arrives près de la rivière et, rapidement, remarques que tu n'es pas la seule à avoir eu cette sublime idée. « Les barques, et le contexte, ça me fait un peu penser à Menteur, menteur, avec Jim Carrey. Tu sais où elle mène cette rivière ? » La sublime Fawn se tient devant toi. Tu la fixes une seconde, sans dire une mots, analysant la situation. T'as l'impression de tomber nez à nez avec un mannequin Victoria's Secret faisant sa petite promenade du matin dans les bois. Mais c'est Fawn, ta camarade d'aventure avec qui tu n'as jamais eu de vrai moment en tête à tête pour le moment. Elle t'as toujours impressionné, t'as toujours eu l'impression d'être en présence de la Reine du Bal alors que toi, tu te sens comme un petit boudin. Ta langue se délie enfin et tu lui répond avec un simple haussement d'épaules. « C'est une très bonne question, aucune idée. » Et puis, la petite ampoule " connerie " s'allume dans ta tête. Ta précédente aventure avec la barque s'envole de ta mémoire, t'es à nouveau prête à y mettre les pieds, et pas grave pour ton jean s'il est à nouveau tout sale. « On va voir ? » Tu lui propose avec un sourire en coin. Visiblement, elle semble avoir la même idée que toi lorsqu’elle te propose une virée entre filles. Elle ne semble pas avoir froid aux yeux et ne pas avoir peur de l'inconnu. Un bon point pour elle. Tu t'approches de l'une des barques, pas non plus hyper rassurée, puis te tiens à l'un des poteaux du ponton pour y mettre un pied, puis deux. Ça y est, t'es montée à bord et tout va bien ! Tu regardes autour de lui, pas une seule rame dans la barque, merde, ça commence bien. Tu en remarques au sol derrière Fawn et avec un signe de la tête dans cette direction, tu demandes à la belle brune. « Tu peux nous prendre deux rames derrière toi s'il te plait ? » C'est parti pour l'aventure.. !

Visiblement, Rhéa n’en sait pas plus que moi au sujet de cette rivière ; qu’à cela ne tienne, nous découvrirons ensemble où elle mène. Je ne la connais pas encore très bien mais elle n’a pas l’air d’avoir froid aux yeux et semble tout aussi motivée que moi à l’idée de faire un tour en barque - c’est en tout cas ce que je suis tentée de penser, ignorant tout de ses antécédents en la matière. « C’est parti ! » je confirme en la laissant passer devant, me tenant prête à la rattraper si jamais elle en venait à glisser ou tomber. Le temps n’est plus aussi clément qu’il l’était il y a un ou deux mois, et une balade en barque constitue déjà une vraie expédition. « Bien sûr, je nous amène ça. » je lui réponds quand elle me demande d’amener les rames avec moi. Je fais rapidement volte face pour les saisir au passage puis emboîte le pas à ma camarade de jeu, lui tendant une rame tout en posant prudemment un pied, puis deux, sur le plancher de la barque. Je n’ai qu’à moitié confiance en mon équilibre, ça n’a jamais été mon point fort, aussi je préfère prendre le temps nécessaire et rester prudente que pêcher par orgueil et me précipiter maladroitement à bord. Pas encore hyper à l’aise, je m’installe plus confortablement et plonge ma rame dans l’eau. « Bon, je suis une novice en la matière mais je te proposerais bien d’aller dans le sens du courant ? » Ça me semble plutôt cohérent. Le courant n’est pas fort dans tous les cas donc les deux sont possibles, mais je préfère opter pour le mode facile. « Au fait, je me rends compte que j’ai jamais eu l’occasion de te demander, tu fais quoi dans la vie ? » On cohabite tous depuis un moment, et si on a souvent l’occasion de discuter de nos plats préférés ou des musiques qu’on aime bien, la vie du dehors ne vient pas toujours spontanément s’immiscer dans les conversations. Malgré le temps que j’ai passé au sein du nid, je dois connaître les métiers de la moitié des candidats seulement.

« C’est parti ! » Son entrain est communicatif. Il y a deux minutes encore, c'était non négociable pour toi de tenter de remettre un pied dans cette barque, et pourtant, en l'espace d'un court instant, t'as changé d'avis. Grace ou à cause de Fawn ? Tu n'as pas encore défini. Ça dépend de comment la situation va tourner. Elle ne rechigne pas lorsque tu lui demande de vous apporter des rames, au contraire, et semble le faire de bon cœur. D'ailleurs, tu attrapes ces dernières alors que Fawn monte à son tour dans la barque. Bah oui, il ne serait pas question que la belle brune tombe la tête la première dans l'eau. Ça y est, elle est installée, toi aussi. Un instant passe, et tu ne peux retenir un léger rire alors que tu imagines le tableau, dans ta tête. Vous deux, assises dans la barque attachée à quai, avec vos rames sur les genoux, sans ne savoir trop quoi faire de tout cela. C'est sur, les télé-spectateurs doivent autant se marrer que toi. « Bon, je suis une novice en la matière mais je te proposerais bien d’aller dans le sens du courant ? » Tu hoches la tête de haut en bas, en accord avec ses mots, t'es dans le même cas qu'elle. « Parfait, on va faire ça ! » Bon, tu choisis de ne pas penser au chemin retour, au moment ou vous allez devoir faire le chemin à contre courant... on verra plus tard. Ce n'est pas le très faible courant de la rivière qui va te faire peur. Tu penches le buste pour atteindre la corde qui relit la barque au ponton et défait le nœud tant bien que mal. Ça y est, vous êtes libérées, livrées à vous même. « Au fait, je me rends compte que j’ai jamais eu l’occasion de te demander, tu fais quoi dans la vie ? » Elle te questionne alors que tu tentes de te concentrer sur la direction votre bateau de fortune. « Je suis commissaire priseur. Et toi, qu'est ce que tu fais ? » tu lui demande en retour. Parce que tu décides d'être polie au moins une fois dans ta journée en retournant la question, mais aussi et surtout, parce que tu réalises que tu ne sais pas ce que fait Fawn de sa vie et que ça t’intéresse vraiment.

@Rhéa nous détache et l’aventure peut commencer. On est mignonnes à partir en expédition dans une barque, sur une rivière, en ressentant probablement le pic d’adrénaline de tout notre séjour en Chine. Je me demande ce que pensent les téléspectateurs quand ils nous voient. Pas forcément dans l’instant présent, mais en général. Est-ce qu’ils se sont attachés à nous ? Est-ce qu’ils nous apprécient ou est-ce qu’au contraire on les blase, on les saoule ? C’est difficile de savoir comment on est perçus à l’extérieur et je pense que ça nous fera bizarre à tous de nous rendre compte de l’image qu’on a dégagée, volontairement ou non. Après tout, la production choisit sans doute soigneusement les morceaux qu’elle décide de diffuser, nous n’avons qu’une responsabilité partielle dans l’histoire. « Commissaire priseur ? Waw, c’est classe. C’est assez différent des métiers qu’on est habitués à croiser dans ce genre d’émission ; tu sais, coach sportif, youtubeur, barman, organisateur de soirées etc. » j’énumère en réalisant que certains de mes camarades correspondent à ces vocations un peu clichées dans notre milieu. Commissaire priseur, ça fait vrai métier d’adulte. On y croit. On est loin des clichés hollywoodiens. « Tu as toujours voulu faire ça ? » C’est rare les enfants qui savent vraiment ce qu’ils veulent faire plus tard. Ils sont nombreux à vouloir être pompiers ou maîtresse. Moins à espérer devenir commissaire priseur. « Oh moi c’est un peu compliqué, j’ai créé mon propre métier. » Ça se fait de plus en plus, et je trouve ça cool, mais c’est jamais évident à expliquer. J’ai toujours tendance à m’embrouiller dans mes explications, je devrais me préparer une sorte de fiche histoire de simplifier les choses. « À la base, j’ai fait des études de médecine, puis j’ai commencé à travailler en tant que psychiatre dans le cadre de mon internat. C’était très important pour moi d’aider les gens dans le cadre de ma profession. Mais être psy, ça ne fonctionnait juste pas, pour moi. Alors j’ai arrêté, j’ai développé ma façon de voir les choses, la vie, la spiritualité. J’ai créé une société de conseils, et j’aide mes clients de plein de manières différentes. J’ai fait pas mal de formations, notamment de communication non-violente, et ça me permet d’intervenir dans des situations compliquées. Mais je m’intéresse aussi beaucoup à toutes les formes de médecines non conventionnelles et à ce qu’on appelle la sorcellerie : lectures de cartes de tarot, litho-thérapie, etc. J’utilise tous les outils mis à ma disposition pour aider mes clients ou patients suivant la méthode qui aura le plus d’effet bénéfique sur eux - on est tous différents. » Je sais que mes méthodes peuvent parfois entraîner un certain scepticisme chez mes interlocuteurs, et je le comprends tout à fait. Toutes ces chose auxquelles je m’intéresse depuis quelques années ont longtemps été l’apanage des charlatans en tous genres, et il faut s’en méfier. Mais dans de nombreux cas, ces outils me semblent être une base de travail très intéressante et leur potentiel est quasi illimité. On a encore beaucoup de choses à découvrir sur le pouvoir de l’esprit, le magnétisme et toutes ces choses un peu ‘magiques’ en général.