Depuis le début de son aventure, Vadim avait occuper les mêmes pièces du nid, comme si c'était rassurant de se retrouver dans les pièces qu'il côtoyait depuis une semaine et demie déjà. Après avoir piqué une clope ou deux et un briquet d'un paquet qui était posé sur la table de la cuisine il sortit sur le toit pour consumer tout le tabac que ses petits tubes contenaient. Ses pas lourds se faisaient entendre et quiconque était sur la toiture de l'hôtel entendrait que quelqu'un le rejoindrait. Il s'avança, le regard fixé sur une église, au loin, sur le bord du toit, à quelques mètres du vide, pour fumer sa cigarette. Il se sentait comme vide, transporté, comme si son âme s'était échappée de son corps. Il restait impassible, toujours la clope en bouche et les ses longs cheveux blonds au vent. Il sentait la brise du matin siffler dans ses oreilles alors que la fumée de sa cigarette s'échappait dans les rues de Dublin. Au bord d'une mort possible, il continua de tirer sur sa clope sans se soucier de se qui se passer autour de lui. Peut-être bien que quelqu'un était derrière lui. Tant pis, les rues de la capitale irlandaise l'intriguait de plus en plus.

Je m'étais réveillée, seule dans le lit conjugal. Vadim n'était plus là, je pus donc profiter pendant quelques minutes de l'espace qu'il me donnait en prenant toute la place et en m'allongeant en diagonal. Cependant, je ne restais pas indéfiniment ici. Je n'aimais pas resté éveillé dans un lit. C'était insupportable pour moi. C'est pourquoi je me levais quelques minutes plus tard pour enfiler un pantalon de jogging par-dessus le shorty que je portais actuellement. En débardeur, je descendis au rez-de-chaussée. Comme j'aimais le faire chez moi, je pris mon café et préférais sortir pour le boire. Bien qu'à la maison, je le prenais sur la terrasse, ici, je le prendrais sur le toit. Je grimpais donc les étages et une fois arrivée, je remarquais Vadim. Je m'avançais dans sa direction. « Bonjour. » Lui dis-je simplement sans rien ajouté. Je n'allais pas fuir parce qu'il était là. Ce n'était pas parce que notre dernière entrevue fut mouvementée que j'allais m'en aller. Il ne me faisait pas peur et maintenant que nous étions "en couple", il était peut-être temps de s'expliquer.

Debout face au vide, face à la mort, il tirait toujours sur sa cigarette, observant toujours chaque maison irlandaise aux alentours de l'hôtel. Il était toujours seul, enfin c'était ce qu'il pensait alors qu'il entendu la porte s'ouvrir, grinçante, permettant à Vadim de savoir que quelqu'un était entré. Cette personne pouvait être n'importe qui, mais le russe savait que c'était Robyn. Comme une déduction. La grosse baleine avec qui il occupait le lit avait du se rendre compte que le blondinet n'y était pas et donc, était partie à sa recherche. Il ne se retournait pas, jusqu'à ce qu'elle vienne vers lui, il lâcha sa cigarette toujours allumée au dessus du sol. Son bonjour ne fit rien au russe, il préférait plutôt lâcher un « Désolé. » La jeune femme savait surement pourquoi il avait prononcé ce mot. Cependant, il restait face au vide, préférant ne pas croiser le regard de sa compagne. Il avait été irrespectueux quant à Robyn et il s'en excusait aujourd'hui, et si elle n'acceptait pas ses excuses, c'était tout à son honneur.

Je m'installais sur l'herbe sans regarder Vadim. Je l'avais salué et c'était déjà beaucoup pour moi, pour nous. Cependant, le mot que le jeune homme me sortit en retour me surprit énormément. Je tournais légèrement mon visage dans sa direction. Lunette de soleil sur le nez, je l'observais sans rien dire. « Hum... » Sortis-je simplement. Cependant, j'étais bien contente de ses paroles car, finalement, j'avais gagné. Je bus une gorgée de mon café et me tournais complètement vers Vadim. « Et ça te prends comme ça ? » Lui demandais-je par curiosité. « Mais j'accepte tes excuses volontiers. Tu es peut-être plus adulte que je ne le croyais jusque là. » Je lui souris. Peut-être partions-nous sur de nouvelles bases ? C'était surement le mieux à faire pour vivre assez bien dans la maison sans s'étriper tous les quarts d'heure.

Honnêtement, le relation entre Vadim et sa partenaire n'avait pas été rose tous les jours, mais, au fond, il l'appréciait quand même un peu, et sortir de ses gonds de la sorte, lors de leur première rencontre, était une chose complétement irrespectueuse et de vraiment inacceptable. Le blond n'allait pas jusqu'à dire qu'elle pouvait le jeter par dessus la rambarde du toit pour se venger, mais il accepterait ne serait-ce que la moindre remarque à son égard, aussi irrespectueuse soit-elle. Oui, il était méchant, mais jamais il ne l'avait été à ce point là. Enfin soit, ses yeux ne décollaient pas des rues irlandaises alors que sa cigarette s'était écrasée lamentablement sur le sol. C'est triste. Tant pis. Il écouta attentivement les remarques de sa camarade. Adulte. On se le demandait parfois puisque sa coupe de cheveux faisait parler et les comparaisons avec un putain de chanteur pré pubère fusaient. Robyn avait, d'ailleurs, osé le surnommé comme ça et sa réaction de la semaine dernière était due à ce surnom qu'on lui répétait souvent. En aucuns cas il n'avait laissé passé ça, et Robyn en avait payé les pots cassés. Son attention était toujours associée à la capitale avant qu'il ne réponde à ses répliques, le plus simplement possible, comme encore. Comme toujours. « A toi de t'excuser maintenant. » On pourrait se demander de quoi elle devait s'excuser, mais c'était un peu une réplique au hasard, une réplique de substitution. Il fallait dire une chose, il l'avait dite. Meubler la conversation, en quelques sortes. Il détourna finalement son regard pour le poser sur la jeune femme et de lui sourire. Simplement.

Café en mains, je regardais Vadim. Nous étions partenaire dans le jid d'amour et bien que je fus fortement déçue lors du dernier prime, je devais bien avouer que si le jeune blond continuait sur cette voix, nous pourrions avoir une relation amicale des plus sympathique et peut-être original. entre nos deux forts caractères, cela risquerait de clasher à certains moments mais c'était bien ce qui nous définissait depuis la première semaine, n'est-ce pas ? La réplique du russe me surprit. Je soupirais. « Je n'ai rien à me faire excuser. Bon peut-être la gifle mais tu l'avais amplement mérité donc je ne ferais rien. » Je me rapprochais de lui et lui souris. « Partenaire ? » Lui demandais-je en tendant l'une de mes mains. Peut-être était-ce là un signe de paix pour la saison, le mois, la semaine ou le jour à venir ? Qui sait... Personne ne saura dire quand est-ce que nous allions encore nous engueuler ?