La chambre était un réel sauna. Entre la chaleur que les autres personnes dégageaient, les couettes insupportablement lourdes qui recouvraient chaque candidats ou encore le manque de fenêtre que les chambres ne contenaient pas. Vêtu d'un simple caleçon, la chaleur oppressait toujours le russe du nid qui avait rejeté sa couette au bout du lit. Cette chaleur était insupportable, et respirer dans cette chaufferie était une véritable épreuve. En pleine insomnie, il se leva, farfouilla dans le noir avant de tomber sur une main qui était sortie du litd. C'était une main de femme, à en juger le calibre. Il s'en empara donc et tira le plus possible, la réveillant très certainement. Mais la jeune femme était debout, donc, il tira un peu plus sur son bras, pour l'amener sur le toit. Il se vêtu d'une veste qu'il avait préalablement volé dans la chambre. Il faisait tout de suite plus froid, ici. Puis, sans même se retourner vers la jeune femme qui lui était inconnue, il se plaça sur la rambarde, et, cria, au loin, en voyant un homme marcher - à cette heure là ? oui ! « CONNAAAAAAAAAAAARD ! » Puis, sans même se soucier de sa douce compagnie, il lâcha un petit rire. Il avait sans doutes réveiller les autres candidats, voire le quartier. Tant mieux.

Si vous vouliez tout savoir, non, je n'étais pas couchée. J'étais du genre à dormir peu, peut être à défaut vu mon teint des plus blancs mais au final cela me convenait, dans le sens ou je n'avais pas besoin de mettre de poudre. Cependant il y avait un moment où il fallait se la fermer deux secondes, arrête de penser et de gémir comme une bête sauvage et dormir, et c'était l'heure pour moi de mettre tout ça en pratique. Bien entendu ça aurait été trop facile, en effet un « CONNAAAAAAAAAAAARD ! » des plus expressifs me tira de mes rêves. Et vu la voix de la personne qui venait de commettre l’irréparable, cela ne m'étonnait pas. Grimpant rapidement sur le toit, une veste en laine autour du corps, les yeux à moitié clos, j'aperçus Vadim en compagnie de Catalina. Là deux options s'affichèrent sur mon panneau de bord, oui, j'avais le choix. Soit je passais outre, soit je le poussais du toit et accusais la blonde. J'aurais pu pousser les deux mais cela n'aurait pas été très professionnel. Bref, le toisant de mes yeux de zombi décharné je pris la parole « Il est quatre heures du mat', tu pourrais pas arrêter de faire le macaque et te la fermer juste quelques heures ? » dis-je d'une voix roque, encore endormie « Puis sérieux t'es en caleçon. Tu t'es cru dans Skins ou quoi... » ouais OK il n'y avait pas réellement de rapport mais j'étais à la masse et j'avais besoin de dormir, vraiment.

La deuxième nuit blanche s'officialisait enfin, après un nombre encore plus ahurissants de tentatives pour m'endormir qu'il y en avait eu la veille. Moi qui habituellement avais un sommeil de plomb, ici, je n'étais pas gâtée. Enfin, mettons ça sur le compte de la chaleur étouffante qui persistait entre les murs de l'hôtel, je ne comprenais d'ailleurs pas comment je pouvais être la seule à trouver ça insupportable, mais qu'importe.. si les autres aimaient vivre dans un sauna permanent, j'allais devoir m'y faire. Si jamais on me croise à poil dans les couloirs un de ces quatre, on saura pourquoi. Pendant que la plupart des candidats dormaient, parce-que oui, je suis persuadée que sur les vingt-deux candidats restants il devait bien en avoir encore un ou deux qui traînaient dans le nid, moi j'étais ben.. dehors, sur le toit. Les quelques lumières qui éclairaient encore Dublin rendait la vue encore plus monstrueuse que la journée, et c'était d'un calme. A par quelques chats errants par-ci par-là, on ne croisait pas grand monde, même les véhicules se faisaient rares. Je me posais sur le sol, levant le nez vers les étoiles. Je n'avais jamais rien compris à ces foutues histoires de constellations, je vous jure, pour moi les étoiles on toujours été des morceaux de je ne sais quoi, des points blancs comme je les nommais quand j'étais petite apparemment, enfin bref, des éléments du décors quoi. Et alors que le calme trônait sur le toit, l'arrivée de deux candidats fit brutalement changer la situation. Pas difficile de deviner de qui il s'agissait.. par contre, pour la demoiselle qui accompagnait j'étais un peu plus étonnée, quoique, je ne la connaissais pas après tout. Je me levais, allant pour les rejoindre, mais je fus devancée par Lylou. J'observais la scène de loin avant d'enfin m'accouder à la barrière, bien plus près des trois habitants du nid. « Qu'est-ce qui lui arrive encore à celui là ? » lançais-je en m'adressant aux deux demoiselles. Si j'avais souhaité parler au Russe, j'aurais probablement évité de parler de lui à la troisième personne, mais jusqu'à là je pense qu'on l'avait suffisamment entendu.

Pourquoi insulter un passant, comme ça, sans aucuns raisons apparentes et, surtout, à cette heure si ? Personne ne le sait, et encore moins Vadim. Ah si, provocation. La tentation pour lever les autres était trop forte et, s'il avait pris la main de cette jeune femme - en l'occurrence Catalina - c'était pour l'accuser. Même si sa voix masculine gâchait son plan machiavélique, il avait au moins réussi à réveiller la blondasse et, visiblement, Lylou, miss antipathique. Finalement, il n'avait pas raté son coup. Il s'apprêtait à répondre à Lylou avant qu'une troisième personne ne fasse son apparition, enfin, qu'elle montre sa présence. Hivana, Hivana, Hivana... Vas te faire foutre. Il s'approcha d'elle car, oui, il avait entendu sa remarque, et qu'elle soit destinée aux jeunes femmes l'importait peu, à vrai dire. « Catalina m'a forcé, elle voulait qu'on baise sauvagement près de la rambarde, et elle n'aime pas qu'on la regarde, apparemment, c'est pourquoi j'ai traité le connard qui passait par là... » Mensonge, bien entendu. Et il y avait bon nombres de chances pour qu'elle contredise ce qu'il venait d'annoncer, mais, encore une fois, il s'en fichait royalement. Il laissa apparaître un léger rictus sur ses lèvres avant de surenchérir. « Mais je crois que Lylou a aussi besoin d'un tour de manège. » C'était, une nouvelle fois, faux, bien évidemment. Puis, il s'avança la petite blonde, passa son bras derrière son épaule et lâcha un rire provocateur. Le genre de rire qui donne envie de donner une baffe.

« Qu'est-ce qui lui arrive encore à celui là ? » « Il veut se la jouer gorille. » lâchais-je en haussant les épaules, quelque peu navrée de voir le jeune homme tomber aussi bas. « Catalina m'a forcé, elle voulait qu'on baise sauvagement près de la rambarde, et elle n'aime pas qu'on la regarde, apparemment, c'est pourquoi j'ai traité le connard qui passait par là... » Catalina bien voyons « Mais je crois que Lylou a aussi besoin d'un tour de manège. » « C'est tout à fait mon genre, d'ailleurs je t'attendais dans mon lit cette nuit, mais t'as préféré insulté les passants, pauvre moi. » « Qu'est-ce qu'on fait de lui ? » nous demanda alors Catalina. Une ligue de femme ? Pourquoi pas, après tout Vadim était un abruti, et le ridiculiser une énième fois ne changerait pas grand chose à la réputation catastrophique qu'il pouvait se trimballait chaque jour, mon Dieu je le plaignais presque parfois. Remarque, il le cherchait, obsédé sexuel, hargneux et désagréable, sec et froid, il avait tout pour faire craquer une femme sourde aveugle et muette. Pourquoi aveugle ? Parce que sa coiffure à la Justin Bieber ne faisait que détruire un peu plus son image. « On pourrait pas le ligoter, genre bien comme il faut, et le caser dans le confess' pour la nuit, qu'il nous laisse dormir ? » c'était l'idée la plus soft qui me venait actuellement en tête.

C'est marrant car, en fait, quand j'étais assise à contempler les étoiles, c'est à Vadim que je pensais. Je devais être en train d'appréhender son arrivée sur le toit avant même qu'il n'ait l'idée de tirer Catalina jusqu'ici pour aller insulter un pauvre passant qui n'avait rien demandé. Je pensais à lui et à son caractère insupportable, à ses répliques détestables et à l'envie permanente de le mordre qui me prenait dès qu'il apparaissait dans mon champs de vision. Oui, tout à fait, de le mordre. Qui sait, avec un peu de chance il allait peut-être repartir d'Irlande avec une jolie marque de ma dentition quelque part sur lui, même plusieurs, allez savoir. Enfin bref ! J'écoutais un peu le dialogue qui se jouait entre les trois autres candidats, levant les yeux au ciel lorsque Vadim déclara que c'était Catalina qui l'avait embarqué jusqu'à là pour baiser comme des bêtes, trouvant suite à ça une raison absurde pour justifier le fait qu'il venait littéralement de traiter l'homme qui passait de connard. D'ailleurs, la blonde se rangea de notre côté, celui de Lylou et moi, avant de demander ce qu'on pouvait bien faire de lui. La proposition que fit la brunette était plus qu'alléchante, mais une image défila dans mes pensées et je laissais paraître une seconde idée. « Ou alors, on pourrait lui retirer ses fringues, on l'attache sur une chaise en lui collant un bout de scotch sur les lèvres qu'il se taise et on le laisse ici ? » proposais-je aux deux autres demoiselles avant de me tourner vers elle.