Assise sur une chaise du balcon, comme elle le faisait si souvent en ce moment, le regard dans le vide, elle pensait à ce jour qui était censé être « spécial ». Tout le monde est censé aimer les anniversaires, pour les cadeaux, les gâteaux, la fête, etc... Cat' ne savait pas trop si elle aimait fêter son anniversaire ou non. C'était un jour comme les autres, dans le fond. C'est pas comme si elle allait organiser une grosse fiesta pour célébrer sa naissance. Là n'était pas l'important de toute façon. Lorsqu'elle entendit des bruits de pas dans son dos, elle se retourna et aperçu Andrea. Celle-ci s'approcha d'ailleurs de la table et y déposa une assiette, sur laquelle était posé quelques muffins. La blonde leva les yeux vers sa camarade alors qu'elle déclara le pourquoi de ces gâteaux. « J'ai pas gouté aux miens, j'ai préféré ne pas avoir une intoxication alimentaire, j'ai mélangé la moitié des recettes. » avoua-t-elle en mouvant la tête sur chaque côté, comme si elle était déçue d'elle-même, alors qu'au fond, elle s'en fichait. Elle attrapa une pâtisserie, qui d'ailleurs, sentait bon, avant de continuer. « C'est bien, tu montres aux gens que les gâteaux, c'est pas toujours mauvais. Ils oublieront vite que j'ai failli les empoissonner avec les miens. » Elle plaisantait, évidemment, bien que son ton était un peu trop froid pour une blague.

Elle avait raison sur un point : quand elle avait une idée en tête, en général, ça ne ratait pas. Ce qui, bien souvent, finissait mal, puisqu'elle faisait souvent des plans tordus. Que voulez-vous, sa grande imagination et son incroyable créativité faisaient partis de son charme. « C'est vrai que je n'aurais pas raté mon coup. Ils se sont mangés de toute façon, ça doit sûrement dire qu'ils n'étaient pas si mauvais, effectivement. » dit-elle, un fin sourire aux lèvres.
Andrea s'excusa alors pour le départ de Samuel, celui qui était son partenaire depuis le début du jeu. C'était un départ, c'était les règles du jeu. C'était sûrement dur pour certains, cependant pour Cat', ça allait, elle savait que c'était le jeu et avait totalement accepté le fait que ses « proches » allaient partir à un moment ou un autre, tout comme elle finirait par partir. « Pas de quoi l'être. Il commençait à me taper le système, depuis qu'il devenait sentimental. » assura-t-elle en haussant légèrement les épaules. Ça avait été bien plus drôle lorsque le jeu était resté le jeu. Après quoi, il y avait eu cette histoire de mot, qui avait pris des proportions énormes et qui avait tout gâché aux yeux de la belle.
C'est vrai que ça serait bête pour Andrea de mourir avant d'avoir acheté cette nouvelle saison, d'une série qu'elle devait probablement adorer. « Eh bien, ne t'inquiètes pas, mes pulsions meurtrières ne sont pas nombreuses et la plupart ne concerne que mes parents. Tu pourras amplement te regarder cette saison des Frères Scott encore et encore avant de mourir d'une mort atroce que je n'aurais pas provoqué. » Ou comment paraître vraiment cruel ou sans cœur. Elle plaisantait à nouveau et ajouta un sourire pour bien souligner qu'elle ne souhaitait absolument pas sa mort, elle n'était pas aussi affreuse, comme fille. « Je plaisante. » pensa-t-elle bon d'ajouter, juste histoire qu'il n'y ait pas de malaise.

Catalina avait promis à Samuel qu'elle n'en parlerait pas. Il devait bien se douter, que, de toute façon, il y avait peu de chances pour qu'elle tienne cette promesse. Elle lui avait pourtant bien dit qu'elle pourrait lui faire des dizaines de promesses sans qu'aucune d'elles ne veuille dire quoique ce soit. Andrea était totalement en train de se demander ce qui s'était passé, c'est pas comme si cette histoire avait fait la une où que ce soit. Ça n'avait eu absolument aucun impact. Dommage. « Oh, tu sais comment c'est. Tu crois que quelqu'un a un cœur dur comme de la pierre, tu marches dans son jeu et tu découvres que finalement, cette personne est capable d'avoir des sentiments, notamment envers ta personne. Et ça gâche tout. » résuma-t-elle. C'était plus ou moins ce qui s'était passé oui. Le jeune homme n'était pas non plus tombé amoureux d'elle, il avait juste eu un petit faible, mais l'essentiel était là.

Qui voudrait une mort atroce ? Sûrement personne. A moins d'être totalement masochiste, bien sûr. L'humour de Catalina laissait souvent à désirer. Ça ne ressemblait même pas vraiment à de l'humour, elle avait presque l'air sérieuse lorsqu'elle plaisantait, si bien qu'elle était juste flippante. La mort n'était pas un sujet tabou pour elle et elle pouvait en parler à tort et à travers, sûrement maladroitement d'ailleurs. Bref. Andrea, après avoir émis quelques souhaits pour sa mort, lui demanda ce qu'elle avait contre ses parents. C'était une longue histoire, très longue histoire qui remontait à la naissance de Catalina. Ses parents n'étaient pas fait pour avoir un enfant, ils avaient juste cédé à la pression que la société mettait sur les femmes et à cette idéalisation de la femme enceinte. Ils avaient donc eu un enfant, mais n'avaient pas changé leur vie pour autant. « Ils en ont fait trop, sans pour autant en faire assez. » répondit-elle rapidement, sans s'étendre sur les détails inutiles. C'était un bon résumé de sa relation avec ses parents. Ils en avaient fait trop, là où ils auraient dû en faire moins. Et ils n'en avaient pas fait assez quand il fallait en faire plus.

Était-elle capable d'éprouver des sentiments? Oui, sans aucun doute, elle en était capable, tout comme n'importe quel être humain. Est-ce qu'elle montrait ce qu'elle ressentait réellement ? Chacun pouvait avoir son avis sur ce sujet, elle n'en avait pas grand chose à faire. Elle n'avait pas été touché par l'aveu de Samuel. Aveu qui lui avait sûrement couté beaucoup, puisque ce genre de confession n'est jamais facile à faire. Le fait qu'ils soient dans un jeu et que la relation des des jeunes gens s'était basée sur un jeu, faisait aussi qu'elle n'en était pas touchée. « J'en éprouve uniquement envers les bonnes personnes. » répondit-elle en souriant. Et son ancien partenaire n'en faisait visiblement pas parti.

« Oui, ça doit sûrement jouer son rôle dans mon secret. » sourit-elle, sarcastique. Ses parents avaient joué un trop grand rôle dans sa vie et pas le bon. Ils auraient dû soutenir leur fille et être là pour elle. Raté, ils n'avaient jamais été ainsi. Et aujourd'hui, elle n'en avait que faire de savoir s'ils acceptaient ce qu'elle faisait, s'ils approuvaient ses faits et gestes. Elle n'en avait que faire d'eux, tout comme ils avaient été indifférent depuis la naissance de la jeune femme.