ft. HARVEY
19 SEPTEMBRE 2011, 13H45.

Il y avait tant à découvrir dans cette villa, qu’entre deux discussions avec des candidats que je croisais sur mon chemin, ici et là, je me baladais au gré de mes envies, afin d’en explorer tous les recoins. J’étais curieuse, mais je ne considérais pas cela comme un défaut, oh non! C’est donc purement par hasard que je tombais sur la bibliothèque, et ceux qui m’observaient sur les caméras, à cet instant précis, pures se rendre compte de mon excitation. Une bibliothèque ça représentait tellement pour moi, mais ça restait, plus que tout, un monde imaginaire où je pouvais me plonger quand j’en avais envie pour me détendre, et surtout, rêver. Aussitôt, je me mis à scruter les étagères en quête de mon style littéraire favori : le fantastique. Et je fus comblée! Il y en avait deux étagères complètes! « Wouah, ils en ont du budget! Je sens que je ne vais pas m’ennuyer ici, moi. » me dis-je à moi-même, ignorant qu'une autre personne se trouvait aussi dans la pièce. J'allais être surprise!

S’étant accordé une matinée de sommeil, il se leva vers onze heures avec l’impression d’avoir perdue toute sa matinée. Mais dormir ici était un bien très précieux et assez difficile à acquérir, trente personnes dans une seule maison, cela s’expliquait particulièrement bien. Et même si Billie ne bougeait pas tant que ça, le lit n’était pas adapté à sa grande taille et cela posait quelques difficultés notables. Rien d’insurmontable en soit mais cela pouvait vite devenir problématique. En tous les cas, il passa par la case toilette matinale et après avoir grignoté un petit morceau, il se réfugia dans la bibliothèque qu’il n’avait pas encore visité. Il n’avait pas de passion particulière pour la lecture mais en vue des rayonnages et du peu d’activités possibles ici, cela allait surement changer. Attrapant au hasard un livre, Sherlock Holmes en vue de la couverture, il s’installa dans un fauteuil et ouvrit la première page pour se plonger dans le roman. Il ne leva les yeux qu’en entendant la porte se pousser et une jeune femme pénétrant dans la pièce. La première chose qu’il remarqua fut sa couleur de cheveux bien évidemment, elle était rousse. Ce n’était pas une tare mais ça se voyait. Il ne connaissait pas son prénom mais savait qu’elle aimait lire, seule information qu’elle avait livrée d’elle-même. Et le fait qu’elle n’avait aucune honte à parler seule puisqu’elle ne l’avait pas encore aperçu. « Je crois que nous sommes assez rentables. » Ou plutôt les candidats des saisons précédentes. Toujours était-il qu’ils devaient effectivement rapporter beaucoup d’argent, parfait investissement pour toutes sortes d’entreprises. « Harvey. » Les fioritures n’étaient pas nécessaires.

« Je crois que nous sommes assez rentables. » Surprise, je me retournais pour voir d’où cette voix venait, et je fus choqué de ne pas avoir remarqué avant que quelqu’un se tenait là, confortablement installé sur l’un des sofas. Je me sentis idiote pendant un court instant, puis décidait que ça n’en valait pas la peine. Ça pouvait arriver à tous le monde, non? Affichant un sourire sur mes lèvres, j’allais donc à la rencontre de l’inconnu, qui ne le fut pas très longtemps. « Harvey. » se présenta-t-il sans grande cérémonie. J'en fis donc de même. « Enchanté Harvey! Moi c’est Sorcha. Je t’épargne même mes seconds prénoms, de toute façon, ils ne sont pas vraiment utiles… » lui mentionnais-je, en allant à sa rencontre. « Qu’est-ce que tu lis? » fis-je alors, en allant le rejoindre sur le bras du fauteuil, à ses côtés. Je jetais un regard à la couverture qu’il me tendit. « Oh, un classique. Pas tellement mon genre, mais ça reste intéressant à lire. Je suis plus fantastique que policier, faut dire. »

Une fois passée la surprise de l’avoir vu là, je ne refusais pas d’avoir un peu de compagnie avec moi. De toute façon, rester seul dans cette villa, malgré toute sa grandeur, relevait d’un véritable défi. Aussi bien s’accoutumer à être entourée de gens tout de suite. Personnellement, la proximité avec les autres ne me dérangeait pas, et je me fondais toujours assez bien dans la masse. Pour les autres, je ne voulais pas m’avancer, ma gageons que certains allait un peu de mal à s’y faire. La vie de communauté, ce n’était pas de tout repos, de toute façon. Il y avait des hauts et des bas, et il fallait savoir s’y faire.

La discussion s’orienta au début sur le livre qu’avait Harley entre les mains. D’après lui, c’était plutôt par hasard qu’il était tombé sur Sherlock Holmes. Fort possible. Quand il me demanda si je lisais beaucoup, j’hochais la tête vivement. « Oh, très souvent. Dès que j’ai un temps libre, en fait. Si la littérature était une drogue, je serais probablement accro. » Je lisais avant d’aller dormir, pendant mes pauses et mes heures de dîner, et le soir, quand je bordais ma petite princesse. Ce dernier moment, d’ailleurs, était mon favori d’entre tous, un moment privilégié entre elle et moi. Elle avait déjà entendu l’intégrale des Harry Potter et de plusieurs autres séries. Autant partagée ma passion avec elle, qu’elle ne me fasse pas honte plus tard! Ignorant que mon esprit s’était un peu éparpillé, Harvey me questionna sur mon métier. « Hôtesse de l’air, reconvertie en agente de voyage. J’ai ma petite compagnie avec deux anciennes collègues, et nos affaires roulent plutôt bien. Et toi? Qu’est-ce qui t’intéresse, qu’est-ce que tu fais dans la vie? » Après tout, on ne pouvait pas parler que de moi.