Il neige. Et il neige encore. Mais je crois que j’aime ça. Ça fait changement, toute cette ambiance, ce chalet, cette espèce de dôme. C’est étrange, mais pas désagréable. Du moins, pour aujourd’hui. J’ai prit le temps d’explorer le terrain, de découvrir les nombreuses pièces. En fait, j’y suis allée un peu rapidement, j’avais comme l’impression de manquer de temps, ce qui est particulièrement idiot. Ouais. Puis, comme je ne sais pas quoi faire aujourd’hui et qu’il neige, je me dis qu’un tour sur les pistes pourrait être une bonne idée. Bon, ce n’est pas une vraie montagne, non vraiment, ça n’a rien à voir avec Whistler et ses rocheuses canadiennes où je suis allée en vacances d’hiver l’année dernière avec mon père, mais ça devrait tout de même être amusant, non ? Je crois que j’ai envie de m’éclater et prendre un peu d’air frais me fera du bien. J’enfile mon manteau puis me rend d’un pas déterminée vers les pistes pour prendre l’équipement de ski nécessaire. Il y a quelqu’un sur une des pistes, mais d’en bas, je n’arrive pas à savoir de qui il s’agit. Mais en même temps, je ne connais même pas encore la moitié des candidats ici, alors même si je voyais son visage je doute que je réussirais à l’identifier. Je me laisse monter doucement en haut de la piste, prenant un moment pour regarder la vue. Non en fait, je suis impatiente, et mon moment ne dure que dix longues secondes. Je commence donc à descendre de façon plutôt experte, appréciant le contact de la neige contre mes skis, de l’air froid et des flocons tombant sur mes joues. Et plus je descend, plus je remarque cette même personne qui maintenant, me semble avoir un mal fou à se tenir en équilibre sur ses skis et surtout à ne pas tomber. Je souris, parce qu’il est plutôt drôle à voir aller. Oui, c’est un il, j’en suis presque certaine. À moins qu’on est le droit à une femme aussi bâtie qu’une armoire à glace. Je freine d’un coup sec à ses côtés, mon sourire s’agrandissant. Je ne connais pas son prénom, mais je me souviens l’avoir déjà croisé dans le chalet. « Besoin d’aide peut-être ? » Je le nargue. C’est méchant, mais en même temps, c’est beaucoup trop tentant. « T’as pas la bonne technique chou… Tu risques de te manger la piste en pleine gueule si tu continues comme ça… » Je penche la tête en le regardant toujours de la même façon, un vrai petit visage d’ange. Ça m’agace un peu de rester en place, j’aurais bien envie de le laisser de démerder et de descendre à toute vitesse. Mais risquer de le manquer entrain de tomber me serait insupportable. J’ai bien envie d’être aux premières loges. « Je peux te donner un cours privé si tu le souhaites… » Je n’ai aucunement la patience d’être une professeur, mais de toute façon, je doute qu’il accepte.

Je ne vais pas faire semblant de ne pas savoir skier, quand en réalité j’exerce ce sport depuis que j’ai 7 ans. Et je sais que mon ton était sarcastique, je sais aussi que je me suis en quelque sorte payé sa gueule en lui proposant de l’aider, mais c’était en même temps, beaucoup trop tentant. Il est pas doué, ce n’est pas de ma faute. Et de toute évidence, il n’apprécie pas mes services et me le dit clairement. Monsieur est orgueilleux. Ça va, j’ai l’habitude, je le suis aussi. Mais cela ne m’empêche pas de m’amuser. « Je maitrise parfaitement la situation » J’hoche la tête en souriant, plissant légèrement les yeux en sentant le vent froid dans ceux-ci. « D’accord, désolé d’avoir mis en doute tes aptitudes ! » Je souris un peu plus, m’apprêtant à le laisser tranquille et descendre en flèche vers le bas de la pente. Sauf que je n’ai pas le temps de partir qu’il se retrouve, comme je l’avais prédis, le visage contre le sol, dégringolant la pente à une bonne vitesse. Mon dieu, ça c’est drôle. J’éclate de rire, je ne vois pas pourquoi je devrais me retenir. En ce moment, je m’en veux même de ne pas avoir de caméra pour capter le moment. Comme c’est dommage. J’ai le droit à un ta gueule bien fort, ce qui a le don de m’amuser encore plus. Je descend les quelques mètres qui nous séparent pour me retrouver à ses côtés à nouveau. Je le regarde se relever tout près de moi, ce qu’il doit avoir honte. « Tu disais… ? Maîtriser la situation ? » J’hausse les sourcils, me disant que c’est peut-être un homme violent et que si je le cherche un peu trop, il risque de me pousser en bas de la pente. Mais j’ai pas peur. « Attends, t’as un peu de neige là… » Il est grand, mais je suis aussi très grande malgré ma minceur. J’atteins donc facilement le haut de sa tête pour enlever la neige sur le dessus de sa tuque en lui adressant un petit clin d’œil. « Donc… Toujours pas besoin d’aide ? » Je pose la question, je pense à son bien, faut pas croire le contraire.

« D’accord, désolé d’avoir mis en doute tes aptitudes ! » Et bien oui elle devrait être désolée. J’étais un as du ski moi. Bon d’accord cela ne se voyait pas comme ça au prime abord, mais si si. Je ne voulais simplement pas lui montrer mes talents, de peur qu’elle se sente ridicule à côté. Rien de plus. Et ma chute, digne d’un passage au bêtisier, était bien évidemment calculée. Provoquée par mes soins, avec pour seul but d’entendre son rire cristallin. Que croyez-vous ? Que je m’étais lamentablement ramassée sur la neige, parce que j’étais un piètre skieur ? Moi ? Le sportif ? Voyons…complètement absurde comme idée. Hm. En tout cas, le rire de mademoiselle, je l’entendis plus que clairement. Elle s’y donnait à cœur joie. Elle arriva rapidement à ma hauteur. « Tu disais… ? Maîtriser la situation ? » Hahaha. Elle ôta même un peu de neige de ma tête. «Donc… Toujours pas besoin d’aide ? » Pfff. « Non mais tu ne comprends rien. Je l’ai fais exprès. Tu m’avais l’air de t’ennuyer royalement alors je voulais te divertir un peu. Mission réussie. Ne me remercie pas. » Evidemment il ne faisait aucun doute que je n’étais pas crédible deux secondes là. « Mais sinon je suis un pro du ski tu penses bien. D’ailleurs je n’osais pas te le dire, mais ta technique est à revoir. » Ce que j’étais drôle n’est ce pas ? Bon…Que faire ? Je n’avais plus tellement envie de descendre cette piste sous ses yeux moqueurs. Alors, ouais bah peut être que j’allais juste rester planté là. Après tout c’était un endroit très bien.

« Non mais tu ne comprends rien. Je l’ai fais exprès. Tu m’avais l’air de t’ennuyer royalement alors je voulais te divertir un peu. Mission réussie. Ne me remercie pas. » Ah mais oui, comme je suis idiote. Me divertir, il était évident que son motif était ce dernier. Je le regarde fixement, levant un sourcil comme si je mettais en doute les paroles qu’il venait de me lancer. C’est qu’il est vraiment orgueilleux. En même temps, vaut mieux tourner la chose à la blague. « Bien sur. » J’hoche la tête, souriant toujours autant, parce que j’avoue que je m’amuse en ce moment. Non, je ne suis pas toujours désagréable. « Mais sinon je suis un pro du ski tu penses bien. D’ailleurs je n’osais pas te le dire, mais ta technique est à revoir. » J’ouvre la bouche, terriblement offusquée. Comment osait-il me dire ça ? Non mais n’importe quoi ! Bon, ça va, je sais qu’il plaisante, mais je ne peux m’empêcher de le pousser légèrement pour lui faire perdre l’équilibre et tomber à nouveau. Évidemment, si je suis grande, il reste tout de même beaucoup plus imposant que moi, et donc, ma petite poussé n’a pas vraiment fonctionnée comme je l’aurais voulu. « Si t’es un pro, ça pourrait être bien de faire la course jusqu’en bas. Tu sais… simplement pour me montrer la bonne technique… » Il ne va tout de même pas accepter. Se serait du suicide pour lui d’essayer de faire une course, alors qu’il a clairement de la difficulté à descendre lentement. Mais bon, j’ai envie de pousser son orgueil encore un peu plus loin. On s’amuse là, non ?