LOUP & SORCHA
05 OCTOBRE 2011, 12H44.

Mon ventre grondait. Fort, tellement fort que j’étais certaine que tous ceux qui m’entouraient l’entendaient. Et à cette seule idée, j’en étais gênée. Qui voulait entendre les bruits internes de son voisin? Bon, il y avait pire : les bruits externes par exemple, mais là n’étaient pas la question! Soupirant, j’abandonnais donc ce que j’étais en train de faire – et pas question de vous spécifier quoi que ce soit, bande de petits curieux – pour me diriger vers la cuisine, miraculeusement vide à cette heure. Tant mieux! Je fouillais donc pour trouver quelque chose à mettre sous la dent et décidais de me faire un sauté avec quelques légumes et du poulet. Remontant les manches de mon cardigan que je portais toujours – l’air conditionné et moi, on ne s’aimait pas – je m’affairais donc à la tâche de tout préparer, grignotant ici et là un bout de carottes, de céleris ou de brocolis, question de faire patienté mon petit estomac capricieux. Puis, une fois le tout mit dans le wok que j’avais trouvé dans une armoire, je commençais la cuisson en faisant sauter la mixture, y ajoutant un peu d’huile, quelques épices, sans oublier sel et poivre. Le tout sentait merveilleusement bon – il y avait même de fortes chances que j’attire quelques candidats à la cuisine avec ce bon met. Soudainement, une seconde odeur, plus désagréable, celle-là se mêla à la première : ça sentait le brulé. Il me fallut un quart de seconde pour réaliser que l’odeur venait… de moi. En fait, de ma veste, qui je ne-savais pas quel moyen, avait prit feu à la base. Un cri paniqué sorti de ma bouche. À ce moment précis, je n’eus aucun réflexe pour sauver ma peau, la peur ayant pris le dessus sur tout. Plutôt que de retirer ma veste, j’essayais, en vain, d’éteindre le feu directement sur moi, le frappant avec un torchon mouillé que j’avais trouvé non loin. Si je continuais sur cette lancée, j’allais surement y laisser une partie de ma peau, ça, s’était sûr!

J'étais dans le salon, le nez plongé dans un livre, mes lunettes que je n'utilisais que pour la lecture sur le bout de celui-ci. J'entendais une candidate s'affairer joyeusement dans la cuisine mais n'y prenait pas attention, je n'avais de toute manière pas tellement faim, je venais de faire un peu de sport mais pourtant cette activité n'avait pas creusé mon appétit pour autant. Je ne pouvais néanmoins échappé à l'odeur délicieuse qui émanait de la pièce et qui m'empêchait de me plonger dans toute concentration possible, perturbé par les effluves venant me chatouiller les narines. Je tâchais de lutter contre l'envie de venir m'installer à table par pure gourmandise, ce jusqu'à ce que des cris, de plus en plus fort, ne viennent m'alerter. Me redressant, j'aperçus par dessus mon épaule une Sorcha en feu, gesticulant dans tous les sens comme une trisomique. J'eus un petit sourire, pensant que la demoiselle se débarasserait aussitôt de son vêtement, mais il n'en était rien. Comprenant que le danger devenait sérieux pour la demoiselle, je ne perdis pas une seconde pour sauter au dessus du canapé, rejoignant la cuisine à grand pas avant de jauger la situation. « Attends arrête de bouger, il faut que tu... » Mon regard se posa sur une couverture étalée sur le canapé. En courant, je fis l'aller-retour pour la subtiliser avant de me jeter sur la candidate que je plaquai au sol dans un grand vacarme et sans ménagement. Ma tête vint s'écraser littéralement contre le placard de l'un des meubles et j'émis un gémissement de douleur avant de me rouler sur le côté. Au moins, la rouquine était hors de danger désormais, plus de peur que de mal.