pour Emrys.

Grâce à la rapidité et le sens de l'équilibre sur talons hauts d'Emrys, Castiell et elle avaient reçu les clefs de la chambre Juliette. Il avait été intrigué par cette pièce dès sa révélation, sans doute parce qu'elle était ouverte à seulement quelques privilégiés, mais une fois dedans, l'anglais se dit que ce n'était encore qu'une chambre luxueuse. Cependant, une autre ambiance s'en dégageait, et qui le confortait. Il s'y sentait bien.

Le prime fini, le trentenaire avait fait en sorte de guider son amie Emrys vers la chambre Juliette, même si l'allemande semblait plus enclin à se réjouir du sauvetage d'Hermès. Grand bien lui fasse. Castiell n'avait rien contre lui, il ne lui avait que très peu parlé. C'est donc avec elle, qu'il franchit le pallier dans la pièce.

Sympa la déco, lança-t-il d'un ton désabusé.

En réalité, il s'en fichait pas mal. Ce qui importait, c'était avec qui il occupait ces quatre murs.

La fin du prime sonna plutôt rapidement une fois le nom des sortants prononcé, et j'admets que j'avais principalement passé ces derniers moments à me ravir du sauvetage d'Hermès, plutôt que de m'occuper de ce qui arriverait après, ou même de ces histoires de traîtres. Mais rapidement, je fus rejointe par Castiell qui m'entraîna avec lui jusqu'à la chambre que j'avais su nous avoir après un rapide coup de fil avec le maître des lieux. En effet, cette semaine, nous n'avions passé que très peu de temps ensemble, et j'étais contente de pouvoir partager ce privilège avec lui, c'était un bon moyen de se retrouver tous les deux, un temps, du moins. Nous entrions alors dans la pièce et je commençais déjà à en faire le tour, sans vraiment m'attarder sur tous ses détails, comme j'avais su le faire avec le restant de la villa. Puis finalement, je répondis à l'anglais qui complimenta la déco. « Oui.. enfin, la seule raison pour laquelle je me réjouis d'être ici c'est parce-que tu es là. La décoration, c'est secondaire. » Je me tournais dans sa direction, en souriant. La chambre était certainement magnifique, comme toutes les autres pièces du nid l'étaient aussi, mais toute mon attention lui était destinée ce soir, ou plutôt, comme toutes les fois où il était dans les parages et je ne prenais donc pas garde à l'allure de ces quelques murs qui nous entouraient.

C'était étrange comment Castiell et Emrys, partageaient les mêmes idéaux mais qu'ils soient si différents l'un de l'autre. Emrys avait en une phrase, résumer les pensées de l'anglais, comme si elle avait pu les lire. Un demi-sourire étira la bouche du trentenaire alors qu'il refermait la porte derrière eux avant d'avancer doucement dans la pièce, comme s'il hésitait à la parcourir.

Je voulais te parler, Em'... commença difficilement l'anglais.

Castiell aimait beaucoup la jeune femme, il aimait sa légèreté, son attitude, et sa présence. Il aimait rester avec elle. Il savait qu'elle était ce qu'il était venu chercher ici. Même si les deux jeunes gens ne se connaissaient que depuis peu, lui, avait réussi à tisser des liens forts avec elle. Il se doutait que c'était pareil de son côté, même s'il conservait cette petite crainte que ce ne soit qu'un jeu pour elle.

Je crois que je vais arrêter. Le.. jeu, je crois..

Ca lui trottait dans la tête depuis quelques jours, ça le turlupinait. Et il ne savait pas trop à qui se confier, à part à elle.

Toujours plantée dans un coin de la pièce, j'observais l'anglais fermer la porte avant de passer rapidement mes yeux sur la chambre, ou plutôt sur ce qu'elle contenait. En fait, j'avais du mal à saisir pourquoi c'était un si grand privilège d'avoir accès à cette pièce. Au final, ce n'était qu'une chambre en plus, certes, avec un genre de bar et un bain à remous, mais ça auss, sans pouvoir accéder à cette suite, nous y avions accès dans d'autres endroits du nid. Enfin, je me retournais de nouveau vers le jeune homme quand il annonça vouloir me parler. « Je t'écoute. » répliquais-je alors, tout sourire avant de m'approcher du lit. Je retirais mes talons et m'y asseyais, les yeux rivés sur le candidat. Une fois sa révélation faite, je ne savais plus vraiment quoi répondre, quoi faire ou même quoi penser, et préférais alors laisser un blanc s'installer, durant quelques secondes du moins. « Tu.. tu veux.. partir ? » J'ignorais quel type d'émotion je renvoyais alors, peut-être de la tristesse, ou de la déception, en tout cas, toute la joie qui avait pu me parcourir quelques temps avant s'était clairement envolée, et je ne pensais pas avoir à en informer Castiell, j'imagine qu'il le voyait sans mal. J'avais déjà la tête pleine d'images, le ponton, un bateau, Castiell.. non, je baissais les yeux vers le sol en m'efforçant d'éloigner mes pensées vers autre chose.

En effet, Castiell avait déjà songé à partir, plusieurs fois même. Il ne se sentait pas à sa place ici, et il vivait de plus en plus mal d'être enfermé dans le nid d'amour. De plus, après avoir bien réfléchi, il ne se pensait pas être digne pour être avec Emrys, ni même avec aucun des candidats. Mais quelque chose l'empêchait de claquer la porte de la maison, et c'était elle.

J'y ai déjà pensé, ouais.. murmura-t-il sans un regard pour elle.

Lorsqu'il se retourna vers elle, il vit combien il l'avait blessé en faisant allusion à ce sujet. Il alla s'installer à côté d'elle sans la bousculer, et attrapa un de ses chaussures qu'elle avait retiré, jouant avec distraitement. C'était surtout un prétexte pour ne pas poser les yeux sur elle.

Je ne me sens pas bien ici, je suis sûre que même toi tu l'as remarqué.. commença Castiell en chuchotant. Oh, ne sois pas triste !

L'anglais avait osé un bref coup d'oeil, et avait vu l'air beaucoup moins jovial qu'elle abordait tout à l'heure. Il ne savait pas ce qu'il attendait d'elle en disant ça. Peut être un 'reste' ou un 'bon vent' qui sait. Il se contenta de poser un bras sur ses épaules frêles et voutées sous le poids de la révélation, et il la serra contre lui.

Quelques minutes plus tôt, je me trouvais soulagée à l'idée qu'Hermès ait toujours sa place parmi nous, et maintenant, j'étais inquiète au sujet de celle de Castiell. C'était comme un cercle vicieux, stresser pour quelqu'un, voir cette personne sauvée, puis une autre prend la place de la précédente, et ainsi de suite.. J'étais un peu, déboussolée, sur le coup, je dois l'avouer. « Me laisse pas.. » C'était la seule chose que j'avais trouvé à dire. Me laisse pas.. encore une phrase mémorable.. Je me blottissais un peu plus encore contre lui, le regard dans le vide. « Que tu m'ignores, que tu sois distant, que tu ne me parles pas, je m'en fiche, tant que tu es là. Mais, ne pars pas.. s'il te plaît.. » Le savoir dans le nid, là, même s'il se tenait loin de moi me paraissait moins insupportable que de ne plus le voir du tout, que le savoir reparti, ailleurs, à je ne sais combien de kilomètres d'ici.. Moi qui avais horreur que l'on me dise égoïste, sur ce coup-là, je l'aurais bien mérité, ma réaction l'était, tout du moins. Je me mordillais la lèvre, toujours contre Castiell, ne cessant pas de remuer tout un tas de questions au travers de mes pensées, une fois encore.

Parfois, des gestes valaient plus que des mots, et Castiell se contenta de rester silencieux face aux supplications d'Emrys. Il garda ses bras autour d'elle, la laissant se reposer au creux de son cou. Il aimait la sentir contre lui, sentir sa chaleur se mêlé à la sienne. Lui qui pourtant, n'aimait pas être en contact physique avec d'autres personnes, avec Emrys, ça ne le dérangeait pas. Sa peine le toucha en plein coeur, et il s'en voulu de suite de s'être confié.

Je sais que je suis pas toujours très clair avec toi.. que un coup ça va, un coup ça va pas. Mais j'aimerais sincèrement t'expliquer, mais je n'y arrive pas..

C'était tout lui ça. Renfermé. Impossible de justifier, ou même de comprendre lui même. Un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il se séparait de son amie.

« C'est rien.. » Je me redressais, passant une main dans mes cheveux en défaisant ma natte avant de regarder autour de nous. « Je vais chercher, tu sais, d'autres vêtements, pour cette nuit. Je te ramène les tiens aussi, je reviens. » Je sortais alors de la chambre avant de traverser la villa. Je me changeais puis allais chercher les affaires de Castiell, demandant à Phoebe de me dire où il avait l'habitude de ranger tout ça. Avant de revenir sur mes pas. Je poussais la porte, et la refermais une fois entrée avant de donner au candidat ce que j'avais rapporté pour lui. Le temps qu'il se change, j'allais rejoindre un coin de la pièce, dos à lui. Puis quand enfin j'eus l'occasion de me retourner, je me tournais bêtement vers le lit que nous allions partager ce soir, passant sous la couette, avant de regarder l'anglais. « Aller, viens là. » Je lui fis un faible sourire en attendant qu'il me rejoigne.

Bon courage pour savoir quoi répondre

Castiell regarda la jeune femme partir chercher leurs affaires. Il n'était pas facile. Il avait réussi à gâcher un moment qui aurait pu bien se passer. Mais le fait qu'il garde tout pour lui, le rendait de moins en moins vivable, et il se sentait encore plus mal à l'aise avec les autres. Parce que lui même, sentait que les autres étaient mal à l'aise avec lui. La preuve, Emrys ne savait pas sur quel pied danser avec lui, et il comprenait. Bref, la jeune femme revint assez vite, portant avec elle les affaires du trentenaire qui se changea à la hâte. Après avoir éteins les lumières, il la rejoint dans le lit, et s'est blotti contre elle.

Dors bien, Emrys, chuchota-t-il doucement.

Timidement, comme il y a plus d'une semaine, il se pencha pour l'embrasser chastement.

Les lumières éteintes, et le candidat venait me rejoindre, comme convenu, en quelques sortes. Malgré ce qu'il venait de me dire, j'arrivais peu à peu à retrouver la joie de l'avoir avec moi pour ce soir. Peut-être qu'il partirait, oui. Et je n'y changerai probablement rien. Mais j'étais censée profiter de sa présence, au lieu de sombrer dans la déprime quant à la suite. Je le sentis alors se rapprocher de moi, c'est drôle, mais j'avais l'impression que plus le temps passait moins il avait de mal à venir vers moi, et inversement, évidemment, et dans un sens, là aussi, j'étais contente. Puis, comme il l'avait déjà fait, il vint doucement poser ses lèvres contre les miennes, en guise de bonne nuit, une fois encore. Le premier véritable baiser que nous avions échangé m'avait ôté les mots, le second me provoqua quelque chose que je serais incapable de décrire, tout ce que je savais c'est que je ne l'avais alors jamais ressenti auparavant, et oui, avant que la question ne vienne, oui, ça me faisait peur. Silencieusement, il se remit à côté de moi comme il l'avait aussi fait la dernière fois que cela s'était produit, et j'avais eu beau ne pas vouloir briser ce silence, ça n'avait pas duré longtemps. « Castiell ? T'as jamais pensé au fait qu'on puisse être plus que.. » Je voulais finir ma phrase, vraiment, je le voulais, mais pourtant rien ne venait, comme si j'étais bloquée sur ces mots. Je soupirais alors longuement avant de me décourager et de lâcher l'affaire, finalement.. « Oh, puis non, laisse tomber, c'est pas grave. » reprenais-je alors, tentant d'être un minimum convaincante, même si je doutais fort d'avoir réussi à l'être.