17 octobre (23h). Alix
Je n’étais pas à proprement dit fatigué, et pourtant, ma fainéantise m’avait poussé vers le lit moelleux qui ravissait toutes mes nuits. Les draps doux et fins étaient un pur délice, et c’était toujours un déchirement le matin de se sortir du lit. Et ce soir là, je n’avais vraiment rien à faire. J’avais lu un livre, fait une promenade au bord de mer, discuté pendant la journée avec plusieurs personnes, regardé le vide, pris un goûter … Bref, j’avais fait tout ce que je pouvais faire en une journée. J’avais l’affreux sentiment de n’avoir pourtant rien fait, que cette journée était atrocement incomplète. Ce fut avec ce sentiment latent que je me rendis le pas lourd vers la chambre. Je me jetais avec allégresse dans le lit, émettant un soupir de bien être. J’aurais pu rester une éternité ici, à ne rien faire, juste à regarder le plafond et à attendre. Je roulais sur le ventre avant d’attraper le livre sur la table de chevet et de le mettre devant moi, sur le coussin, commençant à lire avec lenteur. J’avais hâte que quelqu’un vienne perturber le silence qui devenait angoissant, ayant la flemme d’aller chercher du monde moi-même.

Il commençait à se faire tard, et après avoir appris que Loup quittait le nid, je m'étais dirigé sans mal ni particulière tristesse dans le jardin, où j'avais embrasé une cigarette que je portais avec grâce à mes lèvres. Fumer n'était pas un plaisir à mes yeux, non, c'était plus devenu une mauvaise habitude qui malgré moi restait. Une fois celle ci terminée, je recrachais les derniers restes de fumée avant de sauter sur mes pieds, passant le pallier avec souplesse pour me rentre à l’intérieur. La nuit, il pouvait parfois arriver qu'il fasse froid, chose quelque peu étrange dans cet hémisphère mais soit, je n'allais pas contester les bons vouloirs de notre Dieu tout puissant. Me dirigeant vers la salle de bain, je retirais mon tee-shirt ainsi que mon short, me retrouvant en simple boxer, passant sous le jet qui se voulait glacé. Bien évidement, la production était trop cruelle pour nous mettre de l'eau chaude à cette heure ci, non, d'autant plus que j'avais horreur de me mouiller au réveil, j'étais du soir. Et puis avouons le, au réveil ça ne faisait jamais du bien de se manger un jet d'eau sur la tête, enfin du moins c'est de ce que j'étais intimement convaincu. Après avoir terminé, je prenais mon temps pour me sécher, enroulant par la suite la serviette autour de ma taille. D'un pas lent et décontracté je me dirigeais alors vers la chambre où je ne tardais pas à apercevoir Dion. Un sourire illumina mon visage. Sautillant jusqu'à son lit, je me glissais à ses côtés, déposant un baiser volatile sur sa joue gauche avant de caler ma tête dans le creux de son cou « Je viens t’embêter ! » dis-je en secouant mes cheveux encore mouillé tout près de son visage. J'avais il y a peu changé de partenaire, et donc, mes nuits avaient également pris un nouveau tournant, bien plus... agité. Oui, Liee était agitée, c'était le mot. « Dis, j'peux dormir avec toi cette nuit ? » lui demandais-je d'une moue capricieuse.

Un grand sourire vint fleurir sur mes lèvres lorsque je sentis une présence dans mon dos, encore plus quand un baiser se posa sur ma joue. Je tournais légèrement la tête pour savoir qui s’était, mais finalement, c’était évident. De toutes les personnes du nid, je m’étais le plus rapprocher de lui avec une vitesse vertigineuse. Mais je ne le regretterai pour rien au monde. J’étouffais un petit cri de surprise lorsqu’il s’ébroua, éclaboussant mon livre. Je grommelais légèrement alors que je voyais quelques gouttes d’eau tâcher la page ouverte. Pour éviter les dégâts, je fermais le livre et le déposais sans bouger – j’étirai mon bras au maximum – sur la table de chevet, précieusement. Je vouais un culte aux livres. Une fois cela fait, je pris enfin le temps de répondre à Alix. « Hum … Je pense pas que ça dérangera Wendy. » Enfin, j’espérai que non, mais elle pouvait bien faire ça pour moi, non ? Bref, de toute façon, si nous étions dans le même lit avant qu’elle n’arrive, elle devrait faire avec. Je me tournais sur le dos, m’allongeant dans le lit, lorsque j’avisais enfin la tenue légère – une simple serviette – de mon ami. Je le regardais suspicieusement. « Tu dors tout nu Alix ? »

Le jeune homme ne tarda pas à lâcher un léger cri lorsque le froid entra en contact avec sa peau, puis, lorsque je secouais la tête, celui ci referma son bouquin pour le poser un peu plus loin, certainement sur la table de nuit. Finalement, il s'allongea de tout son long sur le lit « Hum … Je pense pas que ça dérangera Wendy. » me répondit-il. Wendy ? J'en avais presque oublié qu'il était le partenaire de ma soeur. Non, je la connaissais tout de même plutôt bien et j'étais certain que cela ne l’embêterait pas. Pour quelqu'un d'autre, je ne sais pas, mais pour moi, haha. Finalement, le jeune homme parcouru du regard mon corps, comme ci quelque chose clochait, et c'était en effet le cas puisque j'étais pratiquement nu. Pratiquement car il me restait tout de même cette serviette ainsi qu'un boxer -trempe. « Tu dors tout nu Alix ? » sa question me fit sourire alors que je me demandais à mon tour en quelle tenue Dion dormait. Il est vrai que je n'avais jamais eu l'occasion de passer une nuit avec lui et que, comme chaque habitant, celui ci devait avoir des habitudes. « Non, en boxer. C'est un problème ? » lui demandais-je au cas ou, de peur que cela le gêne plus qu'autre chose. Soulevant ma serviette, j'arquais un sourcil tout en dévoilant un bout du boxer encore mouillé. Finalement, la curiosité l'emporta « Et toi, tu dors en quelle tenue ? »

Oui évidemment, il dormait en boxer. Je m’étais encore imaginer des choses en pensant qu’il était nu sous sa serviette. A croire que j’adorais me faire des films tous seuls, et que je n’avais pas un esprit aussi irréprochable que ça … M’enfin, il y avait quand même de quoi douter non ? Généralement on est nu sous une serviette, nan ? Bref, il ne l’était pas. Et d’un côté j’étais soulagé qu’il ne dorme pas en tenue d’Adam. Je n’étais pas prude, non, mais tout de même … Je n’étais pas ce genre de type super à l’aise avec la nudité, la trouvant normale, non, j’y voyais quelque chose d’intime et de sensuelle. Je rougissais doucement alors qu’il me posait la question en retour. « Ba disons que d’habitude je dors en boxer, mais depuis que je dors avec Wendy, je dors avec un bas de pyjama. » D’ailleurs ça me rappelait que j’étais toujours tout habiller. Je me redressais quelque peu. Avisant mon bas de pyjama plus loin – pas du tout ranger, mais je n’étais vraiment pas un maniaque loin de là – je me demandais s’il était vraiment nécessaire de le mettre. Après tout, Alix était un homme, et je faisais, malgré moi, une distinction entre la pudeur féminine et celle masculine. Je commençais à enlever mon haut sans préambule. « M’enfin, j’imagine que toi ça te dérange pas si je dors qu’en boxer, hein, puisque tu fais pareil. »

Le jeune homme rougit quelque peu à ma remarque tout en reprenant la parole « Ba disons que d’habitude je dors en boxer, mais depuis que je dors avec Wendy, je dors avec un bas de pyjama. » il est vrai que je n'étais pas du genre à dormir en petite tenue avec n'importe qui, d'ailleurs, je ne dormais exclusivement qu'avec un bras de pyjama également avec ma partenaire Joan... Hum, mon ex-partenaire devrais-je dire, j'avais toujours du mal à m'habituer à son départ. Bien entendu je ne préférais rien lui dire du fait que j'avais laissé ce vêtement de côté pour lui, non, il aurait trouvé ça tout à fait louche, en y repensant, ça l'été très certainement. Se redressant quelque peu, il parcouru la salle du regard quelques instants, je fis donc bien vite de même, sans trop savoir quoi chercher. « M’enfin, j’imagine que toi ça te dérange pas si je dors qu’en boxer, hein, puisque tu fais pareil. » dit-il en enlevant son haut. Mes yeux se posèrent presque immédiatement sur son torse, le détaillant sans réellement le vouloir avant de revenir sur son visage, en un sourire. « Non absolument pas ! Surtout si c'est toi. » m'exclamais-je comme un enfant excité avant de me rendre compte que la tournure de ma phrase pouvait paraitre des plus suspectes « Dans le sens où tu es un gars et qu'on est plutôt proche. » me corrigeais-je, yeux baissé, quelque peu gêné.

Je sentis mes joues rougir un peu plus, mais comme d’habitude, je devais me faire des idées, il n’avait pas voulu vraiment dire ce que j’avais cru comprendre, n’est ce pas ? J’allais finir par penser que j’étais un pervers refoulé à force de voir des sous-entendus partout ! Enfin, ça ne m’arrivait qu’avec lui, allez savoir pourquoi. D’ailleurs, ce qu’il ajouta par la suite, me confirma à quel point je pouvais avoir un esprit déviant. Nan mais franchement ! Je préférais largement quand j’étais naïf à un point inimaginable, au moins je ne rougissais pas jusqu’à ressembler dans le meilleur des cas à une crevette, ou sinon à un homard. Là je tanguais entre les deux. Il avait l’air lui-même gêné, mais je préférais me dire que ça n’avait aucune signification. « Alors c’est cool ! En plus, c’est plus agréable de dormir qu’en boxer. » Je lui fis un grand sourire avant d’enlever assez vite mon pantalon, me retrouvant ainsi en boxer. La situation était étrange, et sans que je ne sache réellement pourquoi. Juste une impression. Bref, je décidais de ne pas trop m’appesantir dessus, je risquais fortement de partir à nouveau dans des délires. Je me décalais quelque peu, ouvrant le drap et me faufilant à l’intérieur. J’ouvris alors de l’autre côté, tapotant sur le matelas, l’invitant à venir s’installer près de moi. « Tu trouves pas que les draps sous tous doux ? »

Dion ne tarda pas à rougir un peu plus alors que je relevais mon regard pour observer son visage. Il devait certainement avoir mal interprété mes paroles ce qui ne m'étonnait pas puisque n'importe qui aurait fait de même, cependant, il rebondit d'une manière inattendue, passant outre mes remarques « Alors c’est cool ! En plus, c’est plus agréable de dormir qu’en boxer. » dit-il en retirant son pantalon. Puis, il ne tarda pas à se glisser dans les draps m'invitant bien vite à en faire de même. Un sourire aux lèvres, j'écoutais sa prochaine remarque « Tu trouves pas que les draps sous tous doux ? » on aurait dit un enfant, réellement. « Si ! Je l'avais remarqué dès le premier soir, même si il me semble que ceux ci ont l'air plus chaud que ceux dans lesquels je dors habituellement ! » m'exclamais-je toujours en dehors des draps. Me penchant quelque peu sur le jeune homme, je tendais le bras pour allumer la lampe de chevet, histoire de ne nous retrouver complètement dans le noir. Sautant sur mes pieds, je fis alors le tour du lit pour éteindre la lumière qui éclairait la pièce entière, avant de faire tomber vulgairement ma serviette à terre, l'étendant par la suite sur une chaise non loin de l'entrée. Finalement, je sautillais jusqu'au lit et me glissais bien vite dans celui ci, rejoignant mon camarade en un sourire « On sera mieux comme ça, haha. » approchant mon visage du sien, je déposais un doux baiser sur ses lèvres avant de me reculer et de scruter quelques secondes le plafond « Ce serait cool d'y accrocher des petites étoiles. Chez moi, mon lit est situé sous une fenêtre, pour que je puisse observer le ciel. Ça m'aide à dormir, je ne sais trop pourquoi. » inutile de préciser qu'avec les moyens de mes parents, la fenêtre se refermait automatiquement à une heure précise où le soleil commençait à percer, me laissant de ce fait entre les mains de Morphée.

J’aimais vraiment parler avec lui. Il n’y avait jamais aucun mépris dans sa voix, et j’avais l’impression que jamais il ne se moquerait de moi. C’était reposant. J’avais beau laisser glisser les remarques, rires aux moqueries, sourire insultes, j’étais tout de même humain, et malgré tout mon optimisme, toute ma bonne humeur, j’étais toujours touché, blessé, sans que je ne le montre. Pas que je veuille cacher mes faiblesses, mais juste parce que je pensais que c’était mieux de laisser croire à l’autre qu’il ne vous atteint pas. Par flemmardise aussi, c’est toujours horriblement compliqué les conflits. Toujours allongé sur le lit, appréciant la chaleur des draps, je le suivais du regard. La rougeur sur mes joues ne voulait pas me quitter alors que je remarquais qu’il était beau. Oui, simplement beau. Cependant, malgré ma gêne, je ne détournais pas le regard. L’ambiance était soudainement tamisée, plus intime aussi. Le léger baiser qu’il déposa sur mes lèvres me ravit, mais je me retins de lui rendre l’appareil. Je suivis son regard, regardant alors à mon tour le plafond m’imaginant à la place des étoiles. « Peut-être que quelqu’un a des petites étoiles fluorescentes, vas savoir, il suffira de demander demain. » Je cessais de regarder le plafond, me mettant sur le côté et me blottissant contre lui, enfouissant avec allégresse mon nez dans son cou. « Tu sais, quand j’étais petit, j’adorais me glisser dans le lit de mon frère. Un peu comme toi et les étoiles, ça m’aidait à m’endormir. » Je ne savais même pas pourquoi je lui faisais cette confidence. A vrai dire, j’aimais bien énoncer des petits secrets sans importance aux personnes que j’affectionnais tout particulièrement, ce qui était le cas avec Alix. « En fait, je trouve ça triste de dormir tout seul dans un grand lit froid. C’est tellement peu rassurant … Je sais pas … C’est même angoissant, en fait. » Je déposais un léger baiser dans son cou.