Et voilà, j'étais nominé. Non seulement moi, mais Sorcha également puis Liee l'était aussi et c'était une candidate que j'appréciais. La seule personne finalement qui était nominé et que je n'appréciais pas était Hermès. Soupirant, j'avais quitté le salon sans un mot, Sorcha sur mes talons. Je savais qu'elle me suivait car j'avais aperçu du coin de l’œil sa chevelure rousse, pourtant je ne ralentit pas le pas, mon énervement était tel que je devais me défouler un peu et ouvrant la porte du nid à la volée, je sortis dehors et continuai ma marche rapide jusqu’à la cascade où je finis par m'appuyer sur la barrière, respirant un grand coup. Je plongeai alors le regard dans l'eau cristalline de la cascade, respirant de plus en plus lentement, me calmant peu à peu. Je tournai la tête et aperçus Sorcha derrière moi. Je ne dis rien, je ne savais pas quoi dire, je ne voulais pas qu'on nous sépare déjà.

J’avais beau l’avoir interpellé en quittant le salon, Anael ne s’arrêta pas pour autant afin m’attendre, ni même ne ralentit l’allure, si bien que je du y mettre le boucher double pour ne pas le perdre de vue, alors qu’il se dirigeait je ne savais où. Il quitta la villa, traversa le jardin et ne s’arrêta que lorsqu’il fut appuyé contre la barrière qui nous séparait de la cascade. Il semblait être aux prises avec certaines émotions que je n’arrivais pas à déchiffrer, car il me tournait le dos. Et pour l’instant, il m’ignorait, cherchant à reprendre le dessus, j’imagine. Je restais donc à distance, reprenant lentement mon souffle, attendant un signe de sa part. Ce n’est que lorsqu’il tourna la tête vers moi, ses yeux cherchant ma silhouette, que je compris que je n’avais plus aucune raison de rester à l’écart. Je m’approchais alors de lui, et passais mes bras autour de son torse, me blottissant dans son dos. Je m’accrochais à lui comme à une bouée de sauvetage. Aucun mot n’aurait pu remplacer ce simple geste.

Je vis Sorcha se rapprocher et replongeai alors mon regard dans la cascade, quand elle enroula ses bras autour de moi je lâchai malgré moi un soupire et posai mes mains sur les siennes avant de l'obliger à les retirer de là où elle était. Je me retournai alors vers elle. « Désolé. » dis-je simplement, pour quoi ? Pour tout. Je posai mes coudes sur la barrières derrière moi et soupirai à nouveau « Je.. Je ne sais pas comment ça sera si toi, ou moi, sort. Je veux dire. Ça ne fais que quelques semaines qu'on se connaît. » Allait-elle vraiment me manquer comme je l'avais cru ? Maintenant qu'on était devant le fait accompli je me demandais finalement si les quelques semaines qu'on avait passé ensemble était suffisante, si cette séparation qui nous menaçait me ferait autant de peine que ça, pour sur oui ça me ferait de la peine mais au point de ne plus savoir profiter de mon aventure ? De vouloir sortir, ou qu'elle sorte, pour qu'on se retrouve ? Trop de questions se bousculaient dans ma tête, j'étais peut être tout simplement incapable de laisser cette trappe ouverte, celle du bonheur que nous procure le fait d'avoir quelqu'un sur qui compter.

La seule réaction qu’il eut lorsque je me blottis contre lui fut qu’il soupira. Je ne savais pas pourquoi, mais j’eus la soudaine impression que tout ceci n’allait pas bien se terminer. Et encore une fois, mon intuition ne s’était pas trompée, car il força mes mains à se défaire de leur étreinte et il se retourna vers moi. « Désolé. » me dit-il. Rien de plus. Mon visage affichait un air qui signifiait clairement que je ne comprenais tout simplement pas ce qui se passait. Je restais debout, face à lui sans bouger, alors qu’il s’accoudait à la barrière, derrière lui. « Je… Je ne sais pas comment ça sera si toi, ou moi, sort. Je veux dire. Ça ne fais que quelques semaines qu’on se connaît. » Ainsi donc, en quelques minutes à peine, tout ce qui nous avions vécu dans les dernières semaines se résumaient à… ceci? À l’entendre parler, on dirait que tout ce qui s’était passé perdait soudainement de son importance. « Oui, et alors? » lui rétorquais-je en croisant les bras sur ma poitrine, soudainement frustrée parce qu’il avançait. Je tenais à lui, je pensais que c’était réciproque… mais voilà que sa réflexion remettait tout en perspective. Je détestais qu’on se joue de moi ainsi, et même si cela me faisait du mal de l’avouer, son récent changement d’attitude me bouleversait. Mais je m’étais juré de ne pas laisser quoique ce soit m’atteindre cette semaine. « Si tu admets que ce qu’il y a… ou ce qu’il y avait entre nous ne signifie plus rien à tes yeux, je m’en irais là, tout de suite. » lui dis-je en cherchant ses yeux du regard, sans y parvenir. « Soit franc pour une fois. Tu me dois bien ça, non? » Je tremblais, je ne savais si c’était de rage, de tristesse, mais je fis en sorte qu’il ne le remarque pas. Je paressais peut-être forte de l’extérieur, mais ce n’était qu’apparence. Je sortirais peut-être de cette discussion détruite, mais au moins, finie les illusions, fini les faux espoirs.

Et ce qui dut arriver arriva, bien sur qu'elle était en colère, qui ne l'aurait pas été à sa place hein ? Personne. Absolument personne. Elle pensait sûrement que je me jouais d'elle mais ce n'était pas le cas, pourtant mon regard restait fixé sur un point au dessus de son épaules droite, sans jamais la regarder elle parce qu'elle semblait sur le point de chavirer et que je ne voulais pas voir ça. Je perçus le mouvement de ses bras se croisant sur sa poitrine et un instant mon regard parcouru son visage avant de se poser là où il l'était, je regardais avec attention un des palmiers derrière elle. Je soupirai et me retournai vers la cascade, je savais qu'elle cherchais mon regard mais la situation était telle que je ne voulais pas qu'elle puisse y lire en moi comme dans un livre ouvert. « Ne dis pas n'importe quoi, je n'ai pas joué l'attirance que j'ai pour toi. » je tournai la tête vers elle. « Mais.. j'ai l'impression que.. tout ça va beaucoup trop vite. Trop loin. Je... Merde. » je passai une main sur mon visage, soupirant une nouvelle fois. « Je tiens à toi, mais je ne sais pas jusqu’à quel point. Je suis à peu près certain que ce n'est pas .. ce que tu attends, si tu pars, je serai bien sur triste, tu me manqueras. Mais et après ? C'est à ça que je pense. Je ne sais pas.. Pour après. » je ne voulais pas qu'elle pense que je m'étais jouée d'elle, je m'étais réellement attachée à elle, je tenais sincèrement à elle mais j'avais la désagréable impression que j'étais plus pour elle qu'elle ne l'était pour moi.

Bien sûr qu’il évitait mon regard. Mieux que ça encore, il évitait même de me regarder, moi. Et pour s’en empêcher, il me tourna à nouveau le dos pour me cacher tout ce que j’aurais pu lire en lui, si seulement il m’en avait laissé l’occasion. Il s’était fermé comme une huitre. Encore. « Ne dis pas n’importe quoi, je n’ai pas joué l’attirance que j’ai pour toi. » Il regarda en ma direction avant de fixer à nouveau la cascade qui s’étendait devant lui. Je le laissais parler, de toute façon, qu’aurais-je pu bien dire? Il n’y avait rien à dire. « Mais… j’ai l’impression que… tout ça va beaucoup trop vite. Trop loin. Je… Merde. » Il ne semblait visiblement pas très à l’aise lorsqu’on en venait aux sentiments, et je l’entendis une nouvelle fois soupirée alors qu’il passait l’une de ses mains sur son visage. « Je tiens à toi, mais je ne sais pas jusqu’à quel point. Je suis à peu près certain que ce n’est pas… ce que tu attends, si tu pars, je serai bien sûr triste, tu me manqueras. Mais et après? C’est à ça que je pense. Je ne sais pas… Pour après. » C’était donc ça. Notre histoire avait peut-être un certain sens ici, sous les yeux d’une centaine de caméras plutôt curieuses… mais à l’extérieur, dans l’intimité, plus rien de tout ceci n’avait de chance de survivre? Était-ce bien ce que j’étais en train de comprendre? À mon avis, ça n’avait aucun sens, mais je n’étais pas dans la tête de ce dernier et je n’avais pas la faculté de lire dans son esprit pour tout saisir tout ce qui s'y passait à l'instant. « Je ne sais pas de quoi tu as peur, mais sache que je ne t’ai jamais rien demandé, Anael. Jamais rien de tel. Je ne suis pas si naïve. » lui dis-je néanmoins. « Mais sache que s’il y avait eu, ne serait qu’une mince petite chance, je l’aurais prise. Parce que quelque part, j’y crois peut-être, oui. Mais je ne suis pas stupide, je ne vais pas te forcer la main, si pour toi c’est trop. » Cette conversation remuait beaucoup de choses en moi, j’étais brisée tout en essayant de ne pas le montrer. Je tenais beaucoup à lui. De là à dire que je l’aimais… peut-être, jusqu’à un certain point. Mais s’il n’y avait aucun espoir, pourquoi s’y accrocher? Comme il le disait si bien, il n’était pas ce qu’il cherchait. Il ne le serrait jamais. Mais il était peut-être ce que je désirais à ce moment précis, et c’était là tout le problème de notre relation. « Je ne te retiens pas, tu sais. Tu peux reprendre ta liberté quand tu veux. En fait… je te la rends. Ça te simplifiera la vie. » J’avais à peine prononcé ces derniers mots que je lui tournais à mon tour le dos, cherchant à m’éloigner de lui, me pas me guidant vers le petit sentir non loin. Une larme, une seule fautive, trouva un chemin jusqu’à ma joue et je l’essuyais aussi rapidement qu’elle était apparu.

« Je ne sais pas de quoi tu as peur, mais sache que je ne t’ai jamais rien demandé, Anael. Jamais rien de tel. Je ne suis pas si naïve. » De quoi j'avais peur ? Je ne savais pas moi-même, ce n'était même pas ça, je n'avais pas peur de quelque chose, je voulais juste mettre les choses au clair au cas où nous serions séparés ce à quoi je m'attendais de plus en plus, comme si je le sentais venir alors que ne pouvais même pas le savoir. Les gens commençaient sûrement tout juste à voter. Rien n'était encore fait. « Mais sache que s’il y avait eu, ne serait qu’une mince petite chance, je l’aurais prise. Parce que quelque part, j’y crois peut-être, oui. Mais je ne suis pas stupide, je ne vais pas te forcer la main, si pour toi c’est trop. »  Je soupirai à nouveau, enfouissant ma tête dans mes mains, je me demandais ce qu'elle voulait dire par moi. Était-elle donc réellement suffisamment attachée à moi pour y avoir songé ? Ah un plus tard, c'était ce que je comprenais par ce qu'elle disait et je me demandais de plus en plus si c'était ce qu'elle voulait dire par là. Je me tournai vers elle et répliquai « Non, bien sur que tu n'es pas stupide mais ne t'inquiète pas pour ça. Tu ne me forces pas la main. » qui le pourrait d'ailleurs ? Nous parlions de relation humaine, pas d'un achat d'une quelconque babiole ou que sais-je, ce n'était pas quelque chose qui se forçait, on ne force par les gens à être ensemble ou pas, je ne savais même pas si Sorcha et moi étions considéré comme un couple. Il y avait cette attirance, indéniable, forte. Et le fait que je tenais à elle plus qu'a n'importe quelle autre candidate, le fait, certain, que je voulais la revoir après. Oui, mais pour quoi ? Tout était si confus dans ce genre démission, au final on se savait jamais à quoi s'en remettre. Tout le monde pouvait jouer, à vrai dire tout le monde jouait ici mais nous avions trouvé, entre nous, un havre de sincérité. Si elle l'était. Je fermai les yeux un instant, oui bien sur qu'elle l'était, c'était de Sorcha que je pensais, elle ne pouvait pas être l'une de ces candidats hyper manipulatrice, non ? « Sorcha je ne veux pas qu'on soit en mauvais termes, je tiens à toi, mais je n'ai pas envie de me brûler les doigts. » Étions nous fais pour ça ? Pour cette attirance, pour être.. ensemble ? Nous étions si différents... Elle était de plus plus âgée que moi et je n'étais pas du genre à m’intéresser aux femmes qui avait ne serait-ce que deux ans de plus que moi, mais elle c'était différent, bien sur. Je me fichais totalement de son âge, elle pouvait bien avoir encore cinq ans de plus que ça ne changerait probablement rien. « Je ne te retiens pas, tu sais. Tu peux reprendre ta liberté quand tu veux. En fait… je te la rends. Ça te simplifiera la vie. » Et elle me tourna le dos, partant un peu plus loin. Je m'appuyai à nouveau sur la barrière, je ne voulais pas que ça se finisse comme ça, je ne voulais tout simplement pas que ça se finisse d'ailleurs. Je voulais juste mettre les choses au clair, enfin... Les choses au clair, si on veut. Il fallait qu'elle sache ce que j'avais pensé lorsque nos noms étaient apparus à l'écran au moment des nominations. Mais tout était mal partit, comme si nous ne pourrions jamais totalement nous comprendre, je soupirai et quittai mon point d'appui afin de rejoindre Sorcha que, si je ne me trompais pas, il me semblait avoir vu essuyé une larme. Je n'osai pas m'approcher plus, j'étais tout proche d'elle, elle sentait sûrement ma présence dans son dos. « Sorcha tu vas m'écouter s'il te plaît. » dis-je en la contournant, je me trouvai alors face à elle et prit ses deux mains dans les miennes. « Arrête, je ne suis pas en train de te demander de me laisser tranquille. Je ne veux pas que tu me laisses d'ailleurs, tout court. Mais... Tu devais savoir. » dis-je simplement, je mourrais d'envie de la prendre dans mes bras, de l'embrasser mais je m'interdisais de le faire. J'étais certain que si je le faisais elle allait mal le prendre et me repousser, qu'elle ne voulait plus de moi à vrai dire et qu'elle voulait que je la laisse tranquille après lui avoir dit tout ça, ce qui l'avait blessée. J'en étais conscient mais pas vraiment en train de culpabiliser. Je me devais de le lui dire plutot qu'elle le découvre si je partais ou si elle partait. Qu'elle découvre que je m'en serais remis, de toute façon, et pas si difficilement que ça.

Ce que je disais semblait l’atteindre directement, mais je n’avais aucun moyen de comprendre de quelle façon. Néanmoins, son corps réagissait, parlait pour lui. Et ce langage non verbal valait bien plus que certaines paroles prononcées. Il soupira à nouveau, puis alla enfouir sa tête dans le creux de ces mains. Pour ma part, je n’avais pas bougé d’un poil, en fait, j’en aurais été incapable – ce simple effort aurait pu gâcher ma mince résistance et faire tomber le masque que je tentais de maintenir sur mon visage. Mais je résistais. Pour combien de temps encore, je l’ignorais. J’attendis à nouveau sa voix, alors qu’il se tournait vers moi. « Non, bien sur que tu n’es pas stupide mais ne t’inquiète pas pour ça. Tu ne me forces pas la main. » J’avais bien du mal à y croire, à l’attendre parler, on aurait presque pu croire que c’était le cas, que je ne lui avais pas laissé le choix. Certes, j’avais fait les premiers pas, je l’avais embrassé. « Bien sûr. » fis-je d’un ton ironique, en levant les yeux au ciel. Avait-il répondu à mes avances simplement pour sa bonne conscience uniquement, ou parce qu’il y avait autre chose? Agissait-il ainsi pour le jeu, et simplement le jeu? Après tout, une histoire comme la nôtre, ça nourrit les téléspectateurs, ça les attire comme la peste. Est-ce que tout ce qu’il avait fait depuis n’avait été que pour ça? Mon cœur me disait que non et j’aurais tant voulu le croire… Mon esprit, ma raison, eux, me criaient le contraire. Je ne savais plus qui croire. « Sorcha je ne veux qu’on soit en mauvais termes, je tiens à toi, mais je n’ai pas envie de me brûler les doigts. » Quand on tenait à quelqu’un, on ne cherchait pas à le blesser à tout prix, même si dans le cas présent, seule la vérité – ou une partie de celle-ci – s’était fait entendre. Ne disait-on pas d’ailleurs qu’il n’y avait que la vérité qui blesse? Bien sûr qu’elle faisait toujours aussi mal, mais j’avais voulu l’entendre, je l’avais cherché. Mais mieux valait que ce soit ici plutôt que dehors où la réalité m’aurait frappé de plein fouet.
Je m’étais éloignée, mais rapidement, je sentis sa présence derrière moi. Je ne voulais pas qu’il me rattrape, je voulais qu’il parte, qui s’en aille. Que l’on tourne la page sur cette histoire et qu’on n’en parle plus. J'en avais assez. « Sorcha tu vas m’écouter s’il te plaît. » Je lui tournais toujours le dos, mais ce n’est pas ce qui l’empêcha de me contourner pour venir se planter devant moi et s’emparer de mes mains, qui captura dans les siennes. Mon regard évita de croiser le sien, j’en étais incapable. Je sentais les larmes qui menaçaient de couler et essayer de les retenir n’allait pas être une mince affaire. « Arrête, je ne suis pas en train de te demander de me laisser tranquille. Je ne veux pas que tu me laisses d’ailleurs, tout court. Mais… Tu devais savoir. » Il ne savait pas ce qu’il voulait… plus je l’écoutais, et plus j’en venais à tirer cette conclusion. Il me voulait près de lui, ne voulait pas que je m’éloigne, l’abandonne d’une quelconque façon. Pour son bien à, parce qu’il avait besoin de moi d’une certaine façon. D’accord… mais que devenais-je là dedans? La potiche de service? Maintenant que je savais, il me serait impossible de faire semblant, de faire comme si tout ça n’était jamais arrivé, comme si cette discussion ne s’était jamais produite. Elle me reviendrait toujours en tête, pareille à une mélodie dont on est incapable de se débarrasser. « Tu es conscient de ce que tu me demandes ? » lui lançais-je, d’une voix qui, malgré tout mon bon vouloir, se cassa, alors que je posais mes yeux sur lui. Je dégageais mes mains de son emprise, sans toutefois les remettre à leur position initiale. Elles tombèrent plutôt mollement de chaque côté de moi. « Je ne vais pas faire semblant, faire comme si tout allait bien, ce n’est pas le cas. Tu comprends? Je t’ai demandé d’être franc, tu l’as été… mais ça change tout, Anael. Ne me demande pas ça. Ne me demande pas de rester à tes côtés en sachant… » J’étouffais un sanglot dans ma gorge et détournait aussitôt la tête. « En sachant qu’il n’y a pas de place pour moi dans ta vie. Ça me ferait trop mal. »

Pas une fois son regard rencontra la mien, comme si le simple fait qu'elle s'accorde cette once de sincérité la ferait totalement succomber, ou éclater en sanglots. Je voyais bien qu'elle se sentait mal, incroyablement mal et plus je la voyais comme ça plus c'était difficile à soutenir. Je n'avais pas voulu la rendre malheureuse, je voulais qu'elle comprenne que je ne m'autorisais plus, depuis des années, à m'attacher si facilement aux gens. Que ce soit en amitié ou.. plus. Il me fallait en général des mois pour qu'une connaissance devienne un ami, plus encore, pour que cette amie devienne quelqu'un pour qui j'avais des sentiments. Je prenais tellement de temps que lors de ma première année en supérieur, lorsque je ne connaissais personne, j'avais eu du mal les premiers mois à m’intégrer dans un groupe de gens. Ici aussi je ne m'étais attaché à pratiquement personne. Je les appréciais, j'aimais leur compagnie, mais je savais qu'ils n'étaient pas de vrais amis. Pas de mon point de vue.« Tu es conscient de ce que tu me demandes ? » Elle dégagea alors ses mains et ce simple geste de sa part me fit plus de mal que je ne l'aurais cru, le fait qu'elle s'éloigne volontairement de moi... Je détournai le regard un instant avant de le reposer sur elle « Écoute, tu fais ce que tu veux mais je n'ai jamais dis que je ne tenais pas à toi, du tout. » avais-je préciser sur la fin de la phrase, j'étais lent, et alors ? Elle ne pouvait pas attendre un peu ? Les femmes sont toutes les même, elle s'éprennent d'une personne et attendent qu'il en soit exactement de même en retour, sauf que nous les hommes nous ne fonctionnions pas comme ça. Du moins pour la plupart, dont je faisais partie. Et ça, Sorcha ne pouvait apparemment pas le comprendre, ce qui me désolai, mais je ne pouvais rien faire d'autre que ce que j'avais déjà fait, non ? « Je ne vais pas faire semblant, faire comme si tout allait bien, ce n’est pas le cas. Tu comprends? Je t’ai demandé d’être franc, tu l’as été… mais ça change tout, Anael. Ne me demande pas ça. Ne me demande pas de rester à tes côtés en sachant… » je haussai un sourcil, à peu près certain que tout ceci allait mal se finir. Sa voix s’était brisée de plus en plus à mesure qu'elle parlait, je savais qu'elle retenait ses larmes et d'un coté j'aimais mieux qu'elle le fasse, je ne voulais pas me sentir mal face à elle, fasse à ses sanglots. Elle tourna alors la tête et ajouta « En sachant qu’il n’y a pas de place pour moi dans ta vie. Ça me ferait trop mal. » je soupirai. « Sorcha, toi te rends-tu compte que de ce que tu me dis ? On se connaît depuis quoi.. Un mois ! Il me faut plus de temps pour me lier d'amitié!Tu te rends compte ! Je ne m'attache pas aussi vite aux gens, j'ai déjà été bien assez vite avec toi, trop vite. » Je posai une main sur son épaule et l'attirai vers moi, passant ensuite mes bras autour d'elle dans une étreinte qui, je l’espérais, elle n'allait pas gâchée. « Fais moi un peu confiance, encore une fois.. Je ne te demande pas de m'oublier, de faire ta vie comme si je n'avais jamais été là. Juste.. que tu me comprennes. » dis-je doucement, tout ceci finirait mal, elle allait me repousser j'en étais à peu près certain et je ne l'obligerai pas à rester auprès de moi, elle vivait sa vie comme elle l'entendais. Avec ou sans moi.

« Écoute, tu fais ce que tu veux, mais je n’ai jamais dit que je ne tenais pas à toi, du tout. » Il l’admettait, peut-être sur le tard, bien sûr, mais le simple fait qu’il prononce ses mots ne faisait que me torturer davantage. Comme si ce n’était pas suffisant avec cette situation des plus délicates qui se refermait de plus en plus sur nous. « Comme si ça pouvait nous aider… ça ne fait que compliquer les choses. » lui dis-je d’une voix faible, mais ferme. « Tu dis que tu tiens à moi, que tu ne veux pas que je m’éloigne, mais l’instant d’après, tu changes ton fusil d’épaule. Je ne sais plus quoi penser. » Ces contradictions entraient elle-même en conflit avec ces propres paroles, je pouvais bien me perdre dans ce qu’il pouvait dire et ne plus m’y retrouver.
Il soupira en entendant mes derniers mots, et mon cœur se serra. Je regrettais déjà d’avoir parlé, de lui avoir fait connaître le fond de ma pensée. Comme toujours, je m’étais nourri d’illusions et j’allais le regretter. « Sorcha, toi te rends-tu compte de ce que tu me dis? On se connaît depuis quoi… Un mois ! Il me faut plus de temps pour me lier d’amitié ! Tu te rends compte ! Je ne m’attache pas aussi vite aux gens, j’ai déjà été bien assez avec toi, trop vite. » Je n’étais pas comme tout le monde, je le savais bien. Je m’attachais si vite aux gens que ça les effrayait, parfois. Souvent même. Et les hommes, surtout… Mais je ne contrôlais pas ça, personne ne pouvait contrôler ses propres sentiments. C’était tout simplement impossible et c’est une chose que je ne pouvais changer. « Dis-le, que c’était une erreur… » laissais-je entendre dans un murmure avant qu’il ne referme ne posa sa main sur mon épaule et ne m’attire vers lui, refermant ses bras autour de mon corps. Tout mon être n’avait qu’une seule envie et c’était de me dégager de lui, de partir, m’éloigner, voir même le repousser. J’en fus incapable. Mes résistances furent réduites à néant par ce simple geste, et j’avais beau vouloir lui résister, c’était peine perdue. « Fais-moi un peu confiance, encore une fois… Je ne te demande pas de m’oublier, de faire ta vie comme si je n’avais jamais été là. Juste… que tu me comprennes. » Que je comprenne? Est-ce que cela pouvait être aussi simple, j’en doutais. Il voulait du temps, il me demandait quelque chose que je n’avais pas, qui finirait par nous manquer, ne serait-ce que parce que notre aventure ici prendrait fin un jour, ou parce que la réalité allait nous rattraper bien plus vite qu’on ne le pensait, en sortant du nid. Et là-bas, dehors, tout nous diviserait. « Je suis désolé… » fis-je en cherchant à me défaire de son étreinte. Allait-il chercher à me retenir à nouveau, ou laisserait-il lâchement tomber l’affaire. Je l’ignorais et je me demandais si j’avais seulement envie de le savoir. L’un comme l’autre me blesserait… d’une façon différente, mais douloureusement parlant, ce serait du pareil au même.