Ma curiosité avait sans cesse besoin d'être assouvie, j'aimais être au courant de tout sur tout le monde. Certains appelleront ça de la maladie et d'autres une forte tendance aux commérages, mais je ne voyais pas ma curiosité comme un défaut majeur de ma personnalité. Alors pour éviter à mes camarades le ballet  incessant de mes questions intrusives, je préférai me cloîtrer dans la salle de contrôle pour assouvir ma curiosité. En effet cette pièce était dotée d'écrans nous permettant d'espionner nos petits camarades grâce aux caméras dissimulées un peu partout dans le nid. Cette pièce était un cadeau pour les curieux et voyeurs en tout genre. Autant dire que j'étais au paradis. Avoir le loisir d'en apprendre plus sur mes camarades en les espionnant sans qu'ils ne le sachent, c'était vraiment l'idée du siècle. Grâce aux nombreux écrans j'ai une vue imprenable sur les moindres fait et gestes de mes petits camardes, je regrette automatiquement de ne pas avoir emmené du pop-corn avec moi tant le spectacle est au rendez-vous. Le porte s'ouvre en grinçant légèrement et je tourne la tête vers ce mystérieux visiteur qui n'est autre que Percy. « Oh … euh salut. » je lui lance avant de vaquer à nouveau à mes occupations. Les yeux rivés sur un grand écran où plusieurs caméras s'affichent je surprends une discussion entre le nouveau partenaire de Percy et la jolie Clémentine. « Ton nouveau partenaire est vraiment nul pour conclure, tu devrais lui donner des leçons ». L'anglais jouissait d'une réputation de séducteur qui savait y faire avec les jolies filles. Hadrien avait bien besoin de leçon pour arriver à se faire sa blonde avant qu'un autre séducteur ne lui vole.    

Observer les gens me fascinent, j'aime étudier leurs moindres faits et gestes et essayer de comprendre leurs réactions en détail. Le comportement humain me fascine et ne cessera jamais de me surprendre. C'était fascinant de se dire qu'aucun humain ne réagit de la même façon et que nous ne retrouverons jamais quelqu'un d'identique. La salle de contrôle me permettait de savoir tout sur tout le monde et d'observer dans les moindres détails les agissements dans tout le nid. Plusieurs écrans de caméra s'affichent me montrant les différentes pièces de la maison, ce qui me laisse le loisir de pouvoir avoir une vue d'ensemble du nid. Percy vient interrompre ma session d'observation, je me retourne pour le saluer. Signe que je veux bien tolérer sa présence en ces lieux. Il répond à mon salut et vient se glisser dans un siège face aux écrans de la pièce. Ma remarque sur l'incapacité de son partenaire à conclure avec Clémentine, semble l'amuser lui qui a la réputation d'être un charmeur invétéré. La production avait fait fort en voulant les associer, eux qui sont si diamétralement opposés. À vrai dire, il confesse qu'il comptait uniquement sur la force de son aura pour faire réagir son nouveau binome. « La technique de l'aura ne marche pas à ce que je vois, il lui faut des cours dans les règles de l'art » . Clémentine et Hadrien, ça vous crevait les yeux. Toujours ensembles à se lancer des regards complices et de timides sourires mais ils ne trompaient personne. « À moins que tu ne veuilles lui casser son coup ? » ajoutais-je en prenant une mine faussement outrée. C'était tout à fait plausible lorsqu'on y réfléchissait. Clémentine était belle, pétillante et extrêmement bien foutue alors l'avoir sur son tableau de chasse pouvait être très gratifiant après tout. Pourtant ce quo intéressait Percy pour le moment c'était de savoir si je laisserai un gars comme Hadrien « ramoner ma cheminée » comme il le disait si bien. Voilà qui était pour le moins très élégant. « Pas vraiment, s'il est aussi doué au lit qu'en matière de séduction je préfère de loin passer mon tour » . Une réponse qui avait le don d'être honnête et devait répondre le plus précisément possible à sa question. « C'est peut être un peu cruel de ma part, mais les mous du genoux c'est pas trop mon truc » Il fallait beaucoup de chose pour arriver à me séduire et devoir poirauter pendant 50 ans à discuter de la pluie et du beau temps ne faisait pas parti de mes critères de sélection.

Hadrien et Clémentine pouvait le nier en bloc pendant des siècles durant, je n'en demordrai pas. Les regards et les sourires ne trompaient pas. Pour avoir eu l'occasion de discuter avec Hadrien, je pouvais assurer qu'il n'était pas aussi entreprenant que son nouveau partenaire. En sa qualité de nominé, il aurait pu au moins tenter quelque chose avec la belle blonde, peut être qu'il ne reviendrait pas et qu'il ne la reverra jamais. Il s'en mordra les doigts si jamais il doit sortir dimanche. Peut être que tout ce dont il avait besoin c'était d'un bon coup de pied dans le derrière pour lui remettre les idées en place. Alors maintenant qu'il a un nouveau partenaire en la personne de Percy, autant en tirer quelques avantages. Pourtant lorsque j'évoque l'idée des cours particuliers, l'anglais décide de prendre un air faussement offusqué pour réagir à mes propos. « Il n'y a rien de déshonorant à donner deux ou trois petits conseils à un ami et à les illustrer avec quelques démonstrations » . Je réponds en jouant les innocentes, comme si je n'avais pas conscience que mes remarques étaient plutôt lourdes de sens. Après quelques longues secondes, il se décida enfin à avouer qu'il comptait bien subtiliser la blonde à son prétendant. « Enfreindre une loi du code d'honneur de la gente masculine, c'est franchement très moche » . Cette loi qui disait explicitement qu'il était scrupuleusement interdit de piquer la proie d'un ami chasseur. « Les potes avant les putes » diront certains goujat. Le même code d'honneur existait tout aussi bien chez les femmes avec les fameuses maximes suivantes : « on ne touche pas aux restes ». Enfreindre le code d'honneur de son genre relevait parfois de la haute trahison même si je soupçonnais Percy de s'en contrefoutre royalement. Il finit par m'avouer qu'il préfère les brunes tout en appuyant sa phrase d'un regard assez explicite sûrement censé m'intimider.   « Oh, ça sortira pas de l'enceinte de cette salle, promis. » . Je lui assure comme s'il venait de me confier un secret inavouable. Il avait beau préférer les brunes, pour l'instant seule une blonde avait succombé à ses charmes alors autant dire que lorsqu'il tente de se vanter des ses talents de séducteur je manque de lui rire au nez. « Hmm. Pour l'instant les statistiques ne sont pas en ta faveur. » . Je lui réponds amusée de pouvoir remettre en question ses talents en matière de séduction. « Une seule fille ce n'est pas assez pour t'auto-proclamer roi de la drague et du pieu. Une blonde en plus » . J'ajoute faisant mine d'être déçue, comme si je m'attendais à mieux de sa part. Bien sûr je faisais référence à son ancienne partenaire partie après deux semaines d'aventures qui n'avait pas résisté très longtemps à l'anglais. Dans la plus grande subtilité il ne manqua pas de me faire remarquer que son domaine à lui c'était le ramonage. « Je tâcherai de passer le message aux autres filles du nid, le bouche à ... oreilles ça marche toujours » . Je faisais mine de faire la sourde oreille depuis quelques minutes tout en glissant quelques sous-entendus sur le ton de l'innocence sans pour autant me laisser embobiner par ses grands mots.      

La perspective de donner des cours à son nouveau partenaire n'enchantait guère l'anglais qui devait estimer qu'Hadrien n'en avait pas besoin. Ce n'est pas vraiment de cours dont le jeune homme a besoin mais plus d'un coup de pied au derrière pour le faire réagir. Un coup de pied au derrière semblait la meilleure solution et c'était beaucoup moins humiliant que de devoir prendre des cours pour arriver à conclure avec une fille. « Hm, garder ses petits secrets pour conserver une longueur d'avance. Malin ». Même si j'étais presque sûre que ce n'était pas son attention mais c'était terriblement amusant de le voir jouer son rôle séducteur arrogant et chevronné. J'étais persuadée qu'il était beaucoup plus que ce qu'il voulait bien nous montrer, on ne pouvait pas être seulement un coureur de jupon. Il semble tellement ancré dans son rôle qu'il est prêt à enfreindre une loi fondamentale du code d'honneur des garçons prétextant que dans une situation extrême comme cette émission avec un nombre limité de fille, l'anarchie était de mise.   « Les trois quarts des mecs ici sont soit gays ou alors asexués, tu as même pas besoin de piquer la nana de ton partenaire en fait ». Il fallait dire qu'à part Percy, Isaac ou alors Andreja, aucun autre garçon du nid n'avait manifesté de très grand intérêt pour la gente féminine du nid. Autant dire qu'il avait l'embarras du choix avec seulement trois mecs pour une dizaine de filles. Akela l'avait bien dénoncé pendant sa chronique, l'anglais entretenait une petite compétition avec Isaac pour savoir lequel ferait succomber le plus de filles cette saison. Percy avait une légère avance sur son rival avec une conquête au compteur. Du moins c'est ce que je pensais avant qu'il ne me corrige. Il avait réussi à en faire tomber une autre, un brune de surcroît. « Oh félicitations » je lui lance comme s'il attendait un heureux événement. Qui cela pouvait bien être ? Certainement pas Paloma qui adorait repousser les avances de tous ses prétendants. Tilda était un peu trop préoccupée en ce moment. Avec Jessica, c'était totalement mort depuis cette histoire de points. C'était forcément Elsa. « La prochaine sera rousse ? ». Autant continuer sur l'éventail des couleurs de cheveux de cette saison. Une blonde, une brune et une rousse, ça rendait plutôt bien sur un CV.  Deux nanas en l'espace d'un mois, c'était pas si mal finalement mais peut être bien loin des résultats attendus. « Ça a déjà plus de gueule maintenant, tu es le leader dans la catégorie des hétérosexuels. ». Oui parce que dans l'autre bord c'était une toute autre histoire. Un savant mélange entre mélodrame et club échangiste qui devait passionner le public de l'émission. J'évoque ensuite la possibilité de prévenir les autres filles du nid qu'en matière de ramonage il n'y a pas mieux mais il m'en défend. « Tu me demandes d'enfreindre le code des filles et garder cette information pour moi toute seule ? Décidément tu ne recules devant rien ». Selon lui, c'était pour mon propre bien. Je devais jeter aux oubliettes la fameuse solidarité féminine et prendre une longueur d'avance sur toutes mes autres camarades. « Et tout ça dans mon propre intérêt bien sûr ? ». Je demande en arquant un sourcil sur le ton de l'ironie. Il faisait ça pour mon propre bien, qui aurait pu en douter ?