« Je n’attends rien de toi, Anael, tu le sais bien. » Je soupirai, et bien manifestement je ne le savais pas puisque je venais de le lui demander. J'avais envie de lui dire que si elle n'attendait rien de moi elle n'aurait pas du se comporter comme ça l'autre jour à la cascade mais ça aurait été plutôt injuste de ma part de dire ça sachant que la faute pouvait être rejetée sur chacun de nous. Elle s'était alors un peu rapprochée de moi. Je levai les yeux vers elle et ne dis rien, me demandant si elle allait peut être préciser ou n'importe quoi d'autre. « Tu as toujours été fidèle à toi-même, ne change pas ça rien que pour épargner ma bonne conscience ou, pire, mon orgueil. Je suis assez grande pour être capable de composer. Enfin, j’imagine. » Je lâchai un rire nerveux et, contournant à nouveau le fauteuil, j'allais chercher le livre que j'étais en train de lire avant de revenir près d'elle, près d'une étagère en fait où je le rangeai à sa place, je n'allais peut être pas le continuer puisque j'allais peut être partir lors du prime. « Plus facile à dire qu'a faire, hein ? » je me tournai vers elle, la distance entre nous s'était encore réduite et je me demandais pourquoi je n'y allais pas franchement, pour ne pas la brusquer, sans doute. « Je… t’apprécie pour ce que tu es. Ne change pas ça. » Je remarquai qu'elle avait marqué une hésitation et arquai un sourcil, m'approchant désormais sans retenue près d'elle, je me permis à poser un baiser sur sa joue et reculai légèrement par la suite. « Je n'en ai pas l'intention, je voulais juste... Éviter de te blesser encore. Désolé. » dis-je, sincère.

Le soupire et le petit rire nerveux qu’il lâcha avant de me tourner le dos et de s’éloigner me laissèrent un moment patois, craignant peut-être qu’il n’ait eu l’idée de partir de la pièce sans rien dire, choquer d’une chose que j’aurais pu bien dire – laquelle, je l’ignorais - mais lorsque je le vis revenir sur ses pas, son livre entre les mains, puis passer à mes côtés et le ranger dans l’étagère près de moi, j’en sentis un certain soulagement. « Plus facile à dire qu’à faire, hein? » fit-il à mon égard, alors qu’il se trouvait à quelques pas. Inexplicablement, chaque geste que nous posions nous amenait à nous reprocher l’un de l’autre. Par habitude, peut-être. Ou par instinct. « Effectivement. » ajoutais-je seulement, un léger sourire en coin sur mes lèvres. J’avais hésité quant à la suite des choses, et il dû s’en rendre compte, car je pus le lire sur son visage. Comment avait-il interprété la chose, je l’ignorais. Après tout ce que j’avais pu lui dire, il devait certainement se douter que j’avais légèrement modifié la réalité, mais je ne voulais pas jouer avec le feu. Il connaissait mes sentiments à son égard, je n’avais pas besoin de les remettre sur le tapis pour attiser les flammes. Je le vis s’approcher de moi, sans retenue cette fois, et ses lèvres se posèrent délicatement sur ma joue qui dura l’espace de quelques secondes. Il se garda bien de s’éloigner aussitôt. « Je n’en ai pas l’intention, je voulais juste… Éviter de te blesser encore. Désolé. » Tout naturellement, ma main alla se poser là où il m’avait embrassé, mais ce geste fut si rapide qu’il ne dut pas s’en rendre compte, car aussitôt, je déplaçais celle-ci dans ma nuque, ou je me mis à jouer avec mes cheveux, mal à l’aise à l’idée d’avoir pu être surprise. Me déplaçant, ce fut à mon tour de m’approcher de lui pour poser l’une de mes mains sur son bras. « Je te comprends, tu sais. » lui dis-je seulement. « Il m’a juste fallut du temps pour m’en rendre compte. » J’espérais seulement qu’il capte le message que j’essayais de faire passer. Je n’avais pas envie de me justifier davantage.

Sorcha avait acquiescé lorsque je lui avais dis que c'était plus facile à dire qu'a faire. C'est à ce moment-là que je m'étais approché pour poser un baiser sur sa joue, reculant, elle posa sa main dans sa nuque, comme si ce simple geste l'avait gênée. J'avais l'impression d'être de retour dans mes premières année d'adolescence, quand je ne savais pas encore m'y prendre avec les filles et que je faisais tout de travers. Certes je faisais encore beaucoup de choses de travers mais depuis j'avais déjà vécu quelque chose de fort avec une femme et je savais quelles erreurs je ne devais pas répéter pourtant... Pourtant j'avais l'impression que je les faisais quand même. Mais tant pis, je ne voulais pas qu'elle parte, ou que je parte, en ayant ça sur la conscience, en regrettant de n'avoir rien tenté. Elle s'approcha alors de moi et posa sa main sur mon bras, mon regard dévia sur sa main posée sur moi et sur elle. « Je te comprends, tu sais. » je souris. C'était tout ce que je lui avais demandé lors de notre dernière entrevue, qu'elle me comprenne tout simplement. « Il m’a juste fallut du temps pour m’en rendre compte. » J’avançai d'un pas vers elle et la distance entre nos corps fut réduite à quelques centimètres, qu'elle accepte ou pas ce que j'allais faire, je n'étais pas un homme de mots, mais d'actes. Je passai alors mes mains dans son dos et l'attirai vers moi, une de mes mains se délogea de son dos pour venir déplacer une de mèche de ses cheveux, je souris et posai alors mes lèvres sur les siennes. Ensuite, ne quittant pas son regard des yeux, je répondis « C'est tout ce que j'attendais. »

Un sourire : ce fut la seule réaction qu’il eut lorsque je lui mentionnais, après tout ce temps, que je le comprenais finalement. Que je lui fasse tout simplement confiance. J’avais été égoïste de ne penser qu’à moi dans cette histoire, alors que depuis le début, nous étions deux. En un seul geste, il réduisit l’espace entre nos deux êtres et passa ses mains autour de mon corps, effaçant le peu de centimètres qui nous séparait encore. Nous n’avions pas été aussi près depuis si longtemps que je constatais à quel point sa présence m’avait manqué. N’est-ce pas lorsque l’on est privé de quelque chose que l’on se rend compte à quel point on y tient? Je n’aurais pas su dire mieux, dans ces circonstances. Je sentis l’une de ses mains s’afférer dans mes cheveux, mais mon regard, lui, était fixé sur le sien, incapable de me défaire de son emprise. J’eus tout juste le temps de l’apercevoir sourire avant qu’il ne m’embrasse. Tout ce qui aurait pu rester de résistance dans mon organisme se dissipa. Je n’aurais pas pu résister à ça. Au contact de ses lèvres sur les miennes. Impossible. Il avait franchis la seule barrière qui existait encore entre nous et l’avait tout simplement détruite, de par son geste. Quand nos lèvres se séparèrent, il ne s’éloigna pas pour autant. Son regard fixait toujours le mien : je ne sais pas ce qu’il y voyait, mais il semblait s’y plaire. « C’est tout ce que j’attendais. » mentionna-t-il et un léger rire s’échappa de ma gorge, soit par nervosité ou par spontanéité. Il avait fallut passer au travers de toute cette histoire pour en arriver à ça? Bon sens que je me sentais idiote, sur le coup, et je me mis même à rougir. « Si j’avais su… » lui dis-je seulement d’une voix douce, caressant d’une de mes mains sa joue, mon autre main passer derrière son cou. J’aurais tant voulu que nous restions là, sans penser au prime, sans penser à cette menace qui pesait toujours au dessus de nous. C’était impossible, mais je préférais savourer ce moment, sans savoir s’il serait le dernier qui nous aurions ensemble.