« Je te l'ai dit, je ne considère pas l'amour comme une bonne chose. » sourit-il, amer. Ouais, en gros quoi, c'était tout de même encore loin de la vérité. Enfin, c'était la vérité, mais c'est un très bref résumé de son aversion pour le sentiment amoureux. Après le monologue de la belle, il se rendit compte qu'il avait effectivement fait de belles conneries et qu'il avait été un véritable crétin en lui proposant d'être en couple. D'autant plus qu'il semblait avoir le chic pour se faire passer pour la victime alors que c'était loin d'être le cas. Quelqu'un devrait probablement lui mettre des baffes pour lui remettre les idées en place. « J'ai changé Riley. Visiblement, j'ai changé, justement parce que j'ai voulu me mettre en couple avec toi.» affirma-t-il calmement. Ça, c'était une certitude, il était différent. Ça ne se voyait peut-être pas énormément, puisqu'il était toujours aussi compliqué et impulsif et blagueur comme il l'avait toujours été, mais oui, il n'était plus le même. Ce n'était qu'une minuscule différence: son cœur ne battait plus que pour lui. Mon dieu, c'était tellement niais comme phrase qu'il en vomirait. « Je sais. Je sais que c'est con, je sais que je vais encore te blesser pour rien. J'ai pensé que toutes ces histoires étaient réglées, j'en avais marre de chercher ce que tu étais pour moi, ça ne servait à rien et je voulais juste profiter du temps avec toi, mais là... Je sais que ça peut paraître débile et j'en suis désolé. Mais de toute façon, comment ça pourrait se passer à l'extérieur? Je cacherais ma conquête dans le placard quand tu squatteras chez moi? Ou bien, j'en aurais tellement rien à foutre que je resterais dans le lit avec elle pendant que tu me parleras? Je crois que c'est mieux pour nous deux. » Toujours aussi calme, c'était presque impressionnant. Il était loin d'être sûr de « l'avenir de leur couple » à l'extérieur du jeu. Cela risquait d'être incroyablement dur, avec leurs familles respectives, avec les amis et pire encore, ils avaient prouvé que leur relation était loin d'être simple. Le fait qu'il comprenne enfin ce qu'il ressentait lui donner encore plus l'envie de la repousser loin de lui. Parce qu'il repoussait toujours l'amour, il se devait de repousser Riley.

Pourquoi voulait-elle tant lui faire dire? Lui faire avouer une chose qui l'avait tant blessé? Il soupira en passant une main dans ses cheveux, se demandant s'il allait lui apporter une réponse ou non. Peut-être avait-elle besoin d'une réponse? Peut-être avait-il besoin d'en parler? « Mes parents n'ont jamais su comment s'aimer. Ils croyaient qu'avoir un enfant pourrait arranger les choses. Mais ma mère avait un amant, qu'elle avait rencontré seulement un an après ma naissance. Mon père a fini par l'apprendre, très, très tardivement. Et il a blâmé l'amour pour les actes qu'il a commis... Disons juste que maintenant, mon père est en prison et que ma mère n'est plus là pour me botter les fesses. » avoua-t-il d'une voix monotone, comme s'il avait raconté cette histoire cent fois alors que c'était l'une des premières. Il conclut d'un bref haussement d'épaules devant ce petit drame familial qui avait été l'élément déclencheur de bien des choses. Il détestait la façon dont il se sentait à ce moment-là, parce qu'il se sentait faible face à cette confidence. Il avait l'impression d'être à nouveau ce petit garçon, celui qui avait appris qu'il ne reverrait ni sa mère, ni son père et qui avait fini chez sa tante, divorcée et détruite par l'amour, elle aussi. Pas vraiment les meilleures circonstances du monde pour ouvrir son cœur. Parce qu'il avait toujours été terrifié à l'idée d'être comme son père. Ne disait-on pas "tel père, tel fils"? Il continua à regarder Riley, curieux de connaître sa réaction face à cette vie que Cassidy avait vécu.

Elle s'était rapprochée de lui, visiblement furieuse de son comportement, de ses dires. Oui, il était un connard. Si elle le disait, après tout, cela devait avoir une part de vrai. Il devait admettre qu'il était dur, qu'il était joueur et que tout ce qu'il avait fait depuis le début, cela avait été de détruite la petite blonde en prenant ce qu'il voulait en compte, comme le fait de ne pas être totalement seul ou d'avoir une compagnie sur qui compter, plutôt que de faire ce qui pouvait être bien pour elle, tel que s'éloigner ou ne même pas s'intéresser à elle. C'est vrai, il avait compris dès le début qu'elle était fragile et qu'elle croyait dur comme fer à l'amour et pourtant, il avait entretenu ses espoirs. Il avait eu l'impression d'être sincère, lorsqu'il avait dit vouloir être en couple. Peut-être ne l'avait-il pas été. Peut-être ne l'avait-il jamais été. Peut-être était-il juste un joueur, coureur de jupons, séducteur qui ne prenait de plaisir qu'en brisant les autres comme il avait été brisé? Non, il ne l'était pas. Il n'était pas ce gars-là, il l'espérait sincèrement. Mais il ne pouvait pas non plus être le gars amoureux, il n'arrivait pas à se l'imaginer, parce que tout ce qu'il voyait, c'était ce qu'il savait de l'amour de ses parents, l'amour que sa tante avait vécu. Et il ne voulait pas vivre quoi que ce soit dans le genre. « Je pense que c'est le mieux pour toi. Et si je ne t'aime pas, c'est bien plus facile pour tout le monde. » murmura-t-il en la sentant s'éloigner, alors qu'elle était pourtant tout près. C'était mieux ainsi. Bien mieux ainsi pour tout le monde. Elle pourrait trouver l'amour, avoir quelqu'un qui l'aime réellement à ses côtés, quelqu'un qui serait là pour elle et il pourrait retourner à ses conquêtes. Et c'était sûrement bien mieux comme ça.

Tout le monde vivait des difficultés dans sa vie, était choqué par certaines choses, ne vivait pas que des choses faciles. Cassidy avait eu la malchance d'être dans ce lot de personnes, celles qui vivent des merdes et qui tentent, tant bien que mal, de les surmonter et de vivre leur vie comme il se doit. Sans aucun doute que la façon qu'il avait de profiter de chaque seconde lui venait de ça. « Je n'y crois pas tellement. » Un bon tas de mariage finissait en divorce. Ce qu'il avait vécu à cause de ses parents, ce n'était pas un acte isolé, c'était de plus en plus courant. Sans compter non plus les violences conjugales, les personnes qui trompent leur conjoint... Il ne voulait pas trop aimer et finir par perdre la tête. Autant ne pas aimer du tout.
Sa réponse ne sembla pas lui convenir. Ouais, forcément que sa première relation n'était pas des meilleures. Dommage qu'elle soit tombée sur l'anglais. Elle aurait pu tomber sur n'importe qui d'autre, mais non, pas de chance, c'était lui. « Tu as eu le pire, tu ne pourras qu'avoir mieux maintenant. » fit-il en un haussement d'épaules. Bah, c'était vrai quoi. Il ajouta tout de même: « Je suis désolé. » C'est vrai, il l'était. Pour tout ce qui s'était passé entre eux. Il n'avait jamais voulu faire de mal, malheureusement, c'est toujours en voulant faire quelque chose de bien qu'on fait le plus de mal. Preuve, une nouvelle fois, que l'amour blesse bien plus qu'il ne guérit.
Il aurait aimé dire quelque chose de fort, qui aurait fait la différence, qui aurait eu un impact quelconque. Quelque chose qui ne les aurait pas laissé en si mauvais termes, qui aurait pu faire qu'elle profiterait des jours à venir comme elle le devrait. Dire quelque chose, même si ce n'était qu'une phrase clichée, comme « tu vaux bien plus que tu ne le penses et tu trouveras ce que tu cherches » ou bien « tu es quelqu'un de bien et tu mérites tout l'amour du monde », mais cela aurait pu sonner quelque peu étrange. Il se contenta alors d'un « Bonne nuit. » , à défaut de mieux, une réplique qui n'était sûrement pas ce qu'elle avait espéré.