LIBRE

Une salle de musique, ça c’était excellent. Je l’avais découverte un peu par hasard, au détour d’une excursion en solitaire. Je n’avais jamais fait de solfège ni même touché un instrument, à part le vieux piano de ma grand-mère, mais j’aimais la musique. Les musiciens m’avaient d’ailleurs toujours fait craquer, quel que soit leur niveau. J’errai entre les guitares, les violons, les trompettes, pour me laisser attirer par quelque chose de beaucoup plus atypique. Mes iris bleus se posèrent sur ce qui semblait être un xylophone planqué derrière un trombone, et je me hâtai de le dégager de sa cachette. Pauvre petit, négligemment jeté derrière les autres. Je m’installai sur un pouf, attrapant les deux baguettes, et entamai une série de notes qui ressemblait vaguement à la mélodie de « Bohemian Like You », des Dandy Warhols. Je commençai par fredonner les paroles du premier couplet, augmentant le son au fil des mots. Je chantais relativement faux, ça je le savais depuis que ma prof de chant de collège m’avait interdit de participer à notre représentation annuelle. Mais je m’en foutais pas mal. Je me laissais totalement aller, hurlant presque le refrain dans la salle de musique. Après tout, ils avaient précisé que c’était insonorisé. Je ne me souciais nullement des caméras, en vérité je les avais complètement oubliées. Si je m’en étais souvenue, peut-être ne serais-je pas en train de torturer les oreilles de milliers de pauvres innocents assis devant leur télévision avec mon horrible voix de crécelle. J’entamai le troisième couplet en me dandinant sur mon siège, agitant les baguettes du xylophone comme une professionnelle de la batterie en plein concert. A cet instant précis, les yeux fermés afin de profiter pleinement de ce moment de pure détente et de folie à l’état brut, j’étais persuadée que personne ne pouvait pousser la porte et me surprendre en flagrant délit. Et pourtant . . .

Mes pas m'avaient souvent mené à cet escalier, mais je n'avais pas encore exploré le sous-sol. À la base, je n'avais aucune envie d'aller le visiter et j'aimais l'idée qu'un lieu du château me soit encore inconnu pendant un moment. Soit, à la base, j'étais en route pour la cuisine, pour prendre mon goûter - oui je sais, c'est normalement les gamins qui prennent leur goûter, mais moi je suis encore une gamine - mais finalement ma curiosité l'emporta sur ma gourmandise. Je dévalais l'escalier pour ensuite longer le long couloir. Je n'avais que l'embarras du choix, avec les portes qui s'offraient à moi ; pourtant c'était bien la porte du fond qui m'attirait. Je ne sais pour quelle raison, j'avais l'impression que j'y trouverai un petit trésor derrière cette porte : je rêvais, mais pourquoi pas un studio de danse ? Je me jetai sur la poignet pour ouvrir la porte en grand et tomber finalement sur un tout autre genre de studio. J'étais même accueillie par la voix d'une jeune fille, accompagné d'un instrument et qui semblait réellement s'éclater. Tellement, d'ailleurs, qu'elle ne m'avait pas entendu entrer. Je refermais la porte derrière moi et je me faufilais parmi les nombreux instruments présents dans la pièce, pour m'asseoir dans un fauteuil orange vif. « Humhum » Je fis semblant de tousser pour attirer son attention ; pas assez fort il fallait croire. Je sifflais alors, avec mes doigts. « Une salle de musique, c'est pas fait pour les musiciens normalement ? » lui demandais-je, en pinçant mes lèvres pour m'empêcher de rire.

J’étais complètement en transe avec mes baguettes et mon xylophone qu’un obus aurait pu exploser dans le jardin sans que je m’en rende compte. Je n’entendais pas grand-chose à part ma terrible voix qui ferait certainement un buzz sur internet avec la mention « Sixtine, une vocation heureusement non suivie. » Oh ça va hein, tout le monde chantait sous la douche, ben moi c’était pareil sauf que je n’avais pas le temps sous la douche. Parce qu’il fallait limiter sa consommation d’eau vous voyez, pour que les générations futures puissent avoir ce genre de ressources. Bref, il fallut plusieurs minutes avant que je remarque la présence d’une jeune femme qui m’observait, visiblement au bord du rire. Ma baguette fit une fausse note –si si, le reste était juste roh- et je stoppai immédiatement mon chant « mélodieux ». Flûte, pour la discrétion c’était raté. J’affichai d’abord un regard peiné, fronçant le nez. « Ben, je faisais partie d’un groupe à Dublin, les xylophonics. On a eu une certaine publicité. » Devant son visage qui hésitait visiblement entre « oh mon dieu la pauvre fille n’a pas conscience de sa nullité » ou « ahah, c’est la blague la plus pourrie que j’ai jamais entendu », je la gratifiai d’un large sourire un peu gêné, haussant les épaules. « Non en fait j’avoue avoir transgressé les règles, puisqu’il n’y avait personne. » Je posai mes baguettes et la rejoignit sur un pouf voisin jaune vif. Au moins, on ne pouvait pas les louper. « Tu penses pouvoir faire mieux ? » la questionnai-je en embrassant les divers instruments d’un large geste du bras. Peut-être était-elle venue ici pour faire de la vraie musique.

Visiblement, le chant, la musique et cette jeune fille ne faisait pas bon ménage... quoique je trouvasse cela assez drôle à entendre et amusant à voir. « Ben, je faisais partie d'un groupe à Dublin, les xylophonics. On a eu une certaine publicité. » Sur le coup, je me demandais si elle avait réellement un groupe : j'espérais franchement que non, la pauvre, parce que si c'était le cas, c'est à sa nullité qu'elle devait sa pub. J'eus alors une expression d'étonnement, ne rajoutant rien à cela... puis elle m'adressa un sourire. « Non en fait j'avoue avoir transgressé les règles, puisqu'il n'y avait personne. » Evidemment, je rigolais tout à l'heure... si la salle de musique n'était réservée qu'aux musicien, je n'y serais plus depuis quelques minutes déjà. « C'est bien ce qu'il me semblait ! » lui répondis-je, en acquiesçant d'un léger mouvement de la tête, mais je ne pouvais pas garder mon sérieux plus longtemps et j'eus un petit rire. La jeune fille me rejoignit au niveau des poufs psychédéliques, allant avec le style entier de la salle. « Tu penses pouvoir faire mieux ? » Euh... non sûrement pas. Moi-même, j'avais une voix de crécelle comme elle et je n'étais absolument pas capable d'aligner trois mots en chantant, sans avoir la honte. « Euuuh non j'pense pas faire mieux ! Dans le genre, t'es vraiment une bosse ! Mais c'est pas grave... j'aime les défis ! » Je me levai et je pris sa place devant le xylophone. Baguette en main, je m'éclaircissais la voix. « Trois, quatre » Je commençais un solo de xylophone en freestyle, puis je commençais à, ce que l'on peut appeler, chanter un classique des Rolling Stones, Satisfaction... un vrai massacre !

Je suivis la blonde des yeux lorsqu’elle releva le défi, un sourire amusé perché sur mes lèvres. Elle je l’aimais bien, pas du genre à s’offusquer pour une petite provocation. A la place elle s’empara des baguettes et énonça la pulsation comme une vraie professionnelle. Je me fis la remarque qu’on était pas mal de blondes quand même, dans ce château. J’y aurais presque vu une volonté de la production de faire passer les blondes pour des connes, mais d’un autre côté j’avais constaté que jusqu’à présent nous n’étions pas particulièrement les bêtes de foire les plus étranges et enragées du lieu. Bref. La voix d’Oona résonna dans la pièce, et effectivement, elle ne m’avait pas menti. Je n’aurais su dire laquelle d’entre nous chantais le plus mal, à mon avis nous étions à peu près au même niveau de médiocrité. Je m’esclaffai un instant, puis repris en chœur le refrain, faisant probablement fuir un tas de téléspectateurs fidèles. Quoique les caméramans avaient du déplacer le centre d’intérêt sur d’autres candidats, le temps de notre ridicule prestation. Une fois la chanson terminée je l’applaudis en poussant des cris de soutien qui feraient pâlir les fans de Johnny. « Une autre, une autre . . . non j’déconne ! » Je fronçai le nez en souriant. Fallait pas abuser non plus, elle avait déjà eu le droit aux hurlements d'approbation. « Je pense que si y’a un défi de création de jingle pour Fake Lover on fait un vrai carton ma fille. » Je semblai réfléchir un instant, puis me mis à agiter deux doigts dans les airs comme les rappeurs américains. « Ici vous êtes à FAKE LOVER, c’pas une émission pour les p’tits branleurs. » D’accord, c’était même pas la peine d’essayer. Je m’arrêtai net, lui jetant un regard en biais. « Tu sais faire la beat box ? Parce que là ça fait pas du tout professionnel quoi. » Je n'avais aucunement l'intention de poursuivre, bien sûr.

Avec mon horrible voix, je m’étais lancée dans un refrain endiablé du tube des Stones, accompagnée d’un magnifique freestyle de xylophone, à en faire tomber les plus mélomanes d’entre nous. Franchement, j’étais réellement à chier et, malgré mes joues un peu rosies, je continuais de m’éclater sur le pauvre instrument. Ensuite ? Ce fut le concerto à deux voix le plus beau de l’univers ; Miss Xylophonics et moi-même étions dans un moment de pur rock’n’roll attitude. « Une autre, une autre . . . non j’déconne ! » Je m’étais lancée cette fois dans un solo, mais elle me fit sourire et me déconcentra totalement. Je me levais, faisant un signe de remerciement comme devant un public. « Je pense que si y’a un défi de création de jingle pour Fake Lover on fait un vrai carton ma fille. » « Mais carrément ! » lui répondis-je, délaissant le xylophone, pour revenir dans le fauteuil fluo. Pauvres de nous ; nous étions en train de nous ridiculiser et même en s’en rendant compte, nous continuions… enfin, Blondie continua et elle passa du rock au rap, avec le plus magnifique des jingles que j'ai pu entendre. Hum, FAUX ! « Ici vous êtes à FAKE LOVER, c’pas une émission pour les p’tits branleurs. » En rythme, je balançais mes épaules et ma tête d’avant en arrière, complètement habitée par ce petit bout de poésie, mais elle s’arrêta au beau milieu de sa complainte. Je fis une moue déçue, fronçant les sourcils. « Tu sais faire la beat box ? Parce que là ça fait pas du tout professionnel quoi. » Je la regardai super sérieusement quoi, faisant mine de réfléchir. « Franchement, je suis encore meilleure en beat box qu’en chant ! » Je m’installais bien au fond de mon fauteuil, en tailleur et me lançait dans un semblant de beat box ; le truc pour m’achever complètement auprès des téléspectateurs quoi. « Oh ! Tu pourrais m’accompagner quand même ! » Elle venait de me laisser seule, livrée à moi-même, en faisant un truc très très très très approximatif, ressemblant plus à du yaourt qu’à autre chose. Tant pis pour elle ; après la danse, j’étais prête à me lancer dans une carrière de musique solo et gagner des millions avec ça. « Tu verras, quand les producteurs regarderont mon solo de xylophone, ils vont m’engager pour faire leur générique ! »

Oona semblait transportée par mon petit morceau d’improvisation, si bien que je me demandais un instant si je n’avais pas un talent d’auteur/compositeur bien caché au fond de moi-même. Les rimes venaient facilement dans ma bouche, sans doute parce que j’étais habituée à les trouver pour remplir les banderoles et les panneaux que je brandissais lors des différentes manifestations écologiques. Lorsqu’elle déclara maîtriser la technique de la beat box j’écarquillai les yeux en poussant un petit « Génial ! » enthousiaste. Cependant, comme je m’y attendais, c’était autant sa spécialité que le chant. Je me mis à rire à nouveau, il fallait avouer que notre crédibilité prenait un petit coup dans l’aile et ça me rendait légère. Je me moquais bien d’être la plus sérieuse du château, c’était déjà arrivé à tout le monde de chanter dans sa cuisine en préparant un plat de riz, de s’adresser à un chien comme s’il s’agissait d’un être humain, de se prendre pour Elvis avec un balai. Sauf à Syssoï peut-être. Alors après tout, pourquoi changer ses habitudes ? Lorsque la demoiselle me reprocha de l’avoir laissée tomber j’émergeai de ma réflexion, esquissant une moue d’excuse. « Oh désolée . . . C’est juste que l’inspiration est partie que veux-tu. On est artiste ou on ne l’est pas ! » Je me laissai tomber en arrière, allongée sur trois poufs fluo, étirant mes bras. Ce petit moment de folie m’avait fait un bien fou. Je me relevai sur mes coudes, jetant un œil attentif en direction d’Oona. « Dis-moi, tu ferais pas de la danse par hasard ? Ou alors t’es la cousine de Lord Artie. » Elle avait cette allure caractéristique des ballerines, ce port de tête haute, ce dos bien droit, un petit quelque chose d’aristocratique.

« Oh désolée . . . C’est juste que l’inspiration est partie que veux-tu. On est artiste ou on ne l’est pas ! » Je secouais la tête, feignant de la consternation, puis je finissais par un léger sourire. En ce qui me concernait, c’était tout vu : je n’étais absolument pas une musicienne et finalement, je me résolu à ne pas continuer une carrière musicale, pour le plus grand bonheur des oreilles. Je regardais la jeune femme –dont je ne pourrais pas dire l’âge, puisque je suis très nulle dans le jeu de deviner les âges des autres – s’allonger sur les poufs. De mon côté, je restais en tailleur, le dos bien droit. « Dis-moi, tu ferais pas de la danse par hasard ? Ou alors t’es la cousine de Lord Artie. » J’esquissais un sourire un peu plus prononcé tout en acquiesçant par un geste de tête pour le début de sa phrase ; puis mon visage changea légèrement d’expression, mon front se plissant après avoir entendu le mot Lord, un peu troublée sur le coup. « Ouai, je suis danseuse classique. Lord Artie ? Artie d’ici ? Il est Lord ? » Pour tout dire je ne le connaissais pas, j’avais juste entendu son prénom par-ci par-là. En fait, je ne m’étais pas encore réellement intéressée à tous les participants de l’émission. Je laissais le temps faire son œuvre et je me contentais des rencontres fortuites, comme celle-ci par exemple. Je m’éclaircissais la voix. « Non non, je ne suis pas de sa famille… quoique je ne dis pas non ! S’il est Lord je-sais-pas-quoi, il doit être pété de tunes ! Il est là pour quoi alors... pour l'amour? » Je faillis rire...

« Je le savais ! » Bon ce n’était pas particulièrement difficile, mais notez que j’était tout de même une bonne observatrice. J’avais repéré cette posture chez Syssoï également, mais avec lui j’hésitai entre ça où un passage à l’armée. Peut-être un camp de redressement. Bref, je reportais mon attention sur ma jolie partenaire de chant avant de froncer les sourcils, réfléchissant. « Ben j’crois bien ouais . . . ou Sir, enfin un truc comme ça quoi. Tu l’as pas entendu parler ? Parce que ça ne passe pas inaperçu. » Ce n’était pas un reproche, au moins avait-il une certaine retenue que d’autres ici aurait mieux fait d’emprunter. En plus il était plutôt amusant à parler comme un roi de France, j’étais certaine qu’il ne me frapperait jamais, n’essaierait pas de me peloter intempestivement –dédicace à Connor-. D’un autre côté il ne m’apparaissait pas du genre surprenant, à pouvoir se lâcher de temps en temps. Mais ça, c’était certainement à cause de son éducation. Peut-être que je me trompais aussi, je ne le connaissais encore que très peu. « Ahah, je ne te voyais pas aussi vénale voyons. Ceci dit c’est mieux qu’un vieux, il est plutôt pas mal dans son genre. » Il fallait avouer qu’il avait des yeux envoûtants. J’imaginais parfaitement Oona tenter de séduire ce jeune riche en bas de son balcon par sa voix mélodieuse, m’esclaffant sans véritable raison. Son autre interrogation m’interrompit. Je m’étais posée exactement la même question sans trouver de réponse. « Je voulais lui poser la question mais il est parti avant. Y’a des chances qu’il n’attende que ça en plus, fonce Oona, fonce ! » lui suggérai-je en souriant, le poing levé. Le pauvre ne devait pas trouver facilement une femme qui fermait les yeux sur son argent. Enfin, si ça s’trouvait il avait été déshérité ou un truc du genre. Le regard fixé sur la demoiselle, je la détaillai longuement. D’un coup d’œil aguicheur, je fis une moue entre la déception et la femme fatale. « Quoi tu n’y crois pas à l’amour avec un grand A ? Pourtant j’pensais qu’il s’était vraiment passé quelque chose entre nous là . . . » Ah ah, la grosse blague. Je l’observai avec un petit air de chien battu comme j’en avais le secret.

« Je le savais ! » L’expression d e mon visage semblait dire « ok d’accord », pourtant il ne me semblait que mon physique, ou ma façon d’être trahissait mon activité. Je n’avais pas l’impression d’avoir l’allure d’une danseuse, au contraire, j’ai cette impression d’avoir toujours mes mimiques de gamines de banlieue. « Ben j’crois bien ouais . . . ou Sir, enfin un truc comme ça quoi. Tu l’as pas entendu parler ? Parce que ça ne passe pas inaperçu. » Je bougeais la tête de droite à gauche, une expression mi-étonnée, mi-amusée. Je n’attendais qu’une chose alors ; de pouvoir parler avec ce fameux Artie. « Je sais juste à quoi il ressemble, mais sinon je n’ai pas encore eu le privilège de l’approcher ! » Ca devait être un vrai privilège de parler à un Lord, un Sir ou un je-ne-sais-quoi beaucoup plus riche que moi. Je ne m’en cache pas ; si je suis ici, ce n’est pour rien d’autre que l’argent. Je n’ai que faire de l’amour, d’une petite amourette et de tout le tralala. « Ahah, je ne te voyais pas aussi vénale voyons. Ceci dit c’est mieux qu’un vieux, il est plutôt pas mal dans son genre. » Vénale était un bien grand mot, mais je ne trouvais pas d’autres mots moins fort pour cela. « Moi ? Vélane ? Pas du tout ! S’il est bien celui que je crois, effectivement c’est beaucoup mieux qu’un petit vieux, quoique si tu veux l’argent… » À quoi je pensais vraiment ! Tuer un petit vieux pour son argent. J’étais peut être une « teigne », mais je n’étais pas assez cruelle pour cela. « Je voulais lui poser la question mais il est parti avant. Y’a des chances qu’il n’attende que ça en plus, fonce Oona, fonce ! » Je lui adressais un sourire artificiel, je n’allais sûrement pas foncer. J’étais une (presque) asociale, incapable de rester trop longtemps en société, n’ayant absolument pas confiance en moi et plus que pessimiste. C’était peut-être aussi pour ça que je n’attendais rien de l’amour, qui m’était inconnu, et encore moins des garçons, encore plus inconnu pour moi… J’suis une vierge de partout, je ne m’en pleins pas, mais je ne le cri pas non plus sur tous les toits. Je regardais Sixtine ; elle est belle et devait vraiment plaire aux hommes ; c’est son partenaire qui devait être content. « S’il n’attend que ça, j’vais sûrement pas accourir pour aller le voir ! » disais-je, elle est folle. « Quoi tu n’y crois pas à l’amour avec un grand A ? Pourtant j’pensais qu’il s’était vraiment passé quelque chose entre nous là . . . » « Mais il s’est réellement passé quelque chose… t’as pas sentit l’électricité dans l’air ? On a le même don pour la musique… on est faite pour être ensemble… » J’éclatais de rire, balançant ma tête en arrière pour ne plus voir sa moue, tenant mon ventre. « Je n’y crois absolument pas ! C’est une grosse connerie ! Je peux te dire que sans amour, t’es beaucoup plus tranquille ! T’y crois-toi à l’amour ? »