W/ SIOMHA
lundi 30 janvier, 16h19.

Quel temps de merde. Non seulement il faisait froid, mais en plus, il neigeait. Neigeouillait. Toute personne saine d'esprit serait restée bien au chaud, à l'intérieur, plutôt que de risquer la pneumonie. Faut croire que Milan n'était pas sain d'esprit. Ayant revêtu un gros pull dont il avait rabattu la capuche sur sa chevelure, le garçon s'était assis sur l'une des chaises métalliques qui décoraient la terrasse, seul et tranquille. C'était peut-être la première fois que le lieu était désert depuis le début du jeu, et il comptait bien profiter de ce lue formidable avant de replonger dans la fosse aux lions. Bien qu'ouvert de nature, il avait besoin de moments de solitude, des fois, histoire de vérifier s'il avait toujours la tête sur les épaules. Ce n'était pourtant pas son endroit de prédilection, en général, la terrasse. La présence des statues le dérangeait. C'était un peu idiot, d'autant plus qu'elles avaient été placées là, lui semblait-il, précisément dans le but d'égayer un peu. Bien que peu impressionnable, c'était sans doute le double épisode de Dr Who sur les anges pleureurs qui l'avait un peu traumatisé. Bref, les pieds posés sur la chaise d'en face, les bras écartés sur les accoudoirs et la tête posée sur le haut du dossier, Milan avait en main sa vieille édition de Huis Clos de Sartre, qu'il avait entrepris de relire, pour la millième fois. « L'enfer, c'est les Autres... » murmura-t-il, son regard figé sur le papier. Sartre avait beau être un vrai con, il avait tout de même pigé certains trucs. Terminant rapidement les deux dernières pages, il referma simplement son livre, songeant à la chaleur agréable du salon qui lui manquait, tout à coup.

Il neigeait. Son regard tombait inlassablement sur les flocons blancs. Sans crainte de la chute, ils continuaient leur chemin et finissaient tous de la même façon, commençant à dessiner un tapis blanc sur le sol. Et qui disait neige disait forcément froid de canard. Fait chier. Elle soupira. Elle n'avait pas le choix: soit elle continuait d'écouter les conversations ô combien intéressantes de ses camarades, soit elle affrontait le froid et la tempête pour sauver ses oreilles abîmées par le son de leur voix. Le choix ne sembla même pas difficile à faire. Puisqu'elle n'allait pas se mettre à partager des anecdotes sur sa vie, elle préféra sortir. Le froid la saisit dès les premiers pas à l'extérieur, picotant sa peau alors qu'un frisson lui parcourut l'échine. Temps de merde. Pensant bêtement que la cigarette serait d'une quelconque utilité dans ce combat contre le froid, elle s'en alluma une et la porta à ses lèvres. Dans ce silence agréable, elle avança de quelques mètres jusqu'à ce que son regard se pose sur un autre fou. Il était assis et l'idée lui traversa l'esprit qu'il était devenu glaçon sans que personne ne s'en aperçoive. Quoique, non, attendez, cela aurait été bien dommage. Elle était presque certaine qu'il s'agissait d'un homme qui figurait en haut de son classement des mecs avec qui elle devait baiser dans ce château. Oui, elle avait un classement et alors? On s'occupe comme on peut. Expirant un nuage de fumée, elle se décida finalement à aller le rejoindre, nonchalante. Lorsqu'elle fût arrivée à sa hauteur, elle ne sut quoi dire. « Ça te dirait qu'on baise? » fût la première de ses idées, certes. Malgré tout, elle resta silencieuse et prit place sur l'une des chaises après avoir envoyé valser la neige qui se trouvait dessus. Sa clope dans la bouche, elle fixa son regard sur le jeune homme, détaillant ses traits un instant.

Étonnant. De légers bruits de pas s'étaient fait entendre sur le sol de la terrasse, indiquant à Milan qu'il n'était désormais plus seul. Quelle autre personne parfaitement folle l'avait rejoint ? Bof. C'était pas si important. Puis le bruit de pas s'arrêta. À côté de lui... ? Le temps qu'il vérifie sa théorie, relevant vaguement la tête, la personne avait déjà bougé, entrant dans son champ de vision. C'était une femme, blonde, à qui il n'avait encore jamais adressé la parole. Il la reconnaissait comme étant cette personnalité sombre dont il avait un peu entendu parler. Ou quelque chose comme ça. Il écoutait peu les ragots. Il ne la regardait déjà plus, lorsqu'elle s'assit non loin de lui, suivant des yeux sans réellement le regarder un oiseau qui avait été suffisamment con que pour rester là, alors que le reste de son espèce avait sans doute déjà migré vers les pays chaud depuis belle lurette. Clignant des yeux, il revint finalement sur terre. Et croisa le regard de sa compagne en tournant la tête. Hm. Étonnant, donc. C'était rare lorsque les gens se permettaient de vous observer avec si peu de discrétion. Le terme de discrétion ne convenait même plus, en fait. Bizarrement, il trouvait ça moins impoli que les fouines qui vous fixent en douce et en faisant mine de rien dès que vous croisiez leur regard. Ça plus que le reste empêcha Milan de lui lancer une remarque sarcastique comme il l'aurait fait dans d'autres circonstances et, curieux, il la détailla en retour. Voulait-elle quelque chose en particulier ? Si oui, quoi? « On m'avait pourtant dit que t'étais quelqu'un de direct » finit-il par railler, se recollant au dossier de son fauteuil.


(c'est nul désolée, je savais pas trop quoi dire :lol:)

Non t'inquiète, c'est parfait.

Sans gêne? Síomha l'était. Et ça lui plaisait bien. Pourquoi devoir freiner ses envies avec des codes de conduite dictés par la société? Devinez quoi? Elle s'en fichait éperdument de la façon dont elle devrait se conduire, elle se fichait que fixer quelqu'un soit impoli. Elle s'en foutait d'une force tellement importante que cela ne lui traversa même pas l'esprit, que ça pouvait être mal vu, comme comportement. Ainsi donc, elle ne s'embêta pas pour suivre du regard les traits de sa mâchoire, les lignes de ses lèvres, la façon dont se dessiner ses yeux. Elle se faisait un plaisir de détailler avec minutie son visage. Puis son regard dévia et descendit doucement sur son corps bien trop habillé à son goût. Quoi qu'il en soit, il semblait mériter sa place dans le classement, il était réellement agréable à regarder. Tant qu'il n'était pas aussi prude que tous les autres candidats qui s'offusquaient dès qu'elle proposait un plan cul, elle, ça lui conviendrait. Cela dit, s'il pouvait être bon au lit aussi, ça serait pas non plus pour lui déplaire. Mais chaque chose en son temps. Après une longue partie de « j'te regarde, tu m'regardes », Milan finit par parler. La belle arqua un sourcil. Directe? Oui, c'est bien vrai, elle l'était. « J'ai envie de baiser. Ça te dit? » Sa voix avait toujours ce ton doux qui contredisait ce que son regard montrait. Si elle ne parlait pas aussi froidement, on pourrait presque croire qu'elle était une fille sympa, après avoir entendu sa jolie voix. Passons. Dommage qu'elle ait eu besoin d'en faire part à haute voix, alors qu'il suffisait parfois d'un beau regard aguicheur pour faire comprendre ce qu'elle désirait. Enfin, maintenant, il était au courant.

Le regard de Siomha se faisait insistant, sur lui. Sur son visage et les moindres recoins de son corps. Milan ne parvenait pas à en être gêné, malgré tout. C'était flatteur, oui, et garçon humble, c'était le genre de regard qu'il peinait à garder sur lui sans faire de remarque pour détourner l'attention. Il n'était pas timide, il n'était pas coincé, mais c'était le genre de regard qui lui donnait l'impression d'être un livre ouvert, sensation dont il avait horreur. Alors, la blonde balança ce qu'elle avait sur le bout de langue depuis le début, il en était sûr. Un fin sourire sarcastique se peignit sur les lèvres de Milan. Baiser. Là? Maintenant? « Et finir comme Jack Dawson. C'est si pathétique. » Était-ce lui qui était totalement insensible ou les autres qui se laissaient aller trop facilement? Pourquoi était-il le seul à ne pas fondre en larmes devant ce film ? Pourquoi, s'il trouvait l'histoire de Rose et Jack belle, la fin le laissait indifférent ? La regardant un instant, lèvres plissées dans une réflexion curieuse, il nota malgré lui qu'elle était belle, vraiment jolie. Il savait qu'il aurait été capable de coucher avec elle. Là, tout de suite, sur la terrasse enneigée. Sans gêne, sans culpabilité. « Je suppose que tu en vaux la peine » finit-il par murmurer, le plus sérieusement du monde, la tête légèrement inclinée. Comme si elle allait dire non. Et un instant, il se demanda si elle allait réellement venir vers lui ou si ce n'était que des paroles en l'air, si elle n'était pas ce genre de femme à aguicher pour aguicher, sans jamais se laisser aller.

Si le langage de Síomha était cru? Vulgaire? C'est ce que certains disaient. Cependant, pourquoi ne pas appeler un chat « un chat »? Elle ne demandait à personne de venir lui faire amoureusement l'amour et ne voyait pas l'utilité de dire les choses ainsi. Ce n'était que du sexe, rien que du sexe, c'est tout. Alors, vraiment, elle avait du mal à comprendre en quoi c'était si choquant qu'elle parle de la sorte. Elle voulait baiser. Point. Mieux encore, elle voulait baiser avec Milan. Il n'y avait pas de raisons particulières à cela. Il était sexy. Elle était sexy. C'était le déroulement naturel des choses. Cela dit, elle dut essuyer un énième refus. Elle ne voyait pas non plus en quoi cela pourrait s'avérer pathétique. Après, chacun son avis hein, mais les hommes qui ont couché avec elle ne se sont jamais sentis pathétiques. Ils l'avaient souvent insultée de la sorte par contre. C'était une toute autre histoire. Elle soupira. Il se révélait être comme les autres. Désespérant. Si elle en valait le coup? Il se posait réellement la question? Bien sûr qu'elle valait le coup. Et ce n'était pas que prétention de sa part, c'était la simple vérité. « Tu pourrais juger par toi-même... » suggéra-t-elle en le fixant de son regard translucide. Elle garda son attention sur lui une seconde, comme pour imaginer ses réactions, ses pensées avant de se mordiller la lèvre inférieure. Sur une impulsion, elle se leva de sa chaise, et doucement, s'approcha du jeune homme. Elle prit place sur ses genoux, posant son poids plume sur lui. L'air de rien, elle continua de fumer sa cigarette jusqu'à ce que celle-ci soit suffisamment consumée pour terminer au sol, soit peu de temps. Son mégot par terre, elle posa sa main froide sur la joue du jeune homme avant de capturer ses lèvres en un baiser, gentiment, doucement, sensuellement.

Ça faisait belle lurette que Milan avait perdu sa petite fleur. Bizarrement, il ne se souvenait même pas de quand il l'avait fait pour la première fois. Quand, où, avec qui. Des questions sans réponses, tant ça lui semblait loin. Ce n'était pas quelque chose d'important ou de précieux, pour lui, la virginité. Ce n'était qu'un soit-disant cap de la vie humaine, le genre d'imbécilité de la même veine que la Saint Valentin. Une connerie faite pour les niais, pour ceux qui accordent trop d'importance à l'amour. Qu'il soit devenu un homme dans les toilettes d'un bar ou dans un hôtel cinq étoiles entouré de pétales de roses et de bougies parfumées, c'était du pareil au même, pour lui. Siomha était sûrement sortie du même moule. Elle avait pas l'air d'être le genre de gosse à catcher la fiche d'identité de chacun de ses amants avant l'acte. La preuve en est par ce qu'elle lui souffla. Était-il utile de crier que ça ne lui posait pas de problème? c'est peut-être ce qu'elle sembla comprendre en tout cas, car elle se leva alors et vint se poser avec légèreté sur ses genoux. Machinalement, les doigts de Milan s'envolèrent jusqu'à dans le bas de son dos. Lèvres closes, il la regarda et c'était tout. C'était peut-être les deux seules choses qu'elle aimait sur terre. La clope et la baise. Comme un écho à ses pensées, seul le temps d'un souffle dans lequel sa cigarette termina par terre, et déjà ses lèvres partaient à la conquête des siennes. Les trouvèrent. Milan se sentit sourire tandis que ses doigts montaient jusqu'à ses hanches. Une chute de reins parfaite. Sans rechigner, sans hésiter, il répondit à son baiser. Pourquoi se priver après tout ? elle avait envie, il avait envie aussi, en fin de compte. Et ses doigts se resserraient autour d'elle, sur son dos, sa taille, son bassin. Il n'y pensait plus tôt, à vrai dire.

A l'instant même où ses lèvres étaient parties à la recherche des siennes, elle s'était attendue à tout. A ce qu'il la rejette, la repousse, l'insulte de tous les noms pour avoir profané sa bouche. Toute sorte de réaction négative qu'elle aurait probablement eu en allant voir les trois quarts des autres candidats. Comme quoi, elle avait visé juste dans son choix, puisqu'il répondit à son baiser, qui s'était presque voulu doux. Elle avait cru comprendre qu'une touche de tendresse mettait les gens en confiance, cependant, maintenant qu'elle avait son accord, elle n'allait plus s'embêter à l'être. Oui, figurez-vous qu'elle ne pouvait pas impunément le violer sans s'attendre à finir en prison. Et cela ne lui disait rien de finir violée à son tour par d'autres taulardes. Vraiment pas. Même si elle était tout le temps en manque... Passons. Elle sentait sa peau se réchauffer alors que ses doigts la parcouraient, l'emprisonnaient de la plus belle façon qui soit. Sa seule envie résidait dans le fait d'enlever les deux couches de vêtements superflus qui l'empêchaient d'apprécier ce contact à sa juste valeur. Malheureusement, la chaleur de son corps n'apprécierait sans doute pas le froid ambiant et les flocons de neige gelés qui tomberaient sur sa peau douce. Ainsi donc, elle se contenta de profiter de ses lèvres, laissant sa langue caresser la sienne. La position de la fille sagement assise sur les genoux de son père ne correspondait pas tellement à la situation présente. C'est bien pour cela que sans quitter ses lèvres, elle se mit à califourchon sur lui, en un mouvement qui n'enleva rien à sa grâce naturelle. Ses mains trouvèrent alors son cou et s'y posèrent délicatement. L'une d'elle fit escale dans ses cheveux en bataille, tandis que l'autre commençait sa descente sur son torse, l'effleurant, le caressant, espérant que ses vêtements allaient subitement disparaitre.

La fraicheur de l'après-midi devenait de moins en moins agressive, alors que Milan et Siomha restaient liés par le baiser qu'ils échangeaient. Même la main pourtant glacée de la jeune femme semblait d'une agréable tiédeur sur sa joue. C'était le genre de plaisirs qui, avec son âme sœur comme avec un parfait inconnu, éclipsait pratiquement tout le reste. La seule conscience qu'on avait encore, c'était cette personne, son âme sœur ou un parfait inconnu. L'homme était un véritable animal. Et Milan n'en avait que faire. Ce qui l'intéressait, là, maintenant, c'était la blonde qui, d'un mouvement souple et aérien, se mouva pour se placer face à lui. Plus facile. Et plus agréable. Le jeune homme put modifier légèrement sa propre posture, redressant le dos et la serrant mieux par la taille. Ses doigts fins lui frôlant le haut du torse et défiant sa chevelure indomptable lui donnèrent légèrement chaud, à mesure qu'il prenait conscience du corps de la jeune femme tout contre le sien. Alors que sa propre main gauche filait encore plus bas, titillant sa cuisse de ses caresses intrépides et curieuses, les lèvres de Milan quittèrent doucement celles de Siomha pour continuer leur découverte, sur son menton, sa mâchoire. La peau de son cou, douce et tiède. Son haut lui sembla tout à coup de trop, et son autre main fila forcer la barrage de ses vêtements qui, au fond, n'avaient vraiment rien à foutre là. Aussitôt, Milan sentit la chaleur de son corps réchauffer le bout de ses doigts.

Son esprit se fit vide. Elle ne pensait plus. N'était plus en état pour cela. Elle n'était plus Síomha, vingt-cinq ans, avec une vie de merde et un caractère insupportable. Elle n'était qu'un corps qui partageait la chaleur d'un autre. Une peau qui s'embrassait, qui frissonnait de désir, de plaisir. Plus rien n'était compliqué, les gestes n'avaient pas besoin d'être calculés, rien n'était prémédité, uniquement leurs corps et les sensations, qu'ils ressentaient, dictaient leur conduite. Comment quiconque pouvait se passer de cela? Chaque ondulation, chaque souffle, chaque baiser la consumait, lui donnait l'envie d'accélérer les choses. Sa main délicate était partie à la découverte de son torse, imaginant sans mal ce qu'il cachait sous un t-shirt maintenant inutile. Elle se chargeait déjà de le protéger du froid par sa simple présence et quelque chose lui disait qu'elle était bien plus douée que ce morceau de tissu. La main qui s'était égarée dans ses cheveux rejoignit l'autre, faisant la course sur ses muscles alors que ses doigts descendaient dangereusement vers son bas-ventre. Le jeune homme commençait à explorer d'autres parcelles du corps de la belle. Les lèvres dans son cou la ravissaient, les doigts, qui se baladaient sur sa peau fine, la réchauffaient d'autant plus. Elle se laissa cajoler, le laissa découvrir ses courbes agréables, la douceur de sa peau, la chaleur qui en émanait et dont il était le seul responsable. Un soupir de satisfaction passa la barrière de ses lèvres malgré elle et c'est avec d'autant plus d'ardeur et d'impatience qu'elle souhaita passer à la vitesse supérieure. Ses mains caressant la bosse qui se formait à un endroit qui était loin d'être surprenant, elle finit par déboutonner son jean, descendant la braguette d'un geste rapide et sans hésitation.