Où étaient-ils ? Ailleurs. Avec qui ? Seuls. Quand ? Tout le temps. Qu'ils soient entourés d'une trentaine de personnes susceptibles, à tout moment, de les surprendre importait peu. N'importait plus. Milan ne sentait même plus le froid qui mordait sa peau aux endroits que Siomha dénudait quelques secondes de ses caresses. Il aurait aimé avoir le corps de la jeune femme entièrement nu, sous ses yeux. Pouvoir l'analyser sous toutes ses coutures, en connaître les moindres détails. Il devait se contenter de le faire sien sous ses vêtements, ce qui l'agaçait et l'attirait en même temps. Mystère et passion s'entremêlaient en un seul acte. Son bas-ventre le brûlait de plus en plus, à présent, et les doigts baladeurs de la belle ne faisaient qu'augmenter ses frissons et son envie. Continuant le sillon enflammé qu'il traçait de ses lèvres sur sa peau, il fit lentement glisser la manche de son haut, libérant son épaule et découvrant un peu plus sa poitrine. Elle avait la chair de poule, il le voyait sur ses seins, lorsque, dégrafant son soutien-gorge, sa bouche partait à l'aventure sur la mince parcelle inconnue qu'il venait de découvrir. Mais il continuait de brûler, et il ne s'attarda pas. Reprenant possession de ses lèvres et son cou, ce furent ses mains qui partirent à la chasse. Ses hanches à nouveau, plus bas, plus bas. Ce fut à son tour de s'ouvrir un passage jusqu'au fruit défendu. Coincé sous son corps, il ne serait pas parvenu à la débarrasser de tout ce tissu superflu mais trop impatient, cela ne l'empêcha pas de continuer à faire voltiger ses doigts, légers comme des plumes en même temps que chauds comme des soleils, sur les demi-lunes de son bas-dos.

Le froid, les caméras, les autres candidats qui risquaient de débarquer, ne constituaient que des points excitants dans cette situation. Sa pudeur s'était éclipsée depuis bien longtemps et elle ne comptait pas la retrouver. Baiser sur cette terrasse était sans doute la meilleure chose qui lui soit arrivée depuis le début de ce jeu. Elle avait déjà trois semaines d'abstinence au compteur. Trois putains de semaines. Elle ne pouvait qu'apprécier la façon dont le plaisir la dévorait, la ravageait, la consumait. Elle brûlait dans un paysage gelé. Le froid atteignait sa peau sans réellement la toucher. Ou peut-être ne le sentait-elle plus. Le feu semblait gagner face à la glace. Elle resta égoïste une minute, profitant pleinement des doigts qui la découvraient, des lèvres qui recouvraient sa peau de baisers. Elle voulait plus. Plus de caresses, plus de frisons, plus de baisers, plus de plaisir. Plus, toujours plus. Elle glissa ses lèvres dans son cou à son tour, laissant ses lèvres, sa langue, ses dents le découvrir, le dévorer délicieusement. Ses mains aussi s'occupaient. Elles exécutaient un repérage à peine innocent par-dessus ses vêtements avant que l'une d'elles se faufile, investigatrice, curieuse, sous son caleçon, morceau d'étoffe qu'elle aimerait voir s'évaporer sous son regard insistant tant il devenait inutile. Des caresses qui ne le laisseraient pas indifférent, elle en était persuadée. S'attardant sur cette partie de son anatomie, ne s'y attardant pas en des effleurements lents, doux, insistants, vigoureux, délicats. Des caresses au gré de ses envies, partageant volontiers le plaisir qu'il lui procurait. Elle alla une nouvelle fois à la rencontre de ses lèvres, lui donnant un baiser passionné, pressé. Plus. C'était à ça uniquement qu'elle pensait. Plus. C'était ce que son corps attendait, demandait.

En y repensant, le fait était que pas une fois les deux amants d'une après-midi ne s'étaient adressés la parole, avant aujourd'hui. Pas même un "bonjour", pas même un "passe-moi le lait". Beaucoup prétendent qu'il est bien plus aisé de confier ses peines et ses états d'âme à un parfait inconnu. En était-il de même pour les états de corps ? Peut-être. Milan n'était pas certain qu'il aurait pu se laisser aller ainsi avec une autre femme du nid. Il n'était d'ordinaire pas le gars à rechercher le plaisir charnel simplement pour le plaisir charnel. C'était une question qu'il aurait pu se poser, oui. À un autre moment. Un autre moment. La seule chose à laquelle il voulait penser, ou ne pas penser du tout, c'était Siomha. Siomha dont les lèvres le transcendaient, dont les caresses le faisaient frémir. Achevant de trahir la fébrilité du brun de ses doigts experts, elle lui arracha un soupir rapidement coupé par un baiser. Impatient, il finit par la débarrasser de son jean. Avec joie et dépit en même temps, avide de plus tout en souhaitant que ça ne finisse jamais. Seuls leurs sous-vêtements respectifs les éloignaient de l'envol final maintenant. À croire qu'ils avaient été créés pour ça. Avec seulement deux doigts, il fit plus lentement glisser sa culotte le long de ses jambes, la laissant atterrir quelque part à ses pieds, où elle était sûrement plus utile qu'à son emplacement initial. Sans même y penser, il glissa ses mains sous les cuisses de Siomha et se releva. La gardant tout contre lui, il l'enferma entre son propre corps et le mur de pierres froides. Ses lèvres n'avaient pas quitté les siennes.

C'était bon. C'était si bon de se sentir fiévreuse de la sorte, de sentir tout son corps à l'écoute. Le plaisir qui la fauchait de toutes parts. Son cœur qui battait la chamade et qui la faisait se sentir vivante. Et il s'occupait tellement bien d'elle, comprenait ses envies sans même qu'elle n'ait à les dire que la satisfaction de ce moment augmentait autant que son désir pour lui. Enfin, son pantalon disparaissait, laissant entrevoir ses longues jambes fines. La fraicheur qui mordilla sa peau ne la déconcentra pas le moins du monde et c'est avec une aisance non dissimulée qu'elle continua ses caresses, satisfaite de voir qu'elles faisaient leur petit effet. Sa culotte prit le même chemin et alla bien rapidement à la rencontre du sol. Soupir de plaisir. Savoir qu'il allait enfin la faire sienne, rien que l'espace de quelques instants, lui donnait encore plus l'envie, le besoin que ce moment arrive. Sans déloger ses lèvres des siennes, elle sentit soudainement un mur dans son dos. Tant qu'il restait près d'elle, que ses mains ne quittaient pas son corps, il pouvait bien l'amener là où il souhaitait. Avec agitation, signe de l'impatience qui la parcourait, elle fit glisser le sous-vêtement de son camarade. Sous-vêtement qui n'était qu'une barrière inutile face à ce qui allait inévitablement se passer. De nouveau, elle captura ses lèvres, enroula ses jambes autour de sa taille, avec la bonne intention de le garder le plus près possible d'elle. Et même le plus près possible ne serait jamais assez proche. Lorsque l'acte se fit enfin, un long soupir s'éleva, ne laissant aucun doute sur le fait qu'elle appréciait énormément ce qui était en train de se produire, s'en foutant comme de sa première chemise de ses doigts gelés, de la froideur ambiante qui lui donnait la chair de poule. La seule chose qui comptait et qui l'importait, c'était le plaisir qu'elle ressentait et qui la faisait inlassablement soupirer.

Comme si le fait de donner du plaisir était encore plus exaltant que le faire d'en éprouver soi-même, l'empressement de la jeune femme le rendait encore plus fou de désir. Il voulait la satisfaire autant qu'il voulait se satisfaire. Question d'ego ? peut-être. Ou peut-être était-ce simplement qu'il avait toujours eu le sens du partage. Cela dit, si elle n'avait pas été dans le même état que lui, ce plaisir sans mot, les lèvres laissant passer soupir sur soupir et cœur au rythme irrégulier, il n'aurait sans doute pas éprouvé la même chose. Elle semblait presque légère comme le vent, dans ses bras, et elle avait beau se mouver contre lui, la porter ne requérait aucun effort dont il avait conscience, tant il était absorbé par ses caresses. Sentant alors ses doigts s'activer sur son jean, libérant Milan des dernières chaînes qui les empêchaient d'être pleinement un, elle lui arracha un nouveau soupir. Ses jambes autour de lui le colla plus encore à sa partenaire, et avec un fin sourire, il consuma enfin leur étreinte. Son esprit alors se fit vide. Vide et léger, tandis que son corps, lui, était lourd. Lourd de désir. La danse de ses reins ne cessait, nuançant sa cadence, répondant comme il ne pouvait à ce que laissait deviner la blonde de ses envies. Seul son souffle précipité sur son cou nu l'empêchait de sentir le froid du vent sur son bassin. Lui-même avait la respiration sifflante, hachée de soupirs graves. Et même temps, il crevait de ne pouvoir être encore plus proche d'elle. Il avait à la fois l'impression d'être inexorablement contre elle, en elle, et d'être à mille kilomètres. Il lui offrit un énième baiser au coin des lèvres avant de cacher son visage dans son cou. Il resta comme ça quelques secondes, continuant à bouger plus bas, encore et encore. Puis il se sentit plus léger tout à coup, et d'un dernier mouvement, d'un dernier soupir, se retira. La respiration toujours un peu saccadée, il lui embrassa une dernière fois le cou avant de se redresser.

Ce moment constituait l'un des seuls où partager devenait une de ses activités favorites. Où elle faisait don de sa personne. C'était bien là l'une des rares exceptions, le seul instant où on pouvait obtenir quoi que ce soit de sa part. La parole était remplacée par des soupirs, de léger gémissements et il n'était plus question de penser. C'était là l'instinct le plus basique chez l'homme, quelque chose d'inné. C'était comme respirer, c'était primitif, simpliste, aisé. Et avec un peu de pratique, c'était d'autant plus plaisant, naturel. Ici, c'était ainsi. Pas besoin d'expliquer par une phrase de trente mots ce qu'elle éprouvait, ce qu'elle appréciait, les si agréables plaintes d'impudicité étaient le fil conducteur. Plus il lui faisait du bien et plus elle tendait le bassin, demandant plus, donnant plus, jusqu'à ce que, cambrant le dos, comblée, elle le sentit se retirer. L'envie de bouger n'était pas présente, elle souhaitait être tout contre lui encore un court instant, se concentrant sur sa respiration irrégulière, les martèlements désordonnés de son cœur. Lorsqu'elle fût finalement bien imprégnée de ces sensations, elle libéra doucement son emprise puis elle alla capturer une dernière fois ses lèvres avant de souffler un énigmatique: « Merci. ». Merci pour cette contribution dans sa vie de débauche. Merci d'avoir pris soin de son corps pendant un instant. Merci d'avoir fait battre son cœur plus rapidement, lui rappelant qu'elle en avait un malgré tout. Merci de lui avoir donné des sensations si agréables qu'elle aurait préféré mourir plutôt que ça s'arrête. Malheureusement, elle savait que le froid allait revenir. Qu'il allait s'abattre sur elle, comme s'il n'attendait que ça. Elle le savait, c'était inévitable. Elle se détacha de lui, le contourna afin d'aller récupérer ses fringues, qui trainaient ci et là. Ils étaient froids, eux aussi. Et sur sa peau, ils semblaient désagréables. Surtout après cet instant où elle n'en avait très clairement pas eu besoin. Elle projeta alors de retourner au château avant que la température de son corps ne diminue considérablement. Elle baisait et elle se tirait, sans un regard, sans un mot. C'était comme ça que ça fonctionnait. Et quelque chose lui disait qu'il n'en attendait pas moins de sa part.

Un simple mot s'échappa des lèvres de la belle. Comme un cadeau, elle l'avait embrassé une dernière fois avant de se défaire de sa prison. La laissant glisser entre ses mains, il resta silencieux un instant, se contentant de respirer un bon coup, comme pour se remettre les idées en place. Un vague sourire gagna ses lèvres mais il ne répondit pas. Il n'y avait rien à dire. "De rien" aurait été ridicule, tout autant qu'un "avec plaisir" ou n'importe quoi d'autre. Et le silence convenait bien. Le silence avait cette qualité de dire tout ce que les mots étaient incapables d'exprimer. Le silence n'avait jamais gêné Milan. Au contraire, il n'hésitait pas à se plonger dans le mutisme lorsqu'il le jugeait nécessaire. En l'occurrence, c'était une juste suite à ce qui venait de se passer entre eux. Le calme, le bien-être. Tout comme lui, elle n'ouvrit pas la bouche. Bizarrement, ça l'aurait presque mis mal à l'aise qu'elle le fasse. Mais elle ne semblait pas être de celles qui aimaient à discuter après l'acte. Ni même avant, ni même jamais. Il la remerciait pour cela. Réajustant son pull et remontant distraitement son jean, il tourna à son tour les talons. Elle revêtait également les morceaux de tissus inutiles qu'il lui avait arrachés pas si longtemps auparavant. Tous deux ainsi rhabillés, on aurait pu croire que rien ne s'était passé. Qu'ils n'avaient jamais partagé un moment de pur extase. Passant machinalement les doigts dans ses cheveux, il la regarda un instant. Elle était sur le point de filer, ça se voyait à son expression. Un regard éloquent et curieux à son égard, et il se détourna sans un mot, la laissant seule sur la terrasse.