La plupart des candidats bouquinaient tranquillement dans un coin de la maison, lovés sur un fauteuil, attendant patiemment l’heure d’aller se coucher. Pour ma part je n’étais pas convaincue par l’utilité de me morfondre à nouveau sur une autre œuvre de Shakespeare, et je m’ennuyais profondément. Rechercher le contact avec un autre candidat m’aurait sans doute occupée pendant quelques temps, néanmoins je ne trouvais personne à ma portée sur qui j’aurais pu me jeter comme un vampire assoiffé de sang. J’avais rapidement pris la résolution de profiter des bienfaits dissimulés derrière la grange, poussant la porte du jacuzzi les yeux brillant d’une lueur de désir. Je rêvais de ce moment depuis longtemps. Me glisser dans ce bain bouillonnant, m’y assoupir peut-être, détendre tous les muscles noués de mon corps. Je m’empressai de défaire mes vêtements, les jetant sur une chaise posée dans un coin, ne gardant que mon maillot noir. Je trempai mon pied nu dans le liquide brûlant, poussant un soupir de soulagement. L’idée de ce qui m’attendait était presque aussi délicieuse qu’imaginer tous les déchets de la planète pulvérisés en un claquement de doigt. Oui bon, chacun ses priorités. J’immergeai totalement mon corps, les yeux fixés sur la porte qui restait obstinément close, dégrafant mon haut de maillot d’un geste lent. Il glissa dans le jacuzzi à mes côtés, juste au moment où je distinguai un bruit inhabituel dans le calme ambiant. Dites-moi que je rêve. Je me hâtai d’effleurer le bouton mettant en marche le mécanisme, ce qui déclencha aussitôt une mousse épaisse sous laquelle je dissimulais mon corps jusqu’aux épaules. De la main droite je cherchai frénétiquement mon haut de maillot en vain, le morceau de tissu ayant décidé de voguer vers d’autres horizons. J’entrepris de me déplacer, utilisant mes pieds afin de sonder le fond du bassin lorsque la porte s’ouvrit sur mon visage angoissé. Connor. Merde. Re-merde. Je restai figée un moment avant de lancer au hasard. « Je te déconseille de venir, non vraiment. L’eau est tiède et en plus j’ai repéré une mouche morte qui doit être en train de naviguer au gré des jets. » J’esquissai une moue dégoutée sans grand espoir de réussite.

La nuit était calme, la température extérieur plutôt clémente, je ne me lassais jamais d'observer la mer se jeter contre les falaise, encore et encore. Ce spectacle m'émerveillait, il m'inspirait un sentiment de liberté, pas la liberté qu'on nous avait subtilisé en nous enfermant à l'intérieur de cette bâtisse. Une autre liberté, une liberté plus abstraite qui m'avait manqué à un moment donné et que je me surprenais à imaginer. L'imagination était tout ce qui me restait de cette sombre période, le bruit apaisant, je me laissais bercer par les clapotis de l'eau. Jusqu'à ce que cette sensation ne m'agace. Comme tout ce que je faisais, je finissais toujours par me lasser, de tout et de tout le monde. Si bien que je foutais le camps, retournant vers la maison qui me semblait bien paisible elle aussi. La nuit était jeune encore pour que l'idée d'aller me coucher ne m'effleure. Non, au lieu de cela, j'avais envie de goûter aux délices du jacuzzi, et sans mes vêtements cette fois-ci. La salle de bain était vide lorsque j'y pénétrais, ainsi je pus me changer en toute discrétion, avant de me rendre jusqu'à la grange, qui était malheureusement éclairé. J'osais espérer que personne n'ai songé à la même chose que moi. Passer du temps avec quelqu'un ne me dérangeait pas plus que de raison, mais exposer mon corps molesté, nettement plus. Je poussais la porte pour découvrir, le visage décomposé de Sixtine qui semblait aussi ennuyé que moi. Et merde. Elle s'empressa d'ailleurs de me fournir supposé me décourager mais qui au contraire, me fit me conforter sur l'idée que j'avais eu raison de venir. « C'est pas grave, j'ai peur de rien moi, j'suis un mec un vrai. » Je bombai le torse fièrement tout en commençant à me déshabiller. Je l'observe du coin de l'oeil tandis que je m'apprête à entrer dans le bassin à remous. « Qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est ce que tu caches comme ça. » J'arquais un sourcil, me stoppant dans mon ascension, les pieds dans l'eau, je constatais d'ailleurs qu'elle était particulièrement chaude.

Je haussai mes sourcils et tordis ma bouche en un rictus qui voulait clairement dire « mais bien sûr. » J’suis un mec, un vrai. Ouais, ben c’était justement ça le problème. Et puis les vrais mecs n’aimaient pas forcément les mouches crevées dans le jacuzzi . . . Je fus passablement déçue de voir que mes efforts ne furent aucunement récompensés, Connor passant totalement outre mes mises en garde. D’un côté je n’en étais pas particulièrement étonnée, il fallait dire que l’angoisse était écrite sur ma tronche, comme si des lettres lumineuses gravées sur mon front indiquaient « je viens de faire une connerie. » Ca avait toujours été le cas d’ailleurs, d’aussi loin que je me souvienne. ‘Jolies fesses’ n’avait pas eu à m’observer très longtemps pour comprendre que quelque chose clochait. Déjà il m’interrogeait sur ce que je pouvais bien cacher. J’hésitais entre « je viens de perdre mon soutif dans le jacuzzi » ou « mes seins nus dans la mousse, crétin », cependant je m’abstins de toute franchise de ce genre, espérant encore que la supercherie ne soit pas découverte. Je tentai de reprendre contenance en détendant les muscles de mon visage, affichant un sourire légèrement crispé. « Moi ? Mais rien voyons, que vas-tu imaginer . . . » Il entrait présentement dans la partie du bain bouillonnant que je n’avais pas encore explorée, et je fus donc contrainte de me rapprocher de lui de manière parfaitement innocente, avec autant de grâce qu’un chien mouillé qui tentait de rejoindre le rivage. Il fallait dire que me déplacer tout en essayant de ne pas bouger mon buste était une épreuve particulièrement épineuse. A quelques centimètres de lui, je remarquai enfin les cicatrices qui zébraient son torse. Je m’arrêtai soudain, me rendant compte qu’avec cette histoire de maillot je n’avais même pas songé à détailler son corps. Simple minutie de ma part et non volonté de lorgner sans vergogne sur les mâles du château, parce que figurez-vous qu’une nudité pouvait dévoiler un secret. Comment ça pas crédible, pf. J’effleurai un moment la chair blessée du bout de mon index sans permission, comme fascinée par la plaie, le retirant aussitôt lorsque je me rendis compte que ce geste était sans doute déplacé. Après tout, nos rapports les plus intimes s’étaient résumés à une morsure dans les fesses, ce qui n’ouvrait pas en soi un droit au toucher de torse auquel je me livrais présentement. Je relevai les yeux, lui lançant un regard où se mêlaient surprise et compassion. « Je pensais vraiment y être allée moins fort à la soirée . . . » décidai-je de lâcher avec ironie. Non non, je ne sautais pas sur l’occasion de l’interroger sur la provenance de ces blessures. Du moins, pas encore. « Tu as des tatouages aussi, ou la panoplie du bad boy s’arrête ici ? » Je lui lançai un regard taquin, en oubliant totalement de tâter le fond de la piscine pour retrouver mon bien.

Je n'étais peut être pas le type le plus malin de la terre, ceci dit, ça ne sous-entendait pas non plus que j'étais le derniers des crétins que ce soit bien clair. Il ne fallait pas sortir de l'école de fils à papa d'Artie pour savoir qu'elle mentait. Peu crédible, la réponse de Sixtine déclencha un rictus, qui ressemblait légèrement au sien quand je lui avais annoncé être un vrai mec. Certes, je n'étais pas un froussard, néanmoins je n'étais pas un de ces gros porcs qui ne se lavaient qu'une fois par semaines et qui ne craignaient pas les bestioles crevés dans leurs bains. Si le visage de la belle n'était pas aussi expressif et peu convainquant, j'aurais sûrement réfléchit à deux fois avant de pénétrer dans le bassin. Installé face à la demoiselle qui continua à se discréditer, je souriais à nouveau face à sa réponse. « Que tu me prends pour un crétin par exemple. » Je la défiais du regard me mordillant la lèvre afin d'empêcher au rire gras qui se présentait au fond de ma gorge. Je ne cessais de l'observer, bien décidé à découvrir son petit secret, ce qui la rendait aussi nerveuse en ma compagnie. Mon expression se figea lorsque je sentis son index effleurer mon torse, j'étais trop préoccupé à chercher la moindre anomalie que je n'avais pas vu Sixtine se rapprocher de cette manière à mes côtés. Je restais de marbre, ne lui offrant aucun moyen de savoir que j'étais à ce point gêné. A vrai dire qu'elle me touche ne me dérangeait pas outre mesure, c'était une fois encore ces cicatrices qui me causaient autant de problèmes, elles m'insupportaient, ce n'était pas quelque chose dont j'étais fier, cependant, j'essayais de donner le change comme à chaque fois. « Si seulement, et tout ça pour rien en plus... » Ironisais-je à mon tour, légèrement provocateur tandis qu'elle enchaînait déjà avec une autre question. « Juste un tout petit ici. » Lançais-je en dévoilant l'intérieur de mon avant-bras, où une petite phrase en gaélique était inscrite y était inscrite. « Alors, je t'excite toujours ? »

Le prendre pour un con ? Oh non, loin de moi cette idée . . . Bon peut-être un peu certes, mais cela aurait pu marcher, sans vouloir offenser son intelligence. Il fallait avouer que le surnom Cro-Magnon clignotait dans ma tête chaque fois que je le croisais, comme pour Syssoï d’ailleurs, je m’étais par conséquent peut-être livrée à une conclusion hâtive concernant sa capacité de réflexion. Les hommes des cavernes n’étaient guère réputés pour leur qualité de discernement. Un fin sourire se dessina sur mes traits tandis que je l’imaginais glissé dans une tunique des Pirrafeu. Il serait tellement séduisant. Je trouvai son manque de réaction à mon toucher étrange, ce qui dénotait un certain malaise. Je m’étais attendue à n’importe quoi, du reproche au sourire vicelard, cependant il resta aussi stoïque que la statue qui décorait l’entrée du château. Je n’y prêtai guère plus d’attention pour le moment, préoccupée par une autre affaire de la plus haute importance. Je me déplaçai dans le bouillon vers la droite, explorant une autre partie du bassin du bout de mes pieds. J’y étais presque, ne me restait plus que quelques centimètres à sonder pour récupérer mon bien, à condition qu’il ne soit pas en train de se balader au gré des bulles. Franchement, j’avais été une véritable idiote. Le tatouage que me dévoila le jeune homme détourna un instant mon attention. Je me retins de passer mon doigt sur l’écriture noire, même si j’en mourrais d’envie, me contentant de la décrypter. « Et qu’est-ce que ça dit ? » lui demandai-je pour gagner du temps. J’étais une irlandaise vivant en Ecosse, pensez bien que je savais parfaitement déchiffrer ce genre de choses, cependant je tentais d’obtenir un sursis. En vérité je n’étais pas particulièrement gourmande des tatouages, mais les mots gravés dans la chair me séduisaient. C’était une belle façon de faire passer un message, et ça avait pour moi plus de signification qu’un signe chinois ou qu’un dessin tribal incompréhensible. « Plus que jamais » lui glissai-je dans un sourire taquin. Je me mordis la lèvre inférieure, soutenant son regard. Je ne plaisantais qu’à moitié, il fallait avouer que malgré ses manières de Cro-Magnon, il était loin d’être désagréable à contempler. Je m’enfonçai un peu plus dans l’eau, voilant ma bouche, mes doigts venant racler le fond de la piscine. Il me semblait avoir perçu un truc dans le coin, mais à la place je me retrouvais à caresser la cheville de Connor. Décidément . . . Il penserait que je cherchais toutes les excuses pour le toucher, et j'espérais qu'il ne prendrait pas cela pour un signal de départ. Je retirai aussitôt ma main en toussotant d’un air gêné. Ce fut le moment parfait que choisis le mécanisme bouillonnant pour s’arrêter, la mousse se dissipant progressivement sur mon corps à moitié nu. Visiblement, le temps était écoulé. Déjà ? Bon sang de bon soir, je me demandais s’il ne s’agissait pas d’un coup vicieux de la production. Mon visage se décomposa un instant, mes yeux s’écarquillant tandis que ma bouche s’entrouvrit sans prononcer le moindre son. Je plaquai vivement mes bras contre ma poitrine, cherchant désespérément mon haut de maillot de mes yeux bleus affolés au milieu de l’eau qui retrouvait sa clarté.

En y repensant, j'avais peut être agit un peu trop indifféremment lorsqu'elle m'avait touché. Mon manque de réaction, allait sûrement paraître plus étrange qu'un regard lubrique. Néanmoins, elle venait de mettre le doigt sur ma plus grande faiblesse, ce qui m'ébranlait, ce que je ne supportais pas dévoiler. Et voilà qu'elle venait de mettre le doigt dessus. Mes états d'âmes furent rapidement balayées par l'attitude étrange dont elle faisait preuve actuellement. C'était comme si elle cherchait quelque chose, ce qui expliquait sûrement son attitude dès son arrivée. Mais je n'eus pas le temps de m'attarder dessus puisqu'elle s'empressa de me demander ce qu'indiquait mon tatouage. Mon visage retrouva son sourire lorsqu'elle m'interrogea, l'encre énonçait, une phrase qu'elle se semblait pas pouvoir décrypter, pourtant, son accent me laissait entendre qu'elle était irlandaise. Ce qui en soit n'était pas étonnant, tous les Irlandais ne connaissait pas le Gaélique, pourtant je ne pouvais pas m'empêcher de sourire outrageusement. L'inscription révélait une petite phrase Ní mar a shíltear a bhítear qui me correspondait au plus haut point, et qui avaient toute son importance dans le jeu. « Ça dit que la curiosité est un vilain défaut. » Murmurais-je, d'ailleurs, je riais aux éclats lorsqu'elle avoua sur un ton particulièrement équivoque que je l'excitais. « J'ai toujours su que le coup du mordillement de fesse était une excuse, t'es folle de moi ça crève les yeux. » La taquinais-je sans ménagement tandis que nos iris ne croisaient longuement. Après ce petit intermède, elle reprit son petit manège, se dandinant étrangement dans le bassin, elle en vint même à tripoter ma cheville du bout des doigts. Si bien que j'arquais un sourcil, cette fille était bizarre. « Mais qu'est-ce que tu fo... » Demandais-je interloqué lorsque les bulles s'arrêtèrent soudainement, dévoilant ainsi sous mes yeux ébahis sa poitrine dénudée, sur laquelle elle s'empressa de plaquer ses mains. Aussitôt, un large sourire se dessina sur mes lèvres, c'était donc ça qu'elle voulait m'empêcher de découvrir depuis le début. Intéressant. « T'es à poil j'y crois pas. » C'est à ce moment là que Cupidon, ou du moins la production vicelarde de l'émission, décida de nous envoyer LA fameuse musique que tous les candidats craignaient tant. Celle où on était supposé s'embrasser dans l'instant ou perdre immédiatement 1 000€. « J'imagine que t'as pas envie de perdre de l'argent... » Lançais-je en me rapprochant dangereusement de la jeune femme, mes lèvres à quelques centimètres des siennes, sentant son souffle se heurter contre ma bouche. En tout cas, je n'avais clairement pas envie de perdre quoi que ce soit pour un baiser... Tandis que je sentis un truc effleurer ma cuisse, son maillot incontestablement, je l'attrapais discrètement alors que mes lèvres touchèrent les siennes doucement.

Je me contentai cette fois de toucher avec les yeux, parcourant son bras tandis qu’il me révélait la signification de son tatouage. Ca disait plutôt que les choses n’étaient pas toujours ce qu’elles paraissaient. Peu probable qu’il se le soit fait graver tout particulièrement pour l’émission, et cela me parut révélateur. Alors comme ça Cro-Magnon était autre chose que du muscle et de la drague éhontée ? Information enregistrée, même si je m’en serais bien doutée. Il n’aurait certainement pas été sélectionné pour faire partie de notre belle brochette de candidats s’il en avait été autrement. Je ne pus m’empêcher de sourire à mon tour lorsqu’il prétendit avoir mis le doigt sur mes intentions depuis notre première soirée organisée au château, malgré la recherche furtive que je poursuivais dans l’eau. Je relevai l’usage du terme ‘‘mordillement’’ à la place de morsure sauvage, certainement un moyen de minimiser son agression et l’atteinte évidente à sa virilité. « J’ai toujours été mauvaise pour cacher mes véritables sentiments. » Je papillonnai des yeux un instant, surenchérissant en le confortant dans sa petite théorie. J’étais presque parvenue à mes fins sans que Connor ne se doute de rien –qu’il me prenne pour une folle qui lui caressait la cheville de façon imprévisible était encore préférable-, lorsque le jacuzzi retrouva une surface parfaitement lisse. J’étais persuadée qu’il avait eu le temps d’entrapercevoir un morceau de chair avant que je n’intervienne pour soustraire à sa vue ma poitrine dénudée, et il ne se priva pas d’une réflexion sauce Cro-Magnon. « T'es à poil j'y crois pas. » Merci pour la discrétion et la subtilité ! « Pas à poil, crétin » balbutiai-je, perdant toute contenance. Encore heureux, j’aurais été bien en peine de dissimuler mon corps à sa vue s’il en avait été différemment. Mes joues prirent cependant une teinte rosée tandis que je mourrais de honte. N’y avait-il pas de situation plus embarrassante que celle-là ? Comme pour répondre à mon interrogation silencieuse, une charmante musique résonna dans la grange. Non mais il se foutait de ma gueule Cupidon ? Je n’éprouvai que le désir de sauter à la gorge du chérubin, toutefois, comme le soulignait le jeune homme, je n’étais pas prête à perdre une partie de ma cagnotte. Elle avait déjà été amoindrie par mon buzz inconsistant, et je comptais bien m’attaquer à d’autres candidats. Mais pour cela, il me faudrait conserver mes gains intacts. Ma combativité éludant toute gêne, je ne tentai rien pour échapper à ce baiser dicté par le bon vouloir de la production, sentant un morceau de tissu chatouiller mon genou. A peine l’effleurai-je de mes doigts qu’il glissa soudain du côté de Cro-Magnon. Oh le con, il venait de me subtiliser mon haut de maillot en tentant de profiter de la diversion que m’offraient ses lèvres. Douces, sucrées, je pris le temps de profiter de cet échange en laissant retomber mes bras, dernière barrière entre lui et mes seins dévêtus. J’appuyai ma poitrine contre son torse sans faire davantage de manières, l’obligeant à reculer contre le rebord du bassin, entrouvrant mes lèvres pour prolonger ce baiser indécent. Je glissai une main dans ses cheveux bruns, caressant sa nuque, tandis que mes autres doigts se rapprochaient des siens. Je tentai d’ignorer la vague de chaleur qui s’insinuait insidieusement dans mon corps, rendant mes lèvres avides des siennes et de cette volupté que je désirais ardemment. Au-delà des apparences, tout cela n’avait pas pour but de constituer les prémisses d’un accouplement, et j’accélérai donc le mouvement de ma main droite en la refermant sur mon vêtement. Je tirai d’un coup sec tout en détachant mes lèvres non sans une pointe de regret, attrapant sa crinière pour rompre notre baiser. Moi aussi, je savais tirer avantage des diversions. Pourtant malgré mes efforts l’objet ne semblait pas vouloir rejoindre son propriétaire, restant obstinément en sa possession. « Fétichiste. » Un léger sourire vint éclairer mon visage, mon regard le défiant ouvertement. Il saisirait sans doute la moquerie de mes propos, car je n’avais sérieusement jamais envisagé qu’il ait souhaité dérober un souvenir afin de se livrer à des pratiques que je ne préférais pas imaginer, le nez collé contre mon maillot. Cependant il n’aurait pas le loisir de me voir le supplier pour récupérer mon vêtement, plutôt mourir. Je lui tournai le dos, m’extirpant du jacuzzi avec fierté avant d’attraper mes habits, m’exhibant sans plus de pudeur. De toute manière il était déjà bien trop tard pour préserver ma nudité, et j’étais convaincue que je n’étais ni la première ni la dernière fille dont il verrait les seins. La tête haute, je quittai la pièce non sans lui jeter un regard perçant relativement insondable, l’expression de mon visage parfaitement maîtrisée. Je lui faisais ainsi ignorer que je bouillais intérieurement, essayant vainement de démêler la frustration, le plaisir, l’agacement, et tout un tas d’autres sentiments contradictoires. Prochaine étape : une bonne douche glacée.