Je m’apprête à me mettre en position du lotus, m’asseyant sur le sol de la salle de sport, lorsque je prends conscience de mon erreur. Oh non zut, Ruben ne pratique sûrement pas le Yoga lui, et mes exercices quotidiens seront donc bannis pour la semaine. Je grogne un moment, ça il le fait aussi, puis je soupire bruyamment. Ca commence déjà à me faire chier cette mission. Mon regard erre dans la pièce, s’arrêtant jusqu’à un banc de musculation au bout duquel se trouve la fameuse barre entourée de poids que soulèvent tous les hommes en tentant de battre des records. Je m’allonge en position, puis prends une voix d’homme plus ou moins réussie afin de commencer à m’entraîner pour mon nouveau rôle. Je tente de rassembler toutes les informations dont je dispose sur lui. « Je suis un gros gorille poilu, et j’adore m’énerver pour un rien, surtout quand on touche mon verre de menthe à l’eau. » J’ai d’ailleurs apporté une collation de ce genre qui repose à côté de la machine, afin de m’habituer à boire comme lui. Je tente de soulever la barre des bras frêles, poussant de toutes mes forces, mais les poids sont bien trop lourds. Mon visage rougit comme une tomate, et je décide de laisser tomber ma veine tentative. « En fait, je ne suis pas si balèze que ça malgré ma carrure de mec vachement musclé. J’dois avoir un peu de gras ici et là. » Je ris, d’un rire grave et gras. Un peu comme le papa Noël que l’on imite en faisant ‘oh oh oh’. En fait c’est moi qui suis trop chétive pour soulever ce truc dont Ruben ne ferait sans doute qu’une bouchée, mais je me tape un délire personnel relativement inquiétant. Je me redresse sur le banc, sirotant mon verre en grimaçant. Berk, comment il peut boire ça c’est dégueulasse. En fait, je déteste la menthe. « En plus j’ai des goûts de chiotte, et pas seulement pour les fringues. » Je lorgne en direction des bretelles tendues comme un string qui m’écrasent la poitrine, plantées dans le pantalon qu’elles remontent au niveau de mon nombril. J’ai l’air d’un clown accoutrée comme ça, et c’est sans compter les chaussettes à carreaux que j’ai dénichées dans ses affaires. Mé-mo-rable. « Y’a que pour les meufs que j’ai un minimum de bon sens. Quoique je n’ai jamais dragué Sixtine, faudra que je remédie à cette erreur impardonnable. » Ou pas. Je prends un air boudeur, me grattant le menton en avançant le torse. Putain, j’ai pas fini. Je suis absorbée par mon petit monologue, tant est si bien que j’élude tout le reste autour de moi. Il pourrait y avoir une dizaine de candidats accoudés à la porte que je ne les aurais même pas remarqués.

En ce moment, j'étais quelque peu sur les nerfs et me défouler à la salle de sport me faisait un bien fou. Si au début je rechignais un peu à l'idée de suer comme un porc pour perdre un ou deux grammes par séance, c'était désormais une habitude que j'avais prise bien que cela ne se devinait pas au premier abord. Il fallait bien l'avouer, je n'avais pas un physique à la Syssoi mais m'en contentais très bien. Je n'avais pas des muscles saillants, comme ceux qui peuvent affoler les petites minettes. Bref je n'étais pas hyper bien foutu, et avais plutôt la peau sur les os. Cet après midi, en arrivant à la salle de sport, je fus surpris de voir que, pour une fois, je ne serais pas seul. Merde. Moi qui voulais être tranquille, c'était rappé. Et quelle ne fut pas ma surprise en découvrant Sixtine, en train de soulever quelques poids avec difficulté. Mais qu'est ce qu'elle foutait là ? Et, surtout, pourquoi portait-elle mes vêtements ?! Je me souvins soudain que la demoiselle avait reçu pour mission d'être moi, toute la semaine. Une mission qui me fit beaucoup rire, mais qui semblait emmerder plus qu'autre chose Sixtine. La pauvre avait revêtu quelques uns de mes vêtements les plus affreux, j'osais bien le dire, tels que mes chaussettes à carreaux et mes très fameuses bretelles. Je surpris alors la jeune femme en train de parler en mon nom, et pas vraiment en bien. Je n'étais donc qu'un gorille poilu qui s'habillait mal, qui s'énervait pour un rien, qui buvait de l'infâme menthe à l'eau et qui avait probablement un peu de gras, au lieu de muscles. Ma foi la description qui avait été faite de moi n'était pas bien flatteuse, mais terriblement vraie. J'étais le premier à me critiquer, alors je ne pouvais que confirmer ce que venait de dire Sixtine. J'avançai alors à travers la salle, en direction de la demoiselle, puis m'écriai : « Alors là bravo ! Je n'aurais pas su mieux me décrire ! Franchement c'est trop vrai. », avant d'ajouter tout en tournant sur moi-même « Ah, et si je ne t'ai encore jamais draguée, ne t'en fais pas ça ne saurait tarder. Laisse moi juste quelques jours pour me remettre de cette vision tout simplement hideuse de toi dans mes fringues. » C'était pour ne pas lui dire qu'elle ne ressemblait tout bonnement à rien dans cet accoutrement. J'espérais mieux porter ses vêtements qu'elle. La semaine allait sans doute être très longue pour Sixtine. Très, très longue.

Je me redresse sur le banc lorsqu’une voix retentit au milieu de la pièce. Je reconnais aussitôt Ruben, pour l’avoir observé discrètement afin de m’inspirer de son mode de vie gorillesque. Oh punaise, malheur, grands dieux ! Je me fige instantanément, persuadée qu’il va m’agresser physiquement, me tordre le cou, s’énerver comme un pitbull. Et là, en deux répliques, il fait tomber le château de cartes en un souffle puissant. Mes muscles se détendent soudain, je n’aurais pas besoin de puiser dans mes techniques de Krav Maga pour contrer une offensive. En fait, il est plutôt cool le Ruben non ? « Tu as vu ça, nous savons si bien nous juger que je n’en reviens pas. » J’éprouve comme une certaine honte à m’être imaginée un gorille en puissance, avec tous les attributs qui vont avec, affublé d’un caractère de cochon en prime. Enfin, peut-être qu’il fait semblant de donner une bonne image pour que je l’imite de façon favorable. Ah ah, ce serait tordu quand même. Je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire, mais je le chasse rapidement pour laisser la place à une moue vexée parfaitement simulée. Quoi, parce qu’il n’a jamais prêté ses fringues à l’une de ses conquêtes passées ? Bon, j’imagine que si c’est le cas, la demoiselle n’a pas choisi le pantalon à bretelles. « Eh oh, ne nous insulte pas je te prie. » Je dit ‘nous’, ce pronom regroupant les Ruben, bien entendu, même si ce n’est en fait que la Sixtine qu’il vise. Mais étant donné que je suis lui, bref. Ca devient compliqué cette mission. « Faudra y remédier la semaine prochaine alors, quand la Sixtine sera de retour. » Je lui jette un clin d’œil aguicheur, alors qu’en fait je n’ai pas spécialement envie de me faire draguer par le Rubinou. Non voyez vous, je ne suis pas ici pour emporter le plus grand nombre de trophées sexuels, contrairement à Siomha ou Lhoas. Cela dit se faire draguer n’est jamais désagréable, vous en conviendrez. J’aimerais bien apprendre à le connaître un peu, lui poser des questions personnelles, mais je ne suis pas dans la meilleure position qui soit. Je suis censée tout savoir de lui puisque je l’incarne, par conséquent je suis dans l’impossibilité de me renseigner plus en détail, à moins de simuler une amnésie dissociative qui n’aurait touché que l’une de ses personnalités, soit moi. Ouais non, ce n’est pas très crédible. Je décide alors de m’aventurer sur un autre terrain, un peu plus glissant. « D’ailleurs, avons-nous l’intention de dragouiller d’autres candidates afin de sortir du désert dans lequel Moore nous a si tristement jetés, ou savons-nous contrôler nos hormones ? » Bon, je pense qu’en utilisant la méthode de la conscience qui s’adresse à son propriétaire –la conscience étant moi-, on peut essayer d’avoir une conversation. Sinon il faut que je me contente de répéter ce qu’il dit, et ça risque vite de devenir chiant. Dans le même temps, je parviendrais peut-être à récolter quelques précieuses informations.

J'en découvrais vraiment tous les jours sur mes camarades. J'avais eu pas mal d'à priori sur Sixtine, dont je n'avais très franchement pas entendu que du bien, mais finalement la demoiselle s'avéra être pleine d'humour, et même si cela devait sans doute la faire bien chier de se retrouver en "Ruben bis" cette semaine, elle assurait en tout cas dans son rôle et y mettait tout son cœur. Du moins, c'est ce qui en ressortait. Sixtine avait débité un petit monologue me concernant, qui n'avait pas été très flatteur certes, mais qui me fit tout de même sourire. J'avais alors complimenté mon alter égo pour sa grande perspicacité. Elle ne me connaissait pas très bien, mais bordel ce qu'elle avait vu juste. Jamais portrait n'aura été aussi ressemblant. « Tu as vu ça, nous savons si bien nous juger que je n’en reviens pas. » Ah d'accord. J'allais donc avoir droit à l'emploi de la première personne du pluriel. Remarquez, cela allait plutôt bien avec la situation. Bon ça faisait un peu bizarre, mais j'allais sans doute m'y habituer. « C'est juste époustouflant. » J'en rajoutais un peu, d'accord, mais je voulais entrer dans son jeu. Après on allait dire que j'étais le gros rabat-joie du nid. J'avais tout de même souligné le fait que mes fringues ne lui allaient pas du tout. Elle n'avait sans doute pas une morphologie adaptée. « Eh oh, ne nous insulte pas je te prie. » Je crois que je bloquais sur les bretelles, en fait. Dans les films, les filles qui portaient des bretelles avaient un côté masculin très attirant. Et là bizarrement, on ne retrouvait pas ce côté attirant chez elle, mais alors pas du tout. « Mais c'est ces bretelles ! Elles sont clairement de trop. » Je me demandai, sur le moment, si j'avais la même carrure en les portant. J'espérais quand même que mon corps d'homme les mettait en valeur, mais j'eus comme un doute. Mon sex appeal venait d'en prendre un sacré coup. Du coup, la tenue de la jeune femme me traumatisa presque. Si elle voulait que je lui fasse la cour, elle allait devoir attendre que cette image s'efface de mon esprit. Autrement ça n'allait tout simplement pas le faire. « Faudra y remédier la semaine prochaine alors, quand la Sixtine sera de retour. » Voilà une idée qui me plaisait beaucoup. Car elle n'était pas désagréable à regarder, la Sixtine, quand elle ne portait pas mes fringues. Ce n'était sans doute pas mon si grand ami Syssoi qui allait me contredire là dessus... « Mmm... Compte là dessus, Ruben. » Oula, ça faisait vraiment bizarre de se parler à soi-même. Enfin, mon alter égo ne me ressemblait pas vraiment physiquement, mais si on enlevait les cheveux blonds, la poitrine et qu'on rajoutait cinq centimètres (sans oublier une pilosité plus avancée) c'était tout moi. « D’ailleurs, avons-nous l’intention de dragouiller d’autres candidates afin de sortir du désert dans lequel Moore nous a si tristement jetés, ou savons-nous contrôler nos hormones ? » Ah Moore. Il fallait bien avouer que j'avais pris une sacré tarte dans la gueule, dans tous les sens du terme, avec cette demoiselle. Mais Ruben était un chaud lapin, non ? Alors il était fort probable qu'il jette bientôt son dévolu sur une autre demoiselle. « Nous sommes tous bonnement incapables de contrôler nos hormones, tu le sais bien Ruben. Et je pense que ça va dragouiller sec, prochainement. » Ouais, ça allait être la fiesta dans le nid. Mesdemoiselles, toutes aux abris, Ruben ne fera qu'une bouchée de vous. Je venais de me confier à Sixtine, sans vraiment m'en rendre compte. C'est qu'elle était maligne, la demoiselle. Sans doute souhaitait-elle s'informer un peu. Bien joué.

Ruben en rajoute une couche, étirant un sourire de soulagement sur mes lèvres. Bon, si le véritable propriétaire estime que je le représente avec fidélité, c’est que je ne peux pas perdre mes 5 000 euros, n’est-ce pas ? Parce que je vais le solliciter au prime, si on veut me carotter mon argent. Il critique simplement les bretelles, et j’ai envie de lui rétorquer qu’il n’avait qu’à pas acheter des trucs aussi hideux. Non mais sérieux, c’est un peu dépassé depuis les années 30, sauf si on veut ressembler à un premier de la classe. Je fais glisser mon regarder sur mon costume de clown, pinçant les lèvres. Ouais, c’est carrément plus moche sur moi que sur lui. « C’est vrai qu’elles ne nous vont pas super bien cette semaine, mais d’habitude ça nous donne un p’tit côté bucheron écossais. » Subtile indication pour lui signifier que lui aussi, devrait les éviter au maximum. Cela dit, ça fait aussi sa spécificité, et certains trouvent sûrement cet accoutrement sexy sur le jeune homme. Ca lui sied quand même davantage que moi, c’est juste que je ne suis pas friande de bretelles, que ce soit sur un apollon ou sur un laideron. « Mmm... Compte là dessus, Ruben. » Je souris, imaginant le grand singe passer à l’attaque dès la semaine prochaine. Je me demande quelques techniques de dragues il utilise, parce qu’une fois passé trente ans les mecs ont du mal à assumer leur âge et deviennent généralement particulièrement lourds. Mais ce ne doit pas être le cas de Rubinou ici présent, puisqu’il est parvenu à attraper la sexy Moore dans ses filets, même pour une courte période. En parlant de la jolie brune, je ne manque pas de lui rappeler sa traversée du désert. Je me demande s’il a essayé de rattraper le coup, mais cela me semble malheureusement peine perdue. Trop butée la demoiselle, ce qui en soi est assez dommage. J’aime bien l’idée de la brûlante et sulfureuse Moore dans les bras du fort et poilu Ruben, allez savoir pourquoi. Cependant le jeune homme n’a pas l’air de s’arrêter à ce détail, bien décidé à poursuivre ses petites affaires dans le château. Je ris franchement, songeant qu’il va falloir que je trimballe mon appareil photo partout, histoire de ne rien manquer. « Je vois, mais il faut se méfier de la rude concurrence. Notamment Lhoas, il a l’air coriace. » Et c’est peu dire, il a du choper la moitié des candidats à l’heure où je parle. Mais cela peut s’arranger par un petit somnifère puissant dans le café, histoire de laisser le champ libre. « Nous avons déjà une idée des cibles à courtiser ? » Subtile question, vous ne trouvez pas ? Quoi, j’ai bien le droit de me renseigner sur les filles que je trouve canon, non ?

Il fallait bien avouer que ces bretelles n'allaient pas à mon alter égo. Elle ne devait pas être habituée à en porter, et cela se voyait. Remarquez, c'était le genre de trucs qui n'allaient à personne. J'étais même sur d'avoir l'air d'un gland avec, moi aussi, même si j'essayais de me rassurer en me disant que de toute manière je ne pouvais pas les porter plus mal qu'elle. « C’est vrai qu’elles ne nous vont pas super bien cette semaine, mais d’habitude ça nous donne un p’tit côté bucheron écossais. » Un côté bûcheron écossais ? J'avais un peu du mal à m'imaginer en bûcheron écossais, là tout de suite, mais je voulais bien la croire. Un bûcheron écossais, c'était plutôt... sexy, non ? Non, non je n'essayais pas une fois encore de me rassurer. Ou alors juste un peu. « Le bûcheron écossais sera bientôt de retour, t'en fais pas Ruben. » Je ne pouvais être certain d'être encore là la semaine prochaine, mais dans tous les cas j'allais retrouver mes fringues, que je sois amené à sortir ou à continuer l'aventure. J'avais joué les gros dragueurs, style Don Juan, en prétextant être prêt à tourner la page Moore pour faire de nombreuses conquêtes dans le nid. « Je vois, mais il faut se méfier de la rude concurrence. Notamment Lhoas, il a l’air coriace. » Lhoas ? Ouais, c'est vrai que j'en avais entendu des belles sur lui. On ne parlait que de lui, et de son fameux tableau de chasse. Et moi qui voulais justement apprendre à le connaitre... « T'inquiète pas pour ça, le Lhoas j'en fais mon affaire. » Il était plutôt mignon, le Lhoas. Je n'avais pas prévu de m'en faire un concurent, non, je voulais juste faire connaissance. Et plus si affinités... « Nous avons déjà une idée des cibles à courtiser ? » Il y avait pas mal de jolies demoiselles, et de beaux mâles, dans ce nid. Alors forcément, un grand choix s'offrait à moi. Cependant j'avais quand même quelques noms en tête. « Mes prochaines proies ? Je dirais Gabrielle, Sixtine, que tu dois surement connaitre, Lhoas donc, Baptiste bien sur et pourquoi pas... Syssoi. Non, je blague pour le dernier. » Tsseu ! Comme si le grand con m'intéressait. Déjà physiquement, il n'avait rien d'exceptionnel. Et puis je ne pouvais pas le voir en peinture. Mon alter égo venait ainsi d'apprendre qu'elle était sur la liste de mes prochaines cibles. La Sixtine était bientôt de retour, alors autant en profiter !

Visiblement il se moque de ressembler à un bûcheron écossais, et il a bien raison. On m’a souvent reprochée, moi aussi, de me fringuer comme une pouilleuse. Ca ne m’a jamais empêché de continuer ma mode si particulière, et au moins on nous distingue sans mal dans une foule de badauds. C’est un avantage autant qu’un inconvénient. Parce que je suis certaine que dans ce château, le Rubinou aimerait parfois être transparent aux yeux de tous. Il faut dire qu’il n’a pas l’air d’avoir une place très enviable dans le cœur de certains, cependant il me semble que d’autres équilibrent la balance. Là encore, il ne faut pas s’arrêter au jugement d’autrui, même si c’est difficile dans une expérience en huis clos comme celle-là. « Ravi de l’apprendre ! » Je lui lance gaiment, parce que malgré tout je lui rendrai son identité avec grand plaisir. Ce n’est pas évident de se prendre pour quelqu’un d’autre, et je suis certaine que je l’imiterais très mal auprès de certains candidats. Déjà parce que je ne connais pas la nature de toutes ses relations, et que je suis capable d’insulter une personne qu’il apprécie, et ensuite parce que je n’ai pas eu assez de temps pour m’imprégner de son comportement. Mais ça, Cupicon en tiendra compte pas vrai ? J’espère. Mon allusion à Lhoas ne semble pas le décourager outre mesure. Il en fait son affaire, qu’on se le dise, et je l’imagine parfaitement l’enferme à clé dans la cave avant de vaquer à ses occupations pour ne pas être dérangé par ce petit lapin. Je le gratifie d’un hochement de tête entendu, je lui fais confiance pour ça. Cela dit il me semble que le Lhoas préfère la gent masculine aux femmes du lieu, pour moi il n’y a donc pas vraiment de concurrence possible. Je suis bien loin de la vérité, puisque Ruben me dresse une liste de conquêtes aussi mixte qu’un sandwich jambon-fromage. Hein, sérieux ? Il est intéressé par les hommes, aussi ? Alors là, les bras m’en tombent, je ne l’aurais jamais soupçonné. Jamais. Je ris cependant au dernier prénom qui sort de sa bouche, et il prend le soin de me préciser qu’il plaisante. Je m’en serais bien douté voyez-vous. J’ai conscience qu’il a davantage envie de l’attirer sur une mine prête à exploser que sous ses draps. Enfin on ne sait jamais, cette aversion peut en fait cacher un désir brûlant. Ouais, non. Il ne se prive pas non plus pour glisser mon prénom dans la conversation, et je me demande un instant s’il ne cherche pas à me caresser dans le sens du poil. Bof, je m’en fiche, je prends ça comme un compliment. « Dis moi Ruben, je ne savais pas que nous aimions la vanille et chocolat. Nous sommes plein de surprises ! » Ouais là, j’étais vraiment sur le cul. Mais il faut dire qu’étant donné sa façon de s’habiller, y’avait peut-être un indice que j’avais loupé.