W. IVAN.

T’as appris à lire à l’âge de 12 ans, quand tu es venu en Angleterre. Avant ça, tu n’avais même jamais mis les pieds à l’école. Donc autant dire que ta scolarité était plutôt mitigée. Tu avais par exemple un peu de mal pour lire à voix haute, tu buguais parfois, tout ça. C’était pas très facile pour toi, et plutôt complexant. C’était pour ça que parfois, tu allais prendre un livre pour te rassurer sur le fait que tu savais toujours lire. T’avais tellement peur de perdre cette capacité du jour au lendemain, paf, comme ça, sans que tu t’y attendes. C’était flippant. C’était pourquoi tu t’étais rendu à la bibliothèque aujourd’hui. Tu avais pris un livre au hasard qui n’avait pas l’air trop gros et trop intelligent pour toi, et tu t’étais assis à une table pour lire tranquillement. Sauf qu’à un moment quelqu’un s’assied juste en face de toi. Pourtant il y avait pleins d’autres tables dans la bibliothèque. Tu relèves la tête tandis que la personne prendre la parole. « Salut. » Euhm.. d’accord. Tu le reconnaissais, c’était le mec du premier soir avec qui Inès avait préféré passer la soirée. Chose qui te semblait logique, puisque tu n’avais rien d’intéressant. Tu fronces les sourcils d’incompréhension te demandant pourquoi il venait te parler, et tu n’as d’ailleurs pas vraiment le temps de lui répondre. « Je tenais à m’excuser, pour le tout premier prime. Tu discutais avec Inès, la brune qui te tenait par la main, tu te souviens ? Je suis arrivé et je n’ai pas pris la peine de te saluer, de me présenter. Je crois que je voulais absolument me faire pardonner le retard auprès de ma partenaire, j’en ai oublié les essentiels et les bonnes manières. Bref, je voulais réparer ça. Je suis Celse, et j’ai envie de faire ta connaissance, contrairement à ce que j’ai pu te laisser croire au premier abord. » Oh, c’était des excuses. On ne te faisait pas souvent des excuses, à toi. La plupart du temps on se fichait pas mal de ce que tu pouvais penser ou dire. T’étais plus le mec transparent, en particulier ces deux dernières années. Enfin bon, de toute manière ça ne t’avait pas du tout vexé ce qui s’était passé lors du ce premier prime. T’étais pas vraiment du genre rancunier ou quoi en plus. T’étais gentil comme mec, tu laissais les choses faire. Enfin. « Je.. ce n’est pas grave.. tu n’étais pas obligé de.. de faire des excuses, tout ça.. » non, vraiment, ce n’était pas la peine de se forcer, pas pour toi. Ca n’en valait pas vraiment la peine, à ton humble avis. « Moi c’est Ivan.. » que tu dis au cas où il ne le saurait pas. Peut-être qu’il allait partir maintenant qu’il avait accompli sa bonne action de la journée, tu ne savais pas trop en fait s’il voulait vraiment faire ta connaissance, ou s’il disait ça comme ça.

Tu ne t’attendais pas à voir autant de gens gentils avec toi à ton entrée dans Fake Lover. Non, tu ne le pensais vraiment, vraiment pas. Pourtant, il y avait India, il y avait eu Antwon, Camille, Donia, Danaé, Cian et maintenant lui. Tu ne comprenais même pas pourquoi il venait d’excuser, il n’avait aucun intérêt à faire ça. Tu n’étais pas le mec avec qui les gens aimaient parler, tout ça. T’étais timide, bizarre.  Pourtant, il était là, devant toi. Tu ne savais pas, c’était tout de même bizarre. Et puis ça faisait plus d’une semaine maintenant. Enfin bon, tu n’allais pas le repousser, t’aimais bien la compagnie des gens, toi.  « Ça n’était pas une obligation. J’en avais envie » Tu souris et hoche la tête, tu avais donc compris que ça venait d’une bonne attention, même si tu n’avais pas trop compris pourquoi. Tu étais tout de même content. « Tu veux peut-être que je te laisse lire, et on discutera plus tard ?» Tu secoues automatiquement la tête. « Oh non, c’est bon. » que tu dis en posant le livre sur la table. Oui, vraiment, ce n’était pas la peine de partir. T’aimais pas trop être seul. « Je me demandais ce qui t’avait poussé à perdre une année de boulot pour participer à ce jeu… » Tu hausses tes épaules musclées avant de finir par répondre. « C’est pas une année de boulot, c’est juste trois mois d’abord. » Une saison ne durait pas un an, à moins qu’on t’ait menti. T’aimais pas qu’on te mente. « C’est une amie qui m’a incité à y participer. » Toi tu ne voulais pas, au début. Oh que non, tu ne voulais pas. Mais on t’avait obligé.

Tu ne comprenais pas trop pourquoi il venait s’excuser comme ça. Après tout tu avais carrément oublié ce qu’il s’était passé lors du prime. Mais apparemment il s’en voulait, et il voulait se rattraper. C’était gentil, ça. Oui, tu trouvais ça gentil, alors tu voulais bien lui parler. Quoi que, même s’il était méchant, tu aurais eu trop peur de refuser de lui parler en fait. T’aimes pas mettre les gens en colère, tout ça. C’est pas bien. « Tu t’entends très bien avec ton patron alors, non ? Ou peut-être que tu es ton propre patron ? » Tu fronces les sourcils un instant, quoi ? Tu hausses un peu les épaules, hésitant. Tu ne voulais pas trop dire de bêtises. « Je.. je sais pas.. c’est mon patron quoi.. je lui ai demandé et il a dit oui.. Ils ont pris quelqu’un d’autre pour 3 mois. » C’était aussi simple que ça. Tu ne savais pas si tu t’entendais particulièrement bien avec ton patron, à vrai dire tu ne savais pas trop ce que tu pouvais qualifier de bonnes relations avec un patron. Il ne te criait pas trop dessus par rapport aux autres, alors ça allait. D’un côté t’étais le chef cuisiner, et la réussite du restaurant était plus ou moins grâce à toi. T’espères l’avoir éclairé, parce qu’il a l’air curieux. Ça ne te gêne pas trop, parce que tu sais ce que c’est d’être curieux, tu l’es aussi. Sauf que là, il t’intrigue trop. Du coup tu n’oses pas vraiment lui poser de questions et tu préfères le laisser faire. « Elle s'est dit que ce serait utile pour toi d’être là ? Mais toi, qu’est-ce que tu en penses ? » Encore une fois tu hausses les épaules, parce qu’au final t’as l’impression de ne pas en savoir plus que lui sur toi-même. C’était gênant, et en plus il te prenait au dépourvu. « Je.. je sais pas.. elle m’a juste dit que je devais y aller.. et puis moi je l’ai écouté parce qu’elle avait l’air d’en avoir drôlement envie. » T’étais quelqu’un d’obéissant, et c’était plutôt un défaut. Surtout dans ces situations-là. « J’en sais rien.. j’aurai quand même préféré qu’ils acceptent que j’emmène mon chat avec moi.. » Il te manquait, ton chat.