Désespéré. J'étais désespéré et perdu depuis la révélation de la semaine dernière concernant Moore. Depuis qu'il m'avait rembarré, je n'avais pas cherché à aller la retrouver car je ne savais simplement quoi faire, ni quoi dire. Elle m'avait rembarré et je m'étais senti blessé. Je ne cherchais jamais le conflit et les représailles. Par pur instinct, pour simple défense, je fuyais ce genre de situations. Je détestais les confrontations et je n'en voulais surtout pas avec la candidate qui me rabaisserait bien plus profondément que je ne le pensais déjà. Elle m'intimidait et me faisait peur. Elle le savait et c'était aussi ce que j'appréciais le plus chez elle. Installé confortablement sur l'un des bancs du balcon, je sirotais un café, terminant ainsi le déjeuner. Il faisait plutôt beau et l'air frais me faisait le plus grand bien, surtout lorsque l'on voulait éviter quelques personnes. J'entendis la porte fenêtre s'ouvrir. Je ne dis rien et je restais comme j'étais, emmitoufler dans un pull qui me tenait bien au chaud.

Depuis quelque temps il y avait quelque chose qui n'allait pas dans ce petite cocon que je m'étais crée dans l'aventure. Il y avait un maillon qui n'allait pas, qui c'était détaché par ma faute pour aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Lukas. C'était lu qui manquait à mon petit cocon. Je savais pourquoi, depuis quand tout ceci avait capoté. Mais je ne savais pas comment rétablir les choses. Dans un soupir je pose ma vaisselle dans l'évier quelqu'un va la laver à ma place. Je replace une mèche de cheveux derrière mon oreille et me dirige d'un pas nonchalant vers la chambre pour passé un gilet sur mes épaules nus. Je profite de ce moment pour prendre mon paquet de cigarette un briquet et de me diriger vers le balcon. Je n'ai même pas fait attention au fait que quelqu’un était déjà là. J'allume ma cigarette et prend une bonne taffe mettant mon briquet et mon paquet dans ma poche de mon jeans. J'entends du bruit. Je me retourne. Lukas. « Oh... j'avais pas fais attention que t'étais là. » dis-je d'une voix calme pour montrer que c'était moi Moore. Je ne savais pas comment le prendre, comment me comporter maintenant. « Je crois qu'il faut qu'on parle non ? » j'ai pas l'habitude de ce genre de chose. Quand les gens s'éloigne de moi par ma faute, je ne cherche pas à les retenir ni à les récupérer. Mais là on parle de Lukas.

Mug en main, je sentais la présence d'un fumeur à mes côtés. Les bruits du paquet qui s'ouvre, du briquet qui claque lorsque la flamme apparaît. Tant d'indice était révélateur pour qui savait écouter. Par chance, je n'avais que ce sens pour distinguer les candidats des autres et me faire un aperçu de l'environnement qui m'entoure. « Oh... j'avais pas fais attention que t'étais là. » Moore. La candidate que je redoutais le plus en ce moment dû à notre dernier échange. « Je crois qu'il faut qu'on parle non ? » Je soupirais. « Probablement. Mais t'en as réellement envie ? » Lui demandais-je pour être sûr que cette conversation mènerait à quelque part.

Je proposais de parler. C'était rare, normalement je serais entrain de faire comme si de rien était et s'il n'avait pas été réceptif je serais aller ailleurs. Mais non. Putain cette aventure me rend molle, et trop sensible. Je réprime une grimace face à cette pensée.« Probablement. Mais t'en as réellement envie ? » Me demande-t-il. Bien sûr. Je ne propose jamais un truc que je ne veux pas faire. Je ne répond pas, je viens m’asseoir à coté de lui, faisant attention à lui épargner la fumé de ma cigarette. « Je vais pas m'excuser, je te préviens. » dis-je d'un ton calme. Non je ne vais certainement pas m'excuser d'être ce que je suis. Il a mal pris ma réaction et bine moi j'ai très mal pris son comportement. J'ai eu l’impression qu'il avait pitié de moi. Je n'aime pas la pitié. Faut que je lui fasse comprendre. « T'as eu pitié de moi, ton geste c'était de la pitié pure et simple. Je n'aime pas ça, je ne tolère pas ça. D'où ma réaction. » Maintenant il allait comprendre. Je parlait calmement. Je ne voulais pas perdre cet allié au sein du château, on s'était tout de suite entendu, et puis j'ai l'impression que c'est l'être qui serait le plus susceptible de me comprendre, de comprendre ce que je ressentais et ce que je ressens encore de temps à autre. Je ne veux pas perdre ça.

Installé sur un banc, je buvais mon café en silence. Moore voulait parler. Je n'étais pas contre au contraire mais le voulait-elle vraiment. Je commençais à la connaître et je savais qu'elle ne regrettait jamais rien. Je redoutais donc son choix. « Je vais pas m'excuser, je te préviens. » Ca, je le savais déjà. Mais passons. « T'as eu pitié de moi, ton geste c'était de la pitié pure et simple. Je n'aime pas ça, je ne tolère pas ça. D'où ma réaction. » J'étais surpris. Je ne voulais justement pas la prendre en pitié. J'aurais voulu la soutenir, lui montrer qu'elle restait la même pour moi. J'avais dû mal m'exprimer. Je baissais la tête. « Je, heu, je suis désolé. » Lui dis-je. « Je pensais pas que t'allais le penser comme ça. Je voulais juste être là et te soutenir. C'est tout. Mais on n'a pas dû, heu, se comprendre. » Je bus une gorgée de mon café. J'étais désolé. Vraiment.

« Je, heu, je suis désolé. » Je ne lui demandais pas de s'excuser non plus. Il avait réagis exactement comme sa personnalité le lui dictait. Il n'avait pas à s'excuser de ça. « Ne le sois pas.. »  « Je pensais pas que t'allais le penser comme ça. Je voulais juste être là et te soutenir. C'est tout. Mais on n'a pas dû, heu, se comprendre. » J'hausse les épaules et écrase ma cigarette qui était loin d'être finis mais je n'avais plus envie de fumer. Je lui donne un petit coup d'épaule de manière affective. Je voulais pas perdre son soutiens. Fallait que je fasse un effort. « C'est ma faute, je ne t'ai pas donné l'occasion de vraiment de connaître. » C'est vrai peu être qu'on se prenait pas la tête et qu'on était asse proche mais il ne me connaissait pas parce que je ne lui avait pas laissé accès à cette partie de moi. Peu être est-il temps de le faire. « Je.. » Commençais-je maladroitement. « C'est la pire période de ma vie, elle a beau être terminé elle me bouffe encore. Je suis très sensible à se sujet, et même si je le montre pas je vis constamment dans la peur. » J'avais décidé de faire preuve d’honnêteté ben que ça commence déjà à me peser sur le coeur, je crois que je peux enduré ça un petit moment si ça me permet de retrouver mon petit Lukas.

Ne pas être désolé. Comment ne pas l'être après ce qu'elle m'avait dit ? C'était dans mon tempérament de m'excuser. Des fois, je m'excusais pour rien ou pour pas grand chose. Être inférieur aux autres, avoir un handicap avait eu cet effet sur moi. Moore me donna alors un coup d'épaule. Je souris, bêtement. « C'est ma faute, je ne t'ai pas donné l'occasion de vraiment me connaître. » Je restais silencieux, café en main. Je bus une gorgée en fixant l'horizon devant moi sans pour autant le voir. J'appréciais simplement les quelques rayons du soleil sur mon visage. « Je... C'est la pire période de ma vie, elle a beau être terminé elle me bouffe encore. Je suis très sensible à se sujet, et même si je le montre pas je vis constamment dans la peur. » D'une certaine manière, je la comprenais. Si tout avait marché, j'aurais pu avoir également ce sentiment. Mais toutes les tentatives avaient été vaines. « Je peux comprendre... Je sais que ça doit être difficile. Mais tu t'en sors vraiment super bien. J'aimerais bien être comme toi. Vraiment. » Je soupirais. Si j'étais comme la candidate, j'aurais certainement moins peur des autres. Je serais plus ouvert, moins introverti et j'aurais certainement plus confiance en l'Homme. Mais ce n'était pas moi. « Je n'ai pas pitié, tu sais. Je dirais même que je suis admiration devant toi, Moore. »

J'essaie de lui faire comprendre comment je fonctionne. Mais je suis égoïste de cette manière parce que je ne respecte pas la façon dont lui il fonctionne lui demandant de se plier à mes envies et mes besoins. Je suis égoïste je le sais. « Je peux comprendre... Je sais que ça doit être difficile. Mais tu t'en sors vraiment super bien. J'aimerais bien être comme toi. Vraiment. » me répondit-il alors. J'ai eu de la chance, j'aurais pu rester dans cette chaise roulante toute ma vie. J'aurais pu rester la fille déprimé et sans amie que j'étais au lieu de devenir cette fille, cette... fille. Qui d'ailleurs n'est pas forcément un meilleur modèle, elle sait marché, bougé les bras, danser, faire du vélo mais elle ne sait pas écouter et ne sait pas réconforter. « Je ne suis pas un exemple à suivre. Je t'assure. » J'ai l'impression qu'il me met sur un piédestal, la plus part des candidats ici me prennent pour de la grosse merde en boite tandis que lui j'ai l'impression qu'il m'idéalise. Je ne sais pas comment faire face à ça.  Je n'ai pas pitié, tu sais. Je dirais même que je suis admiration devant toi, Moore. » Hum. Je souris. Je viens prendre son bras et j'installe ma tête sur son épaule. Je préfère ça que d'être brouillé avec lui. « Tu ne devrais pas, j'ai suis juste la fille la plus chanceuse du monde. » C'est vrai, certes j'ai travaillé énormément en rééduc' mais sans ce 'miracle' je n'aurais pas eu cette occasion. « Tu me racontes.. ton histoire ? » Il n'était pas obligé, mais j’étais curieuse toujours. Il ne m'avait pas expliqué comment il était devenu aveugle j'avais fait preuve de patience et je continuerais s'il ne se sent pas à l'aise pour m'en parler. Mais je pense que c'est le bon moment.

J'admirais Moore. C'est vrai. Surtout depuis que l'on avait appris par la révélation de Syssoï ce qui lui était arrivé. « Je ne suis pas un exemple à suivre. Je t'assure. » Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, je ne changerais pas d'avis. Oui, je pouvais être têtu parfois. « Tu ne devrais pas, j'ai suis juste la fille la plus chanceuse du monde. » Elle parlait de chance, je lui répondrais que j'aurais aimé en avoir autant qu'elle. La chance n'avait rien à voir là dedans. J'en étais sûr. C'était comme ça, un point c'est tout. « Tu me racontes.. ton histoire ? » Je baissais la tête. J'avais redouté ce moment avant même ma venue dans le château. Il était peut-être temps de se laisser aller à la confidence. « Je... » C'était difficile d'en parler car ce jour-là tout avait basculé. Mais elle était là. Moore avait la tête sur mon épaule et je pensais, j'étais même sûr de pouvoir le lui raconter mon histoire. « J'avais 9 ans que c'est arrivé. On, on rentrait d'un déjeuner de famille quand ça s'est produit. » Ma respiration se faisait plus saccadée, plus forte. « Y'a ce camion qui est arrivé de nulle part... Et, et je me souviens juste m'être pris des trucs dans les yeux et plus rien. Je me suis réveillé à l'hôpital. J'ai appris que j'avais perdu la vue et que mon père était...mort. » Je soufflais un instant, restant silencieux quelques secondes.

Il hésite à me raconter son histoire. S'il ne me dit rien je respecterais tout ça. Je ne vais pas le forcer à me livre ses souvenirs les plus douloureux. « J'avais 9 ans que c'est arrivé. On, on rentrait d'un déjeuner de famille quand ça s'est produit. » Il commence. Je reste là, la tête sur son épaule. Avec ce type je ne peux m’empêcher d'être affectueuse c'est comme ça. Et pourtant c'est pas vraiment dans ma nature. Mais il est tellement gentil, tellement incroyable que c'est difficile d'être autrement. Même pour un garce das mon genre. « Y'a ce camion qui est arrivé de nulle part... Et, et je me souviens juste m'être pris des trucs dans les yeux et plus rien. Je me suis réveillé à l'hôpital. J'ai appris que j'avais perdu la vue et que mon père était...mort. »  Ma gorge se sert quelque peu. Il a pas vécu quelque chose de facile. Je ne sais pas si je dois le rassurer ou le réconforter... Ce n'est pas mon truc. Alors je me contente de rester silencieuse j'espère que ça va lui suffire je ne suis pas douer pour ces trucs là. « T'es quelqu'un de bien. » Je sais qu'il n'en doute pas mais ce que je veux dire c'est que malgré ce que la vie lui a fait et bien il est devenu quelqu'un de bien. Peu être que j'aurais pu moi aussi. Puis j'ôte ma tête brusquement. Parce que si on continue sur cette voie là on va tous se mettre à chialer. « Bon t veux faire un truc fun ? » lui demandais-je sans avoir la moindre idée de ce que l'on pourrait faire.