Cet endroit est bien le seul du château qui ne m’émerveille pas. Au contraire, j’ai pour habitude de passer par là quand j’en ai besoin et de repartir aussitôt. Bon, en même temps très peu de personne s’émerveille devant des toilettes. Un seul en l’occurrence, ce qui était une bien mauvaise idée pour autant d’habitant. Ayant comme qui dirait une envie plus que pressante, je me dirigeais vers cet endroit lugubre. Bien évidemment, quelqu’un se trouvait déjà à l’intérieur. C’est toujours pareil de toute manière : c’est toujours quand c’est urgent, que la place est prise. Je m’appuyais sur le mur d’à côté, commençait à faire de petits mouvements pour me retenir. Quelques secondes après mon arrivé, qui me parurent être des heures, je tapais finalement contre la porte. « Qui que tu sois, dépêches toi ! » J’accompagnais ma parole avec de coups réguliers sur la porte, à croire que celui ou celle à l’intérieur faisait exprès de prendre son temps. Raaaaah l’horreur quoi. « T’arrives plus à t’arrêter ou quoi ? » Finissais-je par lâcher, sautillant sur place.

Melissa avait le ventre rempli, trop rempli. Il fallait avouer que les candidats faisaient d'assez bon repas, souvent lourds, comme celui de ce midi. Ayant mal au ventre, la jeune femme prit un cachet, histoire de faire disparaitre cette douleur qui la terrassait depuis une heure ou deux, déjà. Elle était donc partie s'allonger quelques minutes mais autant dire que ce cachet de pacotille ne faisait pas vraiment effet. Elle se dirigea donc vers les toilettes, priant de toutes ses forces pour qu'une conne ne soit pas coincée à l'intérieur ou pire, bloque les toilettes, simplement parce qu'elle en avait envie ou parce qu'elle n'arrivait pas à faire ce qu'elle voulait faire. Elle poussa donc la porte et, donc, il n'y avait personne. Elle prit soin de bien fermer la porte à clefs, et, alors qu'elle allait faire ses besoins, elle eut une envie de vomir, comme ça, d'un coup. Elle se baissa donc légèrement, plaqua ses cheveux en arrière de l'une de ses mains et ce qui devait sortir.. sortit ? Bordel, y'avait eu du poison dans la bouffe de ce midi ou quoi. C'était bon mais elle se doutait bien qu'il y avait un truc pas très très à l'intérieur de c'truc. Elle le saurait pour l'avenir. Alors qu'elle continuait toujours ses petites affaires qui lui déplaisaient beaucoup, une voix féminine suivis de coups vinrent à se faire entendre. Elle tourna légèrement la tête, même si cela ne servait pas à grand chose. « Tu vas arrêter de frapper comme une folle alliée ! Tu peux attendre cinq minutes putain ! » C'était un comble. Bientôt il faudrait se dépêcher au toilettes.. ridicule, n'est-ce pas ? Elle était pas contente elle allait pisser dehors, c'était tout aussi bien. Et puis, de toutes façons, les animaux font leurs besoins dehors. Les vaches, notamment.

Rien n’était pire que d’être privée de toilette pendant un besoin très urgent. C’était exactement mon cas en ce moment et je savais que je n’irais nulle part ailleurs pour me soulager qu’aux toilettes. Les garçons ont des avantages sur nous autre, les filles ; je les enviais, juste à cet instant précis. Sautillant pourtant près de la porte de la toilette, je ne l’avais pas entendu vomir. Une chance pour moi… qui ne peut pas supporter ça. Je frappais alors à la porte. C’était le seul moyen que je trouvais pour annoncer ma présence et l’urgence de mon envie. « Tu vas arrêter de frapper comme une folle alliée ! Tu peux attendre cinq minutes putain ! » Je regardais la porte, soulevant un sourcil. J’avais bien envie de rire, si seulement je pouvais attendre effectivement cinq minutes. Là, ça m’était impossible, si je riais, je me pissais dessus, obligé. Sautillant que je-ne-sais-quoi, passant d’un pied à un autre, j’essayais de prendre mon mal en patiente. Parfois, ça arrive, de ne plus avoir envie quand on y pense plus… le truc c’est que j’y pense constamment. Je ne savais ce qu’elle foutait à l’intérieur, mais elle se lâchait réellement puisque, maintenant, je savais que c’était une candidate. J’allais riposter, quand j’eu un drôle de bruit en guise de réponse, ce qui me fit reculer. Melissa – j’ai reconnu sa voix – était malade, quel horreur ! Pas seulement parce que je ne serais pas prête à utiliser les toilettes, mais aussi parce que je l’entendais vomir. Je pouvais partir, prendre mes jambes à mon cou, et pourtant, je restais tout de même près de la porte. Un nouveau bruit se fit entendre à travers la porte, je commençais à me sentir vraiment mal, comme un vertige incontrôlable. Je me remis à frapper à la porte, avec un peu moins de vigueur cette fois. « Ca va ? » Lui demandais-je avec une petite voix, même si la réponse pouvait être évidente.

Si on lui avait dit à l'avance que, lors de l'aventure, elle allait vider toutes ses tripes dans les seules chiottes du château et qu'en plus elle allait être dérangée par la première blondasse qui passait par là, Melissa y aurait très certainement cru. De un, il n'y avait qu'un seul toilettes pour tous les habitants, de deux, les blondasses sont toujours au courant de tout et surtout très curieuses. Elle avait souvent l'habitude de vomir, et la plupart du temps ce n'était pas totalement involontaire. Oui, elle était le genre de nanas qui se faisaient vomir, non pas que celui lui plaisait tout particulièrement mais c'était le moyen qu'elle avait trouvé pour gagner la ligne. M'enfin, elle ne faisait ça qu'occasionnellement, n'est-ce pas, elle n'avait pas que ça à foutre. Quoi que, pour le coup, c'était plutôt involontaire, elle n'était pas assez tarée pour faire ça avec tous les parasites qui grouillaient tout autour de la pièce, non mais. La jeune femme derrière la porte des toilettes, Oona, en l’occurrence, demanda à Melissa si elle allait bien alors que cette dernière avait la tête plutôt enfoncée dans la cuvette. « Ah là je pète la forme, j't'assure, j'rayonne à donf. » Elle était conne elle aussi. Non mais, vraiment. Qu'elle aille s'acheter un cerveau putain c'était utile. Une fois qu'elle sentit son mal disparaitre, elle se leva, se frotta les genoux, s'essuya rapidement la bouche et ouvrit la porte, faisant directement face à Oona. Elle roula des yeux, avant d'inspirer un grand coup. « Inutile de te dire que tu ne diras ça à personne, j'ai pas envie qu'on m'appelle Vomito tu comprends » Elle lui tapa alors sur l'épaule et resta dans l'embouchure de la porte, comme pour la bloquer. Ce n'était pas forcément volontaire mais elle attendait la réponse de la jeune blonde. Sait-on jamais.