Outch. C’est le simple mot qui me venait en tête. Parce que justement, j’avais réellement l’impression que celle-ci allait exploser. Le matin était pénible. Tout autant que la soirée l’avait été. J’avais bien la preuve que je ne tenais pas l’alcool lorsque j’en prenais en trop grande quantité et pour de mauvaises raisons. Je préférais me saouler pour être heureuse et non pour faire une dépression. Au moins, je me rappelais de tout. Surtout de la manière à laquelle je m’étais comportée avec Cooper. Pourquoi avoir montré autant de jalousie ? Ce n’était pas mon genre habituellement. Pourtant, je la ressentais encore en quelque sorte. Mais je vais m’abstenir de lui faire comprendre cela à présent. Je ne voulais pas le faire fuir. Surtout pas. Émergeant de mon lit, je vis que la place à mes côtés était vide. Il était déjà debout. Je me déplaçai à la cuisine pour boire un grand verre d’eau, mais surtout pour un bon café. Alors que celui-ci était en préparation, je jetai un coup d’oeil par la fenêtre pour apercevoir mon partenaire sur la terrasse. Je n’allais pas revenir sur les événements d’hier. Cela ne servait absolument à rien. Je versai du café dans deux grosses tasses et me dirigeai vers l’extérieur, prenant soin d’enfiler un manteau chaud avant tout. Alors que j’arrivai à sa hauteur, je lui tendis une des tasses, lui offrant un petit sourire gêné avec tout ça. « Bon matin... » dis-je faiblement, ne voulant pas aggraver mon mal de tête en parlant trop fort. Je m’installai à ses côtés. Il n’y avait pas de malaise. Je ne voulais pas de malaise. « Rappelle moi de ne plus boire autant, s’il-te-plait. » lui demandais-je en soupirant, laissant tout de même un sourire apparaître sur mes lèvres. Fallait tout de même rire de la situation.

La soirée de la veille avait été plus qu'agitée. Entre le départ de Maddie, ma nomination, gérer les nerfs d'une Esther saoule... Dieu merci, cela s'était tout de même fini dans une note plutôt positive. Avec un câlin de ma part pour ma partenaire. On s'était couché réconcilié, ce qui était déjà pas mal. J'avais récupéré notre lit, après une semaine d'absence. Le réveil au petit matin a été plutôt difficile. Ne trouvant plus le sommeil, je fus levé à 9h (ce qui était très rare pour moi). Je pris une douche qui dura un bon quart d'heure, avant d'aller m'installer tranquillement à la terrasse. Le temps était plutôt clémente aujourd'hui. Un beau soleil, avec des températures avoisinant les 10/12° C. Je sortis mon paquet de cigarette, pour m'en griller une. Le regard perdu dans le vague, mes pensées allaient bon trains. La plupart dirigées vers ma famille. J'en étais déjà à ma deuxième clope, lorsqu'Esther vint troubler mes pensées. Elle me tendit une tasse de café, que j'acceptai avec plaisir.  « Merci » Je posai mon regard sur elle. Elle n'avait pas très bonne mine. Une gueule de bois carabiné, voilà ce qu'elle devait avoir. D'ailleurs elle en fit la réflexion. «Rappelle moi de ne plus boire autant, s’il-te-plait. »  « Quelque chose me dit que tu ne m'écouteras pas quand même. » dis je un léger sourire aux lèvres.  « Joyeux anniversaire. » lâchais je finalement. Oui, je n'avais pas oublié que c'était aujourd'hui. Je m'approchai d'elle pour déposer un rapide baiser sur sa joue. C'était probablement tout ce que j'aurais à lui offrir. Je m'empressai de reporter mon regard sur l'horizon, n'était pas très à l'aise avec les marques d'affection. M'enfin ça, elle avait déjà pu le remarquer. Je bus une gorgée de café, avant de reporter à mes lèvres ma cigarette.

« Quelque chose me dit que tu ne m'écouteras pas quand même. » Quelque chose me disait qu’il avait bel et bien raison. Je ne l’écouterais probablement pas lorsque le temps serait venu. Il me souhaita finalement un joyeux anniversaire, accompagné du baiser sur la joue. Je rougis légèrement face à ce geste d’affection qui ne lui ressemblait en aucun cas. « Merci... C’est gentil. » répondis-je en souriant, allant à mon tour porter ma tasse de café à mes lèvres pour en prendre une bonne gorgée. 22 ans. Je commençais à être vieille. Je regardai Cooper qui lui semblait passionné par ce qui se passait à l’horizon. « Je croyais que tu me ferais le petit déjeuner au lit ce matin ! » lançais-je à la blague, n’ayant jamais pensé qu’il ferait une telle chose. J’aurais grandement été étonné si cela avait été le cas. Il n’avait pas besoin de me donner de cadeau. Simplement passer la matinée avec lui en cette belle journée me satisfaisait amplement. « À quoi tu pensais, seul, avant que je ne te dérange ? » finis-je par demander, un peu intriguer. Je ne connaissais pratiquement rien de sa vie, à l’exception de son secret. Je me demandais bien vers quoi pouvais trainer ses pensées lorsqu’il se montrait songeur. Je voulais tellement le connaître, mais sa carapace était si difficile à percer que je n’y était pas encore arrivé, même après un mois dans l’aventure.

Même si je ne la regardais pas, je savais qu'à l'heure actuelle, ses joues avaient dû prendre une teinte colorée. « Merci... C’est gentil. » Tu parles, ce n'était vraiment pas grand chose. C'était le strict minimum qu'elle aurait probablement par la plupart des habitants qui savaient que c'était son anniversaire. Certains auront sûrement même de bien meilleures attentions, qu'elle méritait. Je lui souhaitais d'ailleurs. « Je croyais que tu me ferais le petit déjeuner au lit ce matin ! » lança t'elle en plaisantant. Évidemment, elle n'attendait rien de tel de ma part. On avait passé suffisamment de temps ensemble pour qu'elle se rende compte que je n'étais pas ce genre de gars.  « C'est ce que je comptais faire vois tu. Mais j'ai fais accidentellement tombé le plateau sur le chemin, c'est terrible. » dis je faussement désolé en tournant la tête vers elle. Esther me demanda alors à quoi je pensais. Je pourrais lui sortir une connerie habituelle et ainsi éviter le sujet, mais à quoi bon ?  « A ma famille. S'ils vont bien...Si je ne leur fais pas trop honte...Ce genre de trucs. » répondis je sincère.

« C'est ce que je comptais faire vois tu. Mais j'ai fais accidentellement tombé le plateau sur le chemin, c'est terrible. » Je rigolai, ne croyant pas une seule seconde à son histoire. C’était tout simplement impossible. C’est alors qu’il finit par répondre à ma question en se retournant finalement vers moi. Je ne m’entendais pas à tant de sincérité. Sa famille comptait beaucoup pour lui, je pouvais bien le sentir. Tout le contraire de moi, dans un sens. Il était chanceux. Même si je ne savais pas s’il avait traversé de dures épreuves, il était simplement chanceux. « Je ne crois que tu leur fais honte. Ils te manquent pas vrai ? » dis-je en toute supposition. Je me demandais combien avait-il de frères et soeurs, à quoi ils ressemblaient ? S’ils étaient comme lui. J’aurais envie de lui poser une tonne de question. Mais je me retins. Je pris une gorgée de café, tout en continuant de le regarder. « Tu sais, t’as vraiment de la chance d’avoir une famille. Je donnerais tout pour ça. » Affirmais-je simplement. Il n’y avait pas un jour où je ne pensais pas à cela. Mais bon, les choses ne changeraient jamais. Ce qui était, était. J’étais seule et j’avais apprit à vivre ainsi.

« Je ne crois que tu leur fais honte. Ils te manquent pas vrai ? » Moi je n'en étais pas si sur. J'avais déçu tellement de personnes un nombre incalculable de fois. Et là, c'était carrément pire. Je passais à la télévision. Je pourrais être une honte internationale pour eux. Rendre les choses encore pires qu'elles ne l'étaient déjà. Bon sang, je ne pouvais pas me permettre de leur faire traverser tout ça pour rien, j'avais intérêt à revenir gagnant.  « Oui. » me contentais je de lui répondre. Bien sur qu'ils me manquaient. Mais la séparation, ça nous connaissait. « Tu sais, t’as vraiment de la chance d’avoir une famille. Je donnerais tout pour ça. » C'était bien la première fois que j'entendais quelqu'un limite envier ma famille. Parce que croyez moi, personne ne désirait la mienne. Mais il est vrai que par bien des égards, j'avais de la chance. Ne serait ce que d'avoir ma mère. Malgré tout ce que ses enfants avaient pu lui faire traverser et endurer, elle était toujours là aujourd'hui pour nous, malgré tout. Quoi qu'il arrive. Et puis...Oui, on pouvait dire ça. En comparaison de quelqu'un qui n'avait personne, assurément.  « Je sais. J'en ai conscience. » On avait dit pas de pitié pour Esther, alors je ne dirais rien d'autre.  « Je sais que t'en crève d'envie, alors vas y...Pose les moi tes questions. » lâchais je finalement, un léger sourire aux lèvres.  « Considères ça comme mon cadeau d'anniversaire. » Non parce que ça se voyait qu'elle se retenait de me poser un millier de question. Et même si je ne promettais pas de lui répondre à tout, c'était le moment, qu'elle y aille. J'étais prêt à faire un effort.

Il en avait conscience, c’était déjà ça. Bien des personnes ne le savaient ou ne faisaient tout simplement pas attention à ce détail. C’était important à mes yeux. « Je sais que t'en crève d'envie, alors vas y...Pose les moi tes questions. » Je souris grandement. Voilà qu’il me faisait plaisir. Il disait même que c’était mon cadeau d’anniversaire. Il n’aurait pas besoin de le répéter deux fois, j’avais bien l’intention de le bombarder de questions. Je m’en posais tant à son sujet. « Très beau cadeau ! » dis-je en rigolant, baissant le regard pour réfléchir, les yeux fixés sur ma tasse de café. Par quoi commencer ? « Tout d’abord, vous êtes combien dans ta famille ? Parle moi de ta mère, de ton père ! » demandais-je d’abord, relevant les yeux vers lui, hâte d’en apprendre un peu plus. J’étais de nature curieuse, alors qu’il me laisse enfin poser mes questions, cela me donnait le sourire. Je ne voulais pas me faire insistante non plus. J’imaginais qu’il n’allait pas réellement répondre à tout, mais j’allais tenter. « T’étais comment quand tu étais jeune ? L’autre jour tu m’as dit que t’avais fait des conneries... quelles genre ? » Bon, je devais me calmer aussi. Pas tout en même temps. J’allais passer pour une vraie folle. Dans le genre reporter, on ne fait pas mieux. J’aurais peut-être du faire ce métier à la place d’infirmière. Et puis, s'il ne voulait pas en parler, c'était peut-être parce que c'était douloureux. Alors je devais un peu calmer mon enthousiasme.

Lui accorder de me poser des questions sur ma vie sembla la mettre en joie. Bon sang, je sentais déjà que j'allais regretter de lui donner cette faveur. Mais bon c'était son anniversaire alors... Un petit effort ne me tuerait pas. D'autant que si je n'aimais pas parler de moi, ce n'était pas pour autant douloureux de le faire. « Tout d’abord, vous êtes combien dans ta famille ? Parle moi de ta mère, de ton père ! T’étais comment quand tu étais jeune ? L’autre jour tu m’as dit que t’avais fait des conneries... quelles genre ? »  » Cela faisait beaucoup de questions tout ça quand même. Mais en tout cas la demoiselle avait retrouvé le sourire. Il lui en fallait peu tout de même. Je ne savais pas que c'était si excitant que ça que d'en apprendre plus sur moi. Somme toute, ma vie n'avait rien d'intéressant.  « Deux enfants, je n'ai qu'un frère. Plus âgé. Le père, aux abonnés absents. Il est parti peu après ma naissance. Il revenait de temps en temps, principalement pour réclamer de l'argent. Cela ne m'étonnerait pas qu'il est foutu enceinte d'autres femmes, mais je ne suis pas au courant. » M'étonnerait pas qu'un jour, un demi frère ou demi sœur débarque dans ma vie sans crier gare.  « Quant à ma mère... C'est le genre de femme à prendre trois boulots pour faire vivre ses gosses. A se sacrifier pour sa famille. » Même si je ne lui avais pas montré suffisamment malheureusement, j'aimais vraiment ma mère. Une des raisons pour lesquelles j'étais là, d'ailleurs. Lui rendre un peu de ce qu'elle nous avait donné.  « Pour ce qui est de mes conneries...Du genre à faire de la prison » lâchais brutalement, en plantant mon regard dans le sien. Elle voulait savoir, elle savait.

Je l’écoutai parler. De son frère, de son père. Un père absent dans une vie, je pouvais bien le comprendre sur ce point. Je ne savais même pas qui était le miens. Cela devait cependant être horrible de devoir faire face à un père qui revient, mais pas pour toi. « Quant à ma mère... C'est le genre de femme à prendre trois boulots pour faire vivre ses gosses. A se sacrifier pour sa famille. » J’affichai un petit sourire, ayant beaucoup d’admiration pour cette femme que je ne connaissais même pas. Quelqu’un qui se sacrifie pour sa famille, c’est beau. Je ferai la même chose si j’ai des enfants. Juste à voir le regard de Cooper, on voyait bien qu’il aimait sa mère. J’étais touchée par ses paroles, même si je ne le démontrais plus ou moins. C’est alors qu’il lâcha la bombe. En même temps, j’avais cherché à savoir. « Pour ce qui est de mes conneries...Du genre à faire de la prison » Je m’accrochai à son regard, ne trouvant pas quoi dire sur le moment. « Oh... » était le seul mot qui était sortit de ma bouche alors que je fronçai les sourcils, laissant sa réponse faire son chemin dans mon cerveau. Il m’avait bien avertie qu’il n’était pas un enfant de coeur. Je n’aurais simplement pensé qu’il avait fait de la prison dans le passé. C’était assez gros tout de même. « Je... T’es pas un dealer de drogue tout de même ? » demandais-je bêtement, me posant fortement la question tout de même. Qu’avait-il pu faire de si pire ? Cela ne changeait pas ma perception de lui. Je me rendais simplement compte qu’il ne l’avait pas eu facile.

Ma petite bombe fit son effet. Ah je pariais qu'elle ne s'y attendait pas à celle là. Oh... Oui cela faisait généralement ce genre de réactions. Elle sembla prendre quelques temps pour assimiler la nouvelle. Et puis évidemment, la première question qui s'ensuivit, concernait le pourquoi du comment. Logique. Il s'inquiéta que je puisse avoir été dealer de drogue. Dans le fond j'aurais probablement pu.  « Non. Et je n'ai tué ni violé personne si ça peut te rassurer. » tins je bon à préciser. Je n'allais assassiner personne dans son sommeil, rassurez vous. Bon, par contre pousser quelqu'un du haut de la falaise était toujours envisageable...Vous savez, dans un moment d'égarement. Non ?  « J'ai un casier judiciaire long comme mon bras. Vol, dégradation de biens, insubordination, agressions... » La plupart de ces trucs s'étaient déroulés lorsque j'étais encore mineur. Si bien que je m'en étais toujours plus ou moins bien sorti. Seulement après, je n'avais plus cette excuse.  « On a cambriolé plusieurs maisons, tu vois. On était plutôt doués » Ouais, non mais genre j'allais m'en vanter en plus. Sans m'en rendre compte, j'avais utilisé naturellement le pronom « on ». « Jusqu'au jour où il y en a un qui a mal tourné...Des coups de feu ont été tirés, des personnes blessées, et j'ai pris deux ans » Perso je n'avais blessé personne, mais c'était du pareil au même. Voilà pour le résumé très rapide.  « Voilà le genre de personne que je suis » Alors, elle l'aimait toujours son mini Cooper maintenant ?