Le prime ne s’était vraiment pas passé comme je l’avais espéré. Enfin, dans un sens si : j’avais voulu voir Baptiste sauvé et il l’était. Malheureusement, Sixtine était partie comme ça, contre toute attente, à la grande surprise de tout le monde. À peine le temps de lui dire au revoir en vitesse et elle ne figurait plus parmi les actuels candidats encore en lice. C’est avec le cœur gros que je m’étais échappé du prime juste à sa fin. Dans la salle de bain, j’avais troqué ma robe élégante pour un pyjama un peu moins distingué. Mes talons hauts pour mes pieds nus. Ma natte dite « romantique » pour une simple queue de cheval. J’étais prête pour m’endormir dans les bras de Morphée, avec la bonne intention de ne pas veiller très longtemps. Pourtant, c’est ce que je fis. Allongée dans le lit que je partageais toujours avec Lukas et avec plaisir, je n’arrivais pas à trouver sommeil. Je n’arrêtais pas de souffler d’impatience. Je ne pensais qu’à une seule chose, qui me fendait réellement le cœur. Je savais qu’en perdant Sixtine, je perdais ma confidente. Je peux bien parler avec Lukas, Artie ou Baptiste, mais ça ne sera pas du tout pareil, pourtant, j’avais envie de réconfort et ces avec ce dernier que je pouvais en avoir. Non pas que Lukas ne pourrait pas m’en donner, mais j’avais été plus proche encore de l’autre jeune homme. Finalement, je m’étais levée et j’avais enfilé mes pantoufles dans le couloir, pour pénétrer dans l’autre chambre, qui était baignée de l’obscurité la plus totale. Sachant où il dormait, je me déplaçais à tâtons dans la chambre, avant d’atteindre le lit de Baptiste, dans lequel je me glissais sans prendre le temps de vérifier où il était. Je ne pensais qu’à une seule chose : me blottir dans ces bras comme quelques heures auparavant, ce que je fis.

Ce prime avait véritablement été un choc pour moi, le départ de Sixtine m’avait fait quelque chose, en deux semaines j’avais déjà vu deux de mes amies être éliminées, mais cette dernière avait été sortie à l’arrache et je ne m’en remettais pas. Le fait que Ruben et moi-même soyons rentrés dans l’aventure aurait dû me réjouir, mais à la place j’étais nostalgique. J’avais été boire un peu de champagne avec Céleste pour fêter notre retour dans l’aventure mais le cœur n’y avait pas été à cent pourcent. Je filais vite au lit, simplement vêtu de mon boxer. Quelle chance, Mélissa dormait ailleurs cette nuit, je crois qu’elle avait compris qu’il était plus prudent pour elle d’aller chercher la merde vers quelqu’un d’autre. Après ce qu’elle avait dit au départ de Sixtine je crois que j’aurais été capable de l’étrangler pendant son sommeil, elle m’insupportait et être avec elle une semaine de plus m’énervait plus qu’autre chose. Maintenant que j’étais allongé j’attendais patiemment que le sommeil me gagne, le problème c’est que ça n’arrivait pas et que je n’étais pas réputé pour ma patience. Je fermais les yeux, essayant part tous les moyens de m’endormir mais rien. J’étais envahi par pleins de pensées concernant Sixtine en priorité et une petite larme coulait le long de mon visage. Je m’étais rapidement attaché à elle et c’est avec ce départ surprise que je me rendais réellement compte de la dureté de cette aventure, ce n’était que le début. Quelqu’un me rejoignait dans mon lit, je tentais donc de dissimuler les quelques larmes qui perlaient sur ma joue, tournant la tête pour distinguer cette personne. C’était Oona, je me forçais à sourire pour faire bonne impression mais j’étais un bien piètre comédien sur ce coup. Je m’approchais d’elle pour la prendre dans mes bras, une soudaine envie de sangloter me prenait, il fallait que je parle pour la refreiner… Que je pense à autre chose.

Baptiste était l’un de mes derniers soutiens ici, bien que je n’en ai jamais eu beaucoup. Rapidement, je m’étais attachée à sa bouille de miel et j’avais réussi l’exploit de m’en rapprocher si facilement, comme avec Sixtine… son départ nous avait tous affecté en quelques sortes, mis à part pour quelques personnes qui préféraient gueuler que de se la fermer. Dire que je la voyais réellement gagner l’aventure, même si je préférerais que ce soit moi, et qu’en un seul coup de fil, elle s’en était allé. Bref, dans le lit, que j’imaginais être celui de Baptiste, je me blottissais contre lui en silence, en sachant qu’il ne me rejettera pas. Au contraire, il me prit dans ses bras. J’avais réellement envie de pleurer, la tristesse se lisant sur mon visage, mais j’essayais de tenir du mieux que je pouvais. Mais je n’avais pas de mots pour décrire à quel point j’étais à la fois triste, mais très en colère contre ce put*n d’angelot de nous avoir fait ça. Je n’enrageais qu’envers lui et absolument pas envers Connor. Le pauvre, devait être affecté autant que nous, Baptiste et moi. Parce qu’en relevant mon visage, j’avais bien vu qu’il n’allait pas bien. Que malgré son repêchage, il était bien attristé par le départ de la blonde déjantée, tout comme moi. Une larme coulait toujours sur sa joue, que j’effaçais rapidement et doucement du revers de ma main. Le silence valait mieux que des mots dans ce cas, je n’avais aucune envie d’en rajouter… pourtant je ne pouvais rester silencieuse très longtemps. Reniflant un peu, j’enfonçais ma tête un peu plus dans le creux de son épaule. « Heureusement que t’es resté… » Lâchais-je, la vague à l’âme.

Ce soir je n’avais pas envie, mais alors vraiment pas envie de faire semblant d’aller bien puisque ce n’était pas le cas et puis merde… Pourquoi est-ce que je n’arrivais pas à contenir mes larmes ? Je crois que j’étais un peu fatigué et j’avais accumulé énormément de choses, le départ de Madeleine la semaine dernière suivie de celui de Sixtine aujourd’hui et enfin le manque de mes proches. Il fallait bien que je craque un jour ou l’autre et j’avais choisi ce soir. Oona me rejoignait et j’étais déjà un peu plus apaisé, avec elle je savais que je pourrais être moi-même et qu’elle ne me jugerait pas une seule seconde. Elle remarquait mes larmes qu’elle essuyait, je reniflais un coup essayant de rester fort. Je ne sais pas quoi lui dire à part que je vais être là pour elle et que si elle désire parler je serais également son confident. Je savais qu’elle s’entendait à merveille avec Sixtine et nous allions tout deux devoir apprendre à faire sans elle-même si c’était plus dur que prévu. Elle se blottissait contre moi, je passais ma main contre son visage pour le caresser, je ne me sentais pas très bien ce soir et le fait qu’elle soit là allait être positif. « Heureusement que t’es resté… » Je lui souriais, il est vrai qu’avec mon départ Oona aurait perdue deux personnes qu’elle appréciait dans cette aventure. « Je suis content d’être là pour au moins une semaine supplémentaire même si ça ne sera plus pareil sans Sixtine. » Je lui dépose un petit baiser sur la joue.

Je lui adressais moi aussi un léger sourire, pour lui prouver que j’étais réellement heureuse, mais je ne pouvais pas faire plus que ça. Ce n’était pas vraiment le moment de sourire, de rire, de jouer avec lui. Les semaines passées étaient bien loin, mais c’est un peu dans la tristesse que je me rendais compte que j’étais attachée encore plus à lui, que ce que je croyais. « Je suis content d’être là pour au moins une semaine supplémentaire même si ça ne sera plus pareil sans Sixtine. » Je sentais mon cœur faire un bond, baissant les yeux et acquiesçant ce qu’il venait de dire par un léger mouvement de tête. L’aventure Fake Lover allait avoir un autre goût à présent, moins piquant, un peu plus amer. Comme il me déposait un baiser, je ne pouvais pas empêcher un léger sourire en coin se former sur mes lèvres, pour disparaître aussi rapidement qu’il était arrivé. Je resserrais mais bras autour de lui, lâchant un nouveau soupire. « C’est clair… elle me manque déjà » disais-je, un peu comme à moi-même, de peur qu’on ne puisse l’entendre. Je me moquais bien que l’on puisse trouver nos réactions excessives. On avait bien le droit d’être triste… « C'est absolument injuste de la faire sortir comme ça ! »

Cette nuit s’annonçait déjà un peu moins pénible grâce à Oona. Depuis notre rencontre à la piscine je peinais à lui trouver le moindre petit défaut, elle était tellement gentille et sensible, j’avais vraiment envie de la protéger. Je crois bien qu’elle était un peu la petite sœur que je n’avais jamais eue, je veillais sur elle de manière plus ou moins discrète. « C’est clair… elle me manque déjà » Je soupirais venant caler ma tête contre la sienne dans le creux de son bras, je m’imprégnais tranquillement de son odeur corporelle qui était agréable. « Ne m’en parle pas… Je me dis que la suite va être difficile sans elle. » J’étais vraiment triste de son départ et il aurait suffi qu’une seule personne me cherche pour que je m’énerve comme jamais dans cette émission. « C'est absolument injuste de la faire sortir comme ça ! » Je me contentais d’hocher la tête pour lui faire savoir que j’étais bien d’accord avec elle sur ce coup-là. Bon, il fallait qu’on parle d’autre chose pour éviter de trop être dépressif avant la fin de la nuit, et si nous parlions de nos petites aventures dans l’émission. « Alors… Comment ça se passe avec Artie ? » Pour être honnête je ne savais pas s’il se passait vraiment quelque chose entre eux, j’avais simplement remarqué qu’ils étaient proches lorsque j’étais venu remplir mon défi donné par Sixtine.

« Ne m’en parle pas… Je me dis que la suite va être difficile sans elle. » Je ne le comprenais que trop bien, malheureusement. J’eu une moue de tristesse sur mon visage, qui n’allait pas s’en aller avant un bon moment maintenant. Je laissais échapper un petit bruit d’entre mes lèvres pour lui montrer que je pensais la même chose. Malheureusement, nous avions signé pour ce jeu en connaissance de cause. Personnellement je n’avais pas pensé m’attacher à qui que ce soit en venant ici et pourtant c’était bien le cas. Ce fut à son tour d’acquiescer quand je lui disais que c’était injuste. Dans mon esprit, certaines personnes n’avait pas leur place dans le jeu et si j’avais pu, j’aurai échangé leur place – je parle bien de Melissa par exemple – mais s’en était impossible. Je soufflais une nouvelle fois, laissant ma tête contre la sienne et fermant les yeux un instant. « Alors… Comment ça se passe avec Artie ? » Baptiste changea radicalement de sujet, ce qui me fit grandement plaisir. Non pas parce qu’il abordait le chapitre Artie, mais parce que cela allait nous changer les idées. J’haussais les épaules. Je ne saurais pas lui dire ce qu’il se passait réellement avec le Sir. Enfin si, je pouvais bien lui expliquer ce qui s’était passé entre lui et moi, avant et après qu’il ne soit entré dans la salle de musique… d’ailleurs je lui en voulais un peu de nous avoir coupés, mais il ne pouvait pas savoir… « Ca se passe… » Commençais-je, en décalant un peu ma tête, pour mieux regarder Baptiste. « Ca se passe bien. C’est tout… » J’haussais une nouvelle fois les épaules, mordant un peu ma lèvre inférieure pour m’empêcher de parler. J’appuyais de nouveau ma tête contre lui, espérant qu’il ne s’étale pas plus sur le sujet.

Lors de notre après-midi spécial défis avec Sixtine nous n’avions eu de cesse d’embêter les autres candidats de ce château, Sixtine était allée toucher les fesses de Moore, chanter la sérénade à Connor entre autres mais je n’avais pas non plus été en reste, j’avais eu l’obligation de mettre des glaçons dans le décolleté de Evey, lécher l’oreille de Zhara et bien d’autres, pendant cette journée j’avais tout naturellement reçu un défi concernant Artie qui, à ce moment-là était en compagnie d’Oona. Je lui avais mis la fessée devant elle sans imaginer que je pouvais arriver au mauvais moment, il faut dire qu’il n’y avait eu aucune indication d’un quelconque rapprochement, si j’avais su pendant ne serais-ce qu’une seconde qu’elle comptait par exemple l’embrasser et bien je ne serais jamais venu… Personne ne prévenait personne dans cette maison et c’était ça le problème, il y avait toujours quelqu’un pour débarquer au mauvais endroit et au mauvais moment. « Ca se passe… » Elle marquait une courte pause, par respect pour elle je ne répondais pas attendant sagement la suite de sa phrase. « Ca se passe bien. C’est tout… » Je ne souriais pas parce qu’elle semblait être un peu blasée. « T’es certaine que ça se passe bien ? »

Le Sir et moi-même étions liés par une relation qui m’échappait totalement. Je n’avais jamais connu ce genre de chose avant d’entrer à Fake Lover et j’avais, en quelque sorte, peur. Je n’avais pas envie de mentir à Baptiste, mais je n’avais pas non plus envie de m’afficher devant tout les téléspectateurs. Je ne suis pas douée pour parler de ce que je ressens alors avec autant de monde devant leurs écrans. Je n’essayais pas d’être convaincante, mais je voulais juste laisser couler ce sujet, qui d’ailleurs était arrivé aux oreilles de pas mal de personnes ; trop à mon avis. J’avais pourtant pas l’impression qu’Artie me bouffaient des yeux et que je faisais de même envers lui. J’essayais même de ne pas trop rester en sa compagnie quand nous étions tous ensemble. « T’es certaine que ça se passe bien ? » Je relevais une nouvelle fois ma tête vers lui, fronçant légèrement les sourcils, lâchant un soupire. Techniquement oui, tout allait bien. J’étais heureuse en sa compagnie, il me donnait l’impression d’avoir fait des progrès sur la confiance en moi. Il m’avait fait découvrir une nouvelle chose aussi : mon tout premier baiser. Pas un smack, mais un vrai baiser et pas qu’un en plus. C’est cela même qui m’effrayait. J’avais l’impression de trop m’attacher à lui et que ce n’est soit pas partagé, soit partagé, mais pas au même degré. « Non… enfin si… » Je m’emmêlais les pinceaux, finissant par souffler une nouvelle fois. « Ca me fait peur Baptiste… »

Je savais qu’Oona était un peu dans le même cas que Lukas ou Zhara, ils représentaient encore les jeunes qui n’avaient pas fait trop d’expériences farouches et c’est d’ailleurs pour ça que je voulais m’assurer qu’elle était bien avec Artie. J’avais fait pas mal de bêtises étant plus jeune et je me disais qu’il y avait peut-être moyen de l’aider à faire les bons choix maintenant que je m’étais calmé et que j’avais de l’expérience. Elle pouvait se confier à moi, si elle désirait attendre je comprendrais mais je serais toujours là si elle avait besoin d’une oreille attentive. « Non… enfin si… » J’allais finir par m’emmêler les pinceaux moi aussi, ajoutez à cela l’heure relativement tardive de notre discussion et vous obtiendrez vous aussi le mal de tête qui allait bientôt me prendre. « Ca me fait peur Baptiste… » Elle était toujours dans mes bras, je me faisais beaucoup plus réconfortant lui déposant un nouveau bisou sur le front lui caressant le dos pour la rassurer en quelque sorte. « C’est normal Oona… Le contraire me surprendrait beaucoup plus parce qu'on est tous passés par là un jour ou l'autre. Tu as quelque chose en particulier qui te rend anxieuse ? »