Je parlais à Baptiste en chuchotant, je voulais que nos conversations restent secrètes. Confidentielle, parce que maintenant Sixtine partie, c’est à ce jeune homme que j’allais me confier et cela ne lui sembla pas le déranger. J’en étais soulagée. Je pouvais compter aussi sur lui pour ne pas semer un peut partout dans la maison ce que j’allais lui dire, tout comme j’avais une totale confiance en Sixtine. C’était même assez drôle de me dire que j’étais si proche d’un garçon, alors que même en étant jeune, mes seules et rares amies étaient toutes des filles. J’étais tout de même dans ses bras et ça ne me dérangeais pas. Le baiser qu’il me déposa au niveau de ma tempe ne me dérangeais pas non plus, bien au contraire. Il me faisait sentir encore plus en confiance à ses côtés. « C’est normal Oona… Le contraire me surprendrait beaucoup plus parce qu'on est tous passés par là un jour ou l'autre. Tu as quelque chose en particulier qui te rend anxieuse ? » Mes sourcils restaient froncés, formant un tout avec le reste de mon visage. Une expression troublée que j’avais très souvent, quand une situation me dépassait et celle que nous abordions était bien au dessus de moi. Artie est quelqu’un que j’ai du mal à cerner, mais qui m’envoûte bien malgré moi. Je décollais un peu ma tête de son épaule, pour regarder le plafond que je ne pouvais pas voir dans le noir, pour finalement replacer mon regard sur le sien. « Pas quelque chose en particulier… Tout me rend anxieuse ! J’ai peur de m’attacher trop à lui et d’être déçue ensuite. J’ai peur de ne pas être à sa hauteur, peur de ne pas être assez bien. Peur de me faire des films pour rien. » Je marquais une pose, déviant me regard ailleurs. J’étais embarrassée. Toutes ces peurs qui ne faisaient que gâcher ma vie. Voilà pourquoi je ne pouvais avoir une relation avec personne, que ce soit en amitié ou en amour. Quand ça commence trop bien, je sais que je peux tout faire capoter.

J’aimais cette relation que j’entretenais avec Oona parce qu’elle était reposante et apaisante, entre nous il n’y avait pas d’ambiguïtés. En réalité je n’avais jamais été aussi proche d’une fille sans ressentir quelque chose de plus important, elle était comme une petite sœur comme je le disais précédemment et c’est ça qui faisait qu’on était redoutables une fois réunis. Ce soir je me sentais bien dans ses bras, j’oubliais pendant un instant que Sixtine était sortie, je ne pensais plus à rien mise à part peut-être mes conseils que j’allais donner à ma petite Oona. Elle était bien plus fragile qu’on ne pouvait le croire et je l’avais toujours su, c’était une qualité et un défaut à la fois. Je voulais qu’elle soit franche avec moi et qu’elle puisse confier comme si j’étais justement son frère, ses secrets étaient bien gardés avec moi de toute manière, faire les potins ça me plaisait mais jamais lorsqu’il était question de secrets confiés comme ça. Je parlais tout doucement pour empêcher les caméras d’entendre ce que nous étions en train de dire, je sentais qu’elle allait finir par tout m’avouer. « Pas quelque chose en particulier… Tout me rend anxieuse ! J’ai peur de m’attacher trop à lui et d’être déçue ensuite. J’ai peur de ne pas être à sa hauteur, peur de ne pas être assez bien. Peur de me faire des films pour rien. » Je souriais, pas parce que je me moquais d’elle mais parce qu’elle me rappelait moi, même en ce moment j’avais tendance à avoir peur de m’attacher, c’était mon plus gros défaut parce que je prenais très vite mes jambes à mon cou par angoisse face à la souffrance, j’avais une bien piètre image de moi et je me sentais incapable de mettre en valeur des candidats comme je l’avais fait savoir à Moore à propos de Lukas. « Tu veux que je te dise quelque chose ? Je ne sais pas si c’est la meilleure solution parce que je l’essaye en ce moment mais arrêtes de réfléchir… C’est de là que viennent les problèmes, lances-toi tête baissée et n’aie pas peur de te cogner contre un mur parce que c’est comme ça qu’on se relève plus fort. »

Quand ça commence trop bien, je sais que je peux tout faire capoter... Je resserrais mes bras autour du corps de Baptiste. Ca m’était arrivé très souvent en amitié aussi, même le plus souvent. L’idée de m’éloigner de lui pour une petite broutille m’était à la fois inconcevable, mais tellement probable aussi. Voyez, nous étions tellement bien à deux en ce moment, mieux encore que les semaines précédentes, trop bien pour que cela dure. Mais j’allais faire en sorte que notre « association » dure encore un long moment. « Tu veux que je te dise quelque chose ? Je ne sais pas si c’est la meilleure solution parce que je l’essaye en ce moment mais arrêtes de réfléchir… C’est de là que viennent les problèmes, lances-toi tête baissée et n’aie pas peur de te cogner contre un mur parce que c’est comme ça qu’on se relève plus fort. » Je n’avais pas vu son sourire et non à cause de l’obscurité, mais parce que je m’étais reposée contre lui, ma tête sur son torse. Je ne voyais Baptiste que comme un confident, un frère, un ami et je savais qu’il n’avait aucunes arrières pensées. C’est pourquoi j’osais me coller ainsi à lui, en fermant les yeux, expulsant un souffle las. « Ca à l’air tellement facile dit comme ça… mais c’est pas si simple de changer ! » Je restais sur son torse, sans bouger, le simple mouvement de mon ventre prouvant que j’étais encore bien vivante. « Je l’ai embrassé la semaine dernière… » Lâchais-je, dans un murmure.

J’allais tout faire pour que cette relation avec Oona ne soit pas une déception pour elle comme pour moi. Il n’y avait pas de raison mais j’étais presque certain qu’elle manquait de confiance en elle et lorsqu’on manquait de confiance en soit on avait tendance à faire des conneries juste parce qu’on se rabaissait. Dans ce château elle était l’un de mes piliers, je ne le lui avais jamais dit mais peut-être qu’un jour je me laisserais aller à une ou deux confidences dans ce genre-là. Je n’étais pas quelqu’un qui aimait montrer ses sentiments, j’avais été tellement déçu par le passé que j’avais bien du mal à réellement faire confiance aux autres, cette aventure avait changé mon point de vue puisque je m’étais fait pas mal de nouveaux amis et ça me faisait vraiment du bien. « Ca à l’air tellement facile dit comme ça… mais c’est pas si simple de changer ! » J’étais bien d’accord avec elle sur ce point, comme je le disais précédemment j’étais également en train d’essayer cette méthode pour voir si j’avais des sentiments pour Lukas ou pour Lhoas. « Sur ce point nous sommes d’accord… » Je lui souriais passant mon bras contre son dos que je caressais. « Je l’ai embrassé la semaine dernière… » Je baissais la tête pour la regarder puis je levais les yeux pour observer le plafond. « J’ai couché avec Lhoas la semaine dernière alors que je m’étais promis de le faire avec Lukas… »

Si c’était si facile de changer, je l’aurai fais depuis tellement longtemps. Je serais devenue une jeune femme beaucoup plus épanouie, toujours un sourire accroché à mes lèvres. Je serais sociable, avec une tchatche d’enfer. Je ne me poserais pas de questions et je vivrais les moments présents sans réfléchir à quoi que ce soit. Derrière ça, je serais une fille très cultivée, que l’on pourrait croire angélique et un peu naïve, mais ça ne serait pas le cas... « Sur ce point nous sommes d’accord… » Je soupirais, contre Baptiste. Ce n’était que des illusions dérisoires, qui ne se réaliseront jamais. Du jour au lendemain, je ne pouvais pas arrêter d’être ce que je suis pour être qui j’aimerais devenir. Je n’étais pas obligé de lui en parler, mais maintenant que nous étions sur notre lancée, je lui avouais à demi-mot avoir embrassé Artie. Je ne m’éternisais pas, mais à défaut de pouvoir le dire à la blonde, je lui disais à lui. « J’ai couché avec Lhoas la semaine dernière alors que je m’étais promis de le faire avec Lukas… » Sa révélation n’était pas du même niveau que la mienne et impliquait des personnes que je connaissais et que j’appréciais. Je relevais ma tête afin de pouvoir le regarder. « Pourquoi tu l’as fais alors ? » Je ne le jugeais pas. J’étais simplement curieuse de connaître cette histoire, parce que Lukas m’avait dit une fois que Baptiste l’avait embrassé, mais il m’avait dit aussi que Lhoas l’avait fait. Il se tramait quelque chose entre eux…

Si changer était aussi simple il n’y aurait surement plus de problèmes dans le monde, il n’y avait pas un seul jour pendant lequel je ne désirais pas être plus sympathique, moins franc pour arrêter de blesser les autres ou encore être plus compréhensif mais la vérité c’est qu’on ne pouvait rien faire à ça. Lorsque je lui disais qu’elle pouvait foncer la tête première c’était plutôt une métaphore pour lui faire comprendre que sans changer ce qu’elle était au fond elle pouvait tenter de se forcer à faire des trucs qu’elle n’aurait pas l’initiative de faire au départ, au bout de quelques temps ce qu’elle détestait faire deviendrait plus évident et beaucoup moins simulé jusqu’à être naturel ou presque… C’était comme ça qu’on évoluait et pas autrement. Je lui avouais ensuite après sa petite déclaration que j’avais eu une relation sexuelle avec Lhoas alors que je me prédestinais à avoir ma première expérience masculine avec Lukas. « Pourquoi tu l’as fais alors ? » Bonne question, je n’avais pas vraiment envie de me justifier parce que j’étais très mauvais pour ça. « Parce que Lhoas est attirant… Il est gentil, amusant, pas complexé pour un rien… Il me correspond totalement mais il y a quelque chose qui me bloque... J'ai peur de ne pas parvenir à lui faire confiance totalement au niveau de la fidélité. » Je ne savais pas ce que je voulais voilà le problème.

S’il s’était fait une promesse, pourquoi ne l’avait-il pas tenu ? Même une promesse à lui-même. Je n’étais rien ni personne pour lui faire la leçon ou la morale, mais je n’avais pas envie que ces actes ou le fait d’avoir fait l’amour avec Lhoas pouvait blesser quelqu’un dans l’affaire. Surtout Lukas. Je me rendais compte que j’étais plus proche de Baptiste, mais Lukas est tout de même mon partenaire. On se soutient, dans n’importe quelle épreuve. « Parce que Lhoas est attirant… Il est gentil, amusant, pas complexé pour un rien… Il me correspond totalement mais il y a quelque chose qui me bloque... J'ai peur de ne pas parvenir à lui faire confiance totalement au niveau de la fidélité. » Je ne savais pas quoi lui dire réellement, j’étais sûrement la moins bien placé parmi les candidats pour lui parler de ça. J’étais tout de même curieuse. Fronçant légèrement les sourcils, je bougeais un peu ma tête pour trouver une meilleure place sur lui. « Et en ce qui concerne Lukas ? Tu lui fais confiance ? » Lukas était un garçon bien et je ne doutais pas un seul instant de sa réponse. Il était très différent de Lhoas, peut-être un peu plus complexe. « Et Lukas est au courant ? » Je parlais bien du fait qu'ils aient fait l'amour...

Se promettre de faire quelque chose était bien, mais respecter cette promesse était bien plus compliquée. Peut-être que j’étais un OVNI parmi tous les autres candidats parce que jusqu’à maintenant j’avais toujours essayé de tenir parole, le problème c’est qu’on ne pouvait pas toujours le faire. Il y avait des choses qui faisaient qu’on avait tendance à se tourner peut-être de manière inconsciente vers la facilité, Lhoas représentait-il la facilité ? Non, il représentait bien plus à mes yeux. Je me laissais aller à cette confession avec Oona même si j’avais à présent l’impression qu’elle me jugeait légèrement, je m’en fichais parce qu’on ne pouvait pas toujours faire l’impasse dessus. « Et en ce qui concerne Lukas ? Tu lui fais confiance ? » Je n’avais pas besoin de réfléchir à la question puisque la réponse me paraissait extrêmement évidente. « Bien sûr que je lui fais confiance. » Ce n’était pas vraiment un problème de confiance bien que ce soit la seule chose qui me faisait toujours fuir en temps normal… Oui, je n’étais pas un mec qui donnait sa confiance comme s’il distribuait des tracts, j’avais du mal à être vraiment en confiance avec les autres, j’avais trop l’impression d’être à découvert, je perdais toute ma force et on pouvait plus facilement me faire souffrir. « Et Lukas est au courant ? » Je laissais tomber ma tête contre son bras, respirant quelques secondes avant de répondre à sa question. « Il l’a appris trop vite… Je ne sais pas comment d’ailleurs mais j’aurais voulu lui annoncer moi-même, j’avais des choses à lui dire que je n’aurais pas l’occasion de dire à présent. »

« Bien sûr que je lui fais confiance. » Cette seule réponse me donna un sourire. À mes yeux, il n’y avait aucun doute. S’il portait à Lukas une confiance qu’il n’avait pas envers Lhoas, il devrait se tourner vers le premier. Mais je n’avais rien à lui dire, rien à lui conseiller, mis à part de suivre son cœur. Je ne lui disais pourtant rien, j’étais la moins bien placée pour parler. Ces histoires d’amour, de cœur, de confiance et tout le tralala ont toujours été pour moi autant des énigmes que des conneries imaginaires. J’étais pourtant prise au pied du mur avec Artie. Tout ce que je ressentais pour lui, si du moins j’en avais la moindre idée ou le moindre mot pour le qualifié, était totalement nouveau pour moi. Je n’étais pas tiraillée entre deux personnes comme Baptiste, mais entre une seule personne et mon propre état d’esprit. J’étais partie avec l’idée de gagner de l’argent et Artie était en train de briser petit à petit ma vision du jeu. Je sentais la tête de Baptiste contre l’un de mes bras. À mon tour, je lui déposais un baiser au niveau de sa tempe. « Il l’a appris trop vite… Je ne sais pas comment d’ailleurs mais j’aurais voulu lui annoncer moi-même, j’avais des choses à lui dire que je n’aurais pas l’occasion de dire à présent. » J’eu une moue attristée. Je n’étais pas la seule peinée en ce moment. Nous n’avions pas les mêmes peines, mais cela touchait nos deux petits cœurs fragiles. Je laissais un silence s’installer pendant quelques secondes, qui durent se transformer en minutes. Je finissais par lui demander, toujours à voix très basse. « Est-ce que t’as déjà été amoureux ? » Je me posais des tas de question sur le sujet. Et depuis tellement peu de temps…

Par réflexe je me serais en effet tourné vers Lukas, ce n’était pas un problème de confiance en l’un des deux hommes qui me bloquait… Le problème était bien plus profond, j’avais peur, oui j’étais effrayé à l’idée de donner ma confiance à l’un des deux pour me retrouver briser comme ça m’était déjà arrivé par le passé. C’était peut-être stupide mais je n’étais pas non plus réputé pour être un mec ultra intelligent. Lorsque j’étais attaché à une personne je me retrouvais bien vite à découvert, je me défendais beaucoup moins bien et mon air intouchable disparaissait vite. Je n’aimais pas cette sensation d’être faible. « Est-ce que t’as déjà été amoureux ? » Elle me posait là une très bonne question, je lui déposais un petit bisou dans le cou réfléchissant pour ne pas dire quelque chose que je ne pensais pas. « Je ne suis jamais tombé amoureux… J’ai déjà éprouvé un certain attachement c’est vrai mais jamais au point de m’en remettre à une personne. » Je lui souriais et me décidait à lui retourner la question. « Et toi ? »