WIDDY.

Quel prime merdique, quand même. Déjà que le début n'était pas glorieux, alors le milieu, autant ne pas en parler. Le chute, son embrouille avec la vachette du nid, le départ d'une fille qu'elle ne connaissait pas, tout ça était quelque chose de complétement pathétique. Autant certains habitants lui paraissaient sympathiques, autant d'autre étaient complétement énervants et agaçants. Cela leur arrivaient-ils de la fermer, rien que deux petites minutes ? Quoi qu'il en soit, énervée au possible, la jeune femme quitta le plateau après qu'Alix ait lâché la dernière phrase propre à lui même, pour rejoindre la chambre à coucher. Oh et puis y'aura l'autre qui va la faire chier, encore. Elle retira sa robe bleue* (oui pas noire n'est-ce pas ), pour finalement se retrouver en sous-vêtements. Elle se glissa ensuite sous les draps glacés de son lit, Baptiste n'ayant pas encore rejoint le lit, et c'était une bonne chose d'ailleurs. Elle ferma les yeux.

Mais à peine les avait-elle réouvert qu'elle en avait djéà marre. Elle n'arrivait pas à dormir. Elle tombait facilement endormie, d'habitude, mais elle ne saviat pas pourquoi, aujourd'hui c'était tout un autre son de cloche. Fais chier. Elle se leva alors, son iPod à la main et fit un tour dans le nid. Alors qu'elle parcourait la château et qu'elle vit les autres candidats en train de pleurer le départ de Blondie ou de fêter l'exclusion du petit con, elle roula des yeux. Ils étaient tellement pathétiques que ça lui brûler les prunelles au plus haut point. Elle passa devant les toilettes. Une pause pipi ne serait pas de refus.


Alors qu'elle ouvrit la porte, elle vit une tignasse blonde assise sur le trône. Premier réflexe ? Crier. Elle cria tellement fort que la chevelure se mit à bouger. Y'avait donc quelqu'un là dessous. Winifred. Ah oui, elle devait crêcher dans la salle de bain, enfin, elle pouvait aussi crécher dans les toilettes. Une vraie pouilleuse de toutes façons. Enfin soit. « T'as bientôt fini ? » fit-elle, tapant du pied, légèrement. Alors qu'elle était encore en train d'écouter de la musique, son iPod tomba et se décrocha des écouteurs. La musique jouait alors -oui son iPod est génial il arrive à mettre de la musique sans écouteurs, t'as un 'bléme p'têt? Elle commença alors à fredonner quelques paroles, dansant légèrement pendant que l'autre était toujours occupée de pondre. « hey i heard you were a wild one.. »

En tant que grande prêtresse de ce lieu magnifique et magique qu'était les toilettes, je me devais de siéger sur le trône même de la pièce, afin de démontrer mon pouvoir à quiconque oserait venir m'enquiquiner dans un moment si...pauvrement ennuyeux. Non bon oui, c'était ridicule, et nous n'étions que lundi, et je crevais déjà d'envie de quitter cette putain de pièce au plus vite, je sais pas, au moins histoire d'aller faire un coucou aux miroirs de la salle de bain, là où aussi j'aurais probablement plus de chance de croiser une quelconque espèce humaine d'ôté du pouvoir fabuleux qu'était la parole. Parler, je me rendais compte à quel point ce pouvait être formidable, maintenant que je ne pouvais plus l'exercer. Je le regrettais. Je regrettais les longs discours de Franckie sur la taille probable d'un hamster chinois, ou sur la couleur du dentifrice. Je regrettais Artie et sa façon très, trop, courtoise et lourde de s'exprimer. Je regrettais même Zhara et ses cours sur la religion, ses histoires tirées de la Bible. Je pourrais bien m'accorder quelques mots à échanger avec le mur, quoique échanger ne soit pas le terme le plus approprié étant donné que les chances que je reçoive une quelconque réponse de leur part soient minimes, mais soit. Brutalement, je fus tirée de mes songes par le bruit de la porte, l'action de la poignée et l'entrée d'un être-humain. Je virais légèrement folle au fur et à mesure que le temps passait ici. Si bien que je mis un petit moment avant de tirer une réponse à l'intention de Melissa. « J'ai rien commencé, cela dit je suis bien installée donc je doute d'avoir vraiment envie de bouger. » Vas pisser dehors, salope. Non mais oh, est-ce que je rentre chez les gens pour aller pisser chez eux, non, alors dégages. Si j'avais supporté de vivre dans une pissotière toute la durée des réveils de chacun des candidats, il n'était plus question que je cède mon trône à quiconque d'autre. Que je supporte ce bruit stupide d'urine tombante. Non, fini le temps où je questionnais encore les autres sur l'effet que leur procurait le fait de sentir leurs vessies se vider. Fuck. Je la regardais faire, après son avalanche d'iPod, et bon Dieu ce que j'avais mal pour le baladeur. Encore, j'espérais qu'elle avait eu la bonne idée de payer l'assurance au moment où elle l'avait acheté, si il lui appartenait, cela dit. C'était une véritable usine Apple ici, il n'était pas rare de voir une table envahie par plusieurs de ces engins. Et voilà qu'elle chante, cette cruche. Beh bien sûr, même entendre les prières de ma partenaire était plus supportable que l'autre blonde qui se croyait à X Factor. Simon l'aurait définitivement recalée, de toutes façons. « Ce que tu chantes mal bon Dieu c'est aberrant, pire même, c'est terrifiant. » Je n'attendais pas de réponses. Plus par le fait que de toutes façons, ce qu'elle allait pouvoir commenter, je m'en contre foutais.

« J'ai rien commencé, cela dit je suis bien installée donc je doute d'avoir vraiment envie de bouger. » Elle était marrante, la petite blonde. Si elle pensait pouvoir faire sa loi, celle là, c'était raté d'avance. Si elle était pas contente elle avait qu'à dégager ailleurs. Ah oui elle ne pouvait pas bouger, c'est vrai. Mais même, chaque personne avait le droit à un minimum d'intimité et cette idiote semblait ne pas être d'accord avec ça. Très bien, soit. « Envie ou pas tu vas bouger. Dégage à la salle de bain par exemple, j'ai la vessie en feu et si tu veux pas vivre dans une flaque de pisse toute une semaine je te conseille de virer tes jolies fesses de là. » Elle avait juste envie de faire pipi sur le sol, pour s'enfuir en courant, comme ça Winifred allait devoir dormir avec l'odeur nauséabonde avant que quelqu'un -ou elle-même tiens- ne nettoie le lendemain. Elle ne faisait que penser mais elle avait un rictus collé sur les lèvres. Elle devait avoir l'air abrutie à rigoler toute seule mais, de toutes façons ça n'allait pas changer de d'habitude. Quelques secondes plus tard, son iPod lui glissa des mains et tomba à une vitesse fulgurante et s'écrasant lamentablement sur le sol. Elle ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi ce truc était pas encore cassé. Sérieux, elle le trimballait partout, il chutait les trois quarts du temps, au supermarché, sur le bitume, le carrelage, au ciné, à la patinoire, dans son bain, contre les murs.. Ce truc devait être indestructible, ce qui en soit n'était pas une mauvaise chose. Elle le ramassa assez rapidement, pour finalement fredonner quelques paroles de la chanson que ce machin jouait. Aussitôt, elle se mangea une remarque de Winifred. Elle ne connaissait pas cette nana mais elle avait l'air d'être une sacré garce elle aussi. T'façon dans ce nid de merde y'avait que ça. Dès que tu disais bonjour à une nana, t'avais quatre vingt pour-cent de chance pour qu'elle saute sur toi et t'arrache la peau avec les dents. Des vrais dingues, si si, affirmatif. « Ta mère, Wifi. » C'était d'ailleurs parce qu'elle ne la connaissait pas qu’elle se permettait de lâcher des remarques de la sorte. Cette fille là était complétement casse bonbons, toujours à y aller de sa petite phrase. Elle était l'apogée, l’apothéose entre l'absurdité, autant sur le plan physique que moral. Sérieux, qui fout encore des chapeaux en deux mille douze ?! Un vrai patin à glace. D'ailleurs on aurait aisément dit qu'elle s'en était prit plusieurs dans la tronche celle-là. Si seulement elle pouvait patiner ailleurs. Genre, vers la sortie. En ayant plus que marre, la rousse s'approcha un peu plus de Winifred -de toutes façons vu la largeur de la pièce fallait pas faire plus de quarante cinq centimètres de tour de cul pour passer-, avant de finalement la pousser, tellement fort qu'elle se prit le mur à côté d'elle. Mais bordel, ça urgeait. Elle s'asseya donc sur le trône, pendant que l'autre agonisait sur le sol. Crève, salope. Crève. Et puis vite que ça, on a pas que ça à faire.

Et dire que celle-là, j'ai osé la complimenter sur ses cheveux lors de son entrée, genre cool, je suis Buzz l'éclair et je viens en paix, presque heureuse de voir une nouvelle tête s'ajouter à la troupe de candidats que nous formions déjà précédemment. Puis elle...une pouffiasse quoi. Je la regardais s'impatienter pour rejoindre les toilettes, pour monter sur mon trône, pour m'emmerder. Parce-que oui, qu'elle pisse ici m'emmerdait peut-être même plus que le fait que Ruben vienne poser sa merde dans ce même endroit. Pas d'un côté matériel, ni d'un côté lié à l'odeur, mais d'un fait psychologique qui faisait que si elle marquait son territoire ici alors que j'étais pile en période d'occupation, je risquais de très mal le prendre. Et ma fierté, inexistante, en prendrait bien malheureusement un coup. De manière indigeste j'avalais ses paroles, alors, levant par la même occasion les yeux au plafond. « Je suis pas certaine que seule ta vessie soit en feu, et ça expliquerait tellement de choses. » Aucuns sous-entendus là-dessus. C'est juste que les énergumènes dans son genre ont généralement chaud ailleurs, enfin bon. Pas que je comptais perdre mon temps à m'intéresser à elle de toutes façons. En plus elle recevait mal la critique, quelle demeurée. « Tu vois ce qu'elle te fait Wifi ? Pauvre conne. » répliquais-je en levant bien haut mon majeur sous ses yeux. Non mais oh, fallait pas pousser non plus. De un elle me dérange, de deux elle occupe le territoire, de trois elle chante et en plus elle se permet de me surnommer, ce dont j'ai terriblement horreur. Et elle s'avança, genre normal, tout va bien, pour m'éjecter tellement peu gracieusement du haut des toilettes que tombais directement nez à nez avec le mur. Merde, je vais la tuer. « Vas-y pisse bien avant que je te troue moi-même la vessie avec les doigts ! » lui dis-je alors une fois relevée. Pas très chic oui, je pouvais le concevoir. De toutes façons personne ne me verrait faire et en plus la présence de cette mégère renforçait les ondes négatives qui m'envahissaient maintenant en plus grand nombre que chacune des pauvres cellules positives que je pouvais encore garder.