Evey

Oui alors à la base, j'avais prévu de me rendre au jacuzzi, et avais emprunté le chemin y menant, en passant donc par la grange, d'un pas lent. Disons que je n'étais pas forcément pressé, qu'il faisait beau et que j'avais dans l'idée d'en profiter un peu, de ce temps-là. On était en Irlande, okay, il faisait souvent beau, mais je n'en avais jamais assez moi du soleil. C'était un peu mon pote, quoi. Ainsi donc je marchai vers la grange, direction le jacuzzi, mais en chemin mon attention fut attirée vers tout autre chose. En effet, j'aperçus à seulement quelques mètres de moi une jeune femme, à genoux par terre, comme entrain de ramasser quelque chose. De là où j'étais, quand même, il m'était difficile de voir ce que la jeune femme ramassait et surtout qui était cette jeune femme. Bon, déjà elle était blonde. Mais ça ne m'avançait pas beaucoup de le savoir. Je m'approchai alors, et posai ma main sur l'épaule de la jeune femme. « Je peux t'aider peut-être ? » C'est en voyant le profil de la jeune femme que je reconnus Evey. Mais alors, que pouvait-elle bien faire agenouillée au sol comme ça ? « Qu'est ce qu'il se passe poupée ? T'es pas tombée quand même ! » Ah on ne savait jamais ! Les candidates tombaient comme des cailloux ici. Tenez, y'a l'autre qui s'est gamelée pendant le prime, là, Melissa je crois bien. En plus des cailloux bah justement il y en avait pas mal autour de moi. Donc bon il suffisait qu'une jeune gazelle marche en talons aiguilles ici, et c'était foutu. C'était pas trop le style d'Evey non plus, mais bon... Alors, tombée ? pas tombée ? Je n'allais pas tarder à être fixé sur la question.

Je sortais tout bonnement du spa quand le pire se produisit. Oh, rien, rien de grave. Enfin, pour vous. Pour moi, c’était un drame. Ma bague avait disparu. Ce bijou auquel je tenais comme à la prunelle de mes yeux m’avait glissé des doigts alors que je m’apprêtais à le remettre bien en place. Merde! Laissant tomber dans un tat bien distinct tout ce que je tenais, je m’étais agenouillé au sol afin de la retrouver, mais bon sens, dans une mer de roches grises, dites-moi, c’est plutôt difficile de discerner un bijou en argent. Surtout que l’éclairage n’était pas de plus suffisant dans le coin. Normal, on ne faisait qu’y passer, normalement. Ma main tâte le sol, ne frôlant que la surface rude et parfois coupante des cailloux. Merde. Je sens que des pas se rapprochent de moi, puis le frôlement d’une main se faire sentir sur mon épaule. « Je peux t’aider peut-être ? » Cette voix me dit franchement quelque chose, mais là, tout de suite, je suis occupée à autre chose que penser à trouver l’identité de généreux inconnu qui ne veut que me donner un coup de main. « Qu’est-ce qu’il se passe poupée ? T’es pas tombée quand même ! » Ah, voilà que ça me revient. Ruben, évidemment. Qui d’autres se permet de m’appeler Poupée de cette façon sans m’offusquer ? Il n’y a que lui pour agir de la sorte. « Non, j’suis pas tombée. » lâchais-je sans détacher mon regard du sol, que je scrutais avec grand intérêt depuis quelques minutes. « J’ai laissé tombée ma bague, et j’la retrouve plus. » lui expliquais-je sommairement, d’un ton découragé. Bon sens, ce devait bientôt faire cinq bonnes minutes que je cherchais… elle ne devait pas s’être sauvée si loin, non?

En voyant Evey agenouillée comme elle l'était au sol, vraiment je m'attendais au pire. Elle aurait très bien pu glisser, tomber, se faire mal. De manière générale je n'étais pas très attentif aux petits malheurs des autres, mais quand une femme était à la détresse, Super Ruben entrait en action. Là, en l'occurrence, Super Ruben pouvait rentrer chez lui, puisqu'Evey me fit comprendre qu'elle n'était absolument pas tombée. J'avais parfois des pensées un peu trop dramatiques, par rapport à la vraie situation qui m'était donnée de voir. Une femme à genoux comme en train de ramasser quelque chose ? Hop, elle était tombée à mes yeux. « Non, j’suis pas tombée. » Me voilà rassuré. Je n'aurais donc pas à courir à toute vitesse jusqu'à la salle de bains pour me saisir de pansements, de mercurochrome et d'alcool désinfectant. Par contre, je vis tout de suite que quelque chose perturbait sérieusement la jeune femme. Elle cherchait quelque chose, par terre, mais quoi ? « J’ai laissé tombée ma bague, et j’la retrouve plus. » Ah oui, en effet elle devait pas mal galèrer depuis quelques minutes, car retrouver un bijou dans tous ces cailloux relevait à chercher une aiguille dans une bote de foin. Pas facile, quoi. Evey semblait vraiment tenir à cette bague. C'est ce que je m'étais dis en la voyant tâter comme ça le sol. Merde, j'allais pas la laisser désemparée comme ça. Il fallait que je l'aide à la retrouver, sa bague. « Bon, pas de panique, on va la retrouver cette bague. » Je me mis donc à genoux, et commençai à chercher autour de moi. Je portai près de mes yeux tout ce qui était susceptible d'être le bijou tant recherché. Quand soudain ! « AH ! Ah... non. Fausse alerte. » Oh le faux espoir que j'avais du lui donner... Quel con, j'avais ramassé un pauvre cailloux à la forme un peu étrange, et je l'avais pris pour la bague d'Evey. Une bague dont je n'avais pas vraiment d'image précise. Comment partir à la recherche de quelque chose dont on ne sait rien ? Il me fallait demander quelques renseignements à Evey quant à la bague en question. « Dis-moi, ta bague, elle est de quelle couleur ? C'est une bague en or, en argent ? » Si je demandais ça, c'était pour avoir une idée de quoi chercher. S'il s'avérait que la bague était en argent, cela serait bien plus compliqué à la retrouver que si la bague était en or. Avec ma veine, la bague allait être en argent. Je le sentais comme ça.

« Bon, pas de panique, on va la retrouver cette bague. » Tel un parfait gentleman, Ruben se mit à genou à mes côtés, cherchant à se rendre utile alors que d’autres auraient tout bonnement passé leur chemin. Je ne comprenais pas pourquoi les gens lui faisaient la gueule : c’était quelqu’un de bien, au fond. Il avait ses défauts comme n’importe lequel d’entre nous, pourquoi alors s’acharner sur lui ? Il ne l’avait pas mérité. En tout cas, j’étais contente d’être dans son équipe. « AH ! Ah… non. Fausse alerte. » Quoi ? Ma bague repérée ? Me retournant vers lui, je compris trop tard que ce n’était point le cas, le voyant laissé retomber les roches qu’il tenait toujours entre ses mains. Je poussais un soupir, puis retournant à mon inspection du plancher, une nouvelle activité qui semblait fort me fasciner depuis les dernières minutes. Qu’est-ce qu’on s’amusait! « Dis-moi, ta bague, elle est de quelle couleur ? C’est une bague en or, en argent ? » Je tournais la tête vers lui, tirant une tronche plutôt dégoutée. Le sort s’acharnait sur moi, il faut croire, car ma bague était loin d’être en or, ce qui rendrait sa recherche des plus laborieuses. « Devine. » lâchais-je, presque découragée. La réponse était évidente à mes yeux. « Elle est en argent. » Ce n’est pas tant le fait que cette bague était dispendieuse, au contraire, elle n’avait pratiquement aucune valeur marchande… Seulement, elle comptait beaucoup à mes yeux. Il fallait la retrouver, il le fallait. Je n’allais pas m’en remettre si je l’avais égaré pour de bon. « C’est un anneau, tout simple, avec quelques gravures dessus. » Je lui donnais quelques informations, même si je doutais que ce soit vraiment utile. Des bagues égarées dans ces lieux, il ne devait pas y en avoir tant, non ?

Désolé, c'est mauvais .

Pour retrouver la bague perdue d'Evey, encore me fallait-il avoir quelques informations concernant le bijou en question. Voilà pourquoi j'avais demandé à la demoiselle si sa bague était en or, ou en argent. Je savais pertinemment qu'une bague en or serait cent fois plus repérable qu'une bague en argent, au milieu de toutes ses petites pierres grises. « Devine. » A l'entendre, il y avait de fortes chances pour que la bague recherchée soit en argent. « Elle est en argent. » Alors là, c'était bien ma veine. J'étais donc à la recherche d'une bague en argent, qui même à quinze heures n'était vraiment pas très visible sur un sol plein de cailloux de la même teinte. Evey voyait bien que la recherche serait des plus laborieuses. Ce ne serait pas évident de la retrouver, cette bague, mais je gardais espoir pour elle. Elle y tenait, visiblement, alors le mieux que je pouvais faire était encore de la lui retrouver. « C’est un anneau, tout simple, avec quelques gravures dessus. » Bon, voilà quelques renseignements supplémentaires sur le bijou qui pourraient s'avérer être utiles. Ainsi donc la bague avait des gravures. Je tâtai donc le sol de mes deux mains dans l'espoir de percevoir quelque chose dans ce genre. Et puis, quelques secondes plus tard, un machin dur et granuleux se fit sentir sous ma paume gauche. « Qu'est ce que c'est que c... » Non, pas possible. Ou j'étais complètement myope, ou je venais véritablement de mettre la main sur une bague, en argent, avec des gravures : comme celle d'Evey, quoi. « Heu... Evey, prépare toi à me sauter au cou, car je crois que j'ai retrouvé ta bague poupée. » Je la lui tins alors, pour que celle ci me confirme qu'il s'agissait bien de sa bague. J'espérais que ce soit le cas.

c'est pas mieux de mon côté

« Qu’est-ce que c’est que c… » J’entends Ruben qui s’exclame à nouveau. Une seconde fausse alerte, j’imagine. Et pourtant, le silence qui s’en suit me fait presque douter. Et s’il avait effectivement mit la main sur mon précieux bijou ? Ça serait vraiment trop beau pour être vrai. Je tourne la tête vers lui, cherchant du regard ses mains ou il devrait se trouver. « Evey, prépare-toi à me sauter au cou, car je crois que j’ai retrouvé ta bague poupée. » C’est alors que je la vois, au bout de ses doigts, brillante et aussi belle que dans mon souvenir. Ma bague, aucun doute, c’est bien elle. Un large sourire vient étirée mes lèvres alors que je la récupère dans la main du candidat. Bien vite, elle retrouve sa place. Mon regard se pose un instant sur ma main, qui a retrouvé son allure, puis il se dépose finalement sur Ruben. Grâce à lui, je me suis évitée bien des soucis. Et j’ai maintenant l’âme en paix. « Merci ! » Qu’est-ce qu’il avait dit, déjà ? Que je lui sauterais au cou. Et bien c’est exactement ce que je fais, un grand éclat de rire à l’appuie. Contente et soulagée, je suis de bien bonne humeur, et il devra me supporter ainsi. Bon d'accord, j’y suis peut-être allé trop fort car le pauvre se retrouve cul à terre, mais en fait, je m’en fichais

je ferais mieux au prochain.

Combien avais-je de chances, sur cent, de retrouver la fameuse bague en argent d'Evey parmi tous ses petits cailloux ? Très peu de chances, franchement. Et pourtant le miracle s'était produit. Je l'avais retrouvée, cette bague, et j'en étais pas peu fier. Je la lui tendis avec fierté, et je vis alors les yeux de la demoiselle s'illuminer à la vue de la bague. De toute évidence c'était bien la sienne. Ouf. C'était maintenant une affaire réglée. « Merci ! » Comme je m'y attendais, Evey me sauta au cou. Si fort d'ailleurs que j'en vins à perdre l'équilibre. C'était incroyable, je n'arrêtais pas de me casser la gueule ces derniers temps. Je ne tenais pas debout ou bien ? Et puis bon, Evey était loin d'être lourde. La fatigue, ce devait être ça, le secret de mes chutes. Je me relevai sans trop de difficulté puis me frottai les genoux avant de m'adresser une nouvelle fois à Evey. « Bah dis moi, elle doit avoir une grande valeur sentimentale cette bague pour que tu sois si contente de la retrouver... » Elle semblait en effet beaucoup y tenir, ce qui faisait que j'étais d'autant plus heureux de le lui avoir rendue. « Et les gravures dessus, c'est quoi au juste ? Enfin, loin de moi l'envie de paraitre indiscret hein. Te sens pas obligée de répondre surtout. » Des fois je me montrais un peu trop curieux, ça pouvait d'ailleurs en devenir assez lourd. Je ne le faisais pas exprès, c'était plus fort que moi. Je m'intéressais juste à la valeur de cette bague aux yeux d'Evey et à la signification des gravures dont celle-ci était ornée. Rien de mal à ça, si ?

« Bah dis moi, elle doit avoir une grande valeur sentimentale cette bague pour que tu sois si contente de la retrouver… Et les gravures dessus, c’est quoi au juste ? Enfin, loin de moi l’envie de paraitre indiscret hein. Te sens pas obligée de répondre surtout. » Je me doutais bien qu’après ma réaction, les questions viendraient. Je l’avais sentir venir, mais le pauvre avait sacrifié de son temps pour me donner un coup de main, il méritait que je réponde à ces interrogations. De toute façon, je n’avais plus rien à cacher, même si, en fait, ça ne concernait en rien mon secret. Indirectement, peut-être, d’une certaine façon. Mais voilà, aucun rapport avec Zhara, non. « C’est mon père qui me l’a offert... celui qui m’a élevée, pas l’autre que je connais à peine. » lui fis-je savoir, tout en me justifiant au passage. « Il me l’a donné quelques jours après la greffe de moelle… c’était sa façon à lui de me dire qu’il serait toujours là pour moi, malgré tout ce qu'on venait de vivre. Une preuve de son amour, j’imagine. » Je fais défiler devant mes yeux la gravure qu’on aperçoit toujours, même si avec les années, l’usure a commencé à effacer. Cependant, on voit encore très bien ce qui y est écrit. Family is where the heart is. Je la montre à Ruben, afin qu’il puisse lire à son tour. « Les liens que j’ai avec lui sont et resteront plus fort que ceux que j’aurais avec mes géniteurs. Au diable les liens du sang, ceux du cœur, eux, sont importants. Pour moi, et pour lui. » Même si nous n’étions plus que deux, cette vie-là me convenait.