Bon. Et bien voilà.

Je ne savais pas trop quoi dire de plus, si ce n'est merde. Il ne le méritait tellement pas, et j'avais tellement l'impression de ne plus mériter ma place à cet instant précis. Il partait et je restais, il partait contre la personne que j’appréciais certainement le moins ici -ou du moins celle que je connaissais le moins, ce qui en soit revenait au même- je trouvais cela injuste, oui, j'avais presque envie de me rouler par terre, taper mon caprice. Oui, j'vais presque envie de... partir. Une larme avait roulée sur ma joue, puis deux sur sa seconde, puis trois. Je ne cherchais même pas à les retenir alors que je le retenais lui, le serrant de toutes mes forces dans mes bras, comme pour me rattacher à cette peluche que lm'on aime tous câliner. Il était éliminé. Et c'était pas juste. Il avait pas le droit de partir, le public était horrible de lui faire ça, de me faire ça. C'était bientôt la fin, n'auraient-ils pas pu attendre que je parte en même temps que lui ? Mais je ne pouvais pas quitter le jeu, j'étais trop faible, trop lâche. Alors je continuais à le serrer dans mes bras, sans un mot, plissant les yeux pour éviter que le bleu les détenant de s'en échappe. Je ne savais pas quoi dire... Oui, j'allais attendre qu'il parle. Parce qu'au final, il n'y avait rien à dire, il savait déjà tout.

Bon prime finit, ça c'est pas terminé comme je le voulais certes.. mais je suis pas effondré comme le dernier on progresse on progresse. Je regarde un instant Syssoï je sais qu'il tenait beaucoup au petit Elvis. Il se lève d'un seul coup, mon regard glisse sur lui. « On se casse ? » me dit-il main tendue vers moi. Je souris, une sourire fin et discret. J'attrape sa main et me lève à mon tour. « On se casse. » dis-je reprenant ses mots. Je jette un coup d'oeil à Ruben. Un sourire à son encore, il avait passé la soirée bien seul. Syssoï et moi sortons main dans la main du prime. Ouais ça va fait très petite main dans la prairie dévalons la colline en se cassant la gueule.. sans la chute. A nous la piscine.

Moi qui m'inquiétais pour Esther, alors qu'en fait c'était Evey qui se barrait, merde. En même temps, comment aurais je pu savoir que Cupidon allait être cruel en faisant des nominations surprises ? Et surtout que le reste des candidats serait une belle brochette d'enfoirés ? Ah non en fait pour ça, ce n'était pas très étonnant. Évidemment je n'allais pas me mettre à chialer non plus de son départ. Comme si c'était mon genre. De toute façon, il ne me semblait pas que j'étais capable de verser la moindre larme, pour quoi que ce soit d'ailleurs. Bon, je détestais ce genre de moment. A ne pas trop savoir comment agir. La prendre dans mes bras ? Pas mon truc. Sauf qu'elle régla le problème pour moi. Puisqu'après avoir fait ses adieux aux quelques personnes avec qui elle s'entendait, elle m'enlaça. Ah. C'était bizarre, mais pas dérangeant. A vrai dire, j'étais même plutôt content que ça soit elle qui l'ai fait. « Pour pas que tu m’oublies. » Me glissa t'elle à l'oreille. Hein ? D'accord, c'était une étreinte sympa, mais tout de même. Ah non, à l'évidence elle parlait d'autre chose. Je le compris très vite lorsqu'elle s'empara de mes lèvres. Sans mon autorisation. Mais bon, fallait dire, que je ne mettais pas non plus tout en œuvre pour la repousser. Bien au contraire en fait. Son baiser se voulait passionné, et disons que je le lui rendis bien. Esther qui ? Finalement, presque à regret, on se sépara. Mince, ce que ses lèvres allaient me manquer. Et peut être sa personne en entier en fait.  « T'inquiètes ça ne risque pas » répliquais je dans un sourire.  « T'es ma Juliette non ? » ne pus je m'empêcher d'ajouter en plaisantant.

Je me sentais terriblement mal pour Elvis. Je ne le connaissais pas beaucoup, mais il m’avait clairement l’air d’être une bonne personne. Mais je devais faire un choix. Je le devais. Et j’avais décidé de garder Milan. C’était injuste et j’imaginais déjà que certaines personnes me détesteraient à cause de mon choix, ça me rendait triste, mais maintenant, je n’y pouvais plus rien. Milan me glissa un petit merci et je lui souris doucement pour toute réponse. Je n’étais pas proche de lui spécialement, mais je voulais le voir rester une semaine de plus. Puis, tout se jouait entre Evey et Zhara. Et Zhara l’emporta avec une victoire écrasant même. Et bien. Comme quoi rien n’était certain dans cette aventure. Je me tournai vers Cooper, voyant qu’il ne souriait plus, son visage c’était même obscurcis. C’est alors que sous mes yeux, à une vitesse qui me parut très lente, ce qui me donnait l’impression de me faire encore plus mal, Evey alla prendre Cooper dans ses bras et s’en suivit un baiser... passionné. La jalousie m’envahit en seulement une seconde. Ça faisait mal. Horriblement mal. Je fronçai les sourcils, le bonheur d’avoir été sauvé par le public venait en un seul coup s’envoler. Le téléphone rose sonna, je le décrochai sans même penser que cela pourrait être une mauvaise nouvelle. Finalement, je pouvais donner un accès à la chambre à la personne de mon choix. Je choisis Connor, sans hésitation. Je me réfugiai donc dans ses bras, lui chuchotant la nouvelle à l’oreille en déposant un baiser contre sa joue. Au moins, nous allions pouvoir passer un moment ensemble, seul. J’avais besoin de m’éloigner de ce plateau, de ce fichu prime. Je n’accordai pas un regard à Cooper alors que je sortis de la pièce, contente de ne pas avoir à y mettre les pieds avant une semaine.

Qui aurait cru que le moment des séparations arriverait aussi vite ? Pas moi. Mais Cupidon avait plusieurs – mauvaises – surprise dans ces poches, et j’étais victime de l’une d’elle, aujourd’hui. Mise en danger par les candidats face à Zhara était bel et bien la pire des choses qui pouvait m’arriver dans le jeu. Cependant, me faire évincer à sa place me consolait un peu. Elle était appréciée ici, moi pas. Ça faisait toute la différence. Et sa victoire écrasante sur moi en témoignait. La laissant faire ses adieux à son petit Sonny chéri – qui s’était fait montrer la porte lui aussi, c’est vers Cooper que je me dirigeais. Il était, à ce stade, la seule autre personne de cette maison qui… comptait pour moi. Pas au même niveau que la brunette, mais quand même. Impossible de partir sans lui dire au revoir. Et ça, c’était plutôt incompréhensible. Hm. Je lui fis une accolade, un geste qui sembla à prime abord le surprendre, mais qui ne le dérangea pas pour autant. Puis, sans même le prévenir, mes lèvres vinrent se poser sur les siennes. Un baiser en rien anodin auquel il répondit, une fois le choc de la surprise passé. Mes mains s’étaient enroulées autour de son cou et je profitais une dernière fois de cet échange, qui serait probablement le dernier. Je ne me faisais pas de faux espoir : il y avait de fortes chances pour que l’on ne se revoie jamais, en sortant d’ici. « T’inquiète, ça ne risque pas. » me fit-il savoir lorsque finalement, nos lèvres et nos corps se séparèrent. À regrets, dois-je dire. « T’es ma Juliette non? » Son sourire et sa petite remarque réussirent à éclaircir mon visage pendant quelques instants, alors que mes lèvres s’étiraient pour laisser paraître mon contentement. « À la vie, à la mort. » répondis-je seulement. Du coin de l’œil, mon regard dévia vers la petite Esther qui s’était réfugié dans les bras de Connor. Je me doutais bien qu’elle n’avait pas appréciée le spectacle, mais tant pis. Au stade ou j’en étais, me préoccuper de l’avis des autres, trop peu pour moi. Je redonnais mon attention à Cooper. « T’as intérêt à bien profiter de l’aventure! On ne sait jamais quand elle pourrait prendre fin. » Je crois qu’il était évident que je savais de quoi je parlais. « Et… et si tu pouvais veiller sur elle… rien que peu, de loin… » fis-je, en faisant allusion à Zhara. Après tout, ce n’est pas une, mais deux personnes qu’elle perdait aujourd’hui. Elle allait être détruite. Et comme il était le seul en qui j’avais ‘confiance’ ici, pas étonnant que je lui fasse cette requête.

« À la vie, à la mort. » me répondit elle, reprenant mes propos de l'autre jour. En effet. Entre nous c'était aussi fort que ça, et ouais. Plus sérieusement, je me doutais bien que là, c'était probablement notre dernière conversation. Fallait être réaliste. Il y avait peu de chances pour qu'on se revoit à l'extérieur. Et je trouvais cette idée bien plus déprimante que je ne l'aurais cru.  T’as intérêt à bien profiter de l’aventure! On ne sait jamais quand elle pourrait prendre fin. » Tu m'étonnes, elle en était la preuve vivante. Un instant tu croyais être tranquille au prime, et pouf une heure plus tard, te voilà éjecté de l'aventure sans ménagements. Je me contentai d'hocher la tête. Et là, elle me fit une requête bien particulière. Veiller sur Zhara. Certes, elle n'avait pas utilisé directement son prénom, mais pas bien compliqué de le deviner. Je doutais qu'elle me parlait d'Esther. Ce n'était pas vraiment mon genre de faire ce genre de choses mais bon...Je pouvais bien pour la jeune femme. Et puis après tout, qu'est ce que ça me coûtait ?  « D'accord...Je le ferais. » Bon, ben voilà. On y était. La fin. The end. Sauf que, je n'avais pas envie de la laisser partir comme ça. Je fouillai dans ma poche, et en sortit un stylo. Ben ouais, je me trimbalais avec et alors ? Je lui attrapai la main et y notai dessus mon numéro de téléphone. Je le donnais à très peu de gens, il y avait de quoi être honoré.  « On sait jamais... Si tu passes faire un concert à Limerick, et que t'ai envie d'échapper à ta horde de fans. » ajoutais je dans un sourire.

« D’accord… Je le ferais. » Je me détends en l’attendant dire ces mots. Il n’était pas obligé d’accepter, mais il le fait tout de même. Pour me faire plaisir, j’imagine. Il faut dire que je ne lui ai jamais rien demandé. C’est juste que… laisser Zhara seule, ça m’inquiète. Savoir qu’il serait là, même dans l’ombre, me rassure. À croire que je lui fais bien plus confiance que je ne le croyais. « Merci. » Il fit alors un geste qui me surprit. Attrapant ma main, il sortit de sa poche un stylo et s’empressa d’y inscrire quelque chose que je ne pus décoder qu’avant de l’avoir sous les yeux. Son numéro de téléphone. Je dois dire que cette idée m’avait, certes, traversés l’esprit de lui filer le main, mais je manquais de ressource – en l’occurrence, d’un crayon et d’un bout de papier pour le faire. J’étais presque soulagée de voir qu’il avait pensé à ça. « On sait jamais… Si tu passes faire un concert à Limerick, et que t’ai envie d’échapper à ta horde de fans. » Les probabilités pour qu’on se revoie dehors venait donc de monter en flèche… même si je ne me faisais pas de faux espoir. « C’est une proposition intéressante, je pense bien que j’en profiterai quand je serai de passage dans le coin. » Et je lui rendis son sourire. La fin approchait, je la sentais et je devais vraiment partir. Pour de vrai, cette fois. Ça me désolait un peu de quitter comme ça, mais j’avais ma fierté, et c’est la tête haute que je sortirai d’ici. Pour elle, pour lui. Et pour tous ceux qui m’ont soutenu jusque là. Je pose une dernière fois mon regard sur le candidat qui me fait face, ma main caressant distraitement son bras en guise d’aurevoir, puis je me détourne et m’éloigne, sans un regard en arrière. C’est peut-être la fin de mon aventure ici, mais clairement, c’est le début d’une autre qui m’attend dehors.