Les beaux jours pointaient enfin leur nez, pour le plus grand plaisir d’un bon nombre de personne ici. Je me compte bien évidemment dedans. La neige, ça peut donner un spectacle plus magnifique c’est vrai. Le vent aussi en quelques sorte et la pluie ; mais franchement, rien ne valait mieux qu’une température ambiante agréable pour se promener dans le parc, son appareil photo autour du cou. C’est exactement ce que j’étais en train de faire, en cette belle nuit de printemps récemment installé. Parée d’une robe légère à motifs floraux, de sandalettes et d’une paire de lunettes – certes, qui ne servait à rien dans la nuit – j’avançais dans ce fameux parc pour rejoindre les falaises. Sur la route, je prenais en photo et sous n’importe quel angle les arbres, les paysages dans leur ensemble. C’était très beau et il fallait bien l’immortalisé. Après tout, nous étions proches de la fin du jeu et les souvenirs finiront par s’en aller aussi, alors que les photos non… Une fois sur les hauteurs de la falaise, je m’approchais du bord. J’aimais bien faire ça. Je ne pouvais pas m’en empêcher, c’était plus fort que moi. Pourtant c’était dangereux, mais je m’en fichais un peu beaucoup sur l’instant. Les vagues, conjuguées aux étoiles habillant le ciel. Voilà quoi… ça se passait de mots. Finalement, je préférais tout de même m’éloigner du bord. Un accident est si vite arrivé. Je reculais. Je reculais. Je reculais. Encore un petit peu… pour taper contre quelque chose, ce qui me fit sursauter (mais très légèrement hein). Immédiatement je me retournais, pointant le flash de mon appareil sur cette chose que je venais de heurter. Jackson en l’occurrence. Je déclenchais l’appareil, pour immortaliser la tête du blond. « Cette fois, c’est la bonne non ? Tu viens pour me tuer ? » Je lui posais la question avec une petite voix mystérieuse. C’est vrai que nous avions évoqué la possibilité qu’il pouvait être un psychopathe/violeur et j’en passe et des meilleures… et de voir la tête qu’il tirait comme ça, dans l’obscurité de la nuit… bah ça faisait peur !

Le danger. Cela n'était pas nécessairement du goût de tout le monde, et ça paraissait même plutôt normal. Mais aux yeux de Jackson, rien n'était plus enivrant que le danger. Parce qu'il était un peu spécial dans son genre, c'est vrai, mais aussi parce qu'il aimait ressentir que tout ce qu'il avait, que tout ce qui l'entourait pouvait s'effacer en un seul instant. Oui, il aimait cette sensation. Comme il aimait le fait de se rendre sur les falaises histoire d'en contempler la vue. Mais bien souvent, la vue n'était qu'un prétexte au fait qu'il appréciait simplement de mettre en avant sa folie, en tentant le diable. S'approcher du bord, se sentir tanguer pour finalement s'empêcher de tomber, ça lui plaisait, oui. Bien sûr, il n'était pas crétin, et savait pertinemment qu'un accident était bien vite arrivé, et qu'en cas de grosse rafale de vent, il finirait bien mal au point, si ce n'est mort. Mais tout cela lui importait bien peu, si vous voulez savoir. On finit tous par mourir, d'une manière ou d'une autre. Et rien ne le retenait dans cette saloperie d'univers. Rien. Ni personne. Mais aujourd'hui, le grand blond avait visiblement dans l'idée d'être raisonnable. Oui, aussi dingue cela puisse être, il ne souhaitait pas provoquer le sort en ce jour. Il n'y avait pas tellement d'explication à cela, ou peut être bien que si, en fait. Allez savoir. Ainsi donc, le grand blond avait grimpé sur les falaises, mais n'avait cette fois-ci pas tellement dans l'idée de s'approcher dangereusement du bord. Alors, il resterait relativement loin de celui-ci. Une fois n'est pas coutume, parait-il. Mais alors qu'il avança, il put noter la présence de quelqu'un. Il s'agissait d'Oona. Qu'est-ce qu'elle foutait là, et avec un appareil photo à la main, qui plus est ? Oh, sans doute était-elle en plein délire, hm. Quoi qu'il en soit, Jackson fit quelques pas dans le dos de sa camarade, jusqu'à ce que celle-ci le heurte en reculant. Et merde, elle aurait pu faire attention. Jackson se mit à grogner légèrement. Et voilà qu'elle le prenait en photo maintenant. Putain, abusé quoi. Après avoir douloureusement plissé les yeux - les flashs, ça lui faisait drôlement mal, figurez-vous - Jackson planta son regard dans celui de sa camarade. « J'en avais pas tellement l'intention ... jusqu'à ce que tu me foutes ton flash en pleine gueule » fit-il alors, les sourcils froncés. Là, il se mit à avancer, forçant ainsi Oona à reculer. Ouh, le danger se repointait.

Visiblement, il n’aimait pas l’idée d’être pris en photo en général, et surtout pas par moi, je supposais. Personnellement, ça m’amusait, mais en même temps je voulais un souvenir d’à peu près tout le monde ici et le blond faisait partit de ces personnes. Aussi chiant soit-il, à sa manière il faut bien l’avouer, je voulais immortaliser sa tête sur du papier glacé. Sa tête de tueur hein, parce qu’il pouvait faire peur en pleine nuit. Il aurait pu s’approcher un peu plus de moi et me pousser dans le vide, moi, jeune fille sans défense qui ne l’avait même pas entendu arriver. « J'en avais pas tellement l'intention ... jusqu'à ce que tu me foutes ton flash en pleine gueule » Un sourire en coin se profila sur mon visage. Il n’en avait pas l’intention, mais maintenant si, devais-je m’attendre au pire ? Parce que la fin de sa phrase raisonna dans ma tête comme un défi… Comme il avançait vers moi doucement, je reculais pour garder ce même espace entre nous. J’avais encore de la marge avant d’atteindre le bord, mais je lui demandais tout de même : « Si je te reprends en photo… tu vas me pousser dans le vide ? » Je levais un sourcil, reprenant dans mes mains l’appareil photo. Je reculais toujours un pas, en même temps qu’il en avançait un, jusqu’à ce que j’enclenche de nouveau le flash, pour une nouvelle photo. Ouai, bah une photo dans le noir sans flash c’est moche et on voit rien, alors ses petits yeux feront avec…

Que les choses soient bien claires, Oona courait désormais un grave danger. La faute à son appareil photo de malheur et à ce maudit flash qui venait de brûler les yeux de ce pauvre Jackson. Il faut dire qu'avec les yeux qu'il avait - pourris, tout simplement - il n'était pas rare que ce genre de choses le gênent. Voilà pourquoi il avait réagi de la sorte, sans pour autant le regretter. Après tout, Oona n'avait qu'à éviter de lui mettre le dit flash en pleine figure. Tout de même, cela lui aurait éviter de graves ennuis. Car Jackson n'avait pas tardé à la menacer, avançant ensuite vers elle pour la forcer à reculer. Elle avait peur de lui, ou c'était juste une impression ? Qu'importe, si ça n'était pas encore le cas à cet instant précis, ça viendrait sans tarder. Car Jackson pouvait se montrer très cruel, mais aussi très vicieux quand on l'y poussait. Et là, Oona se permit de le provoquer. Grave erreur. Oh oui, grave erreur. « A ton avis ? » fit-il, lorsqu'elle sembla lui demander ce qu'il ferait si elle osait le prendre à nouveau en photo. Qu'elle essaye, pour voir. Oh la peste, elle l'avait fait ! Encore une fois. Grrr, ça allait barder pour son matricule, parole de Jackson. « T'as vraiment envie de mourir aujourd'hui, et comme ça ? » demanda-t-il à son tour, les sourcils froncés. D'un seul coup, il tendit le bras pour empoigner sa camarade. Pas de panique, il s'arrangea pour ne pas lui faire mal. Ça n'était pas le but. Quoi que ... Là, il s'approcha du bord, la tenant suffisamment pour qu'elle ne soit pas tentée de fuir. « Quelques dernières volontés, peut être ? » Bah oui, il projetait très sérieusement de la jeter dans le vide. Bon okay, il était fort probable qu'il tombe avec elle. Mais quelques fois, il fallait savoir se sacrifier, non ?

On peut dire que j’étais en train de jouer avec le feu non ? Et le pire, je pense, c’est que ça me faisait rire tous ça. Je n’avais franchement pas peur, de toute manière qui irait pousser une fille aussi gentille que moi dans le vide comme ça et de sang froid. « A ton avis ? » Je crois que sa réponse sera sans aucun doute oui, à en voir sa tête… mais mon doigt avait été beaucoup trop rapide et le flash s’enclencha de nouveau dans sa direction. Je me mordis la lèvre inférieure pour réprimer un rire. En fait, à part me faire reculer comme en ce moment, je me demandais vraiment ce qu’il pourrait bien me faire pour l’avoir pris en photo. C’était en partie à cause de ma curiosité si je le provoquais encore un petit peu… « T'as vraiment envie de mourir aujourd'hui, et comme ça ? » Hum, à tout bien réfléchir, je pense que d’autres morts seraient un peu plus approprié que celle-ci, ou en tout cas un peu mieux. Je n’avais aucune envie de finir écraser contre les rochers en contrebas, parce que s’il me poussait, c’est là que je finirais. « Pas vraiment… pour tout t’avouer » Je ne pu même pas accompagner ma parole d’une petite moue, que Jackson s’empara de moi. La seule réaction que j’eus, ce sont les yeux qui s’arrondirent. Ah non… j’ai sursauté aussi ! À présent, je n’étais plus vraiment rassuré, plus du tout même, puisqu’il me fit reculer encore un peu plus, jusqu’à ce que j’atteigne le bord des falaises. « Quelques dernières volontés, peut être ? » J’oscillais entre l’envie de sourire ou de le traiter de tous les noms. « Ouai, que tu me laisses partir peut-être ! » Je ne pense pas qu’il le fera, loin de là même puisqu’il me fit faire un autre pas en arrière. Par reflexe, je me retenais à l’un de ses bras, tournant un peu la tête pour essayer de voir quelques choses derrière moi. Parce qu’en plus, la nuit nous empêchait de bien voir les rochers menaçant en bas. Mes mains se resserrèrent sur son bras. Pourtant j'osais une petite dernière provocation. « Je sais que la baffe de la dernière fois t'as fais vraiment mal... mais c'est pas la peine de te venger comme ça ! » Franchement, je ne peux rien dire: le frapper m'avais vraiment fait du bien !

Oona était suicidaire. Non, elle n'était pas suicidaire parce qu'elle s'était rendue sur les falaises, à une telle altitude. Non. Si elle était suicidaire, c'était bel et bien parce qu'elle provoquait Jackson depuis déjà quelques minutes, alors qu'elle savait pertinemment que ça n'était jamais une bonne idée avec lui. Tout avait commencé par un flash en pleine figure, probablement involontaire. N'empêche, le flash en question avait aveuglé Jackson pendant un temps, déclenchant chez lui une réaction à la hauteur de la douleur ressentie. Mais ce ne fut pas tout, non. Parce qu'Oona avait visiblement pour réel projet de trépasser aujourd'hui. En effet, la jeune femme s'était risquée à déclencher une seconde fois son appareil photo, le plus intentionnellement du monde donc, projetant à nouveau le flash de celui-ci dans les yeux de Jackson. Okay, cette fois c'était trop. La patience du grand blond avait clairement des limites, et voilà quelques semaines déjà qu'Oona s'amusait à s'en approcher, pour finalement les avoir franchies ce soir. Et ça, elle allait clairement le lui payer. Ainsi donc, il ne fallut pas longtemps au grand blond pour attraper sa camarade, et l'approcher dangereusement du bord. Est-ce qu'il allait l'en jeter ? A votre avis. Jackson n'était ni un tueur, ni un psychopathe. Toutefois, il pouvait se montrer très rancunier, quelques fois. Et lorsqu'il demanda à sa camarade si elle avait quelques dernières volontés, elle ne trouva rien de mieux que de lui dire de la laisser partir. Comme si il allait céder, hein. C'était clairement mal le connaitre, soyez en sûrs. « Je vais faire comme si je n'avais rien entendu » fit-il alors. Ouais, elle ne venait certainement pas de lui proposer de la laisser partir. Ou alors, c'est qu'elle n'avait décidément rien compris. Quoi que, c'était peut être ça en fait. Allez savoir. En tout cas, Oona ne tarderait sans doute pas à se retrouver quelques dizaines de mètres plus bas. Et probablement pas en un seul morceau. Et voilà qu'elle le provoquait à nouveau. Vraiment, elle était suicidaire cette fille. « Vois le bon coté des choses : tu ne souffriras pas, toi. » Techniquement, la chute suffirait à la tuer. Peu de chance, donc, qu'elle ait à subir le choc violent qu'il l'attendait en bas. Quelle chanceuse cette Oona.

Encore une fois, j’étais incapable de fournir une explication du pourquoi du comment, j’aimais embêter Jackson. Peut-être ses façons de réagir. Peut-être les situations dans lesquelles nous nous trouvions généralement. Peut-être aussi parce qu’il avait tenu à m’aider après le départ d’Artie. Qui aime bien, châtie bien, comme le dit le proverbe. « Je vais faire comme si je n'avais rien entendu » Je lâchais un rire, comme si j’avais vraiment cru qu’il me laisserait la vie sauve. Non, je ne pense pas que Jackson serait de ce genre, pour mon plus grand désespoir. C’est que, je suis celle dans la mauvaise position en ce moment même. Même si j’étais persuadée qu’il ne me lâcherait pas dans le vide (quoique ça ferais vraiment un « buzz »), je n’étais plus vraiment rassurée par ma trop grande proximité avec le bord. Un pas de plus et j’étais morte. Ou je pouvais glisser par inadvertance… et puis, Jackson glisserait avec moi, puisqu’il me tenait et que je me retenais à son bras. On va dire que, si ce sont vraiment mes derniers instants sur cette terre, j’aurais au moins une dernière fois provoqué ce grand blond. « Vois le bon coté des choses : tu ne souffriras pas, toi. » Je lâchais de nouveau un rire. C’est vrai que, vu comme ça, je n’allais pas avoir le temps de souffrir une fois en bas. « C’est vrai… et je te remercie de ménager ma souffrance… » Lui répondais-je, ironiquement. Il aurait pu trouver une mort plus lente et plus douloureuse quand même, mais il avait choisi d’abréger rapidement ma souffrance… pourtant, il n’était pas très rapide. En fait, il ne voulait pas me faire souffrir, mais il me faisait horriblement patienter. De la souffrance psychologique en fait. Toujours accrochée à son bras, je fermais les yeux. Raaan, il voyait pas que c’était le moment là ? « Bon. Qu’est-ce que t’attends pour me pousser… qu’on en finisse une bonne fois pour toute ! » Ouai, parce que l’attente devenait quand même insupportable. Je n’allais peut être pas souffrir, mais moi aussi je ne l’avais pas fait attendre une éternité avant sa sentence. Allez, j’étais prête à mourir avec dignité sur cette falaise...

Bien sûr que Jackson allait pousser Oona dans le vide. C'était même devenu une obsession pour lui. Il ne saurait revenir en arrière maintenant, renoncer à cette opportunité qu'il se devait de saisir. Car, en se débarrassant de cette petite chipie, il dirait ainsi adieu aux plans tordus de cette dernière, à son étrange passion qui consistait à l'emmerder fréquemment. Y'a pas à dire, il y gagnerait franchement. Toutefois, revenons à la raison, Jackson était bien incapable de le faire. Il aurait pourtant tout intérêt, oui, mais il ne le pouvait pas. Parce qu'il n'était pas un monstre, déjà, et cela paraissait évident. Mais aussi parce que, d'une certaine manière, il finirait par regretter un tel geste. Oui, même Jackson était doté d'une conscience. Surprenant, n'est-ce pas ? Un peu, oui. Quoi qu'il en soit, il se gardait pour le moment bien de dire qu'il ne jetterait pas sa camarade du haut de ses falaises. Si vraiment elle y croyait, c'était bénéfique pour lui. Car peut être comprendrait-elle enfin qu'il ne faisait pas bon l'emmerder, le grand blond. Un peu d'intimidation ne pouvait en tout cas pas faire de mal à la jeune femme, du moins, aux yeux du jeune homme. Ainsi donc, il lui faisait là une belle fleur. La chute suffirait amplement à tuer Oona, par conséquent, elle ne souffrirait aucunement. « Oh mais c'est tout naturel chez moi d'agir pour le bien d'autrui » fit-il alors, tout à fait ironique. D'ailleurs, sa phrase était particulièrement paradoxale. Etait-il supposé agir pour le bien d'Oona en projetant de la jeter de ces falaises ? Curieux. Mais qu'importe puisque, de toute manière, il n'irait jamais faire une telle chose. Ainsi, lorsque celle-ci sembla trouver le temps long et qu'elle le provoqua encore un petit coup, Jackson fit mine de la pousser pour finalement la ramener vers lui, posant une main dans son dos pour éviter une quelconque réelle chute, puis la faisant pivoter pour l'éloigner du bord. « Je ne peux pas faire ça. Je crois que je m'ennuierai sans toi » fit-il alors, dans un bref haussement d'épaules. Oh oui, que serait-il sans les tendances agaçantes et persécutrices d'Oona, hein ? Pas grand chose, probablement.

« Oh mais c'est tout naturel chez moi d'agir pour le bien d'autrui » Je failli m’étouffer en lâchant un rire. Ironie du sort, ça aurait con de mourir étouffée juste avant de mourir poussé d’une falaise. Bref. Il était marrant, parce que s’il tenait vraiment à mon « bien », il m’aurait lâché depuis un moment (et pas dans le vide, j’entends bien). Ce n’est pas que je n’aime pas ma position actuelle, mais ça devenait de moins en moins confortable, il faut l’avouer sans détours. C’est vrai que cette attente devenait insoutenable. On vous annonce que vous allez bientôt mourir, poussé du haut d’une immense falaise, et finalement ça n’arrive pas. On a le temps de penser à la vie que l’on a mené jusqu’ici et ce qu’on aurait pu faire dans le futur. On a le temps de voir défiler sa vie devant ses yeux. J’exagère un peu, parce que dans mon cas, je savais bien que Jackson ne me pousserait pas et encore moins devant des caméras. Pourtant, à la suite de ma phrase, il me poussa, certes légèrement, mais réellement, me décrochant un léger cri de peur (bah ouai, je suis loin d’être sans peur et sans reproche), avant de m’éloigner du bord, comme je lui avais demandé plus tôt. En quelques secondes, j’étais passé de l’extrême bord, à la stabilité du sol. « Je ne peux pas faire ça. Je crois que je m'ennuierai sans toi » Le temps de remettre de mes émotions, parce que franchement c’est à la fois stimulant et super flippant d’être dans cette position, Jackson me décrocha un sourire. Finalement, comme ça, j’apportais tout de même un petit quelque chose dans sa vie dans le nid. Même s’il s’agissait d’être l’emmerdeuse, j’avais l’impression de servir à quelque chose quoi : lui occuper un peu de son temps. Je le regardais dans les yeux, avec un petit sourire du genre ‘je le savais’. D’ailleurs, je ne manquais pas de lui dire : « Je le savais, tu ne pourrais pas te passer de moi... » Je reprenais en main mon appareil photo, mais qu'il ne s'inquiète pas, ce n'était pas pour le prendre en photo, mais simplement pour le remettre bien en place. « Mais laisse moi te dire que t'es vraiment con ! » Bah ouai, après tout, il m'avait peur (ce monstre) !

Allait-il la jeter de ces falaises ? Ou allait-en appeler à sa raison et la reposer délicatement sur le sol ? Hm, belle hésitation. Dans les deux cas, il savait qu'il finirait par le regretter. Dans le premier cas, parce qu'en cas de chute, Oona aurait quatre vingt dix-neuf pour cent de chances de mourir sur le coup, et que cela serait considéré comme un homicide volontaire. En gros, pour lui ce serait direction la case prison, ce qui le tentait très moyennement, à vrai dire. Et dans le second cas, parce qu'en la laissant en vie, il lui donnerait l'occasion de recommencer à l'embêter dans les prochaines jours, et pourquoi pas dans l'immédiat. Ainsi donc, Jackson était face à un choix draconien. Ou bien il irait en taule, ou bien il aurait à supporter Oona encore quelques temps. Vraiment difficile à faire comme choix, n'est-ce pas ? Bon, finalement, il se montra un tant soit peu raisonnable et opta pour la première option, éloignant par conséquent sa camarade du bord, dans une rotation plus ou moins au point. Bon, techniquement, il venait de lui sauver la vie. Ou plutôt, il venait de renoncer à l'idée de la lui prendre. Mais c'était tout comme, d'après lui. Spontanément, Jackson prétexta que sa camarade viendrait à lui manquer, qu'il ne pourrait pas se passer d'elle, au risque de s'ennuyer. Bon d'accord, c'était véridique. Parce que, mine de rien, il s'était plus ou moins habitué à Oona, et à ses tendances agaçantes. Elle le faisait très clairement chier, certes, mais étant d'un naturel plutôt masochiste, ça ne le dérangeait pas tant que ça finalement. « Ne nous emballons pas, tout de même » la corrigea-t-il finalement, croisant les bras sur son torse. Okay, elle avait raison. Mais inutile de prendre cet air satisfait, hein. Non mais oh. Lorsqu'Oona reprit son appareil photo en main, Jackson eut pour réflexe de fermer les yeux. Comme ça, si elle le flashait une nouvelle fois, ses yeux en sortiraient indemnes. Mais non, aucun flash à l'horizon. Bah écoutez, tant mieux hein. « Tu me traites de "con" alors que je peux encore te tuer, tu sais » fit-il ensuite, les yeux plantés dans ceux d'Oona. Qu'elle fasse attention, Jackson ne restait jamais raisonnable bien longtemps.