« Ne nous emballons pas, tout de même » Mon sourire s’accentua. Tant qu’à faire, je comptais bien profiter de ce petit aveux de Jackson, au cas où j’en aurai besoin. Sait-on jamais. Et puis c’est toujours flatteur d’entendre quelqu’un dire qu’il s’ennuierait sans vous. Enfin, moi je trouve ça vraiment gentil et surtout de la part d’un mec comme lui ; parce que visiblement, il n’était pas le roi de la gentillesse. Bref, je m’emballais quand même, parce que c’était un petit événement tout de même. « Quand même, un petit peu ! » Lui faisant croire que j’allais immortaliser de nouveau ce moment, je repris mon appareil photo en main. Le voir fermer les yeux, en attendant mon flash me fit carrément rire. À la fois je me foutais un peu de sa gueule évidemment, parce que sinon je ne serais pas la Oona qu’il connait, mais en même temps, je riais amusé. On aurait dit un petit gamin, qui n’aime pas se faire prendre en photo. Quoiqu’il ne doit toujours pas aimer ça, tout en n’étant plus un gamin. C’est pour ça aussi que je me permettais de le traiter de con. Oui, il m’avait quand même fait peur et je n’avais pas honte de l’avouer. « Tu me traites de "con" alors que je peux encore te tuer, tu sais » Finalement, mon sourire ne me quittait plus. C’est vrai que je pouvais paraitre vraiment folle à le traiter de cette manière, alors que quelques minutes plus tôt, j’étais à deux doigts de valser dans le vide. Pour m’assurer qu’il n’allait rien faire, je reculais de quelques pas. À présent, je pouvais le faire librement, puisque je ne me trouvais plus du côté du vide. « Ouai, mais je sais maintenant que tu ne me tueras jamais ! » Bah oui, il m’avait fournis la preuve un peu plus tôt !

Pour le coup, Oona était sauvée. Elle ne tomberait pas dans le vide aujourd'hui et sa vie ne prendrait ainsi donc pas fin en bas de ces maudites falaises. Sans doute n'avait-elle pas véritablement conscience de la chance qu'elle avait eu, pour le coup. Parce que Jackson aurait très bien pu se débarrasser d'elle, sans ensuite éprouver le moindre scrupule, non ? Hum, non. Car, comme il venait très justement de le dire lui même, la jeune femme lui aurait tout de même manqué. C'était étrange, surtout pour lui, mais disons qu'il aurait rapidement ressenti un certain ennui si son emmerdeuse préférée était morte, qui plus est par sa faute. Ainsi donc, il venait de lui avouer ce détail, et la jeune femme n'avait pas tardé à s'emballer quelques peu, un peu comme si il venait de lui dire qu'il l'aimait depuis toujours, une connerie du genre, vous voyez. Apparemment, un tel aveu lui faisait plaisir, c'était déjà ça. Après tout, pour une fois qu'il pouvait donner le sourire à quelqu'un, Jackson n'irait pas tellement s'en plaindre, hein. Et même, elle parvint à le faire légèrement sourire à son tour. Allez savoir pourquoi. Mais par la suite, Oona osa le traiter de « con ». Non mais oh, et puis quoi encore ?! Bon d'accord, il lui avait très probablement foutu la trouille quelques instants plus tôt, mais tout de même, de là à le traiter de la sorte ... Plus sérieusement, une telle insulte le dérangeait à peine. Il avait connu bien pire, soyez-en sûrs. Pourtant, il trouva bon de menacer à nouveau sa camarade, prétextant qu'il pouvait toujours la balancer dans le vide. Et comme par hasard, à cet instant précis, Oona s'écarta du bord. Pas folle, la guêpe. Et cette dernière avança alors un argument de taille : il ne pourrait pas la tuer. Et c'était bien vrai, puisqu'il venait lui même de le dire. Zut. Il lui fallait donc trouver autre chose. « Bon, okay » avoua-t-il alors, dans l'attente de trouver mieux. « Mais je peux tout aussi bien faire de ta vie un enfer » reprit-il alors, la foudroyant du regard - enfin, genre quoi. Bon d'accord, il aurait pu se creuser un peu plus la tête. Mais sachez que c'était soit ça, soit il ressortait cette histoire de viol. Alors non merci.

Jackson me menaçait à nouveau. À croire qu’il aimait bien faire ça ; qu’il aimait bien me menacer moi. Après, tant que ça reste simplement des menaces, ça ne me dérangeait pas plus que ça, mais s’il les met à exécution, là ça me ferait un peu plus chier (pour être malpolie). On ne peut pas dire que Jackson ne fout pas la trouille en ce moment, mais que je venais de lui faire si bien remarquer, il n’ira jamais me tuer. De une, parce que derrière sa tête de violeur/tueur de femme se cache un homme totalement normal et de deux, qu’il est bien trop inoffensif pour pouvoir ne serait-ce que me taper légèrement. Ouai bon, c’est parce qu’une « loi » de Cupidon (que j’ai un peu transgressé, mais avec le consentement du blond ici présent) l’en empêchait. Quoique, dans la catégorie « on ne doit pas taper », les femmes si trouvent, à côté des handicapés et de ceux qui portent des lunettes. « Bon, okay » Un peu plus éloignée de lui, parce que je ne suis pas aussi bête que j’en ai l’air, je lui adressais un sourire satisfait. Il s’avouait prit : je pouvais alors l’embêter sans peine, mon heure n’avait pas encore sonné. Non non ! « Mais je peux tout aussi bien faire de ta vie un enfer » Ah oui… je n’avais pas vu les choses sous cet angle. Le truc, c’est qu’il devait être aussi doué que moi pour embêter les gens, ou être super con… bon j’arrête avec cette petit insulte. Devant son regard « tueur », je levais un sourcil. « J’ai hâte de voir ça ! » Encore une provocation ? Je ne pouvais pas m’en empêcher, mais lui aussi il me provoquait là. « Mais je pense pouvoir le supporter ! » Bah oui, en même temps il ne nous restait plus vraiment beaucoup de temps. La semaine prochaine la demi-finale, puis la finale. Je pouvais bien le supporter… « Tu crois que tu vas réussir ? » Telle était la question !

Plus les minutes s'écoulaient, et plus Jackson en venait à se demander pourquoi il s'était empêché de balancer Oona du haut de ces falaises. Pourquoi, déjà ? Ah oui, parce que sinon, elle lui aurait manqué. Ouais voilà, c'était visiblement pour ça. N'empêche, il n'allait sans doute pas tarder à regretter cette décision malgré tout. Car la jeune femme se croyait un peu trop à l'abri désormais. Sans doute pensait-elle que parce qu'il ne pouvait ni ne voulait la tuer, il ne pourrait pas faire pire. Et bien, c'était sans compter sur ses tendances emmerdeuses et son désir de faire de la vie des autres un enfer. D'ailleurs, c'est très justement à ce sujet qu'il la menaça. En gros, soit elle se tenait à carreau, soit elle verrait bien vite de quel bois il se chauffait. Mais apparemment, ce semblant de mise ne garde ne parvint pas à calmer Oona, qui se permit à nouveau une petite provocation. Ainsi donc, elle avait hâte de voir ça. Ah oui ? Et en plus, elle disait pouvoir le supporter. Rien que ça. Et même, Oona allait jusqu'à lui demander si il croyait capable de réussir. Mais bon sang, elle cherchait dangereusement les emmerdes celle-là, c'est pas possible. Et dire qu'il ne pouvait même pas la pousser dans le vide, pff. Alors comme ça, elle se croyait véritablement hors de danger. Quelle naïveté. Car Jackson n'avait peut être pas pour intention de la tuer dans l'immédiat, mais il pourrait tout aussi bien y aller à petit feu, non ? Ouais, ça, ça n'était pas une mauvaise idée. Ou alors, il pourrait se contenter de pourrir son existence. Ouais, c'était encore le mieux, probablement. « A ma sortie du jeu, j'irai demander ton adresse à la Production » fit alors Jackson, arborant un sourire quelques peu mauvais. « Si tu déménages, je te suivrai. Et tu passeras toute ta vie à me fuir, alors qu'en fait, tu n'y parviendras jamais » reprit-il. Il fixa sa camarade, gardant un air plutôt sérieux. « Donc, oui, je crois sans prétention pouvoir réussir » conclut-il. Maintenant au moins, elle savait plus ou moins à quoi s'attendre.

C’est vrai, j’avais hâte de le voir m’emmerder, parce que la notion de faire de la vie de quelqu’un un enfer était plutôt relatif. Pour un tel, il suffirait juste d’embêter quelqu’un un tout petit peu, pour d’autre, il s’agit carrément de menacer la personne. Franchement je voulais voir Jackson en « action », pour me rendre bien compte de ce qu’il entendait par là. Mais plus que des actions, il avait visiblement prévu des choses…« A ma sortie du jeu, j'irai demander ton adresse à la Production » Instinctivement mes sourcils se relevèrent, tandis que je croisais mes bras sur mon ventre, en voyant ce sourire quelque peu atypique, qui me donnait plus envie de rire qu’autre chose. Je n’ajoutais rien, puisqu’il semblait partit dans une sorte d’explication super bizarre. « Si tu déménages, je te suivrai. Et tu passeras toute ta vie à me fuir, alors qu'en fait, tu n'y parviendras jamais » Je continuais de le regarder, légèrement atterrée parce ce qu’il était en train de me dire, parce qu’il venait en quelques minutes de monter un plan plutôt lugubre, je dirais. Je plissais les sourcils ; soit il était simplement bizarre, soit il l’avait déjà fait et la je le qualifierais plutôt de tordu et dérangé de la tête. « Donc, oui, je crois sans prétention pouvoir réussir » M’assurant qu’il avait bien fini de parler, je fis une petite moue secouant légèrement la tête de haut en bas. « Effectivement, ça pourrait me pourrir la vie… » Oui oui, parce qu’il y a bien un mais qui traîne un peu. Le hic dans tous ça, c’est que la production possède mon adresse ou plutôt celle de mes parent à Galway, où j’habite plus depuis six ans. Evidemment, je me garde bien de lui dire, sinon il pourrait être capable d’éventuellement emmerder mes parents pour me faire chier moi. J’ajoutais seulement : « Le truc c’est que la production ne sait pas vraiment où j’habite réellement… donc tes plans sont déjà compromis ! » Je fis une petite moue, déçue pour lui. Moi qui voulait tant me faire emmerder…. A moins qu’il ait trouvé déjà une autre solution… en tout cas, que ce soit le cas ou non, j’avais bien envie de le reprendre en photo… han, de la provocation, mais ce n’était vraiment pas méchant… au moins on s’occupait un peu…

A défaut de pouvoir tuer Oona, Jackson pouvait très bien lui pourrir la vie. D'ailleurs, c'était véritablement l'une de ses activités favorites. Alors, pourquoi s'en priver ? Ainsi donc, et puisqu'en plus de cela, Oona semblait le provoquer une nouvelle fois, Jackson se devait de trouver de quoi effrayer la candidate, ou du moins, de quoi lui faire comprendre qu'il ne plaisantait pas, et qu'il pouvait se montrer plutôt vicieux si on l'y poussait. Alors, il ne trouva rien de mieux à lui dire que la chose suivante : il allait, à sa sortie du jeu, réclamer l'adresse de la jeune femme à la Production, afin de la poursuivre incessamment et de lui faire vivre un enfer sur terre. Ouais, c'était ça son plan. Une idée de génie, n'est-ce pas ? Bon d'accord, peut être pas. Disons que c'était même plutôt à chier comme option, mais faute de mieux, il lui faudrait s'en contenter. D'autant plus que ça n'allait sans doute pas l'amuser longtemps de poursuivre Oona, hein. Mais bon, si cela était pour le bien de son coté emmerdeur, il pouvait bien faire quelques efforts. Visiblement, une telle opération semblait intriguer Oona. Parfait. Si elle s'était mise à rire, ça aurait tout gâché. Mais là, elle ne semblait pas tellement rassurée. Et ça, c'était justement ce que voulait Jackson. La jeune femme prit alors la parole, confirmant que cela pourrait bel et bien lui pourrir la vie. Un peu, oui. C'était bien ça l'idée, après tout. Puis, elle reprit, en prétextant qu'en réalité, la Production ne connaissait pas véritablement son adresse. Bah voyons. Elle semblait croire que Jackson tomberait dans le panneau, qu'il abandonnerait cette ingénieuse idée simplement pour la croire sur parole. Elle se mettait dans doigt dans l'œil, celle-là. « Ça c'est ballot » fit-il alors, faussement dégoûté. « Mais bon, qu'est-ce que je risque à la leur demander quand même, hein ? » reprit-il, prenant un air satisfait. Ainsi donc, la Production ne possédait pas l'adresse d'Oona, hm ? A confirmer.

Et dire qu’il ne m’a pas tué parce que je lui aurai manqué. Le contraire était totalement valable : je ne pourrais jamais le tuer non plus, il me manquerait trop à moi aussi. Qui j’embêterais ? Qui je provoquerais ? Qui me menacerait de me pourrir la vie ? Telle est la question comme on dit… mais je ne préférais pas me les poser. Ou plutôt, je n’avais pas besoin de me les poser, puisque Jackson n’avait pas quitté notre monde. C’est alors un peu décontenancé, on va dire ça comme ça, que j’écoutais tout le programme du blonde qui redevenait bizarre. De nouveau, je le voyais vraiment bien en violeur ou tueur de femme. S’il était prêt à me poursuivre, il était prêt à tout. Le fait qu’il m’ait laissé la vie sauve cette fois ne voulait rien dire. Malgré tout, j’avais un peu de peine pour lui, parce que son plan ne pourrait pas fonctionner : je lui avouais que la production n’avait pas vraiment mon adresse. Sans grand étonnement, le blond ne semblait pas vraiment me croire. « Ça c'est ballot » C’est ça, il ne me croyait pas, mais c’est pourtant la stricte vérité. Je levais les yeux au ciel, haussant les épaules. Franchement, je le voyais mal me poursuivre dans toutes l’Europe. Il ne le savait pas, mais si je n’avais pas vraiment d’adresse fixe, c’est bien parce que je voyageais beaucoup trop avec ma troupe, pour en avoir une. À moins qu’il soit d’une nature réellement déterminé et qu’il n’ait rien d’autre à faire dans sa vie que de poursuivre à la trace une jeune femme qui plus est. « Mais bon, qu'est-ce que je risque à la leur demander quand même, hein ? » Oh bah ça ! Il peut toujours demander et comme je l’ai dis précédemment, il tombera sur mes parents. Par chance, peut être que mon sale quartier le ferait dégager avant qu’il puisse arriver à la minuscule maison de mes parents. Au pire, il se fera recevoir par ma petite maman, qui peut être très gentille quand il le faut. « Pas grand-chose je pense… » J’haussais les épaules de nouveau. « De ne pas me trouver là-bas par exemple. » Un sourire campa mon visage pendant quelques secondes. On ne peut pas dire qu’il me fichait la trouille, mais il était quand même bien spécial ce Jackson. Ouai, mais pas suffisamment flippant quand même pour que je puisse m’arrêter de le provoquer. Et puis, de là à ce que l’on s’en aille du château, j’avais un peu de temps devant moi. C’est alors avec un sourire amusé que je quittais Jackson, le laissant planté là. Est-ce que j’avais vraiment du souci à me faire ? Je ne pensais pas… « Ah ! Au fait ! Ferme les yeux ! » Lui adressais-je en me retournant vers lui, mon appareil photo en main, que j’enclenchais. J’allais au moins le mettre dans les souvenirs. Finalement, je partis en courant.