Ainsi donc, c'était de Sixtine dont Syssoï voulait parler. Jackson en était désormais quasiment persuadé. En tout cas, la description qu'il venait de faire de la jeune femme concernée pourrait tout à fait lui correspondre. Par la suite, et pas tellement fier de lui, Jackson se permit de poser une question à son camarade. Parce qu'il se demandait très sérieusement si Syssoï "aimait" cette blonde survoltée. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Syssoï fut plutôt clair à ce sujet. Okay, donc il l'aimait. Mais dans quel sens du terme ? Genre, comme un ami proche ? Ou comme plus que ça ? Voilà la question qui aurait dû sortir de la bouche de Jackson suite à la réponse de son camarade, mais qui n'en sortit pourtant pas. Sans doute avait-il l'impression d'avoir été un peu trop indiscret déjà. Ouais, c'était sans doute ça. Mais finalement, il n'eut pas à faire preuve de d'avantage de curiosité, puisque Syssoï reprit la parole. Jackson écouta alors attentivement son camarade. Soudain, il comprit quelque chose. Syssoï n'était pas amoureux de Sixtine. Il l'aimait, mais n'en était pas pour autant amoureux. Du moins, c'est ce qu'il interpréta suite aux propos du grand brun. Mais alors, était-il amoureux ? Il venait de faire référence à ce sentiment, alors peut être bien qu'il était amoureux, mais pas de Sixtine. Bon d'accord, c'était évident. Jackson venait de le comprendre, ou peut être bien qu'il le savait en fait depuis quelques temps déjà ... Syssoï était amoureux de Gabrielle. De qui, sinon ? Bien sûr qu'il l'était. Est-ce que cela faisait chier Jackson ? Sans doute un peu. Voire beaucoup. Voire énormément. Voire infiniment. Voire ... Bref, ça le faisait chier quoi. Parce qu'en prenant bel et bien conscience du fait que Syssoï était lui aussi amoureux de Gabrielle, il voyait certaines de ses craintes se confirmer. Et ça avait tendance à lui faire légèrement peur, quand même. Bien entendu, il n'en montra rien, comme à son habitude. Il se contenta alors de laisser échapper un « Je vois » qui, aussi bref soit-il, signifiait beaucoup de choses. Par la suite, Jackson insinua qu'il avait tendance à faire souffrir ceux qui l'entouraient, une chose loin d'être erronée, sachez-le. Peut être n'était-ce pas tellement la chose à dire à Syssoï - un accident était si vite arrivé, surtout sur une terrasse - mais il préférait être honnête. A cet instant précis, Jackson manquait cruellement de confiance en lui, chose qui semble-t-il n'échappa pas à Syssoï. « Il faut du courage, comme tu dis. Mais je ne suis pas certain d'en avoir, moi, du courage » répondit-il alors, le plus sincèrement du monde. Syssoï poursuivit ensuite, faisant référence à la vision que Jackson semblait avoir du couple, mais également de la fidélité. Jackson poussa alors un soupire. « Je ne crois pas en grand chose, en fait. Ou disons que je n'y crois plus » fit-il, avant de se taire quelques instants. Effectivement, Jackson ne croyait plus tellement en toutes ces choses. Sans doute le regrettait-il, d'une certaine manière, mais c'était ainsi. « Ne me laisse pas faire n'importe quoi, s'il te plait » reprit-il finalement, d'une petite voix. Oui, c'était toujours Jackson que Syssoï avait à ses cotés. Toujours.

Est-ce que je suis amoureux de Sixtine ? C’est une question à laquelle j’ai souvent pensé sans jamais m’autoriser à vraiment y penser. Parce que Sixtine est particulière, elle est ravageuse, destructrice de l’intérieur, elle arrive et elle fout tout en l’air, elle me fout en l’air. Sixtine c’est un genre de swiffer, là où elle passe, la poussière trépasse. Et en l'occurrence, je fais référence à la poussière qui s’était accumulée depuis des années sur des habitudes d’isolement et d’autarcie qui me convenaient très bien, qui me permettaient de vivre sans jamais prendre de risque, pour moi, et pour les autres. Mais la blonde survoltée à tout explosé, elle a dépoussiéré tout ça, et les mains dans le sang là où d’autres seraient dans le cambouis, elle a entreprit de tout remettre en état de marche. Sauf que ça marche tellement bien, maintenant, que je me prends à tomber amoureux toutes les quinze secondes. Sans déconner, hier j’étais en admiration devant un putain de papillon posé sur la balustrade du balcon. Un papillon, bordel !! Alors, est-ce que je suis amoureux de cette fille ? Je suis indéniablement amoureux de tout ce qu’elle a fait pour moi, amoureux de cette rencontre, amoureux de sa façon de parler, de sa façon de bouger avec brusquerie, foutant des coups à tout ce qui se trouve à proximité, amoureux de son rire, et de sa manière très particulière de coordonner ses vêtements. Amoureux de l’idée que ma mère la détesterait au premier regard. Alors oui, peut être que je suis amoureux d’elle, mais même ça, j’en suis pas sûr. Je veux pas y penser en fait, parce qu’il y en a un qui est sûr d’être amoureux d’elle, un qui ne doute pas, et un que je respecte pour ça : Connor. Pour Gabrielle, c’est différent. C’est ma Jackie O., l’évidence même, celle qu’on a mit sur ma route pour me compléter en tout point. Je vois mal comment ça pourrait être plus clair, en fait. Et c’est certainement cette évidence qui me fait flipper, parce que je suis pas prêt, même carrément pas prêt, parce que je doute aussi, parce que j’hésite, parce que j’imagine pouvoir tomber en adoration amoureuse devant un papillon, parce que... Parce que, finalement, en voulant me réparer, il n’est pas exclu que Sixtine ait bousillé un truc en moi, genre ma capacité de réflexion et de recul. Je devrais pas avoir le droit d’hésiter, d’ailleurs je ne me l’autorise pas, et préfère laisser le temps jouer en ma faveur. Si j’ai raison, il ne me, il ne nous, sera que favorable. J’imagine. En tous cas, c’est ce que je lui ai affirmé, à elle, et comme d’habitude elle m’a accordé une confiance aveugle, que je ne méritais probablement pas. Mais c’est mieux pour tout le monde, non ? « Je vois » Je ne sais pas trop ce qu’il voit, mais j’hoche la tête. Il bien de la chance d’y voir quelque chose. C’est n’est plus mon cas depuis longtemps. Puis il me parle de ce courage dont il estime manquer, et j’avoue ne pas comprendre. Du courage, on en trouve, lorsqu’on aime. J’ai bien trouvé celui de céder ma place à son profit, et vous avez conscience de l’effort que ça demande à un possessif compulsif ? Aller jusqu’à l’inciter à se déclarer à Gabrielle, ça c’était plus de l’ordre de l’effort, c’était carrément du level “tentative de suicide”, homicide volontaire contre moi-même. Mais je me suis raté, et je vis toujours, et non content d’avoir à endurer leur proximité, faut en plus que je fouille au plus profond de moi pour trouver les ressources nécessaires pour lui parler encore afin de l’aider à prendre soin d’elle. Il me confirme qu’il ne croit pas en grand chose, qu’il n’y croit plus. J’imagine qu’il a du avoir une expérience personnelle assez désastreuse. J’hoche la tête, je connais ça aussi. Puis, chose encore plus surprenante -si je peux encore être surpris- il me demande, me supplie presque, de ne pas le laisser faire n’importe quoi... Avec elle ?! « Crois-moi, t’as clairement pas envie de faire n’importe quoi. » Je lâche sans même chercher à masquer la menace sous-jacente. J’suis trop bon, trop con, mais faut pas pousser non plus, je n’ai absolument rien renié de ma personnalité de base. « Elle n’est pas avec toi par dépit ou autre, elle est avec toi parce qu’elle a envie et besoin de toi, et qu’il en est ainsi depuis le premier jour. Que j’existe ou non, ne change absolument rien à ce simple fait. Tu n’as donc absolument aucune raison de faire n’importe quoi. » Non, vraiment aucune... « Ca fait tellement longtemps que tu la veux, maintenant c’est le moment pour toi de la rendre heureuse. » c’est pourtant pas compliqué comme job, si ? Et c’est carrément pas la mission la plus dégueulasse du monde. Pour ponctué mon affirmation, je lui offre un sourire entendu. C’est à lui de jouer, maintenant.