Après le dîner, je décidais comme à mon habitude de quitter la table sans débarrasser ce qui m'appartenait. Un maniaco-dépressif le fera pour moi, j'en suis sûr ! A chaque saison y a un bête type ou une bête femelle qui passe sa vie à ranger le bordel des autres. J'avais quant à moi, des choses bien plus intéressantes à faire, à savoir : observer les lieux et les diverses candidats pour me faire une idée de chacun... Quoi que, certains m'avaient laisser des premières impressions assez particulières. Y avait une hippie dans la horde de bestioles ! Pour le reste, j'étais persuadé de le découvrir tôt ou tard. C'est habillé d'un d'un short en jeans et d'une chemise à carreaux ouverte sur un t-shirt blanc que je rejoignais l'extérieur. Ayant envie de découvrir la forêt dont j'avais entendu parler ce matin.

Enfonçant ma main dans la poche gauche de mon jeans j'en sortis mon paquet de clope. J'en extirpais une et la calais entre mes lèvres tandis que je rangeais mon paquet pour attraper le briquet qui se trouvait lui du côté droit. J'allumais mon baton de nicotine et continuait ma promenade qui avait bien plus de saveur maintenant. Après quelques minutes de marche, je reconnaissais l'une des candidates, l'une des seules qui m'avait laisser une bonne impression. Je m'avançais donc vers elle, crachant un nuage de fumée en direction du ciel. « C'est exact ... Ou alors elle m'arracherait ma clope et me dirait qu'elle veut me sauver d'un cancer des poumons. Cette fille est folle. » Je souriais, tirant une nouvelle taffe de ma cigarette, avalant la fumée et la recrachant, veillant cependant à ne pas incommoder la jeune femme. « Alors, t'as bien dormi Neela ? » J'étais un peu hésitant sur le prénom, mais ça ne pouvait être que ça. « Dis moi que je me suis pas tromper de prénom, j'déteste être ridicule. »

«Te sauver ?» En y réfléchissant un peu plus, c'est vrai que cela sonnait faux. Si il y avait une seule personne que cette nana pouvait laisser crever d'un cancer des poumons dans ce jeu, je pense bien que son choix se porterait sur moi. Elle est tellement bizarre , j'ai l'impression qu'elle vient d'une autre planète. Le genre de fille à s'inscrire chez green peace, à passer ses dimanches dans des manifs' pourries, vous voyez le tableau. Tout l'inverse de moi en réalité. «Vraiment ? Je crois qu'elle n'a même plus envie de te sauver...tu es son satan...Je pense plutôt qu'elle dirait...» Son satan c'était un peu exagéré quand même ... « Non, Satan c'est un peu exagéré quand même, j'suis pas si terrible. » fis-je alors remarquer, préférant que les choses soient claires entres-nous. Il est vrai que je me comporte pas toujours comme il faut, que je ne dis pas toujours ce qu'il faut non plus et que je manque cruellement d'éducation mais je suis pas un monstre. J'crois pas. De toute façon, je savais que ce n'était pas ce que pensait Neela de moi, je l'espérais puisqu'elle faisait partie des candidats avec qui le contact passait assez bien. «Marcus, ce n'est pas parce que tu es le suppôt de Satan que Neela la merveilleuse doit en subir les conséquences. Tu savais que plus d'un cancer sur deux vient de tabagisme passif ? Tu sais ce que c'est d'être une victime ? » J'éclatais de rire devant une imitation aussi parfaite, et finissait par l'applaudir de bon coeur. « Fantastique, tu étais parfaite. » Un compliment pour aujourd'hui, qu'elle n'en attende pas d'avantage de ma part aujourd'hui. «Tu vois, je pense que j'ai finalement ma place aussi dans ce cirque...» Un léger sourire naquit, avant que je ne prononce ces quelques mots. « Bienvenue dans mon monde. » Faut le dire, c'était désormais notre monde. Je partageais ce nouveau monde avec une trentaine de nouvelles personnes. Nous étions tous les nouveaux artistes de ce cirque. Un cirque où chacun ferait de son mieux pour aller le plus loin possible, c'est pour ça que je ne fais confiance à personne ici.

La discussion s'annonça comme banale pour un début d'aventure, je lui avais demander comment elle avait dormi. Après tout, c'était aussi un nouvel apprentissage que de partager nos lits avec des étrangers. D'ailleurs, j'ignorais tout de son partenaire alors je ne pouvais pas juger si elle avait eu une nuit facile ou non. «Peu mais bien si on oublie le fait d'avoir un total inconnu à côté de soi. Et toi ? Partenaire assez sexy pour toi ? » fût la réponse de la brune. « Ouais, normal et pour moi, hum, ça a été. Pour ce qui est de la partenaire, y a mieux mais y a pire aussi. Donc je me contente de ce que l'on m'a donné. » Ce n'était pas un thon, loin de là. C'est son caractère qui me semblait pour le moment le plus dur à apprécier, il était aussi fort que le mien, voir plus. «Bien joué Sherlock, tu ne souffres pas encore d'alzheimer précoce ! C'est plutôt signe de bonne santé non ? Tu comptes rester debout ou ?...» Parfait, j'avais retenu son prénom. Comme elle me le suggérais, je me posais à ses côté, tendant mes jambes droit devant moi et m'appuyant sur mes coudes. Elle voulait désormais savoir si je m'étais acclimater ... « Je pense que ça devrait aller avec les jours. J'vis dans un cirque alors la vie en collectivité, je connais. Même si ce n'est pas ce que je préfère le plus au monde. J'suis pas une bête des contacts sociaux ... Et toi, ça roule de ce côté là ? Tu as rencontré des gens sympa ? » Je tirais une nouvelle taffe sur ma clope.

Je pensais en arrivant ici, que je ne parlerais à personne. Ou à très peu de monde. Pourtant, dès le premier soir j'avais trouvé en la personne de Neela une compagnie plutôt agréable puisque celle-ci semblait toléré mon caractère. Elle n'avait même pas grogner contre certaines de mes remarques à l'égard d'autres candidats. J'étais bien entendu d'accord avec la phrase qu'elle venait de prononcer, à savoir : On ne peut pas s'entendre avec tout le monde. Cette phrase résumait réellement ma vie. Je ne m'entendais pas avec tout le monde, mais dans le fond, cela ne me gênait pas. Ma vie avait été formé d'une façon assez particulière, je ne m'attachais pas aux gens qui m'entouraient, afin de ne pas en souffrir. Je n'étais même pas attaché à mes parents, cela fait un moment que je ne les ai plus vu et j'en ai strictement rien à foutre. J'sais pas ce qu'ils sont, mais je m'en fou. Seul mon fils a su nouer un lien avec moi, c'est sans aucun doute la seule personne pour qui je pourrais mourir. « Je m'entends vraiment pas avec tout le monde. » répétais-je alors à voix haute en posant mon regard sur Neela. Je savais qu'elle ne me jugerait pas sur mes paroles, de toute façon c'était très humain que d'apprécier des gens et d'autres non. " Après tout, tant mieux, si tout le monde s'aimait sur terre...On s'emmerderait ! " « Amen» m'exclamais-je alors pour lui montrer une fois de plus mon accord. Prenons un exemple concret, si nous vivions au pays des bisounours roses, je doute que beaucoup de gens regarderaient des émissions comme fake lover. Ce que le public aime justement c'est les clash, les engueulades, les coups de coeur. C'est grâce à ce mélange d'émotions intense qu'une émission peut faire de l'audience. " Bah dis donc, tu me fais beaucoup de compliments Marcus...Fais gaffe, j'vais finir par m'y habituer. " Un rire cristallin résonna alors « Non, je te garantis que tu ne dois pas t'y habituer. » Je fais jamais de compliment, j'aime pas gaspiller ma salive pour ce genre de chose. Les seuls moments où j'en fais, c'est quand je pense que c'est nécessaire.« Et alors, je peux faire quel job ?» Je la regardais un instant, essayant de trouver à quelle place elle pourrait aller dans un cirque. « Pourquoi pas trapéziste. C'est sans aucun doute ce que j'aime le plus comme numéro.» J'aime la grâce que les trapéziste ont, cette impression qu'ils nous donnent de voler dans les airs comme des oiseaux libres. C'est en voyant ma femme sur un trapèze que j'ai décidé de l'épouser. Ce jour là, j'ai su que c'était elle. Non, je n'étais pas amoureux, mais elle avait beaucoup de grâce, de classe. Elle était belle. Je riais en la voyant jongler, j'attrapais mon paquet sans aucune difficulté. Je sortis alors mon portefeuille de ma poche, mon briquet et mon paquet pour jongler avec les trois objets en même temps. « Non, la jonglerie c'est mon truc à moi ça. »

Après mon petit numéro, je m'étais finalement assis dans l'herbe à ses côtés pour lui confesser que je n'avais pas à me plaindre de ma partenaire mais aussi que je n'étais pas vraiment le plus fort en ce qui concerne les liens sociaux. Je fus soulagé d'apprendre que pour elle non plus, ce n'était pas vraiment son élément « Ouais, je comprends. J'ai aucun problème pour parler avec toi non plus. » Je trouvais alors normal de lui demander si elle avait rencontrer des gens intéressant, j'entendis alors le prénom d'un gars pour la première fois de ma vie. Non,je n'avais jamais entendu parler de lui depuis mon entré ici. Je ne pouvais même pas faire une ébauche de son visage dans ma tête afin de voir à quoi il ressemblait. « Non, je vois pas qui c'est .. » Préférais-je alors lui avouer plutôt que de la laisser croire que j'ai une quelconque idée de l'identité de ce bonhomme là. «Évidemment tu restes le numéro dans mon cœur ! » et c'est à ce moment là que la musique de cupidon se met en route. Coïncidence je ne crois pas. Ne voulant pas perdre d'argent étant donné que je suis là pour ça, je m'approche alors d'avantage. Attrapant son menton, je dépose rapidement mes lèvres sur les siennes. « Tu m'en veux pas j'espère ? » Lui avais-je alors dit en parlant du baiser que je venais de lui voler.