ft. anouck

Je tire la candidate dans le parc, elle me suit docilement alors je finis par lâcher sa main tandis que je continu de tracer ma route jusqu'au lac où, j'en ai le sentiment, nous serons bien plus tranquille qu'ailleurs dans la maison. Les mains dans les poches, je rejoins le pont duquel je grimpe les marches deux à deux, silencieux et la tête baissée sur mes pieds, avant de finalement me stopper au milieu de l'édifice pour me tourner vers la blonde. Je pince les lèvres, affiche une moue désolée, déçue aussi, mais ne sait pas réellement quoi dire. Je n'aurais pas pensé qu'une nomination m'affecterait autant, pourtant j'ai eu un réel coup de cœur pour cette petite parisienne en début d'aventure. Ne sachant trop quoi dire, ni comment justifier cet excès, puisque s'en est un visiblement, je me tourne avec pudeur pour venir m'appuyer contre la balustrade qui borde l'eau du bassin artificiel. Je soupire, une énième fois, hésitant quant à l'idée de sortir une clope. Faut bien que je dis quelque chose non? Allez, dis quelque chose mon gars. Je courbe la nuque sur mes doigts. Non, rien, je suis juste profondément déçu. Peut-être en colère aussi. En témoignent mes gestes saccadés et mon embarras croissant à l'idée de lui faire face.

Ma main coincée dans celle de Hamad, je me laisse entraîner à l'extérieur, puis enfin à travers le jardin jusqu'à ce qui me lâche et continue son chemin d'un pas rapide. Je croise mes bras sur ma poitrine, deserre peu à peu les dents au fur et à mesure que le temps depuis l'annonce de ma nomination s'écoule, pendant que je suis le jeune homme quelques pas derrière lui. Je le rejoins sur le pont survolant le lac, tandis qu'il se retourne brusquement dans ma direction d'une mine plus affecté que ce qu'il devrait montrer. Je le regarde presque avec surprise, ne bougeant pas d'un pouce de ma place, ne sachant l'attitude que je dois emprunter. Mon côté sensible pourtant bien enfoui menace de refaire méchamment surface en voyant l'effet que mon éventuel départ produit sur le candidat. Je sens pratiquement mes joues rougir sur le coup de l'émotion. Il se détourne pour s'appuyer contre la rambarde du pont. Il soupire, s'agite sur place et de mon côté je reste plantée au même endroit comme une cruche. Je finis par m'avancer jusqu'à lui et me place juste à côté de lui, nos bras collés l'un contre l'autre. « J'aurais bien voulu avoir un peu plus de temps, pour te connaître. » j'admet, avant de me mordiller la lèvre inférieure. « Je suis sûre qu'avec le temps, tu aurais pu me faire de magnifiques déclarations en français... » dis-je, rieuse, espérant le voir sourire, au moins un petit peu.

Je la sens s'avancer dans mon dos, j'entends les pas caractéristiques de ses talons se planter à mes côtés. Elle immerge dans mon champs de vision, je lui jette un regard du coin de l'oeil et le détourne aussitôt à la surface de l'eau sous nos pieds. Elle admet tout haut ce que je pense tout bas et que mon comportement lui cri depuis quelques minutes. Je pince les lèvres en levant les yeux vers elle, haussant les épaules. « Ouais... J'aurais aimé aussi. » Je lui réponds simplement, posant ce constant sans gravité ou drame, juste blasé à cette idée. Je pense qu'Anouck et moi étions parti pour bien s'entendre, j'ai senti une complicité avec elle que je n'ai peut-être pas forcément senti avec les autres candidats. C'est peut-être stupide de penser ainsi après seulement deux semaines, à peine même. Et pourtant je l'apprécie déjà beaucoup, et j'ai apprécié ce que j'ai découvert d'elle. Ce pourquoi j'en veux plus. Je soupire à sa plaisanterie et lâche un léger rire dans un souffle, quelque peu amusé je dois l'admettre. « Attends, pourquoi on parle comme si ton sort était déjà réglé? » Je lui demande en arquant un sourcil, pivotant sur mes talons pour venir lui prendre la main et l'inciter à faire de même. « Tu dois rester. Je tiens à rentabiliser mon dictionnaire français-arabe avant la fin de l'aventure. » Je lui dis avec un semblant d'humour, quoique très sérieux, en esquissant un sourire plein d'espoir pour la jeune femme qui m'apparait comme défaitiste. Peut-être est-ce aussi ma réaction qui lui a mis de telles idées à la tête. Je nous considère déjà comme perdu, or ce n'est pas le cas. Pas tout à fait.

« Ouais... J'aurais aimé aussi. » Un petit sourire heureux se dessine au coin de mes lèvres, bien qu'en vu de son attitude, je m'en doutais quelque peu. « Attends, pourquoi on parle comme si ton sort était déjà réglé? » J'hausse les épaules, tandis que je serre doucement sa main. C'est vrai, rien n'est dit que je vais quitter l'aventure lors du prochain prime, toutefois certains de mes concurrents de dimanche soir s'avèrent être le type même du candidat idéal de télé-réalité. Celui dont on prend plaisir à épier le moindre de ses faits et gestes, ce qui n'est pas forcément mon cas. Je dois être tristement ennuyeuse dans le château du point de vue des télespectateurs. Je pense être en droit de me montrer un minimum pessimiste. « Tu dois rester. Je tiens à rentabiliser mon dictionnaire français-arabe avant la fin de l'aventure. » décrète-t-il, ce qui me fait éclater de rire. « Je crois que tu tiens le meilleur argument possible et imaginable... » Prenez ça, chefs d'équipes et mannequin en herbe nominés... Mon regard se rive sur le lac qui coule sous nos pieds, d'une manière pensive. Je me mords une énième fois la lèvre, par habitude, avant de reprendre la parole: « Autant profiter des trois prochains jours à venir. Tu as des propositions d'activités à me soumettre ? » Une légère moue collée au visage, j'arque l'un de mes sourcils d'une façon presque railleuse, ma main toujours emprisonnée dans la sienne.

« Je peux me montrer très persuasif quand je le veux.. » Je lui dis, plus que sérieux, en plantant mon regard dans ses yeux félins. Mon moral tend à remonter, ou peut-être est-ce cette fâcheuse manie de toujours jouer qui me rattrape malgré la certaine peine que m'inspire cette nomination. Je l'observe sans m'en cacher tandis que la demoiselle, la tête baissée, garde ses iris rivés à la surface de l'eau. Elle se mord légèrement la lèvre, je penche la tête et affiche une moue attendrie. Elle semble pensive. Aussi, dans un automatisme, je l'imite en venant planter à mon tour mes dents contre ma lèvre inférieure. C'est ce moment qu'elle choisit pour se tourner vers moi, me proposant de profiter au maximum des derniers jours qu'il nous reste. Un certain programme me tenterait bien, seulement celui-ci n'a rien de catholique et je doute que la jeune femme soit encline à accepter ce que j'ai à lui offrir de meilleur dés la deuxième semaine. Je lève mon index jusque mon menton, frottant les poils qui y ont poussé, plongé dans une réflexion feinte. « J'ai peut-être une petite idée pour commencer sur de bonnes bases... » Je lui annonce d'un air mystérieux, en jetant quelques regards dans mon dos et par dessus son épaule. Personne. Je serre un peu plus sa main dans la mienne, sa jumelle se portant vers son visage sous lequel elle vient se déposer doucement. Je caresse sa joue, et fais un pas vers Anouck afin de réduire la distance qui nous sépare encore. Bien maigre distance puisque je suis déjà collé à elle. Je souris, si proche qu'elle doit sentir mon souffle sur son visage. Puis, les yeux baissés sur sa bouche affolante, je me penche en avant, et laisse mes lèvres pleines se joindre à elle tendrement.

« J'ai peut-être une petite idée pour commencer sur de bonnes bases... » Il lève sa tête qui me surplombe de plusieurs centimètres et jette des coups d'œil autour de nous, si bien que je me sens obligée de scruter également ce qui nous entoure. Personne. Il fait encore chaud et la plupart de nos congénères ont dû décidé de rester dans la fraîcheur du salon, plutôt que venir fondre sous le soleil de fin d'après-midi. Je sens son emprise se serrer un peu plus autour de mes doigts et sa main venir se poser doucement sur ma joue, ce qui me fait frissonner malgré le climat étouffant qui règne à l'extérieur. Ses lèvres étreignent les miennes et je réponds à son baiser avec délicatesse. La dame que je suis n'embrasse pas les semi-inconnus fiévreusement et avec avidité sous l'objectif d'une dizaine de caméras, donc je m'écarte lentement, sourire aux lèvres, presque à contrecœur. Hamad est un garçon charmant, gentil et attentionné et j'imagine qu'il est compliqué pour la majorité des femmes de ne pas succombé à ses yeux enjôleur. « Je tâcherai de prendre en considération cette proposition. » je déclare d'un ton protocolaire, empêchant un pouffement de venir gâcher mon petit effet. Je dépose un baiser tout à fait innocent sur sa joue, avant de planter mes yeux dans les siens et de lui dire avec gratitude: « Merci d'avoir été là... » Je ne crois pas que s'il m'avait emmené à l'extérieur j'aurais fondu en larme ou quoi que ce soit dans le genre, mais les regards de pitiés que me coulaient certains candidats m'affectaient plus que ça aurait dû être le cas. Sur ces mots, je le plante où il se trouve et me dirige avec légèreté vers le château, en lui adressant un petit sourire au moment de quitter le pont.