Le matin c'est une vraie galère car se pose le problème de « comment je vais m'habiller aujourd'hui » . Je ne suis pas une fashion victim mais je ne néglige pas pour autant mon style vestimentaire. J'aime les jolies choses, on aime tous les jolies choses. Et comme je disais, chaque matins c'est un cauchemar. Tellement de fringues et une seule tenue à choisir. En plus indécis comme je suis, ça peut me prendre des heures. Enfin, façon de parler. Je ne reste pas des heures devant ma penderie, quand je n'arrive pas à me décider, j'utilise la bonne vieille technique du "trou trou" qui désignait lorsqu'on était jeune celui qui ferait le loup. Bref, huit heures du matin et me voilà face au coin réservé à mes fringues, habillé d'un petit caleçon rose bien funcky. Faut savoir que je me lève tôt, je suis tellement un agité du bocal que je ne peux pas rester dormir pendant des heures et des heures durant. Je sors donc, pour me décider, plusieurs tenues mais aucunes ne me plaît. Je grogne agacé de ne pas savoir quoi choisir. Si au moins marraine la bonne fée pourrait apparaître par magie et m'aider à me décider. Une jolie demoiselle fit soudain son apparition. Ce n'est pas la bonne fée mais peut être qu'elle pourrait quand même m'aider. Du moins, ça ne coûte rien de demander. Souriant, je lui demande. « Dis-moi, non pas que rester en calbut ne me déplaise, c'est plutôt à l'aise mais tu m'aiderais à trancher entre quelques tenues ? »

Une fille, ça sait s'habiller. Elles ont comme un don naturel qui les pousse vers tels ou tels fringues. Sauf qu'en voyant la petite brunette débouler dans le dressing, sur le coup je me suis dis -chouette, une nana pour m'aider- mais en la reluquant et la regardant de près, je vois qu'à son pyjama, la mode ce n'est pas son truc. Comment on peut porter ça ? Autant ne rien porter, dans ce cas. Mais elle me demande tout de même entre quelles tenues j'hésite, du coup je lui montre deux ensembles confectionnés par mes soins. Un premier assez classique qui me donne un air d'ados, ou un second, plus basique avec un t-shirt col en V qui laisse apparaître mes abdos si parfaits. Je l'interroge du regard, en me disant qu'au final, elle va me sortir la numéro une ou deux, totalement au hasard. Du coup, pour tester ses goûts, je sors une troisième tenue. Une beaucoup plus affriolante avec jean rose saumon, mocassin marrons et t-shirt rose bonbon. Horrible. Je lui souris et lui montre donc ce dernier ensemble. « Qu'en penses-tu ? » Il me tarde d'avoir son avis d'experte.

J'aime bien faire gaffe à ce que je mets, mais je porte que des trucs que j'aime. Certains sont moins à la mode, le jean saumon par exemple, qui avec la tenue proposée semblait affreux mais assemblé à un petit t-shirt blanc, est parfait, du moins selon moi, et j'ai d'autres trucs qui suivent la mode. Même si, personnellement je ne la suis pas. Je suis ma propre mode. J'achète ce que j'aime et je prends soin à bien les assembler, histoire que ça ressemble à quelque chose. On a tous notre style, c'est certain et je ne vais pas critiquer celui de la demoiselle. Quoi que, faut quand même qu'elle pense à changer de pyjama. Je la regarde puis lui souris. « Excellent ! ». C'était de toute manière, ma tenue préférée. J'enfile le pantalon et rentre ma tête dans le t-shirt. Sauf que problème, ma tête ne passe pas. Pourtant je n'ai pas une si grosse tête, elle est vide. Je panique car mes bras sont déjà passés et cela me complique la tâche pour dégager ma tête. On ne voit que ma touffe dépassée par le trou dans lequel j'étais censé la passer. Plus jamais je ferais de lessive, car je me doute bien qu'il n'a pas rétréci tout seul, et qu'en une semaine, je n'ai pas autant grandi . Je marmonne quelques injures, me secoue dans tous les sens, puis finalement je fais volte face. Pensant me trouver face à Laoise, alors que c'était une porte, je lui parle. « Un petit coup de main ? »

Plus jamais je ne toucherais à une machine à laver ou à de la lessive. Je ne suis qu'un pauvre maladroit. Je préfère donc avoir des fringues qui puent que des fringues trop petits. Regarder-moi, j'ai l'air d'un con avec ma tête coincée. Obligé de demander de l'aide à la demoiselle au pyjama horrible, qui en plus cela, se retient de rire. Je le sens qu'elle se retient. Elle ne devrait pas, si j'ai l'air d'un con, qu'elle rigole un bon et vienne m'aider après. Face à la porte, je pense m'adresser à elle, mais je constate que non lorsque je l'entends parler. J'allais pourtant m'avancer lorsqu'elle se contredit en me disant finalement de ne pas bouger. La chipie. Je ne suis pas bête, j'ai compris ce qu'elle avait en tête. Heureusement pour moi qu'elle ait changé d'avis. Bonjour la bosse sur le front si je m'étais avancé davantage. Je me tourne après avoir senti un petit tapotement sur mon épaule. « Le mettre, bien évidemment, sinon je devrais choisir une autre tenue, et pas le temps pour ça .. ». Puis j'aime ce t-shirt. Donc que je me retrouve serrer dedans, tant pis, je veux quand même le mettre. Je ne bouge pas et attends qu'elle tire dessus, vers le bas donc. Elle s'exécute, tire assez fort et après plusieurs essais, ma tête passe dans le trou du t-shirt qui glisse le long de mon corps. Elle le lâche et soudain j'ai l'impression d'avoir les poumons compressés. Je ne le pensais pas si rétréci que ça. J'ai l'air débile. En plus, il m'arrive au nombril. « En fait, j'aurais peut-être dû te demander de me l'enlever .. » dis-je, l'air blasé. Mais trop tard.