La température est tellement clémente, ces derniers jours, que je ne peux m’empêcher de passer plus de temps que nécessaire à l’extérieur, dès qu’un moment libre s’offre à moi. Être enfermer vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec une trentaine de candidats, ce n’est jamais facile, et ces moments d’évasion dans la nature sont toujours un moyen de palier à ce manque d’espace et à cet enfermement continuelle. Il est près de vingt et une heure quand je décide de sortir, après en avoir terminé avec mon repas du soir. La présence des autres m’ayant été de bonne compagnie tout au long de la journée, ce petit temps de solitude, je l’accueille avec un grand sourire. Je me balade au gré des sentiers pour finalement arriver à la plage. Et là, mes sandales me posant problème, je les retire avant d’enfoncer mes deux pieds dans le sable chaud, réconfortant. Comme une caresse. Et c’est agréable, du moins, à mes yeux. Je pourrais passer mes journées entières à marcher sur une plage. Chemin faisant, je ne suis pas surprise de trouver quelqu’un sur ma route. Enfin, pas réellement sur celle-ci, mais à proximité, les jambes enfoncés à moitié dans l’eau, en train de lancer des galets. Ennio. M’approchant de la rive du lac, je le scrute un moment avant de le héler. « Ennniiiiiooo ! » Il semble tellement concentré que je dois m’y reprendre à deux fois avant qu’il ne daigne se retourner vers moi, et à ce moment, je le salue d’un signe de la main. Libre à lui de venir me rejoindre, mais pour ma part, je décide de m’asseoir sur le sable, jambe allongé et pieds plongés dans les grains fins qui couvre la plage.

Je ne sais pas trop ce qui le fascine avec ces rochers et les ricochets qu’ils font, mais Ennio semble plus absorbé par eux que par ce qui se passe tout autour de lui. En l’occurrence, il ne remarque même pas que je m’évertue à attirer son attention, hurlant à tue-tête son prénom comme une dingue à maintes reprises, maintenant. Puis soudain, miracle, il se retourne! Enfin, dois-je dire. Je commençais presque à songer à renoncer. « Anabeeeeel. » qu’il me lance, me faisant des grands signes de ses bras. Bon, maintenant que j’ai su capter son intérêt, je ne vais pas me sauver – avouez que ça serait chiant pour lui de l’avoir dérangé pour si peu – et je pose sur le sol, enfouissant mes pieds dans le sol. Quelques secondes plus tard, je vois Ennio venir s’échouer à mes côtés. Je n’en demandais pas tant, mais maintenant qu’il est là, aussi bien en profiter. « Tu te rends compte que tu aurais pu te faire attaquer par des hommes des sables, si tu n’avais pas eu la chance de me croiser ? » Oh oui, j’en avais de la chance. Il était mon sauveur, et il n’avait pas fait grand-chose pour ça. Le meilleur de deux mondes, avouez! Il avait le beau rôle, quel veinard. « J’en ai de la chance que tu sois là, alors. » Je lui donne un léger coup de coude sur le bras, avant de rigoler à mon tour. Puisqu’il blaguait, lui aussi, vous vous en doutiez bien. « Envie de solitude ? » Si quelques minutes auparavant, c’était effectivement le cas, je ne pouvais plus dire que cette affirmation était toujours d’actualité, au contraire. « Plus maintenant. » Lui dire que je souhaite la solitude, et à coup sûr, il en profiterait pour se faire la malle. Pas question. « Tu me parait assez sympathique pour que je la troque contre un peu de compagnies. » Et en soi, ce n’était pas un sacrifice bien difficile à faire. « Ça t’arrive souvent de faire la sourde oreille en lançant des cailloux? » Je m’interroge, car il avait franchement l’air à des lieux de là, quand j’ai entrepris de le héler, pas plus tard qu’il y a cinq minutes. La terre aurait aussi bien pu s’arrêter de tourner qu’il ne s’en serait même pas rendu compte.