Il y a des soirs où Tweedy regrettait de n'être plus dans son petit studio de Paris, et plus précisément dans ce large lit qu'elle ne partageait avec personne si ce n'est avec elle-même. Parce qu'ici, elle se devait de partager un lit avec son partenaire. Non pas que la compagnie de celui-ci lui soit désagréable et qu'elle ne puisse plus le supporter au point de ne même pas pouvoir dormir à ses cotés, hein, clairement pas, mais disons que la jeune femme avait quelques fois envie d'un peu plus de place. Ouais, voilà. D'autant plus qu'elle avait toujours cette même peur irraisonnée que son partenaire lui foute malencontreusement un grand coup de genou dans le dos et qu'elle soit brusquement éjectée du lit. Sérieusement, c'était sa plus grande crainte au quotidien. Enfin bref, tout ça pour dire qu'il arrivait que Tweedy espère que Finnick se désintègre dans son sommeil. Une pensée qu'elle venait bien évidemment à regretter trente secondes plus tard, c'est évident. Elle n'était pas méchante après tout, et ne sacrifierait jamais la vie de son partenaire pour son petit confort. Jamais de la vie. Ce matin, la petite brune s'était éveillée avec une étrange sensation de vide. Et pour cause, elle se retrouvait seule dans son lit. Mais où était donc passé Finnick ? Non attendez, rectification : où étaient donc passés ses camarades ? Parce qu'elle se sentait juste un petit seule pour le moins. Ah moins que ... oh bordel, il était plus de midi. Mais comment avait-elle pu rester endormie aussi longtemps, sachant qu'elle s'était couchée à ... hum ... elle ne s'en souvenait même plus. Ouais bon, elle avait probablement veillé tard ce soir encore. A force, ça faisait beaucoup. S'éveillant un minimum jusqu'à se redresser pour s'assoir dans le lit, Tweedy regarda autour d'elle. La porte étant ouverte, elle vit soudainement passer l'un de ses camarades. Il s'agissait de Hamad. « Hamad ! Viens par ici, je n'arrive pas à m'extirper du lit » lança-t-elle alors. Bon d'accord, c'étaient des conneries. Quoi que, pas tant que ça puisqu'elle ne semblait pas pressée de se lever, hein.

12h15. Marcel échancré à dos nageur + short à imprimés = il fait trop chaud ici. Je monte à l'étage avec une assiette de crêpes, un couteau et un pot de nutella sous mon aisselle. J'en ai laissé quelques unes sur le comptoir de la cuisine pour les amateurs, moi je préfère manger en solitaire mon déjeuner plutôt que de m'embêter à faire office de présence à la tablée. Elle sente bon la fleur d'orangée, j'ai tout bonnement hâte de les dévorer. Alors que j'arpente le couloir à la recherche d'un coin tranquille où me poser, j'entends une voix sur mon passage qui m'appelle au secours, scandant mon prénom pour venir l'aider. J'exagère un peu mais imagine aisément sous ce cri du cœur, hautement dramatique, la petite bouille de Tweedy et les fantaisies que cette dernière est capable de débiter à la pelle. Je fais un pas en arrière, arque un sourcil dans sa direction, et disparais derrière la porte. La candidate doit tirer une mine hébétée, limite surprise de ma réaction tandis que moi je tâche d'étouffer mon sourire naissant. Je reviens donc une nouvelle fois sur mes pas, et affiche une moue tout aussi surprise que la sienne, agissant comme si je ne l'avais pas du tout reconnu au premier abord. « Tweeeeedy c'est toi!! » Je fais, m'apprêtant à courir avant de me stopper. Je dépose mon assiette sur une table de chevet, passe une main sur mon front, très théâtrale. Ouf, on l'a échappé belle. Je reprends ma course en secouant mes bras pliés d'avant en arrière, au ralentit pour faire durer le suspens, sur la pointe de mes pieds nus. La scène est ridicule, je grossis dans le champs de vision de la parisienne que mon ombre commence à couvrir, avant que ce ne soit mon corps tout entier qui s'affale sur elle. Je la fais chuter en arrière, contre son matelas, et l'enferme entre mes bras puissants tout en gémissant dans son cou. « Oh oui Tweedoune! Oh oh oh! » Je fais exagérément en sautillant sur le lit, faisant remuer celui-ci dans un vacarme pas possible. Je relève la tête, complètement décoiffé après ce fou moment d'érotisme improvisé, avant de passer une main dans mes cheveux pour les remettre en place. Je souffle sur une mèche rebelle qui barre mon front, et me penche pour déposer mes lèvres sur la joue de ma camarade, contre laquelle je fais un bruit très disgracieux.

Attendez-voir ? Est-ce qu'Hamad venait de se tirer, ignorant parfaitement Tweedy et son appel à l'aide ? Visiblement, oui. Pour le coup, la jeune femme ne savait plus trop quoi penser. Elle avait juste envie de se lever, de courir après son camarade et de lui faire rencontrer le mur. Mais très vite, elle eut la bonne surprise de le voir repasser. Pour le coup, il s'adressait à elle. Le saligaud pouvait toujours lui faire croire qu'il ne l'avait pas vue quelques instants plus tôt, Tweedy n'était pas dupe. Hm. Mais qu'importe, l'important était que le jeune homme était là désormais. Mais voilà qu'il improvisait une sorte de course ralentie en direction du lit de la petite brune qui, très honnêtement, se demandait ce qu'il lui prenait. Il aurait pu avancer naturellement, comme n'importe qui l'aurait fait, mais visiblement Hamad préférait partir dans un délire qui ne manqua pas d'amuser la jeune femme. Le jeune homme déposa une assiette sur la table de chevet et reprit sa course jusqu'à s'approcher définitivement de la jeune femme. Est-ce qu'il comptait s'écrouler sur elle ? Non, sans doute pas. Quoi que ... Si, visiblement, c'est ce qu'il comptait faire. Tweedy sentit alors brusquement le corps de Hamad s'affaler sur le sien, la faisant carrément tomber le dos contre le matelas. Mais non content après tout ce cirque, le jeune homme crut bon de l'enserrer dans ses bras. Et là, tenez vous bien, il se mit à gémir. Oui, il gémissait. En plus de cela, Hamad faisait trembler le lit, si bien que Tweedy s'imaginait déjà par terre dans la minute. Finalement, le spectacle prit fin et Hamad vint déposer un baiser sur la joue d'une Tweedy encore médusée par ce qu'il venait de se passer. La jeune femme reprit doucement ses esprits et arqua subitement un sourcil. « Attends voir, tu m'as appelé Tweedoune ? » l'interrogea-t-elle alors, comme si c'était le plus important et comme si son camarade ne venait pas de simuler on-ne-sait-quoi sur ce pauvre lit. « Et dis-moi, t'es sûr que c'est légal de porter un tel short ? » reprit-elle sur un ton taquin. La jeune femme s'étira alors douloureusement, constatant par la même occasion que son dos avait souffert de l'impacte de tout à l'heure.

Je suis mort de rire. Tellement que je me force à plaquer une main contre ma bouche pour ne pas alerter les autres de notre présence. Pas envie d'en voir rappliquer pour briser ce grand moment de complicité, cher à mes yeux puisque s'annonçant profondément rare cette semaine. Je n'ai pas le cœur à m'amuser, pourtant tout en la présence de Tweedy y est propice. Il faut dire que j'avais presque oublié que cette scène serait filmée. Surréaliste, j'ai presque peur de la découvrir à ma sortie sur mon écran de télévision. Cette bonne tranche de rire me fait du bien, je me calme finalement mais reste néanmoins installé -ou plutôt affalé, à moitié sur la demoiselle, un coude planté dans la couette et ma joue lovée contre la paume adjacente. Elle me demande si je l'ai vraiment appelé Tweedoune. Et le fait que je t'ai lé-vio, ça ne te choque absolument pas? N'importe quoi cette fille. « Twe.. Tweedo? Tweedette? Twee.. Ouais, ouais, Tweedoune! Cela te sied à merveille. Trouves-tu pas? » Question syntaxiquement incorrecte, je ne fais même pas l'effort de me corriger, limite j'ai parlé avec un accent arabe à couper au couteau. Je me reprends tandis qu'elle s'étire de tout son long, me balançant par la même occasion une réflexion sur mon short qui ne passe pas inaperçu. Je fronce les sourcils et enfonce un index capricieux et susceptible entre ses côtes. Voilà qu'elle sursaute et couine, bien fait. « Quand on porte un pyjama aussi moche, on évite ce genre de supposition sur le code pénal. » Je lui indique avec prétention tout en me redressant sur mes genoux, verrouillant mes poings contre mes hanches d'un air mécontent. Moi je le trouve magnifique, mon short, avec ces petites ancres. D'autant plus qu'il met humblement en valeur mes jolies jambes très humblement musclées. Ahem. Mon visage se mue en une expression mutine, aussi je me penche de nouveau vers la demoiselle, plantant mes deux mains de part et d'autre de son visage, comme deux barreaux de prisons robustes. J'esquisse un sourire coquin. « Et puis s'il ne te plait pas, tu peux toujours me le retirer toi-même... » Je fais alors dans un murmure suave tout en me penchant un peu plus, me saisissant en parallèle d'un coussin que j'écrase brusquement sur le nez de la française. Je la pousse un peu sur le côté pour qu'elle me fasse une place, m'allongeant sur ce lit qui ne m'appartient en rien avant de croiser mes bras derrière ma nuque. Un vrai pacha. Je gesticule un peu face au regard de Tweedy, miaulant d'un air innocent tout en agitant bêtement mes mains sur mes babines comme le ferait deux petites pattes. « Meow? Ronronron.. »

Hamad avait un grain. Sérieusement, ce type avait un grain. C'est en tout cas qui vint à l'esprit de Tweedy après que son camarade ait accouru d'une manière plus qu'improbable jusqu'à son lit pour littéralement lui sauter dessus - ne vous méprenez tout de même pas, hein - et ensuite simuler un acte, disons, loin d'être catholique. Autant vous dire que la jeune femme en venait sérieusement à se demander pourquoi elle avait demandé à son camarade d'approcher. Elle avait évidemment été bien loin d'imaginer qu'une telle chose se produirait. En même temps, comment aurait-elle pu deviner que Hamad nous péterait subitement un boulon, hm ? Et en plus, durant leurs "ébats", le jeune homme s'était permis d'appeler la jeune femme Tweedoune. Oui oui, parfaitement, il l'avait appelée Tweedoune. Un surnom tout aussi improbable que les actes du candidat, hein. « Je ne suis pas d'accord. C'est même le surnom le plus hideux qu'on m'ait jamais attribué » fit alors la jeune femme. Elle n'en démordait pas, c'était un surnom non seulement étrange, mais surtout très laid. Tweedoune. Est-ce que ça lui paraissait mignon ou affectif, à lui ? Elle n'en savait rien, mais elle était certaine d'une chose : ça n'était pas le cas pour elle. Eh non. Par la suite, Tweedy se permit de critiquer l'immonde short que portait présentement son camarade. Encore une chose tout à fait improbable quand on y pensait. Non mais sérieusement, ce short, c'était genre une grosse blague, non ? Parce que ça y ressemblait fort. En tout cas, Monsieur n'apprécia pas la critique car il se permit de foutre son index entre les cotes de la jeune femme, qui ne manqua pas de réagir. « Euuh, déjà, mon pyjama est canon, à mon image en fait, donc chut » reprit alors la petite brune sur un ton très enfantin, carrément immature. Elle lui tira même la langue. Non mais oh, interdiction formelle de critiquer ce superbe pyjama. C'est tout. Mais voilà que Hamad prenait un air coquin à deux francs cinquante, faisant au passage ricaner Tweedy. « Hum, non, je crois que ça va aller » fit-elle, amusée. Là, horreur, Hamad lui écrasa un coussin en pleine tronche. Sympathique. Il la poussa ensuite pour prendre place à ses cotés. Et alors que la jeune femme pensait sérieusement qu'il ne pouvait pas agir plus bizarrement qu'à cet instant précis, il se mit à adopter le comportement d'un chat. Seigneur. « Monsieur le chat, vous êtes sûr que ça va ? » demanda-t-elle, limite hilare. La jeune femme posa alors un doigt sur le nez du jeune homme, histoire de voir si le chat se laisserait faire. Elle avait eu on-ne-sait-combien de chats par le passé, alors la petite brune savait à quoi s'attendre.

Donc je commence à faire le chat. Prétendre que je suis un peu fatigué serait une bien piètre excuse pour justifier mon attitude complètement illogique et loufoque, pourtant c'est effectivement le cas et mon état physique explique en partie... cet état mental-la. Je joue avec ce doigt qu'approche Tweedy de mon nez, avant de loucher sur celui-ci lorsqu'il vient finalement se déposer sur son bout. Je lève mes grands yeux chocolats vers son visage, ils sont brillants de stupéfaction, ou peut-être me transforme-je vraiment en chat. Toujours est-il qu'elle s'inquiète de mon délire, allant jusqu'à me demander si tout va bien chez moi. J'arque un sourcil et attrape cet index inopiné entre mes mains, la fixant avec intensité. « ... Meow! » Je m'écris dans une imitation des plus fidèles avant de porter mes dents jusque mes paumes dont je mordille leur prisonnier avec gourmandise. Bien sur que oui tout va bien! Du moins... Merde Hamad, mais t'as quel âge? Je m'arrête brusquement et soupire avant de tout lâcher. J'affiche une mine complètement ahurie, je passe mes deux mains sur mon visage avant de me redresser dans un automatisme et une raideur effrayante. « Bon il faut que je me calme, je viens à peine de prendre conscience de ce que je viens d'oser faire. » Je lance d'une voix blanche avant de lever les yeux au plafond, faussement dépassé par mon comportement des plus étranges, exagérant un peu cette soudaine prise de conscience par une mimique témoignant de mon horreur actuelle. Tweedy va finir par me prendre pour un schizophrène. J'en ai tous les symptômes, en tout cas. Ou peut-être est-ce le syndrome de peter pan qui caractériserait au mieux ma pathologie. Je termine de quitter le lit en déposant mes deux pieds sur le sol froid, me levant pour aller chercher sur le matelas opposé l'assiette de crêpes que j'ai antérieurement abandonné là bas. Je jette avec précision couteau (à beurre, je n'aurais jamais jeté un couteau tranchant sur ma pauvre Tweedoune) et nutella avant de rejoindre de nouveau la jeune femme aux côtés de qui je m'installe. Je dépose notre festin entre nous deux, et la contemple avec dévotion. Je joins mes mains l'une contre l'autre et la porte sous mon menton, la fixant d'un regard émerveillé, un peu comme celui-ci: « C'est pour toi ma Tweedoune. Bon appétit. » On dirait presque que des petits cœurs s'échappent de mon crâne, venant souligner cette voix mielleuse que j'ai adopté pour annoncer son déjeuner à la demoiselle. Ce n'est pas un signe de profonde affection que de lui en faire profiter, d'abord parce que j'adore cuisiner pour les autres et que toute la maison en bénéficie pleinement, aussi parce que de toute manière, je compte en bouffer la majorité. Pas les candidats, les crêpes.

Hamad avait des problèmes. Des problèmes psychologiques s'entend. Parce qu'il agissait depuis déjà quelques minutes d'une manière tout à fait étrange. Quelle mouche l'avait donc piqué, hein ? Tweedy se le demandait très sérieusement. Est-ce qu'il était souffrant ? Étrangement, le jeune homme semblait aller bien. Trop bien. Alors, peut être avait-il fumé la moquette ? N'excluons aucune piste, chers amis. Qu'est-ce qui pouvait bien le pousser à se comporter aussi étrangement, et surtout, à imiter le chat ? Parce qu'il imitait le chat, là, figurez-vous. Un chat plutôt adorable quoi que bien vilain d'oser mordiller le doigt de cette pauvre Tweedy qui, décidément, en venait à penser qu'elle aurait tout aussi bien fait de dormir encore quelques heures. Quoi que le moment était plutôt amusant, et donc plaisant. Un rictus lui échappa tout de même, preuve qu'elle avait tendance à trouver drôle que son camarade pète complètement un boulon. Elle passa même une main sur sa joue, comme elle aurait caressé un chat. Puis finalement, le jeune homme sembla prendre conscience de l'absurdité de son comportement. Ah ben quand même. Un sourire amusé et compréhensif prit alors place sur les lèvres de la jeune femme, signe qu'elle ne le blâmait aucunement pour ses agissements pour le moins particuliers il est vrai. « Ne te tracasse pas, y'a pas de soucis » répondit-il alors d'une petite voix. Mais voilà qu'Hamad quittait le lit. Hm, quoi ? Mais pourquoi faisait-il une telle chose ? Alors parce que Monsieur prenait conscience de l'étrangeté de ses actes, il se tirait ? Heureusement, ce ne fut que pour aller chercher l'assiette qu'il avait précédemment posée non loin d'ici. Une assiette contenant ce qui semblait être de délicieuses crêpes. Hmmmmm. Il revint alors près de Tweedy qui se remit à sourire. Et voilà qu'elle avait même droit à un magnifique regard, un regard qu'elle aurait voulu photographier avec ses yeux. Oui, à ce point. Mais là, ce fut le drame. Hamad la surnomma une nouvelle fois Tweedoune. Ah non hein, pas encore. Tweedy fronça doucement les sourcils, les yeux ancrés à ceux du jeune homme. « Retire ce surnom ou sinon je ... je ... » Ou sinon ? Oui ? Mais encore ? Allez, un petit effort Tweedy. « ... je te pique toute tes crêpes, tout ton nutella ... et tu n'auras plus qu'à manger ce couteau. » Oh la vache, ça c'était de la menace puissante, hein. Re-dou-ta-ble. « De toute façon, c'est pas bon pour ce que tu as. Je vais te mettre au régime, mon cher. » Oui, elle en rajoutait un petit peu. Mais juste un petit peu. Rien de trop gros ... contrairement à son camarade. Hm.