Une envie de poursuivre, ouais, une envie de plus, de découverte. C'est ce qui m'a poussé à cuisiner toutes ces petites choses. Rien de bien extraordinaire. Des cupcakes, des brownies, des cookies. Rien de très sain, mais qui en général, faisait la joie des plus petits comme des plus grands. Et c'est ce que je compte bien réussir, ravir une jeune femme. Parce qu'encore notre discussion avait virée court. Et ça m'emmerdait quand même pas mal. Mais il y avait eu les évènements du primes, et ce qui avait suivit encore après ce prime. Si bien que ce n'était pas une solution d'organiser ce genre de chose à chaud. J'avais dans la tête que Sive n'avait pas forcément envie de passer du temps en ma compagnie. Peut être m'étais-je fait des idées, mais peut être pas. Ainsi, j'ai décidé d'attendre le milieu de semaine, ouais, jeudi c'était un jour parfait. Le jour de l'oubli, de la réconciliation, peut être. Peut être que ce terme était un peu fort, mais j'sais pas, j'crois que j'tiens plus à cette relation, à ce qu'elle peut engendrer, qu'aux autres, plus porté sur l'éphémère, peut être parce qu'on avait commencé à se livrer l'un à l'autre. Peut être aussi parce j'porte un intérêt plus intense à cette jeune femme mystérieuse à souhait. Un intérêt peu semblable à celui que j'porte habituellement. Ouais, sans doute. J'ai mis toutes mes victuailles dans un panier, sans oublier, les bouteilles de rigueur pour ce genre de soirée. Avec mon petit panier, on m'avait indiqué le lieu où se trouvait la belle. Et mon indic' n'était autre que Loxias, si bien que j'peux pas faire autrement que de le croire. Et elle est bien là, assise sur le sable, le regard vissé sur le lac. « Salut, c'est Loxias qui m'a dit que tu étais là. » Je lui souris, un sourire plus timide, plus discret qu'à l'accoutumée. Et j'sors un tissus blanc de la poche arrière de mon jeans, un tissue que j'agite sous son nez. « J'suis pas armé, ne tente rien de déplacé, je t'en prie ... » Et puis, je lui tends mon panier. « Ma maigre offrande, particulièrement calorique, je le concède. » J'hausse les épaules et m'assois finalement sur le sable, non loin d'elle. « On a pas fini cette conversation où on se racontait nos vies. J'crois que j'étais sur le point de te parler de mon divorce, et toi tu me parlais de la première fois où tu es tombée amoureuse lorsque l'on a été interrompu non ? »

J'sais pas bien où je mets les pieds lorsque j'ai décidé de venir retrouver Sive, pas littéralement parlant, parce que j'sais bien que je suis sur la plage. Non, ce que je veux dire c'est que j'ignore la façon dont elle va m'accueillir. C'est pour ça que j'ai fait des pâtisseries. Le véritablement chemin vers le coeur d'une femme passe par son estomac, non en réalité c'est sûrement celui d'un homme, bref, peu importe. J'dois avoir l'air niais avec mon panier et mon air de chien battu sur le visage. Elle ne m'a pas fustigé d'insultes déjà, j'imagine que ça ne doit pas être mauvais si ? Et puis je vois son regard s'illuminer lorsqu'elle découvre ce qui se cache là dessous, j'ai envie de sourire, mais je me retiens, je me contente de le faire intérieurement. Et puis je m'assieds, tandis qu'elle ouvre enfin la bouche. Je l'écoute attentivement sans broncher, je ne peux m'empêcher de grimacer, pour autant, je ne fais aucune remarque. Je hoche la tête, pour acquiescer avant de poursuivre. « Hum, d'accord, j'accepte c'est pas comme si j'avais vraiment le choix n'est-ce pas ? » Peu importe. Je souris lorsqu'elle croque dans son cupcake, et ris plus franchement lorsqu'elle évoque mes enfants. Mais en même temps, je ne peux pas m'empêcher d'éprouver un léger pincement au coeur, c'est normal je suppose. « Pour l'instant oui, j'imagine que ça ne va pas durer malheureusement. » Il arrive toujours un moment, où les enfants se mettent à détester leur parents, c'est dans l'ordre des choses. Je déteste bien les miens après tout. Et puis je farfouille au fond du panier et sort la bouteille que j'ai apporté, précautionneusement, afin d'éviter de renverser les pâtisseries. « Tequila ? » Je lui offre mon plus beau sourire, en lui présentant la bouteille que je tiens entre mes doigts. « Ma plus grande peur c'est ça... Ce qui se passe avec Adie, c'est ça, ma plus grande peur. Faire souffrir les gens auxquels je tiens. C'est idiot parce qu'au bout du compte personne ne connait personne ici, mais bref. Alors pour la tequila ? » Je grimace, et me mords l'intérieur de la joue, tandis que je n'arrive pas à quitter Sive des yeux.

Evidemment que j'ai le choix, j'suis pas totalement stupide, puisque j'ai pas envie de partir, non si j'ai dit ça c'est parce que justement j'ai envie de rester là et qu'elle me parle. « J'pense que j'peux me retenir de faire des blagues vaseuses pendant un moment. » Je soupire et lève les yeux au ciel. « En général quand ça arrive, j'ai tendance à me mettre à avouer des trucs gênant et m'emballer, mais au moins ça ne te surprendra pas si soudain je t'avoue que j'suis entrain de tomber sous ton charme... » Ouais bon, c'était la dernière remarque du style, enfin j'espère, elle peut se rassurer. Mais en même temps c'est le coup classique moi, j'y peux rien. Enfin évidemment, j'aurais mieux fait de m'abstenir, mais son ton, je ne l'aime pas du tout. Alors, j'essaye de détendre l'atmosphère, pas sûr que ce soit la meilleure façon ceci dit. On verra bien. Au pire, je me ferais rembarrer. Et puis je lui fais part de mes craintes de papa, rien de bien extravagant, c'est pas exceptionnel. Et elle essaye de me rassurer, si bien que ça me fait sourire. « C'est pour ça que j'en ai fait deux, je suis ce genre de parents égoïstes qui font leur enfant pour eux, qui leur façonne une vie et qui n'acceptent pas du tout qu'ils décident de voler de leur propres ailes. » J'dis ça sur un ton totalement détaché, j'espère qu'elle a saisi l'ironie, parce que c'est carrément l'inverse. Quitte à les voir partir à l'autre bout de la Terre, mais tant qu'ils sont heureux, je ne pourrais que l'être. « Je sais, pour l'instant ma fille est encore au stade oedipien, j'ai de la marge, elle me voit comme un super héros, celui qui combat les monstres du placards, les bestioles sous le lit et celui qui lui raconte une histoire avant de s'endormir. Mon fils, j'pense que ce sera différent, mais de toute façon, il est qu'au stade oral lui. » Ouais, Freud c'est mon meilleur pote, j'suis carrément renseigné sur le sujet, c'est limite étrange. Je suis déjà entrain de chercher le reste des ingrédients au fond du panier lorsqu'elle m'interroge sur la consistance des goûters que j'file à mes enfants. Je ris. « Je me suis dit que tu préférais la tequila au lait, mais si tu veux, je peux toujours aller en chercher. » Ah voilà, j'ai trouvé, j'sors le citron vert et la petite salière lorsqu'elle me pose la question, et j'en profite pour les lui coller devant le nez en guise de réponse, un sourire particulièrement fier sur le visage. Mais il ne dure pas parce que le temps des confidences a sonné. Je sors ensuite les deux petits shooters que j'ai apporté parce que j'suis carrément prévoyant. Elle me demande ma version des faits au sujet d'Adie. Je prends un cookie pour me donner une constance. « Ma version des faits ? J'ai l'impression de subir un interrogatoire sauf le flic est carrément... » Je m'éclaircis la gorge et reprends. « C'est ma partenaire, le courant passe carrément bien et tant mieux, elle a été super réglo le premier soir, elle a mit des limites, que j'ai tenu. Pas de pelotage intempestif durant la nuit, pas de coup fourré, j'ai pas vraiment cherché plus loin. Je ne l'ai pas vraiment envisagé autrement que comme une alliée de taille, une amie fidèle. Même si je l'ai embrassé à la soirée Princesse, mais elle n'a pas vraiment eu l'air d'apprécier. J'sais que j'ai tendances lourdingues, mais là, c'était carrément clair. Puis y'a eu l'épisode Evadne et j'ai carrément rien compris. Je suis allé lui parler, pour lui demander des explications, elle m'a dit qu'elle avait agit sous le coup de la colère, qu'elle était énervée, et puis après, elle a foncé aux toilettes. Ca a donné un Slavin au petits soins avec sa partenaire, mais je me voyais mal l'engueuler en lui tenant les cheveux, j'pensais c'était clair. Et là, elle réagit carrément mal face à ce qu'elle vu. Enfin vu. Alors, j'imagine que j'suis en tord, parce que j'ai pas insisté, mais je ne voyais pas de raisons de le faire. Je me suis dit qu'elle était un peu possessive, mais là ça va au delà je pense. J'en sais rien. » J'dois être naïf, ouais quelque part, j'pense que je le suis, ça expliquerait bien des choses. Mon divorce, pourquoi je lui ai dit que j'avais été marié déjà ? Bref, on a un deal j'crois. Mais avant ça, je croque dans mon cookie. « Tu prépares les shooters pendant que j'raconte ma vie tu seras mignonne. Oui donc, je me suis marié avec une nana plus narcissique qu'Andreas et ça n'a pas du tout collé, c'était une lionne au pieu, mais visiblement ça ne suffit pas. On a divorcé dans la foulé, ça m'a coûté un max, et fin de l'histoire. » Y'avait rien à dire de plus à ce sujet, c'était certain. « Mauvais Karma. » Nouvelle haussement d'épaule et nouveau croc quand le cookie parce que sans me vanter, il est carrément bon ce truc. « Je t'ai vu dans la salle de surveillance quand t'étais la blondasse. Il t'a fait quoi Dieu pour que tu le fuis ainsi ? »

Sive, tu dois te rendre immédiatement à la cabane en bois où Cupidon t'attends...

Y'a un truc auquel je n'ai pas pensé, un truc de taille pourtant, et qui change bien des choses. La façon dont me percevrait Sive après ce truc d'après prime. Truc parce que je n'ai pas de mots à poser là dessus, c'est trop surréaliste, trop étrange. Moi même j'suis plus sûr de savoir de quelle manière je dois agir avec Adie, alors, j'imagine que pour elle, c'est encore pire. D'autant qu'elle a dû voir des choses sur lesquels je n'arrive pas à poser des mots. Des lettres. C'est le néant. Et j'ai espéré sûrement à tord retrouver ce que nous partagions jusque là. Mais hélas, ce n'est pas l'impression qu'elle donnait. « T'en fais pas, c'est souvent le problème, c'est jamais réciproque, ça doit faire parti de la malédiction. » J'hausse les épaules, l'air désinvolte sauf qu'il n'en est rien et que j'ai un léger pincement au coeur. Pas à cause d'elle oh ça non, on en est pas à ce stade là, c'est plutôt, de vieux sentiments. Pas important et qui s'effaceront au premier coup de vent. Je lui offre un sourire faiblard, pas beaucoup moins vif que le sien. Ca promet. Elle a visiblement sa théorie sur la question psychologique, c'est super intéressant à savoir, et ça me fait sourire un peu plus franchement. « C'est bien tu as le don de me rassurer. » Je lance légèrement sarcastique mais tout en affichant un sourire nettement plus franc. Et puis je lui parle de l'affaire Adie, dans les moindres détails, je ne néglige rien du tout, je ne fais l'impasse sur aucun détail, j'crois que je pourrais relativement largement avec les images qui pouvaient être diffusées. Et puis mon divorce, mon ex-femme et le moment qui a réussi incontestablement à me faire tirer à jamais un trait sur les mariage et cette notion de fidélité qui n'est pas du tout ce que je pratique actuellement. Je pense que je ne pourrais jamais être réellement heureux avec une seule femme, j'aime la diversité, le renouvellement, et ça me fait littéralement chier de m'allonger tous les soirs à côté de la même femme, même la baiser, au bout du compte, d'un moment, je n'éprouve plus vraiment de plaisir, et le pire c'est que nous ne sommes resté mariés que très peu de temps au fond. Déjà beaucoup trop de temps à mon goût. Y'a Cupidon qui nous interrompt, pardon ? Putain, mais non c'était notre soirée quoi. Y'a des jours où on fout rien et lui, il ne peut pas s'empêcher de faire chier maintenant. J'suis blasé, alors je m'allonge sur le sable par dépits. « Ne traîne pas trop, elle ne risque pas de faire long feu... » Je désigne la bouteille de Tequila que j'ai juste à porté de main. Ce serait bien dommage qu'elle ne me retrouver ivre mort sur le sol, la bouteille vidée à mes côté. J'observe les étoiles lorsque je t'entends une voix au loin. Elle est de retour et réclame déjà de la tequila. Je me redresse en baillant, un peu plus et j'aurais pu sombrer dans un sommeil profond, je détends mes muscles et sort deux shooters vides, supplémentaires. Elle me rassure au sujet de mon roman sans photo à propos d'Adie. « Je sais, mais je me voyais mal faire autrement. Ca me dépasse totalement tout ça... » Je lâche la dernière phrase dans un murmure. Je soupire même, je crois que je ne mesure pas vraiment les conséquences de mes actes, des derniers en date et j'sens que ça va être encore une claque dans la gueule. Putain, je crains moi. Mais je préfère me concentrer sur la question suivante qui m'apaiserait presque. « Absolument pas, c'est la verrue de ce tableau idyllique. Elles n'ont tellement rien de comparables que je me demande par quel miracle j'ai pu tomber amoureux de ces deux femme si différentes. » J'esquisse un sourire, j'ai l'esprit sur une autre planète l'espace de quelques secondes, puis je parviens à me concentrer sur l'histoire de la jeune femme. Je me décide à nous servir les shooters de Tequila que je dispose à l'abris à côté des autres. Je vois, c'est vrai que sa crainte, sa méfiance, je ne savais pas bien de quelle manière je devais l'appeler était des plus légitimes. La suite me rire. Et je me prive pas de rire un bon coup avant de lui répondre. « Elle a presque abusé de moi cette conne. Et puis elle ne m'inspire rien de bon. J'sais pas, c'est sûrement étrange à tes yeux mais c'est ainsi. » J'attrape les shoots, et lui en donne deux, sur les quatre, un quartier de citron et je dépose la salière entre nous deux. « On boit à quoi ? » Je lui demande en captant son regard rieur.