ft. evan

Petite balade improvisé dans le parc : meilleur moyen de passer quelques heures de son temps. Enfin, tout ça serait parfait, si la pluie ne s’était pas mise de la partie, sans oublier le vent, qui m'avait forcé à courir après mon chapeau. Saleté. Ce revers de la température me força à trouver un refuge, le temps que tout ça se calme. Malheureusement pour moi, ce fichu nuage au dessus de nos têtes ne semblait pas prêt de mettre un terme à cette pluie torrentiel qui tombait. J’allais être condamnée à rester ici, à croupir seule dans les écuries pendant un long moment, avant d’être capable de regagner le château. Si la pluie se calmait un jour. Sinon, j’étais fichu, j’allais devoir apprendre à vivre dans ces lieux, m’improviser un endroit ou dormir, etc. Par chance, j’aperçu au loin quelqu’un qui venait au pas de course en ma direction. Ou plutôt dans celle du bâtiment, surement pour se couvrir de l’averse, lui aussi. À peine arrivée sur place que je l’assaillais. « Slavin ! Oh, merci, je commençais à m’ennuyer toute seule. Tu veux bien me tenir compagnie, dis? » En fait, là, il n’aurait pas tellement le choix. J’étais probablement la seule personne dans les environs, hm. « On est cloué ici, de toute façon. » Petit sourire désolé. D’ailleurs, j’entendis un grand coup de tonnerre résonner dans les environs. Ça n’augurait rien de bon, vraiment.

S'il y a bien quelque chose à laquelle on ne peut se fier ici, c'est bel et bien le temps. Il est changeant, il est instable. On devrait le savoir, néanmoins, on ne peut pas s'empêcher de sortir. D'ailleurs, lorsque j'ai décidé de sortir prendre un peu l'air, le temps était clair, ensoleillé. C'est pour ça que j'suis sorti à vrai dire, me baladant par delà l'immense parc pour m'éloigner un peu de la folie ambiante de la maison, où les cris et les rires fusent de partout, c'est fatiguant à la longue. Sauf que sans vraiment que je m'y attende, il s'est mis à pleuvoir, avec force, si bien que je dus me dépêcher de courir, me ruer vers l'abris le plus proche, à savoir les écuries. J'y cours parce que me balader en pull sous la pluie c'est pas dramatique, surtout lorsque la température extérieur est supportable, mais lorsque le vent s'en mêle et qu'il s'engouffre dans mon tee-shirt, non merci. J'arrive dans les écuries, et là, je tombe sur Anabel. Enfin façon de parler, parce que j'serais déjà entrain de l'écraser la pauvre. J'arque un sourcil, quand elle me saute dessus. « Oh non pas toi, tu peux pas me faire ça. Pas toiiiiii ! » J'attrape mon tee-shirt dégoulinant, théâtralisant au maximum le drame qui me tord les tripes. « D'accord, mais seulement si tu m'appelles Evan. » Je réplique, tout sourire, nettement plus calme à présent. Et puis ce n'est pas comme si j'avais le choix, on est coincé ici vu l'averse. Et l'orage qui se profile. Parce que ça commence à gronder, j'suis pas fou ? « Dis moi ma jolie Ana, as-tu peur de l'orage ? » Parce que dans ces cas là, ça changeait la donne. Faut que je me prépare à la rassurer, à lui dire que tout va bien, tout en lui construisant un abris de fortune, pour qu'elle s'y cache, tout en tremblant de tout son être.

Mieux aurait peut-être fallu que je le laisse respirer, alors que mon pauvre camarade s’engouffre dans les écuries en quête d’un refuge face à cette pluie torrentielle venu de nulle part. Enfin, du ciel, fort probablement, mais y’a pas quinze minutes, on avait droit à un ciel ensoleillé… et maintenant, ça? Dame nature, tu as intérêt à te brancher, ma vieille. « Oh non pas toi, tu peux pas me faire ça. Pas toiiiiii ! » J’affiche une moue boudeuse au visage, alors qu’il me lance ces propos au visage. Oh, mais on peut plus rigoler, ma foi. Mes mains sur les hanches, je lui fais toutefois savoir qu’il n’a pas tellement le choix, hein. Désolé pour lui. « D'accord, mais seulement si tu m'appelles Evan. » Quoi? Ah oui, bon sens, c’est vrai. Slavin n’est plus, maintenant, non je suis en compagnie d’Evan. J’ai déjà du mal avec les noms, mais maintenant, je vais devoir tout réapprendre. « Oh, excuse-moi E-V-A-N, j’ai pas l’habitude que les gens changent de nom, tu sais! » fis-je en le taquinant. Bon, il allait surement devoir me le rappeler à maintes reprises avant que tout ça ne me rentre dans le coco, mais ce n’est pas le temps qui nous manquait. Soudain, un énorme grondement se fit entendre. Hm, je sens que le ciel est en veille de nous tomber sur la tête. « Dis moi ma jolie Ana, as-tu peur de l'orage ? » me demande Slavin, et j’hausse les épaules, en faisait un léger grimace. « On n’est pas vraiment amis, en fait. » La vérité? Je détestais les orages, mais du moment que je me trouvais à l’intérieur, il n’y avait aucun souci. Là, le problème était que j’étais en live, et que la pluie à quelques mètres à peine. Et j’avais même droit son en stéréo. La classe! Non. « Y’a la foudre qui est tombée sur un arbre, juste devant chez moi, quand j’étais gamine. Ça m’a traumatisé, je crois. » Il y avait bien sûr une explication derrière cette crainte futile. De là à savoir si, près de vingt ans plus tard, elle se justifiait toujours… hm, ça se passait de commentaire.

Bon j'crois que mon entrée théâtrale n'a pas été prise comme je l'espérais parce qu'elle affiche une moue boudeuse. Merde. Mais ça me fait rire finalement alors bon. « Attends, te méprends pas, j'suis ravie que ce soit toi ici, juste que j'pensais que tu te souviendrais de mon prénom, tu sais au nom de notre bonne vieille amitié. De toutes les glaces qu'on est enfilé devant la machine à laver, du fait que j'ai sauvé la vie de ton doigt, tout ça, tu me brises un peu le coeur, puisque maintenant, on n'arrive plus à se comprendre. » Et c'est maintenant que j'suis censé éclater en sanglot, bon faut pas pousser mais au moins, je me planque contre mes mains, la tête baissée, pour m'empêcher de rire comme un con en voyant son visage. Mais ça ne dure pas puisque déjà, j'ai la tête levé, et elle s'empresse de corriger son erreur, prétextant ne pas connaître énormément de monde qui changeait de prénom de la sorte. Bon, c'est vrai, moi même, je m'étais habitué à entendre mon prénom d'emprunt, sauf que ce n'est pas ainsi que je me nomme alors autant que les candidats utilisent le bon non ? Celui qu'on m'avait donné à la naissance. Celui qui dans la bouche traditionaliste de mes parents sonnent étrangement, mais j'sais pas m'en plaindre. La réponse d'Anabel me fait sourire. « Ecoute, je n'ai pas l'habitude de me faire appeler autrement que par mon prénom habituellement. Faut une première à tout. » Et là, je lui tire la langue comme un gosse de six ans, tout au plus. Mais c'est mignon un enfant de six ans, alors, elle ne peut guère m'en vouloir. De toute façon, je lui ai déjà demandé si elle était du genre à craindre l'orage. Elle me dit que oui, j'aurais pu le parier. Elle ne semblait guère rassurée la pauvre. Quant à moi, je m'en moque un peu, même s'il est vrai, que je préfère me trouver à l'abris lorsqu'un orage éclate, bien qu'il m'est déjà arrivé d'en photographier, en Arizona, pour un magasine. Bref, elle m'explique que ça remonte à la fois où la foudre s'est écrasé devant chez elle. Hum, je grimace. Traumatisant c'est vrai. « Et donc tu es quelle genre de flippé ? Celle qui se colle outrageusement à la personne qui se trouve avec elle quitte à lui montrer littéralement dessus ou plutôt celle qui se planque sous sa couette en sanglotant ? » Je demande relativement intéressé, et surtout pressé de connaître la réponse, pour me préparer psychologiquement. « Te méprends pas, j'veux juste savoir comment m'organiser pour la suite à vrai dire. » A savoir construire un abris anti-atomique ou non, telle est la question.