ft. nora

Si certains avaient comme habitude de se gaver de crème glacée lorsqu’il avait le cœur en peine, pour ma part, j’avais un tout autre remède… Et le meilleur qui soit : du chocolat. Certes, loin d’être le plus sain, ni le plus santé, mais probablement le plus efficace d’entre tous. Noyer ma tristesse dans une fondue au chocolat, quel excellent moyen d’oublier le vide que le départ des trois candidats – et surtout celui d’Ennio – avait laissé dans la place. Et qui de mieux placer que Nora pour comprendre mon désarroi. La Giselle de mon cher Ennio avait réagit tout aussi mal à cette nouvelle, et alors qu’elle passait à la cuisine, un peu après l’heure du diner, je l’abordais. « Dis, j’ai l’intention de me rendre malade en mangeant une tonne de chocolat, en l’honneur d’Ennio. Tu te joins à moi? » Devant moi se tenait un ensemble de petits plats remplit de fruits, et, en leur centre, un lot de chocolat fondu. Irrésistible, n’est-ce pas? Alors, Nora, que décides-tu? Ne me laisse pas toute seule dans cette galère.

- j'ai tâché de faire court, comme tu le voulais -

À voir la tête de ma pauvre camarade, je compris que je n’avais point été la seule à avoir passé une sale nuit. La mienne avait été plutôt courte, en revanche, et j’étais debout depuis les petites heures du matin, alors que je m’étais presque couché aux aurores. Bref, ça vous donnait une bonne idée de la longueur de ma nuit. Je propose de partager un moment en ma compagnie à la jeune femme, et l’esquisse d’un sourire nait sur son visage, pour s’effacer aussitôt. Je la comprends. Elle décide tout de même de se joindre à moi, et après s’être installer à mes côtés, attaque la fondue avec une fraise, qu’elle avale en un morceau. Je décide de m’en prendre aux bananes. « Il me manque... » J’avale de travers le bout de fruits que j’ai en bouche, puis tourne la tête vers elle. Ce sentiment est partagée, qu’elle n’en doute pas. Je dois être celle qui la comprend le mieux, ce matin. « À moi aussi. » répondit-je, en posant ma main sur son épaule en une caresse réconfortante. « Mais je crois pas qu’il apprécierait de nous voir dans cet état. » Effectivement, nous faisons peine à voir. S’il a bien une chose qu’il m’avait appris, ce qu’il fallait continuer d’avancer malgré tout. Et je comptais bien respecter sa parole, question de me rendre le plus loin possible dans le jeu. En son honneur. Mais pas avant d'avoir noyer ma peine dans le chocolat. Ensuite, ça irait mieux.

Ce n’est pas tant ce qu’elle a dit qui fait en sorte que je manque de m’étouffer avec ma bouchée, mais plutôt parce que j’avale difficilement, ma gorge nouée par l’émotion. Résultat : cette voie obstruée vient de me jouer un vilain tour, et je le vois bien au regard que me jette Nora qu’elle ne comprend pas. Deux petites tapes dans le dos plus tard, j’en sors vivante, et je lui fais alors savoir qu’elle n’est pas seule dans cette situation. Il me manque. De toutes les fibres de mon corps. J’ai l’impression d’avoir perdu ma moitié, c’est troublant. Seulement, je sais, je suis même totalement consciente que le portrait que nous offrons tous deux ne doit pas le réjouir. Oh non, je sens qu’il doit râler devant son écran, et avoir envie de revenir rien que pour nous botter les fesses. Je m’attendrais presque à le voir rappliquer d’une minute à l’autre. Ça serait trop beau. « Tu as raison… » Je pioche un nouveau morceau de fruits que j’enrobe de chocolat fondant, alors qu’elle acquiesce à mes propos. Tout comme moi, elle sait que ce n’est pas raisonnable, d’agir ainsi. « Mais c’est encore trop tôt pour se raisonner… » Oui, c’est beaucoup trop pour tôt. Nous avons le reste de la semaine pour nous reprendre et profiter du temps qu’il nous reste encore en ces lieux. Temps qui se réduit de minute en minute. « Je crois qu’il comprendra... Disons qu’il nous faut… assimiler la chose. C’est normal. » fis-je, alors que son regard me scrutait, attendant une réaction quelconque de ma part. J’étais en accord avec elle, et la preuve résultait dans le simple fait que nous étions en train de manger cette fondue au chocolat. « En plus, pour lui rendre hommage, je ne pourrais pas me mettre à courir nue dans toute la maison. » marmonna-t-elle avant de laisser entendre un léger rire qui, malheureusement, sonnait faux. J’arquais un sourcil, surprise. « Qu’est-ce qui t’en empêche? » ne puis-je que lui demander, curieuse.

- je suis désolé, c'est affreux -