Andreas, au confessionnal !

Sive, quel secret penses-tu avoir découvert ?

Nouvelle convocation au confessionnal, nouvelle confrontation. Depuis la découverte de la première moitié de mon secret dans la soirée, certains candidats avaient dans l'idée d'en découvrir l'autre partie. Mais la tâche ne serait pas aisée, et il faudrait faire preuve d'une grande perspicacité pour mettre le doigt sur le bon intitulé. En clair, ça n'était pas donné à tout le monde. Néanmoins le château regorgeait de grands joueurs spécialisés dans les découvertes de secret. Si Evadne n'était plus là, il demeurait encore et toujours Sive, ou la candidate dont il fallait à mon sens le plus se méfier. Et justement, elle venait de me buzzer. C'est donc avec appréhension que je rejoignis d'un pas pressé la cabane en bois. Allait-elle découvrir mon secret ? J’espérais bien que non. En avait-elle les capacités ? C'était une évidence. Je fis donc mon entrée dans l’exiguë pièce, avant de faire face à la jolie blonde pour finalement s'assoir. Puis j'attendis qu'elle m'exposa sa piste me concernant, ce qu'elle fit aussitôt la voix de Cupidon audible. « Je pense qu'Andreas a aspiré la vie de son jumeau dans le placenta. En gros, qu'il a survécu au détriment de son frère. » Je ne manquais pas d'être légèrement surpris par une telle idée, c'était... ouh, personnellement ça me retournait un peu quoi. D'ailleurs je venais probablement de devenir blanc comme un cachet d'aspirine, m'enfin. « C'est drôle, la semaine passée Sami a émit l'hypothèse selon laquelle j'aurais pu "tuer" mon frère. Hum, bref. Tu tentes ta chance un peu au pif ou tu te fondes sur quelque chose pour affirmer ça ? » Peut-être avait-elle vu des choses pouvant la conduire sur cette piste, allez savoir. Je restai droit comme un i à l'observer, gardant cette sérénité légendaire que l'on me connaissait.

Je retrouvais cette bonne vieille cabane en bois pour une nouvelle confrontation. Mais cette fois-ci, je n'étais pas face au barbu, mais bel et bien à Sive. J'irais pas jusqu'à dire qu'on montait d'un cran, mais si, je vais le dire. Si quelqu'un pouvait à l'heure actuelle découvrir mon secret, c'était quand même bien elle. Elle m'exposa sa piste - je lui demandai presque aussitôt ce qui avait pu la conduire sur celle-ci. « Disons que je me fie à mon instinct, toujours. Parfois, je n'ai pas énormément de pistes. Jusque-là ça fonctionne plutôt bien. Si je trouve un échec, sur quatre, j'estimerai que c'est un bon score. » À la base j'avais beaucoup de respect pour Sive, car la demoiselle était une pro de la découverte de secret. Si ce buzz-ci devait s’avérer faux, on pourrait au moins dire qu'elle avait essayé. Bon et sinon, qu'est ce qui lui faisait penser que j'avais, comme elle l'indiquait, survécu au détriment de mon frère et aspiré sa vie dans le placenta ? « Disons que ça expliquerait certaines choses. Comme, par exemple, une partie de ton caractère. Dans ce genre de phénomène, seul le plus fort survit et l'absence du jumeau peut être... assez difficile à vivre. » Certes, cela collait avec le type que j'étais, mon caractère et ma façon d'être. Je la laissais poursuivre, sans l'interrompre. « J'ai connu quelqu'un dans la même situation. » Puis son regard se porta sur moi avec insistance. Elle souhaitait m'intimider ou me déstabiliser ? Non, je pense surtout qu'elle s'apprêtait à guetter ma réaction face à sa prochaine question. « Tes parents t'ont rapidement mis au courant ? » Je tentais de rester le plus impassible possible, mais y'avait plus simple. Alors oui bien sur, mes parents auraient très bien pu me cacher la mort de mon jumeau mais je l'avais finalement su. Après, comment, ça c'est une autre histoire. « Relativement tôt, oui. Ils ont décrété qu'il fallait m'en informer... ça a pas changé ma vie de le savoir mais bon, si d'après eux c'était utile... » En gros j'en avais rien à carrer de ce jumeau qui avait perdu la vie durant la grossesse. Je me considérais fils unique, et l'avais toujours été. Hum, une autre question peut-être ?

La confrontation allait bon train et les questions de Sive s'enchainaient. Elle voulu savoir si mes parents m'avaient rapidement mis au courant de tout ça, et ma réponse ne se fit pas attendre ; je l'avais appris suffisamment tôt, bien que j'aurais eu très bien pu me passer d'une telle information. Pour sur. « Ah bon ? Donc tu dis, que ça n'a en rien changé ta vie ? Ta vie, ou ton caractère, ça n'a rien influencé du tout ? » Si, bien sur cela avait changé certaines choses. Mais rien d'extraordinaire. Par exemple, ça n'avait pas influencé la personne que j'étais devenue. Et mon caractère n'avait aucunement été changé ou déterminé par cela. « Disons que je n'en suis pas ressorti traumatisé, et que j'arrive à dormir la nuit malgré ça. Quant à celui que je suis aujourd'hui, cela résulte de ce que j'ai eu à subir étant gosse, mais il n'y a là aucun rapport avec mon secret. » Libre à elle de me croire ou non. J'étais en tout cas le mieux placé pour savoir que tout ceci n'était que vérité absolue. « Et tes parents, ils l'ont pris comment ? » Ah, mes parents... Parlons-en de ces crevards. Comment ils avaient réagi face à mon secret ? Et bien j'allais le lui dire, que croyez-vous, car n'ayant de tout façon rien à cacher, même les concernant. « Ma mère ne s'en est jamais remise. Mon père n'en a rien à carrer. » Ce fumier ne s'était jamais vraiment senti concerné par cette histoire. Il était comme moi lui, il n'avait pas de cœur.