Keelan

La chapelle, comment vous dire... Hm, disons que je n'y passais pas franchement le plus clair de mon temps. J'étais même incapable de vous sortir la date de ma dernière visite en ce lieu, mais il y avait fort à parier que je n'y avais pas foutu un pied depuis belle lurette. Je n'étais pas croyant, déjà à la base, mais ça à la limite on s'en foutait un peu. C'est surtout que tout ce qui se rapportait à la religion était loin, très loin de grandement m'intéresser. Je respectais les croyances de chacun, et admettais aussi le fait que mon point de vue n'était pas celui de tout le monde. Bref ça n'était pas un univers dans lequel je me sentais forcément très à l'aise. Voilà pourquoi il était si inconcevable que j'eus décidé de me rendre dans cette chapelle pour... pas grand chose en fin de compte. J'avais juste ressentis le besoin d'y faire un tour. J'ignorais si cela avait un lien avec le fait que l'aventure touchait à sa fin et que bientôt, le château fermerait ses portes... mais voilà toujours est-il que j'avais pris place sur un banc, à l'intérieur de celle-ci, et que mon regard se voulait posé comme par fascination sur l'imposante statue de Jésus. C'est alors que des pas se firent entendre, derrière moi. Je tournai la tête et vis s'avancer Keelan. J'eus alors pour réflexe de me lever, afin de lui faire face. Pas de panique je ne comptais pas l'amocher, le pauvre petit flingueur. J'étais au dessus de ça voyons. « J'ai eu vent du fait que tu ne voyais pas ma relation avec Irène d'un très bon œil... c'est toujours le cas ? » Il était bien évidemment libre de penser ce qu'il voulait au sujet de nous deux, seulement si il avait quoi que ce soit à me reprocher - et ce devait être le cas - il pouvait assurément m'en parler. Je restais encore et toujours ouvert au dialogue. À une semaine de la fin de l'aventure, on pouvait bien se parler sans langue de bois, non ?

Quoi de mieux qu’une petite prière après manger ? Hm tout en fait. Je blaguais. Je ne priais plus depuis fort longtemps. Dieu et moi n’étions plus tellement potes. Depuis qu’il avait décidé de m’ôter brutalement l’amour de ma vie. Nope, on ne se parlait plus. Fini. Pourtant voilà qu’en ce début d’après midi, mes pieds me dirigeaient vers la chapelle. Pourquoi ? Je n’en savais trop rien. Mais me voilà. Peut être pour gueuler sur le petit Jésus. Sauf qu’en arrivant, devinez qui était là ? Andréas. Mon meilleur pote. « J'ai eu vent du fait que tu ne voyais pas ma relation avec Irène d'un très bon œil... c'est toujours le cas ? » Il avait toujours autant l’art de la discussion cet Andréas. « Dis moi, on ne peut rien te cacher à toi » A croire que tout finissait forcément par revenir à ses oreilles. C’était Rèrène qui s’était confié à lui ? Faudrait peut être la prochaine fois que je fasse attention à ce que je lui dise alors, si tout était reporté à monsieur. Remarquez, j’en avais rien à faire. « Je peinais à comprendre Irène. Je peine toujours à la comprendre d’ailleurs hein. Tu l’as quand même traitée comme une moins que rien. Avec des mots crus, blessants, irrespectueux, cruels. Et elle t’accueille la bouche en cœur. Comprends ma perplexité. Parce que c’est plutôt un poing dans la gueule que tu aurais mérité. » Et non de l’amour. Peut être même deux poings dans la gueule. Mis à part ça, je vous assure, je n’étais pas quelqu’un de violent. « D’ailleurs je me demandais, tu t’es excusé auprès d’elle ? » La moindre des choses non ? Mais avec lui sait-on jamais. J’avais du mal à le voir assumer ses erreurs et faire son méa culpa. D’un autre côté, je ne l’aurais jamais vu tombé amoureux donc bon…Tout était possible. « Mais mon avis n’est pas tranché. Il y a encore de l’espoir pour toi » Et oui, son cas n’était pas si désespérait qu’on ne pourrait le croire.

Je connaissais d'ors et déjà l'opinion du flingueur sur mon couple, mais je voulais en avoir le cœur net. Selon moi il ne voyait pas ma relation avec Irène d'un très bon œil, et je vis juste. « Dis moi, on ne peut rien te cacher à toi » répondit-il alors. Je haussai les épaules. « Ce n'est plus un secret pour personne depuis belle lurette ça. » Attendez, je passais tout de même ma vie dans la salle de vidéo-surveillance. Rien n'avait plus de secret pour moi maintenant. Et donc il était tout à fait légitime que j'eus été mit au courant depuis. « Je peinais à comprendre Irène. Je peine toujours à la comprendre d’ailleurs hein. Tu l’as quand même traitée comme une moins que rien. Avec des mots crus, blessants, irrespectueux, cruels. Et elle t’accueille la bouche en cœur. Comprends ma perplexité. Parce que c’est plutôt un poing dans la gueule que tu aurais mérité. » Je le dévisageai, puis relevai un sourcil. J'étais censé avoir peur là ? « J'ose espérer que ce n'est pas une menace... » fis-je dans un souffle. Valait mieux pas qu'il s'aventure sur ce terrain-là avec moi, car il avait vraiment tout à y perdre. Ses dents, dans un premier temps, et puis éventuellement un bras. Mais je préférais croire que je n'étais jamais que très parano, et que jamais il n'avait proféré pareille menace. Non non je me faisais forcément des films, c'était pas possible autrement. « D’ailleurs je me demandais, tu t’es excusé auprès d’elle ? » Et là, ce fut le drame. Je me sentis d'un coup très... con. Oui, c'est le mot. Con. Car si mes souvenirs étaient bons et que ma mémoire ne me faisait pas défaut, je ne m'étais pas excusé auprès d'elle. Rah, comment le faire comprendre au flingueur... Bah, en le lui disant, tout simplement. « Même pas. Vas-y, jette-moi la pierre, t'en meurs d'envie. » rétorquais-je sur un ton parfaitement hautain, tout en fourrant mes mains dans mes poches. Non, je ne m'étais pas excusé. Et ? Ça faisait quoi ? J'allais être brûlé vif ? On allait m'écarteler ? Au pire je m'attirerais une fois encore les foudres de Keelan, mais ça n'avait pas grande importance. « Mais mon avis n’est pas tranché. Il y a encore de l’espoir pour toi » Oui bah maintenant qu'il savait que je n'avais même pas pris la peine de m'excuser, j'étais prêt à parier qu'il reverrait son avis aussitôt. Malgré tout il semblait me donner une seconde chance. Wow, fallait pas. Quelle... gentille attention. « Je sais pas trop comment le prendre. Tiens, je vais le prendre avec le sourire. » Gnihi. L'instant d'après, je me mis à sourire à pleines dents, comme un imbécile. Le genre de sourires forcés et particulièrement crispés dont j'avais le secret. Tout ça pour lui faire comprendre que le fait qu'il reste un peu d'espoir pour moi ne changerait pas ma vie, et ne m'empêcherait certainement pas de dormir cette nuit.