Je suis seule. Et pourtant si bien entouré vous ne trouvez pas ? Je ne me plais pas, j'aime cette solitude, je l'ai choisis et je la désire plus que n'importe quoi sur cette fichu planète. Alors tout en faisant ma bonne fille sociable, je guette les heures d’affluence et les heures de désertion de ces connards. Et je jubile. Je me déplace de manière féline, touchant du bout de mes doigts le moindre meuble qui passe devant moi. Je sautille et ricane comme une folle, hors de leur vue. Je donne un spectacle privé à ces caméras. Je leur donne même un petit clin d’œil. Je crois que je lui la seule à la toléré, enfin ailleurs que dans l’Église. Elles n'ont rien à faire l'entre de Dieu. Seul Dieu à le droit de nous observer dans sa maison, personne d'autre. Je pense qu'avant la fin de mon passage dans le jeu je les débrancherais, je les volerais et les jetterais dans le ruisseau. Il est tard et je regrette trente seconde de ne pas avoir pris le temps de mettre un manteau sur ma tenue. Mais attention est rapidement capturé par la nuit noire que je déchiffre de mes pupilles marrons. Je ne marche pas, mes pas glisse sur le sol, mes mouvements sont aérien, félin, mon regard est fou. Je cogne dans un cailloux de mes grolles noires, je m'amuse à l'envoyer le plus loin possible. Jusqu'à ce que le monsieur se laisse disparaître à ma vue part la noirceurs des arcades qui se profile devant moi. Je l'appelle dans un sifflement, je m'engouffre dans la noirceur et me retrouve dans la lumière. Dans la lumière apaisante d'un petit bistrot de Provence. Un petit bistrot vide, ce sera mon endroit pour la nuit. Je pense que je vais y dormir entre bouteille d’alcool à cassé et flèche à planté, je pense que je trouverais mon compte de divertissement. Vu que pour l'instant je peux pas briser le genre humain je me contente du verre lisse et de l'odeur enivrante d'un alcool fort. Je pousse la porte qui chante, qui tinte et laisse mes grolles valser un peu plus loin derrière le bar. Je sautille à pas de loups et allume le jukebox. Dieu merci la musique de cette époque est tellement mieux que la notre. Alors je souris à Bob Dylan et lui offre une révérence digne de ce nom dans un petit déhanchement. Je me déplace de la sorte jusqu'au bar que je viens épouser de mon fessier. J'aligne 10 shooter et les rempli d'une pseudo vodka, tellement pas polonaise et encore moins russe mais on va faire avec. J'en bois comme du petit lait, une fois vide il vient se briser sur le sol. Qu'est-ce que j'aime ce son, ce son de la destruction. Et je répète le chose une seconde, troisième et quatrième fois avant que la porte ne tinte une fois de plus. Mon regard vif se déplace brusquement sur l'étrangère. En un quart de seconde je comprends que je dois me méfier de la donzelle. Aucun sourire ne fend mon visage, je l'analyse avant de lâcher. « Tu veux jouer ? » Je lui dis lui montrant mon jeu super intéressant, qu'on se le dise c'est mieux que la xbox.

Je suis lassée de porter mon masque alors que m'éclipse. Mais je me lasse souvent, c'est bien là mon problème. Un problème récurent. Je marche, la clope au bec, je fume trop je crois. Mais je m'en fiche, au pire je crèverais dans t'atroce souffrance, ou je crèverais tout court plutôt. Rien à faire. On naît tous pour mourir alors, je l'attends cette connasse. Je m'assieds sur un petit muret non loin de la petite place. Je fume, je pompe comme une folle sur ma cigarette, je m'emplie les poumons de cette saloperie. Je m'ennuie déjà. Je me lève et écrase mon mégot contre les pierres y laissant une belle traînée toute noire. Je soupire, la nuit est tombée. Je suis à peine couverte. Une mini robe alors que le mistral souffle à en faire perdre l'équilibre. Les pans de ma robe virevoltent légèrement. Ma peau est fraîche, j'ai la chair de poule pourtant je reste immobile pendant un certain temps. Mes yeux fixent un moment les guirlandes lumineuses claquent être elles. Plus tard, lassé par mon inertie, je décide de prendre une nouvelle direction. J'arrive devant la porte du bistrot, une chanson se fait entendre tandis que le bruit du verre heurtant le sol m'alerte suffisamment pour que je décide de la pousser. Là, je vois la barge, c'est le surnom que je lui ai donné dans ma tête, pas que je la trouve barge, non mais il me semble l'avoir déjà entendu lorsqu'on la nommait. Des petits verres à shooter sont alignés, d'autres se sont retrouvé sur le sol. Le bruit de la porte alerte la jeune femme qui rapidement a ses yeux rivés sur moi. J'ai laissé mon masque de côté, c'est avec un regard vide que je la dévisage. On est un moment à nous observer. Malgré ma présence réduite à la soirée d'ouverture du prime, j'ai eu le temps d'observer son manège, j'ai aussi eu le temps de la voir agir durant le peu de temps qu'on a passé ensemble et je sais qu'elle même joue un rôle. Elle me propose rapidement de jouer. « Evidemment. » Je m'assieds rapidement sur le tabouret à côté du sien, je me penche légèrement pour attraper d'autres verres, que j'aligne devant nous, formant une ligne continue. j'ai le soucis du détail. Il faut plus de verres, plus d'alcool. Je l'observe de biais. J'attrape le verre, le descend comme s'il s'agissait d'eau et laisse le shooter s'écraser sur le sol. Ouais. Je ferme les yeux et remue la tête au rythme de la musique qui bat son plein. Les verres s’enchaînent et bientôt, il n'y a plus de verres. « Barbant... » Je soupire. C'est vite lassant ça aussi.

Je toise la brune, ou la femme mariée comme je la nomme dans mon esprit. La folle, comment une fille comme elle peut se marié. Parce non elle ne me dupe pas autant que je ne la dupe pas, parce qu'on est faite du même bois. Est-ce que son homme se rend-il compte qu'elle n'est jamais la même ? Ni avec lui, ni avec personne. A moins qu'elle tombe le masque en sa présence. Et alors il a droit à quoi ? Au néant est-ce mieux ? Je ne crois pas. Alors comment font-ils ? En réalité ça ne m’intéresse pas vraiment, je me pose juste la question et j'imagine que j'aurais la réponse un jour où l'autre. On se regarde un moment qui paraît long mais que je trouve bien trop court pour ma part. Parce qu'il suffit d'un regard, et parce qu'elle ne porte pas de masque ce soir. Alors c'est intéressant de plongé mes yeux dans les siens, parce que c'est le seul moment où l'on peut y voir la vérité. Je lui demande si elle veut jouer alors même que je connais déjà la réponse. Parce que j'aurais dis oui, elle dira donc oui. «Evidemment. » Je souris, pas surprise et totalement satisfaite. La donzelle s'avance vers moi dans sa mini robe guns'n roses. Je la mate, je la dévisage, je la suis du regard. Aucun mouvements qui émanent de son corps ne m'échappent. Elle aligne de nouveau verre, beaucoup plus qu'il n'y en avait jusqu'alors. Elle les remplit et je la regarde un sourire qui ne me quitte plus boire le premier verre et ferme trente seconde les yeux lorsque celui-ci s'échoue au sol. Quelle belle musique. Je l'accompagne dans le jeu, qui pourrait ne jamais me lasser mais aussi bien nous sommes pareil et autant nous sommes différente. Alors elle se lasse. Elle semble être lasse de tout en général.  « Barbant... »  Annonce-t-elle sans me surprendre une fois encore. Je bois un dernier verre oubliant presque qu'il s'agit d'alcool tellement le goût m'est associé à de l'eau. « A toi de faire les règles alors. » J'imagine que ça va plus la divertir dans ce cas, et sache ma belle que c'est un privilège. C'est moi les règles habituellement. Je lui souris plus vivement, parce qu'à coté d'elle j'ai l'impression de brillé part ma bonne humeur quand elle est tout simplement éteinte. Et à vrai dire ça me plaît.