J'en ai plus que marre de cette situation, j'ai l'impression qu'elle m'échappe petit à petit. On ne se voit plus, ou peu. Elle part à la moindre occasion, elle s'envole pour l'Europe entre deux affaires, elle en prend beaucoup moins d'ailleurs, j'sais pas quoi faire. Je crois que je deviens de plus en plus égoïste mais je ne peux plus accepter qu'elle s'éloigne de moi comme ça. Ça me rend dingue. Je suis entrain de regretter tout, Fake Lover, notre participation, notre nouvelle vie qui ne me convient pas du tout. L'ancienne me plaisait parfaitement comme elle était. Je ne connaissais pas le secret de ma femme ? Et alors, je ne m'en portais pas plus mal puisque de toute façon elle n'agissait pas comme la pire des garces, pas comme elle le fait maintenant. Ce soir encore, elle est je ne sais où, un diner d'affaire il parait, ouais ou elle est entrain de s'envoyer le premier chanteur de minette qui est passé dans le coin. C'est son nouveau passe-temps. J'suis amer mais je n'ai pas digéré son escapade à Dublin, d'ailleurs je crois qu'il ne faudrait mieux pas que je croise William de sitôt parce que je risque d'être nettement moins amical que d'ordinaire. Avec le recul je me dis que j'aurais dû lui briser sa petite gueule d'ange peut être qu'elle l'aurait trouvé mon sexy et qu'elle ne passerait pas son temps à se faire baiser. J'en veux à Candace mais c'est loin comparé à toute la haine que j'ai envers ce type, elle a des circonstances atténuantes elle, mais lui bordel, on est censé être pote, sa conception de l'amitié est particulière à cet enfoiré. En tout cas, ce soir j'suis une vraie loque humaine. Des années de sobriété foutu en l'air à cause d'une putain d'émission de télé réalité c'est pathétique et pitoyable. Je suis pathétique et pitoyable à me mettre minable comme un con. Là. J'sais pas vraiment combien j'ai bu de ce whiskey hors de prix que je fais importer d'Irlande mais en tout cas j'ai encore les idées claires, enfin presque. Il y a la demande de divorce que j'ai engagé un peu plus tôt dans la semaine déposé sur la table basse qui attend Candace, comme moi. J'aurais pu sortir et me venger mais j'en ai fini de tout ça, l'adultère c'est son truc, plus le miens. J'ai eu mon moment de pétage de plomb complet maintenant c'est terminé. J'entends les pneus crisper sur l'asphalte, ma femme arrive. La voiture s'arrête devant la maison, je connais sa conduite très sportive, je reste là sans broncher, assis sur ce canapé, ma clope au bec, mon verre à la fin alors que le feu crépite dans la cheminée, il ne fait pas froid dehors, c'est purement accessoire. Ses talons claquent sur le béton de l'allée. Ses clés tournent dans la serrure et la porte s'ouvre. Ses talons résonnent à nouveau, sur le carrelage de l'entrée cette fois. Ses pas se rapprochent. Elle est là mais je ne lève pas la tête vers elle pour autant. « Tu t'es souvenu que t'avais une maison et un mari... » Je crache entre mes dents sans lui adresser le moindre regard. Je coince ma clope entre mes lèvres et attrape le dossier que je lui tends, ouvert à la bonne page. « Une signature et tu recouvreras ta liberté. Mais tu connais je n'ai pas besoin de t'expliquer, après tout c'est toi l'avocate... » Même si ce n'est pas son domaine de prédilection, elle doit savoir à quoi ressemblent des papiers de divorces, j'risque sans doute gros mais j'en ai tellement marre que je m'en fous totalement. Enfin c'est sans doute l'alcool qui me fait penser de cette manière mais peu importe...

Je n'aime personne, moi éventuellement puisque seul mon intérêt compte. Ma petite personne de psychopathe égoïste. Oh oui je suis égoïste je le sais pas la peine de me sermonner. J'ai conscience de ce que je fais, le mal que je fais endurer a Callan j'en sais très bien la portée je ne ressens simplement pas la teneur. Je ne ressens rien, je suis vide de tout sentiment. Une coquille. Une enveloppe qui marche qui parle mais qui n'a pas le moindre but sur cette Terre. Pourtant j'ai un mari. Je me suis mariée avec lui, j'ai accepté de vivre avec lui uniquement avec lui sans me poser la moindre question parce que ça m'a semblé la chose la plus naturelle à faire. Je ne ressens rien pour lui, ou du moins ça n'a rien de comparable avec ce que lui ressent a mon égard. L'amour je ne connais pas, j'ai simplement sa vision et je m'adapte a lui sauf que contrairement a la plupart des choses auxquelles je m'arrache avec lui ce n'est pas une corvée. Je suis attachée à Callan d'une façon qui m'échappe totalement mais c'est bel et bien le cas. Je ne prends aucun plaisir à le voir souffrir mais ça ne me laisse pas indifférente pour autant. J'essaye de ne pas le heurter sauf que je sais qu'il l'est. Il l'est mais ça ne m'empêche pas de vivre. De toute façon s'il a quelque chose as dire qu'il le fasse je ne vois pas pourquoi il se priverait. J'ai ralenti la cadence avec les affaires, Fake Lover me prend tout mon temps et je n'aime pas ça. Ce soir j'ai ce dîner avec ce nouveau client et je ne suis pas des plus enchantée mais je le fais. Je n'ai pas le choix le restaurant n'est pas mauvais mais je serais mieux chez moi, avec mon mari qui me déteste. Le truc traîne en longueur, le client m'exaspère, s'il avait pas autant de fric je crois que je l'aurais envoyé chier bien avant ça. Je refuse poliment le digestif au bar, j'ai autre chose à faire. Je récupère ma voiture, je roule beaucoup trop vite, j'ai toujours eu une conduite sportive, j'ai une voiture de sport c'est logique. Je rentre tranquillement la voiture dans l'allée, je sors tranquillement de la voiture. Il n'y a rien qui presse de toute façon, la porte est verrouillée pourtant il y a de la lumière dans le salon. J'entre, j'entends le feu crépiter dans la cheminée, pourquoi pas. Peu importe. Je vais voir ce que mon cher mari peut bien avoir ce soir. Il est affalé dans le canapé entrain de boire et vu ce qu'il manque dans la bouteille il a dû en boire pas mal. « Tu t'es souvenu que t'avais une maison et un mari... » Je ne réponds pas. A quoi bon ? Je n'aime pas me disputer avec lui, parce que je n'en dire aucune satisfaction. Je n'aime pas ce Callan là. « C'est le retour du joyeux alcoolique ?  » Je demande sans aucune animosité alors qu'il me jette un dossier, des papiers de divorce. Tiens donc. Je secoue la tête, il est pathétique. « Une signature et tu recouvreras ta liberté. Mais tu connais je n'ai pas besoin de t'expliquer, après tout c'est toi l'avocate... » Mon visage est toujours aussi impassible, je retire mes chaussures, ma veste. J'attrape son foutu dossier et je vais le mettre dans la cheminée. Oui voilà, c'est mieux dans la cheminée. C'est ridicule. « Si tu avais réellement envie de divorcer tu l'aurais envoyé par coursier à mon cabiné. Tu peux arrêter ta petite crise, je t'ai remarqué c'est bon.  » Sur ces mots j'attrape son verre, sa cigarette, je vide l'un et j'écrase l'autre et je m'installe sur ses genoux. Et je l'embrasse tout en ouvrant un à un les boutons de sa chemise. J'ai très envie de lui.