ft. jared

Le beau temps était encore de la partie. Pour combien de temps? Je l’ignorais. Et c’est pour cette raison que je comptais bien en profiter. Suffisait que je cligne des yeux pour que l’automne, ou pire, l’hiver, nous tombe dessus. Et je n’étais pas encore prête à ça. Non, laissez-moi le beau temps encore quelques jours. Quelques semaines aussi, voir quelques mois, si c’est possible. Je suis même prête à négocier, s’il le faut! C’est dire à quel point je détestais les temps froids, moi, la fille la plus frileuse au monde. Mais j’avais de la chance. Aujourd’hui il faisait chaud. Le soleil brillait de mille feux dans le ciel. Et moi, je m’étais posé en plein centre de la clairière, entourée des champs de lavande, avec ma petite couverture et mon panier de pique-niques, comptant bien savourer un peu de ce grand air de Provence. Sauf que je m’étais emportée. Il y avait trop de choses pour une seule personne dans ces provisions. Mon seul souhait était donc qu’une âme – vivante, de préférence – s’aventure dans le coin. Et ainsi, je pourrais peut-être réussir à l’amadouer à coup de nourriture. Qui sait. Mon dos callé contre le sol, genoux repliés, mains passés derrière la tête, je regardais les nuages défilés dans le ciel, cherchant, ici et là, des formes particulières. J’eu un petit sursaut, surprise, quand une tête apparue au dessus de la mienne, et je me replaçais en position assise en panique, avant de me rendre compte qu’il ne s’agissait seulement que de Jared. Le guitariste croisé à l'auberge. « Oh bon sens, désolé, je ne t’ai pas entendu venir. » m’excusais-je de ma réaction exagérée, un petit sourire au bout des lèvres.

Le point positif à nous avoir foutu dans un village du sud de la France… C’est qu’il y faisait chaud. Plus qu’en Irlande vous pouvez me croire. Du coup j’étais bien là, avec mes t-shirt. Je déteste les pull, on ne voit pas mes tatouages et j’adore les exhiber, je les ai pas fait pour rien quoi. Ils signifient tous quelque chose, un moment important de ma vie, un voyage, une rencontre, une passion, peut importe mais aucun tatouages n’a été fait parce que « j’aimais bien le dessin. » Mon premier se trouve sur mon poignet, je l’ai fais un peu avant de quitter New York pour Paris. Je suis justement en train de le regarder pendant que je marche, inutile donc de préciser que je ne regardais pas devant moi. Au bout d’un moment ma vision périphérique capte une silhouette devant moi, je lève les yeux, baisse le bras et m’approche de Tris qui est allongée dans l’herbe. Ma venue la surprend et moi je souris, amusé. « Oh bon sens, désolé, je ne t’ai pas entendu venir. » Je hausse les épaules et m’installe face à elle. « T’en fais pas, j’aurais dû m’annoncer peut être… » Quoi que, c’était drôle de l’avoir effrayée. Oui ce genre de truc m’amuse je suis un grand gamin en fait. Je jette un œil à son panier. « Tu fais un pic-nic toute seule ou je dérange pour un potentiel rendez-vous ? » demandais-je, suspicieux. Si je dérangeais, j’allais partir hein, je suis chiant mais pas à ce point quand même.

Je suis trop captivée par ce nuage en forme de bateau - non, non, de voilier, oui, c’est ça – pour remarquer qu’on s’approche lentement, mais surement, de mon campement. Mais je suis bien vite mise au courant quand une tête se penche au dessus de la mienne, me faisant sursauter par la même occasion. Et une petite frayeur, une. Jared semble bien s’amuser de la situation, et après coup, c’est aussi mon cas. C’est pathétique, enfin, de réagir de la sorte. Ma nervosité finira par me tuer. « T’en fais pas, j’aurais dû m’annoncer peut être… » fit-il en prenant place face à moi. « J’étais trop distraite, je n’aurai surement pas entendu. » Vilain défaut chez moi : quand j’étais dans la lune, la terre entière aurait pu s’arrêter de tourner que je ne m’en serais même pas rendu compte. Je vois son regard s’attarder un moment sur mon panier de provision. « Tu fais un pique-nique toute seule ou je dérange pour un potentiel rendez-vous ? » Ma tête se fit aller de droite à gauche dans un léger mouvement. « Ni l’un ni l’autre. » Mais ça, il avait du le comprendre par mes signes. « Enfin… c’est plutôt oui pour les deux, dans un certain sens. » Petit moment songeur. Mon doigt se porte un court instant sur ma lèvre inférieur, avant que celle-ci et sa copine ne s’étirent d’un sourire. « Je suis venue seule, mais j’ai amené trop de nourriture… alors j’attendais que quelqu’un se pointe dans les parages pour partager avec lui. Donc… oui, j’ai peut-être rendez-vous, mais jusqu’à il y a cinq secondes à peine, j’ignorais qui j’attendais. » Visiblement, c’est tomber sur lui. « Tu as faim? » Et s'il ne l'avait pas encore compris, cette réplique devrait largement lui mettre la puce à l'oreille.

« J’étais trop distraite, je n’aurai surement pas entendu. » répondis Tris quand je déclarai que j’aurais du m’annoncer. Je m’installe à ses cotés, ou plutôt face à elle en hochant la tête. « Ca nous arrive à tous. » Surtout dans un jeu ou nous n’avons rien d’autres que nos souvenirs de nos proches pour se consoler de l’ennuie qu’ils provoquent en nous. Je comprends, donc. Remarquant qu’elle avait avec elle le parfait petit kit de pic-nic je lui demande si elle a rendez-vous, histoire de savoir si je dois décamper ou pas. « Ni l’un ni l’autre. » ne fait-elle. « Enfin… c’est plutôt oui pour les deux, dans un certain sens. » Je fronce légèrement les sourcils, confus. Elle s’explique. «Je suis venue seule, mais j’ai amené trop de nourriture… alors j’attendais que quelqu’un se pointe dans les parages pour partager avec lui. Donc… oui, j’ai peut-être rendez-vous, mais jusqu’à il y a cinq secondes à peine, j’ignorais qui j’attendais. » Ah donc en fait là tout de suite, elle a rendez-vous avec moi. Remarque l’idée n’est pas pour me déplaire, j’apprécie ce que j’ai déjà pu voir de la candidate – et je ne parle pas du physique quoi qu’elle ne soit pas dégueulasse non plus à regarder, soyons honnête – et donc passer un moment avec elle est une idée qui me plait. « Ah donc je fais bien de tomber sur toi le premier. » fis-je avec un petit rire. « Tu as faim? » demanda la candidate, je passe instinctivement une main sur mon ventre. « Oui, plutôt ! » fis-je alors, ravi d’être tombé sur elle, j’aurais pu continuer à marcher et revenir en courant tellement la faim m’aurait tirailler. Mais non, Tris était là, cool non ?