Je suis assise sur l'un des petits muret non loin de l'église. Je l'observe tout en fumant mon énième cigarette de la journée. Aujourd'hui j'ai mis un jeans, il ne fait pas froid et je me suis vêtue en conséquence. Le mistral vient ébouriffer légèrement mes cheveux, mais il n'est pas si frais. Je ne suis pas du tout croyante, néanmoins le bâtiment m'attire. J'écrase ma cigarette à peine entamée sur le sol et je pénètre à l'intérieur. Il fait sombre, et le soleil peine à filtrer à travers les vitraux. J'avance vers l'autel et fixe ce crucifix imposant. Je m'arrête devant les petites escaliers lorsque j'entends la porte s'ouvrir. Je rejoins le premier prie-dieu et m'y installe. Je baisse la tête et pose mes bras de sorte à former une croix. « Pardonnez-moi mon père parce que j'ai pêché. Je sais que j'aurais dû venir me confesser plus tôt parce que cette histoire remonte à dimanche, mais je n'arrive pas à oublier l'acte horrible que j'ai commis. J'ai... J'ai... embrassée une fille. Je sais que c'est une abomination mais, pardonne-moi... » Je demande relativement fort puis commence à sangloter. Je tourne légèrement la tête afin de distinguer l’intrus. Je souris de biais et me redresse. Penaude. Je l'observe un moment, l'air grave. « C'est toi le gay ? » Je demande sur un ton particulièrement neutre, tout en esquissant un fin sourire, pour la forme. Je dépoussière mes genoux et frotte mes mains contre mes cuisses pour retire la poussière qui s'y trouvait et m'avance vers lui, de ma démarche féline. Alors que mes talons résonne dans l'édifice.

Je ne suis pas croyant. Je n'ai jamais cru en une présence divine dans les cieux, que ce soit Dieu, Allah ou toute la bande. Pour moi ce n'est que foutaises. On est tous nés dans ce monde, et on doit se démerder s'en sortir tout seul, c'est ça la vie, c'est ça le challenge de toute une vie. Rebondir d'évènements en évènements et garder la tête haut, ne jamais baisser les bras et toujours se relever. Même quand on en a pas l'envie, il le faut parce que l'on a pas le choix. Je n'ai peut-être que dix-neuf ans et j'ai peut-être l'apparence d'un petit merdeux mais j'ai déjà connu bien des merdes dans ma vie, j'suis même en plein dedans à l'heure actuelle, ayant dit merde à mes parents, ayant deux jobs sous-payés et merdiques, dormant dans ma bagnole les trois-quart du temps. Oui la vie est un merdier et malheureusement aucune présence suprême n'est là pour nous aider. Chacun ses affaires, chacun sa merde comme on dit. Et pardonnez-moi ma vulgarité dans ces propos. Je vais donc faire un tour à l'église ce matin, pour une fois que je suis sur pied de bonne heure autant en profiter. C'est davantage pour visiter l'édifice que pour venir prier, cela va de soi. Les églises ne m'ont jamais attiré pour leur fonction de lieu de culte mais elles restent néanmoins des bâtiments surprenants et fascinants de par leur architecture. J'ai toujours rêvé d'être architecte. Je ne le serai jamais. Je pousse les portes de ce grand bâtiment, et je vois une femme penchée sur un machin pour prier. Bon, j'vais tâcher de ne pas la déranger. Elle se relève alors et m'accoste, de loin, avant de venir vers moi de sa démarche de madame, sur ses talons. Suis-le gay? Hm. « Entre beaucoup d'autres ici, oui, j'imagine. Pourquoi? » Franchement, qu'est-ce qu'elle en a à battre du fait que j'aime les hommes? Y a de meilleures moyens de se présenter tout de même, que de demander 'hé toi, t'es le gay de service?', enfin du moins j'ai déjà vu mieux. « T'es lesbienne et tu veux en parler c'est ça? » j'lance à tout hasard, ce qui semblerait peu logique au vu de son mariage avec le dénommé Callan qui fait lui aussi partie des candidats. J'attends sa réponse, avant d'analyser la situation présente. Les mains dans les poches. Brrr, pas chaud dans cette église. Jésus devrait penser à installer le chauffage, y aurait sans doute plus de pratiquants.

J'aurais pu l'accoster d'une toute autre manière, mais non. Je suis comme ça moi, je vais toujours droit au but, je ne prends pas de gants, jamais. Mais si c'est un gay qui s'assume ça ne devrait pas lui poser de problèmes n'est-ce pas ? Je me renseigne simplement, d'où ma question. « Je ne suis pas homophobe rassure-toi, tu fourres ton engin où ça te chante... » Non vraiment, je m'en fiche, ce n'est pas vraiment la question. D'ailleurs sa question m'amuse, même si je reste aussi stoïque qu'à mon habitude. Il parait que ça me rend froide, parole de Kirikou. « Non, je suis bi c'est plus in ! » C'est vrai, ça semble être la nouvelle mode, aimer les filles et les garçons. Bien que pour la plupart, c'est surtout une question d'attitude. Bizarrement les bisexuels sont souvent plus débauché, à croire que ça les autorise à se comporter comme des garces. J'peux paraître homophobe là, sauf que je ne le suis pas du tout. Je m'assieds sur l'un des bancs de l'église, croisant mes jambes sensuellement l'une contre l'autre, je ne joue pas. C'est mon attitude naturelle. « Alors comme ça s'est passé ? Un jour tu t'es surpris à te masturber devant le poster de David Charvet et tu t'es dis, ça y est j'aime les mecs ? » Je suis lourde là ? Oui je sais, mais qui sait, peut être que ce n'est pas bien innocent.

Spoiler:

J'ai souvent eu l'habitude de me faire appeler par un sobriquet comme le gay ou tapette, alors que l'on me repère à cause de ma sexualité ne me fait presque plus rien, au fond. J'ai tout doucement adopté l'habitude de ce genre d’appellations à mon égard même si cela ne m'enchante pas plus que ça. Je lui demande pourquoi elle me demande si je suis the gay. Elle me met d'abord au courant qu'elle n'est pas homophobe c'est déjà un bon début, vous m'en voyez soulagé. Je mets mon engin où ca me chante. « J'espère bien » que je marmonne entre mes dents tout en mettant mes mains dans mes poches. Elle me dit alors qu'elle n'est pas lesbienne mais plutôt bisexuelle, grand bien lui fasse. Elle trouve ça plus branché, visiblement. J'hausse les sourcils. « L'attirance pour un sexe n'a rien à voir avec la mode ou les tendances, m'enfin soit tu fais ce que tu veux » je lui dis, d'un ton blasé, avant d'ajouter un petit fin sourire à son adresse. Elle s'assied alors sur un banc non loin ou je la rejoins rapidement, me tenant debout devant elle, les mains dans les poches. Elle croise les jambes façon Blair Waldorf, un personnage que j'aime plutôt bien. Elle me demande alors comment cela s'est passé pour.. découvrir que j'aimais les hommes. J'étouffe un rire avec sa référence à David Charvet. Je lui souris parce que je trouve son personnage et son caractère sympathique à cette.. c'est quoi son nom d'ailleurs. « Non pas vraiment, David Charvet n'est pas vraiment mon genre » je dis en ricanant. « Vers treize ou quatorze ans, je me suis rendu compte que je matais mes camarades dans les vestiaires des cours de sport. Là j'ai su que quelque chose clochait » je fais, en souriant naïvement en y repensant. « J'ai aussi longtemps fantasmé sur mon meilleur ami mais c'est une autre histoire » je fais en agitant la main pour dire qu'il vaut mieux chasser ce souvenir. « Et toi un jour tu t'es retrouvée chez ta gynéco qui t'a fait des papouilles ? » je demande, amusé. Je la rejoins alors sur le banc, croisant les jambes de la même façon qu'elle pour la faire marrer. Du moins moi je me marre à l'imiter, à faire la meuf. Ca m'éclate de me sentir féminin. Anormal je sais.

Spoiler:

Il n'a pas l'air choqué, ou quoi, ce mec n'est pas une lopette susceptible, c'est déjà ça. En plus, il me fait rire. C'est pas donné à tout le monde. J'hôche la tête face à sa remarque sur mon orientation sexuelle, plutôt satisfaite. « Bonne réponse Ken. » Il ne s'appelle pas de cette manière, je sais mais je crois que ça sonne pareil. Quoi que non, Ken, ça ne lui va pas tellement. Il n'a pas la tête d'un Ken, trop chétif. Je ne m'étale pas plus sur le sujet, il comprendra ce qu'il voudra. Je suis assise, et je l'interroge sur son homosexualité parce que ça m'intéresse. Ma référence moisie le fait sourire. « C'est qui ton genre d'ailleurs. Juste pour savoir si je dois m'inquiéter. » Et là, je fais référence à mon époux, en bonne femme que je suis. Il doit être bien trop vieux cela dit, il est trop vieux pour tout le monde vraisemblablement. Même pour moi selon mon cher père. Je l'écoute me narrer ses expériences, la découverte de son attirance. Je souris même, sincèrement en le voyant m'imiter. « Je fais te faire une confidence Blair, j'ai offert une fille à Callan un jour, on a joué, elle m'a fait jouir. J'suis pas bi parce qu'une j'ai baisé avec une fille et que j'ai aimé. J'voulais juste te faire chier. » Je réponds avec une sincérité déconcertante, lui adressant même un clin, d'oeil pour l'occasion. Puis je lève les yeux vers le plafond. « Blasphémer dans la maison du seigneur, ça va nous valoir quoi ? Un petit passage aux Enfers tu crois ? » Je réponds légèrement sarcastique, sans manquer de rire bruyamment.

Son personnage me plaît à cette candidate. Elle a de l'assurance, de la prestance, elle m'a définitivement conquis. Je m'assieds près d'elle, croisant les jambes pour l'imiter. Elle me dit que j'ai bien répondu quant à son orientation sexuelle, bon. Elle sourit lorsqu'elle me voit l'imiter, telle une diva assis sur un banc d'église. On a l'air idiots tout de même. Je lui raconte mes petites anecdotes sur la découverte de ma sexualité. Après tout, c'est elle qui me l'a demandé, je ne fais que de répondre à sa question, sans honte pour autant. Je lui parle de la scène des vestiaires ainsi que de mon merveilleux meilleur ami sur qui j'ai fantasmé toute mon adolescence. Elle me demande alors qui serait suspectible de m'intéresser dans le nid, du moins c'est ainsi que je le comprends. « Ne t'inquiète pas pour ton mari, trop vieux pour moi. Même si je reconnais que tu as bon goût » je lui adresse avec un clin d'oeil comme si nous étions les meilleures amies du monde, je suis Blair elle est Serena disons. Les grandes copines. Mis à part que je suis un mec avec deux boules dans le froc. Elle me raconte alors une anecdote sur un petit plaisir partagé avec une fille, ce qui ne veut pas pour autant dire qu'elle se considère bisexuelle. « Je comprends tout à fait » je lui fais remarquer. Après tout, c'est tellement carré comme mode de fonctionnement que de cataloguer les gens dans ces attirances sexuelles. Elle me demande ensuite si dire de telles choses dans la maison du Seigneur nous vaudra un voyage en Enfer. Je souris à sa remarque la regardant droit dans les yeux. « Alors nous serons les pires commères et les pires pestes de l'Enfer » je lui fais en la regardant. Je l'aime bien cette candidate. « D'ailleurs c'est quoi ton nom ? » je lui demande, tête en l'air.